L’Anneau de Mallet

En 1854, la nuit avant son départ pour Malte, Sir Henry Charles Eden Malet, lieutenant-colonel dans les Grenadiers, reçut une bague de Palgrave Simpson, un auteur dramatique qu’il avait rencontré à Paris et qui avait clairement exprimé sa croyance dans les phénomènes occultes. Cette bague, qui semblait ancienne, était accompagnée d’un message. «  Ne vous moquez pas de moi, mais pendant que vous êtes en Crimée, portez la bague ci-jointe. Elle m’a été donnée par le dernier représentant d’une ancienne famille hongroise sur son lit de mort. Dans sa famille, c’était un héritage, et elle était considérée comme un talisman très précieux pour préserver le porteur de tout mal externe. »

Henry glissa l’anneau sur son doigt sans attacher une grande importance à la question, et le lendemain matin, il partit de Portsmouth. En arrivant à Gibraltar, il reçut une lettre de sa mère. Elle lui avait envoyée de Frankfort, le jour même de son départ. Elle disait : « Ton départ m’a brisé le cœur et je ne pouvais trouver de réconfort nulle part mais maintenant, tout a changé, pour une raison extraordinaire. Ce matin, pendant que je me prélassais dans mon lit, ma femme de chambre m’a apporté mon eau chaude et je m’apprêtais à me lever quand brusquement, une très belle jeune femme, très belle et vêtue de soie grise, a écarté le rideau de mon lit et se penchant sur moi, elle m’a dit : « Ne soyez pas triste pour votre fils, aucun mal ne lui arrivera. » Je suis presque certaine d’avoir eu une vision, mais il semble que j’étais éveillée. Je suis sûre que je l’étais juste avant que cela ne se produise. Toute la scène était aussi distincte que possible, pas comme un effet de l’imagination. Bien sûr, je ne peux pas en tenir compte, mais cela m’a rendu très heureuse, et je sais que tu seras en sécurité. »

À la réception de cette lettre, Henry songea immédiatement à son anneau, et il pria sa mère de lui décrire minutieusement l’apparence de sa mystérieuse visiteuse. Sa mère lui répondit que la jeune femme devait avoir d’environ vingt-sept ans, plutôt pâle, avec des traits réguliers, de grands yeux gris et une abondance de cheveux bruns coiffés plutôt à l’ancienne. Les manches de sa robe de soie grise bouffantes.

Henry fit alors parvenir une copie de la lettre de sa mère à Palgrave Simpson, qui lui répondit que la description correspondait dans ses moindres détails à la dame qui lui avait donné l’anneau sur son lit de mort, environ seize ou dix-sept ans auparavant. Il n’avait pas communiqué avec sa mère entre la réception de l’anneau et son arrivée à Malte, et il n’avait raconté l’histoire à personne.

Source : The Story of My Life, d’Augustus J. C. Hare.

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