Mandy la Poupée Hantée

Comme l’affirme le slogan du musée où elle réside aujourd’hui, si Mandy ressemble à une poupée antique ordinaire, elle est beaucoup que cela. Depuis son arrivée, la poupée, dont le passé reste incertain, se manifeste régulièrement et la liste des phénomènes étranges dont elle serait responsable s’allonge avec le temps.

En 1991, une femme prénommée Mereanda se rendit au Musée Quesnel, situé en Colombie-Britannique, au Canada, pour lui faire un étrange don. En arrivant, la femme jeta si violemment la poupée sur le bureau de Ruth Stubbs, la conservatrice du musée, qu’elle faillit atterrir de l’autre côté. Cette poupée semblait dégouter au plus haut point sa propriétaire qui éprouvait apparemment une véritable répulsion à son égard.
La poupée était fort ancienne. Elle avait appartenu à sa grand-mère qui n’avait jamais permis à sa fille de jouer avec car elle commençait déjà à tomber en morceaux à l’époque. Pour une obscure raison, Mereanda semblait particulièrement pressée et étrangement soulagée de s’en débarrasser.

La poupée, qui s’appelait Mandy, avait été fabriquée en Allemagne au cours des années 1910-1920 et elle se trouvait en piteux état: ses vêtements étaient sales, le tissu qui composait son corps était déchiré et sa tête de porcelaine horriblement fissurée. L’ensemble était sinistre. Si la poupée avait bien l’apparence d’un enfant, c’était celle d’un enfant terrifiant.

Mandy à son arrivée au Musée

Mandy passa ses 48 premières heures au musée recouverte d’une bâche de plastique dans une salle de travail: il fallait tout d’abord l’analyser afin de déterminer si elle n’était pas contagieuse.
Alors que la poupée attendait patiemment, assise sous son enveloppe protectrice, une femme l’aperçut. Elle s’arrêta brusquement et s’écria:  » Oh, cette poupée me fout la trouille! « .
Les employés du musée lui répondirent que l’ancienne poupée les dérangeait eux-aussi, ils se sentaient mal à l’aise en sa présence, ou quand ils passaient près d’elle. Ils partageaient une étrange intuition et l’avenir allait leur donner raison.

La vieille poupée ne semblait guère apprécier les photographes, et encore moins les photos. Les différents problèmes qui survenaient lors des diverses séances en témoignaient. Tous les objets qui arrivaient au musée devaient être photographiés et la poupée ne faisait pas exception à la règle. Le photographe du musée et sa petite amie prirent la poupée en photo dans une multitude de positions et durant toute la séance, ils éprouvèrent un malaise indéfinissable. Le jour suivant, en pénétrant dans le laboratoire de photographie, ils y découvrirent un désordre extrême. La pièce semblait avoir été ravagée par un enfant capricieux: tous les petits objets, les stylos et les crayons avaient été projetés à travers la salle et gisaient sur le sol. Plus tard, lorsque la photographe se rendit dans la chambre noire afin d’y développer les photos, elle en ressortit aussitôt, pâle et visiblement en état de choc. Elle expliqua qu’elle avait entendu un profond soupir derrière elle et quelque chose était tombé de l’étagère. Mais quand elle s’était retournée, elle n’avait vu personne.

Au début, Mandy n’avait pas encore sa propre vitrine. En attendant, elle avait été placée sur une table, face à la porte d’entrée, afin que tous les visiteurs puissent contempler son visage brisé. Certains disaient que la poupée clignait parfois des yeux et d’autres que son regard semblait suivre les gens qui passaient devant elle. Ruth avait invité un reporter à venir photographier Mandy pour son journal mais au moment de développer le film, il s’aperçut qu’il était complétement mâchonné. De toutes les photos qu’il avait prises, aucune n’était récupérable. Ça ne lui était jamais arrivé auparavant, et ça ne se reproduisit plus jamais par la suite. Un autre photographe rapporta son expérience auprès de Mandy de ces mots:  » Quand j’ai photographié Mandy pour cet article, je pourrais presque jurer qu’elle détournait la tête de l’objectif pour ne pas être photographiée. Quand nous l’avons sortie de sa boite de verre et que nous l’avons assise sur le lit, elle semblait me faire des grimaces alors que le flash illuminait son visage. « 

Les employés du Musée Quesnel avaient leurs propres histoires. Parfois, quand le musée était désert, des bruits de pas s’élevaient de la pièce où trônait Mandy. Depuis son arrivée, leurs repas disparaissaient mystérieusement du réfrigérateur et ils les découvraient dissimulés dans des tiroirs ou des armoires. De petits objets, tels que des fournitures de bureau ou des effets personnels, se volatilisaient inexplicablement et si certains revenaient leur place, d’autres n’étaient jamais retrouvés.
Une rumeur autrement plus inquiétante prétendait également que quelqu’un avait malencontreusement laissé tomber Mandy sur le sol et que du vrai sang s’était alors échappé des fêlures de sa tête. Ruth Stubbs, la conservatrice du musée, ne croyait pas vraiment en toutes ces histoires mais elle était tout de même intriguée et un conservateur à la retraite allait attiser sa curiosité. L’homme était connu pour ses capacités à toucher les objets et à en percevoir les vibrations. Un jour, alors qu’il visitait le musée, il prit la poupée entre ses mains et il se sentit soudain parcouru de frissons glacés. Le conservateur conseilla alors à Ruth de demander plus d’informations sur la poupée à son ancienne propriétaire. Lorsque Ruth contacta Mereanda, elle lui expliqua que la poupée se trouvait autrefois rangée dans sa cave et que d’étranges phénomènes s’y produisaient. Souvent, au cours de la nuit, Mereanda entendait les pleurs d’un nouveau-né s’élever de son sous-sol. Quand elle y descendait, elle n’y trouvait aucun enfant, mais la fenêtre de la cave était grande ouverte et une étrange brise faisait flotter les rideaux. Après avoir exploré toutes les explications logiques, Mereanda en était venue à suspecter l’antique poupée d’être responsable de ces manifestations et elle avait décidé de s’en débarrasser. Apparemment, elle avait bien fait car depuis qu’elle avait apporté Mandy au musée, Mereanda n’entendait plus aucun bruit en provenance de son sous-sol. Cette histoire était-elle vraie? Personne n’aurait su le dire…

Quelques temps plus tard, Mandy rejoignit sa place définitive, dans une autre partie du musée. Ce nouvel emplacement avait été choisi avec soin car la rumeur disait qu’il fallait la tenir éloignée des autres poupées auxquelles elle cherchait à nuire. Mais pour une obscure raison, Mandy n’apprécia guère ce changement et elle le fit savoir à sa manière. Le lendemain matin, un employé découvrit de petits papiers éparpillés dans sa boite de verre. L’on aurait dit que la poupée avait eu un brusque accès de colère et qu’elle avait décidé de manifester ainsi sa désapprobation. A partir de ce moment là, de nombreux témoignages firent régulièrement état des manifestations de Mandy la Poupée Hantée.

Mandy aimait jouer avec les appareils électriques et elle s’amusait fréquemment à les dérégler. Alors qu’il filmait la poupée, l’un des visiteurs s’aperçut que la lumière de sa caméra s’allumait et s’éteignait toutes les cinq secondes. Dès qu’il sortit de la pièce, l’appareil recommença à fonctionner normalement. Cette histoire vous rappelle probablement l’histoire de Robert la Poupée, car les mêmes phénomènes se produisent régulièrement lorsque ses admirateurs tentent de le photographier ou de le filmer.
Les visiteurs qui s’arrêtaient devant la vitrine où Mandy était exposée exprimaient souvent le malaise qu’ils ressentaient en la regardant. Il semblait émaner d’elle un sentiment de tristesse qui les submergeait inexplicablement. Parfois, la tête de Mandy bougeait toute seule, tout comme ses doigts, et l’expression de son visage changeait subitement. Il arrivait également que de petits coups s’élèvent soudain de sa boite. Lorsque les visiteurs tournaient la tête, ils découvraient avec stupéfaction que la main de la poupée avait changé de place et qu’elle se trouvait maintenant posée contre le verre.
Comme l’on pensait que Mandy devait se sentir seule, un petit agneau en peluche lui avait été offert. Un matin, les employés retrouvèrent le petit agneau sur le sol de la pièce, juste devant la vitrine fermée de Mandy. Parfois, en début de soirée, quand Mandy semblait particulièrement agitée, l’un des membres du personnel la prenait dans son bureau, l’asseyait sur ses genoux et continuait à travailler.

Mandy la Poupée hantée et son petit Mouton

Jusqu’à présent, Mandy n’a jamais fait de mal à personne et il semblerait qu’elle cherche surtout à se faire remarquer. Les enquêteurs du paranormal qui se sont penchés sur son cas pensent qu’elle est habitée par l’âme innocente d’un enfant, ce que d’autres démentent, soutenant que la poupée est possédée par un esprit maléfique.
Si personne ne semble d’accord quand à la nature de l’entité qui anime Mandy, il existe néanmoins une légende. L’histoire raconte qu’une petite fille se serait retrouvée enfermée dans une cave avec sa poupée. La fillette serait morte et son esprit se serait retrouvé coincé à l’intérieur de la poupée pour une raison indéterminée. Des années plus tard, l’on entendit des sanglots s’élever du sous-sol et lorsque l’on découvrit Mandy, la poupée pleurait des larmes de sang.

En 1992, à l’occasion de la sortie d’un livre sur les histoires surnaturelles en Colombie-Britannique, Ruth Stubbs, la conservatrice du musée, fut interviewée sur l’histoire de Mandy. Lorsque le livre parut, en 1999, les médias et les curieux se bousculèrent pour apercevoir la poupée hantée. Depuis, Mandy reçoit chaque année de nombreux visiteurs du monde entier, et, régulièrement, certains de ces visiteurs racontent les nouvelles manifestations de la poupée hantée.
Ruth Stubbs, quand à elle, reste prudente. Il n’y a aucune preuve que la poupée soit réellement hantée.
 » J’ai une impression à propos de Mandy. Les gens vont penser que je suis folle, mais je pense qu’elle est beaucoup plus heureuse maintenant. Cette poupée me faisait peur quand nous l’avons eue au début. Peut-être que je me suis juste habituée à elle maintenant. Je ne suis pas en train de dire que la poupée est hantée, mais que les objets peuvent nous raconter des histoires par eux-mêmes « .

Si la seule chose que désirait Mandy était un peu d’attention, alors je pense pouvoir affirmer sans me tromper qu’elle a obtenu satisfaction.

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