La Maison de Joshua Ward

La Maison de Joshua Ward

Au Massachusetts se trouve la sulfureuse ville de Salem, dont les procès pour sorcellerie hantent toujours les mémoires (Si vous ne la connaissez pas, vous pouvez découvrir L’histoire des Sorcières de Salem). Son tragique passé s’expose dans les musées de la ville, dans les boutiques de souvenirs, et les esprits d’anciens habitants de la ville reviendraient même témoigner de cette sombre période. Perchée sur une colline, la maison de Joshua Ward est réputée pour ses phénomènes paranormaux. Elle serait le théâtre de nombreuses apparitions et une photographie du début des années 1980 mettrait même en évidence l’un de ces mystérieux visiteurs de l’au-delà.

L’Histoire

Construite en 1784 par Joshua Ward, un capitaine de navire marchand qui avait fait fortune en produisant du rhum à partir de mélasse ramenée des Antilles, le grand bâtiment de brique du 148 Washington Street se dresse sur les fondations de la maison du shérif George Corwin, un homme de sinistre réputation qui s’était fait remarquer pour son zèle sanguinaire lors des procès de Salem.

George Corwin

De part ses fonctions, George Corwin signait les mandats qui conduisaient aux arrestations et aux exécutions des présumés sorciers de Salem, mais il supervisait également certains des interrogatoires et ses infâmes méthodes lui avaient valu le surnom de L’Étrangleur. Sa technique favorite consistait à lier les chevilles de l’accusé à son cou jusqu’à ce que le sang lui sorte du nez. L’histoire le dépeint comme un shérif sadique, particulièrement corrompu, mais les documents officiels indiquent qu’il exerçait ses fonctions selon les mœurs de l’époque. Le shérif Corwin est également connu pour avoir présidé l’interrogatoire de l’un des plus célèbres accusés des procès de Salem, Giles Corey.

Giles Corey était un vieil homme relativement rustre, un fermier qui vivait au sud-ouest de Salem. Il avait tout d’abord porté des accusations contre sa femme, affirmant qu’elle marmonnait en travaillant et en apportant même des  » preuves « . Cependant, quand il avait pris conscience de la gravité de ses accusations et de leurs éventuelles conséquences, il s’était rétracté. Puis, en avril 1692, Ann Putnam et Abigail Williams l’avaient accusé de sorcellerie, et d’autres jeunes filles étaient venues soutenir leurs témoignages. Ann Putnam affirmait que le spectre du vieillard lui avait demandé d’écrire dans le livre du diable, et qu’un fantôme lui avait confié avoir été assassiné par Corey.

Giles Corey

Suite à ces révélations, l’accusé et sa femme Martha avaient été emprisonnés jusqu’à l’ouverture de leurs procès, en septembre 1792. Une douzaine de témoins s’étaient présentés pour déposer contre Giles Corey, mais ce dernier, se sachant condamné, avait refusé de se défendre.
Selon les lois de l’époque, les richesses d’une personne pouvaient être confisquées si elle était reconnue coupable du crime de sorcellerie, ce qui, bien évidemment, privait ses héritiers de toute succession. Le shérif George Corwin aurait d’ailleurs grandement profité de ses saisies. Comme les accusés ne pouvaient être condamnés s’ils refusaient de parler, beaucoup se drapaient obstinément dans le silence. Pourtant, une telle tactique pouvait entrainer de terribles conséquences car les autorités utilisaient souvent les pires des moyens pour leur arracher des aveux. L’une de ces pratiques consistait à empiler des planches et de lourdes pierres sur le corps de l’accusé jusqu’à ce qu’il se confesse, et le malheureux Giles Corey avait été condamné à cette peine, qui n’avait jusqu’alors jamais été appliquée au Massachusetts.

Pour éviter de voir ses enfants dépouillés, ou peut-être par fierté, le vieil homme avait supporté le supplice durant trois longues journées, encourageant même ses bourreaux de déposer  » plus de poids  » sur la porte de bois qui le recouvrait. Puis, sentant la vie le quitter, il avait apostrophé le shérif Corwin, et l’avait maudit:  » Soyez maudit shérif! Je vous maudis, vous et Salem! « 

Giles Corey


Giles Corey avait été la dernière victime de George Corwin. Peut-être la malédiction était-elle efficace car le shérif avait succombé à une crise cardiaque peu de temps après, en 1796. A ce moment-là, il était tellement haï que sa famille avait du se résoudre à l’enterrer dans la cave de leur propre maison pour éviter que son cadavre ne soit profané. Puis, quelques années plus tard, une fois les esprits calmés, ses restes avaient été exhumés et discrètement transporté au cimetière de Broad Street où ils avaient rejoint le caveau familial. Selon l’ancien shérif et historien Robert Ellis Cahill, par un étrange hasard, tous les hommes qui s’étaient succédé à son poste avaient perdu la vie durant leur mandat ou s’étaient vus contraints d’abandonner leurs fonctions, en proie à quelque maladie du cœur ou du sang. Lui-même rapportait avoir été obligé de prendre sa retraite suite à un problème du même ordre.

La Hantise

Giles Corey avait maudit le shérif mais également la ville de Salem et la légende rapporte qu’à chaque fois que Salem subit une tragédie majeure, comme le grand incendie qui faillit détruire la ville, le fantôme de Giles Corey apparait. Peut-être est-ce là une coïncidence, mais nul ne pourrait l’affirmer avec certitude.

En 1981, Richard Carlson acheta la maison de Joshua Ward, pensant l’utiliser pour installer les bureaux de son agence immobilière la Carlson Realty, et presque immédiatement, d’étranges phénomènes commencèrent à se produire. Le système d’alarme incendie se déclenchait en permanence, les portes se fermaient toutes seules, les lumières s’allumaient et s’éteignaient, comme activées par quelque force invisible, des courants d’air glacés se faisaient sentir en certains endroits et des bruits inexplicables retentissaient dans le bâtiment. Un jour, Richard Carlson demandait un graphique quand soudain le papier sortit de son placard et flottant dans les airs, il atterrit doucement sur le sol juste en face de lui .

De nombreuses observations d’esprits furent également rapportées. Peu après leur emménagement, Dale Lewinski, une employée de la Carlson Realty, décida de prendre des photographies des membres du personnel afin de créer un panneau de bienvenue. La jeune femme utilisait un appareil Polaroid, et elle faisait de simples portraits de ses collègues, cadrant leurs têtes et les épaules devant une porte blanche, quand soudain, après avoir photographié Julie Tremblay, elle découvrit un étrange cliché. Sur l’image apparaissait l’étrange silhouette d’une femme aux cheveux noirs, qui ressemblait à une sorcière mais de Julie, il n’y avait aucune trace.

Femme en Noir
La Femme en Noir et Julie Tremblay

Au même moment, une cliente de l’agence se trouvait dans l’un des bureaux et pendant que son agent immobilier discutait au téléphone, elle regardait distraitement autour d’elle quand elle remarqua une femme aux cheveux noirs vêtue d’une longue robe grise assise sur une chaise dans une autre pièce. Quelques secondes plus tard, quand elle tourna la tête dans sa direction, la femme avait disparu et apparemment, elle était la seule à l’avoir vue. Cette apparition, qui serait pour certains l’une des malheureuses jugées et pendues par le shérif Corwin et pour d’autres une entité malveillante, aurait été aperçue à plusieurs reprises alors qu’elle errait dans les étages supérieurs de la maison.

Sans que personne ne sache vraiment pourquoi, une pièce de la maison serait plus particulièrement animée que les autres. Une employée racontait qu’elle verrouillait la porte de son bureau tous les soirs mais tous les matins, quand elle revenait, elle trouvait des livres et des documents sur le sol, la poubelle retournée et les abats-jours de travers. Un jour, en rentrant dans la salle, elle remarqua que les deux chandeliers qui trônaient habituellement sur la cheminée avaient été renversés. Les bougies qu’ils portaient étaient tombées sur le sol et elles présentaient toutes les deux de nouvelles formes. L’une était tordue et formait un S alors que l’autre était courbée comme un boomerang. Elles donnaient l’impression d’avoir été fondues et remodelées.

Un homme d’un certain âge se balancerait parfois sur un fauteuil à bascule près d’une cheminée et vers le milieu des années 1980 des témoins auraient déclaré avoir été étranglés par une entité invisible. Ces manifestations, comme la plupart des phénomènes de la maison, seraient l’œuvre de George Corwin, qui n’aurait jamais quitté les lieux et de Giles Corey, dont l’esprit torturé hanterait toujours Salem.

Depuis 2010, la maison de Joshua Ward est devenue la propriété d’une maison d’édition et elle serait toujours aussi hantée. Cependant, le bâtiment étant le siège d’une entreprise privée, cette dernière répugnerait à en trop en révéler de peur d’effrayer ses visiteurs. Des médiums et des enquêteurs du paranormal auraient été invités à enquêter, mais sans l’accord de leur client, ils ne pourraient partager les éventuelles preuves qui seraient en leur possession.

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