Les Sorcières, Histoires Vraies

Les Sorcières de Vernon

En 1561, on fit le procès aux sorcières de Vernon, qui étaient accusées d’avoir tenu le sabbat dans un vieux château, sous la forme de chattes. Cinq individus, qui avaient voulu voir le sabbat, affirmaient avoir été assaillis par ces animaux. Ils en avaient blessé plusieurs en se défendant mais il se trouvait que ces félins étaient des femmes. L’un de ces héros avait été étranglé au cours du combat. L’accusation parut, dans le temps même, si ridicule, que le bailli n’osa poursuivre.

Les Poissons Monstrueux

En 1566, Jean Marin condamna une femme à être brûlée vive. Elle avait, par maléfice, rendu impotent un maçon de Sainte-Preuve, en lui donnant deux lézards pour mettre dans son bain, lesquels deux lézards avaient disparu dans sa cuve sous forme de poissons monstrueux.

Trahis par leurs Yeux

J’ai moi-même entendu parler d’un sorcier, rapportait Witekind, qui avait voyagé sous un manteau magique avec plusieurs de ses amis. De son pays de Saxe il était allé jusqu’à Paris, à plus de cent milles de là, puis ils étaient entrés dans une salle de banquet sans y avoir été invités mais bientôt ils avaient été obligés de se retirer, car ils entendaient murmurer autour d’eux: Quels sont ces convives ? D’où viennent-ils?
A la vérité, le sorcier avait les yeux très rouges, ce qu’il devait sans doute à ses fréquents voyages à travers les airs et, à ce signe, il avait été facile de le reconnaître.

Madeleine des Aymards

En 1606, lors de son procès en sorcellerie, Madeleine des Aymards, âgée de quinze ans, donna au lieutenant général criminel de Riom, en Auvergne, une description très précise du sabbat auquel elle avait assisté plusieurs fois:
Emportée en l’air en une montagne, elle y rencontrait grand nombre de personnes, tant d’hommes que de femmes, de toutes sortes et conditions. Satan demandait alors à ses serviteurs de lui rendre compte de toutes les vilénies qu’ils avaient commis. Quelles personnes ils avaient tuées et empoisonnées, indisposées et rendues malades, quels bétails ils avaient fait mourir et de quels autres méfaits ils étaient responsables. Puis la messe était contrefaite car c’était une messe de dérision, dite à l’envers, sur un autel noir, avec des ornements noirs et une hostie noire.
On y dansait dos contre dos, au son du fifre et du tambourin. Enfin, le maître de cérémonie éteignait la lumière, et alors chaque homme de ceux qui l’assistaient prenait chacune des femmes et filles qui se trouvaient là, ils les couchaient par terre, en jouissaient et les connaissaient charnellement par le commandement du dit diable.

Marie Martin

En 1585, Marie Martin, du bourg de Neufville-le-roi, en Picardie, fut arrêtée pour avoir fait mourir des bêtes et des hommes par sortilège. Un magicien qui passait par là la reconnut et, sur son avis, la supposée sorcière fût rasée. On lui trouva la marque, avec des empreintes comme des pattes de chat, sur l’épaule sénestre, à l’endroit qu’on appelle vulgairement le palleron.

Elle dit au juge qu’elle se reconnaissait coupable de la mort du père de celui-ci. Traduite à la prévôté, elle avoua, devant Côme Bertin, qu’elle était bien une sorcière, qu’elle jetait des sorts et qu’elle possédait une poudre composée d’ossements de trépassés. Selon elle, le diable lui parlait fréquemment etc… Elle nomma ensuite les personnes qu’elle avait ensorcelées et les chevaux qu’elle avait maléficiés. Elle expliqua également que pour plaire à Cerbérus elle n’allait pas à la messe deux jours avant de jeter ses sorts. Par contre, elle assistait aux cérémonies tenues par Cerbérus. La première fois qu’elle s’y étais rendue, elle y avait été conduite par sa tante, Louise Morel.

Au cours de son second interrogatoire, Marie Martin déclara que la dernière fois qu’elle était allée au sabbat, il s’était tenu à Varipon, près de Noyon. Cerbérus, vêtu d’une courte robe noire, portant une barbe noire et coiffé d’un chapeau à teste haute, tenait son chapitre près des haies dudit Varipon et il connaissait les noms de tous les sorciers et toutes les sorcières présentes. On fit venir alors le doyen de Montdidier, auquel elle déclara les mêmes fadaises. Le 2 juin 1585, elle fut condamnée à être pendue et étranglée par le conseil de la ville de Montdidier. Marie Martin en appela au parlement de Paris, qui rejeta le pourvoi: son exécution eut lieu le 25 juin de la même année.

Les Enfants du Diable

Dans son ouvrage Tableau de l’inconstance des Démons, Pierre Delancre rapportait cette histoire:

 » Catherine de Naguille, âgée de douze ans, et sa compagne, nous ont assuré qu’elles avaient été au sabbat en plein midi; même qu’elle y fut transportée étant dans l’église, parce que, ayant veillé toute la nuit avec les autres enfants, elle s’endormit dans l’église sur les onze heures du matin, si bien que le diable prit cette occasion pour l’emmener. « 
Sa sœur, Marie, avoua que sa mère l’avait conduite au sabbat. Lorsqu’elles devaient y aller ensemble, le diable venait ouvrir la fenêtre de leur chambre et les attendait à la porte. La mère tirait un peu de graisse d’un pot, s’en oignait la tête, excepté la figure, prenait sa fille sous le bras, et elles s’en allaient en l’air au sabbat. Pour revenir à la maison, le diable leur servait de porteur. Elle affirma que le sabbat se tenait à Pagole, près d’un petit bois.

Jeannette d’Abadie

Entre 1608 et 1610, Pierre de Lancre, juge de Bordeaux, mena une longue enquête sur la sorcellerie dans le Labourd dont il se servit ensuite dans son fameux Traité de l’inconstance des mauvais anges et des démons en 1612.

Jeannette d’Abadie n’avait que seize ans lorsqu’elle fut interrogée. Elle confia à l’inquisiteur qu’elle avait été conduite au sabbat par la nommée Gratiane.
Elle y avait vu le diable sous la forme d’homme noir, hideux, avec six cornes en la tête, parfois huit, un visage devant et un autre derrière la tête, comme l’on peint le dieu Janus, et une grande queue derrière. Ladite Gratiane l’ayant présentée, Jeannette avait reçu une grande poignée d’or en récompense, puis le démon lui avait demandé de renoncer et renier son Créateur, la Sainte Vierge, les saints, le baptême, père, mère, parents, le ciel, la terre et tout ce qui existait sur la terre. Il lui faisait renouveler cette renonciation à chaque fois qu’elle allait au sabbat. Ensuite, elle allait le baiser au derrière.

Bien qu’elle n’ait jamais eu de relations intimes avec des individus de l’autre sexe pendant qu’elle était réveillée, Jeannette d’Abadie affirmait s’être prostituée plus de cent fois avec des diables et des adorateurs du démon. Sa marraine de sabbat l’avait plusieurs fois transportée au banc de Terre-Neuve. Il lui semblait que le voyage se faisait à travers l’atmosphère et que durant ce trajet elle était entourée d’une nuée d’adorateurs de Satan. Plusieurs de ses compagnes, disait-elle, chevauchaient sur des diables et se rendaient comme elle, à Terre-Neuve, pour soulever des tempêtes dans l’intention de submerger les navires appartenant aux pêcheurs du Labourd.

Abel de la Rue

En 1582, Abel de la Rue, surnommé le Casseur, un savetier domicilié à Coulommiers, comparut devant Nicolas Quatre-Sols, lieutenant civil et criminel au bailliage de Coulommiers. Il était accusé d’avoir noué l’aiguillette, le jour du mariage de Jean Moureau avec Phare Fleuriot. Après quelques hésitations, il finit par en convenir.

Il avoua qu’ayant été placé par sa mère au couvent des Cordeliers de Meaux, il s’était fâché furieusement contre Caillet, maitre des novices, lorsqu’il l’avait battu. Alors qu’il songeait à se venger, un barbet noir lui était alors apparu qui lui avait promis de ne lui faire aucun mal pourvu qu’il se donnât à lui. Ce chien noir, qui était un démon, l’avait ensuite conduit dans l’une des chambres du couvent appelée La Librairie puis il avait disparu après lui avoir affirmé qu’il l’aiderait toujours.
Abel de la Rue confessa également lors de son interrogatoire que, six ou sept semaines plus tard, un grimoire s’était présenté à lui dans la sacristie du couvent. Il l’avait ouvert mais à peine en avait-il lu quelques lignes qu’un grand homme, blême de visage, d’un aspect effroyable, ayant le corps et l’haleine puants, de moyenne stature, vêtu d’une longue robe noire à l’italienne lui était apparu. Il avait, sur son ventre et ses deux genoux, comme des visages d’homme, de pareille couleur que les hommes, et ses pieds étaient comme deux pieds de vaches.
L’homme lui avait alors demandé ce qu’il faisait et qui lui avait conseillé de l’appeler. Abel lui répondit qu’il avait ouvert le grimoire de sa propre volonté et le diable l’avait alors enlevé. Il l’avait transporté sous le Palais de justice de Meaux, en lui disant de ne rien craindre et se présentant comme Maitre-Rigoux. Abel de la Rue avait alors exprimé son désir de fuir du couvent et le diable l’avait ramené dans la sacristie.

 » A mon arrivée, Pierre Berson, docteur en théologie et Caillet me reprirent aigrement d’avoir lu dans le grimoire et me menacèrent du fouet. Tous les religieux descendirent à la chapelle et chantèrent un salve puis on me fit coucher entre deux novices.
Le lendemain, comme je descendais pour aller à l’église, Maitre-Rigoux m’apparut et me donna rendez-vous sous un arbre qui est près de Vaulxcourtois, sur le chemin de Meaux à Coulommiers. Je repris les habits que j’avais à mon entrée dans le couvent et je sortis du couvent par une petite porte de l’écurie. Rigoux m’attendait et me conduisit chez maitre Pierre, berger de Vaulxcourtois.

Maitre Pierre me reçut fort bien. J’allais conduire les troupeaux avec lui. Deux mois après, ce berger me promit de me mener à l’assemblée, parce qu’il n’avait plus de poudre. L’assemblée devait se tenir dans trois jours et nous étions dans l’avant de noël 1575.
Maitre Pierre envoya sa femme coucher dehors et me fit mettre au lit à sept heures du soir. Je ne dormis guère, ce berger avait mis au coin du feu un ballet à genètre, long et sans manche. Vers les onze heures, j’entendis un grand bruit et Maitre Pierre me dit qu’il fallait partir.
Il prit de la graisse, s’en frotta les aisselles, et me mit sur le balai. Maitre-Rigoux enleva mon maitre par la cheminée; je le tenais par le milieu du corps. La nuit était obscure, mais un flambeau nous précédait; je vis dans cette course aérienne l’abbaye de Rébets. Nous descendîmes dans un lieu herbu, où nous trouvâmes une grande assemblée. J’y reconnus plusieurs personnes, et notamment une sorcière qui avait été pendue à Lagny.
Le diable ordonna, par la bouche d’un vieillard, de nettoyer la place. Maitre-Rigoux se transforma en grand bouc noir, lequel commença à gronder et à tourner au milieu de l’assemblée, qui se mit aussitôt à danser à revers, le visage dehors et le cul tourné vers le bouc… « 

Le bailli lui avait alors demandé si on ne chantait point et Abel de la Rue avait répondu que non mais qu’après la danse, qui avait duré deux heures, ils avaient adoré le bouc et qu’ensuite il avait vu que ledit bouc courber ses deux pieds de devant et lever son cul en haut. Alors, de menues graines, grosses comme des têtes d’épingles, qui se convertissaient en poudres fort puantes, sentant le soufre et la poudre à canon, étaient tombées sur plusieurs drapeaux, et le plus vieil homme de ladite assemblée avait commencé à marcher à genoux du lieu où il était, puis il s’était incliné vers le diable, le baisant en la partie honteuse de son corps.
Abel de la Rue expliqua que chaque personne de l’assemblée avait fait de même et qu’à son tour, il s’était approché du bouc, qui lui avait demandé ce qu’il voulait de lui. Abel lui avait alors répondu qu’il voulait savoir nouer l’aiguillette à ses ennemis et le diable lui avait indiqué que Maitre Pierre pouvait lui enseigner ce moyen car il le lui avait appris autrefois. Par la suite, le démon avait voulu le noyer, alors qu’il se rendait à Saint-Loup, près de Provins, en pèlerinage. Il avait tout fait en connaissance de cause, mais il s’en repentait, criant: Merci à Dieu, au roi, à Monseigneur et à la justice.
Sur les conclusions du procureur fiscal, Abel de la Rue fut condamné à être brûlé vif, le vendredi 6 juillet 1582. Il en appela au parlement de Paris, qui rejeta le pourvoi. (Président, M. Brison, rapporteur, M. Fouquet)

L’arrêté, daté du 20 juillet 1582, indiquait qu’Abel de la Rue avait noué l’aiguillette à plusieurs personnes, lors de la réception du sacrement de mariage. Il avait prêté consentement au diable, communié plusieurs fois avec lui, assisté aux assemblées nocturnes et illicites. Pour réparation de ses crimes, la Cour condamnait l’appelant à être pendu et étranglé à une potence, qui serait dressée sur la place du marché de Coulommiers. Elle renvoyait Abel de la Rue au bailli, pour faire exécuter le jugement et pour faire brûler le corps du sorcier après sa mort. L’arrêt fut exécuté le lundi 23, par le maitre des hautes œuvres de la ville de Meaux, au marché de Coulommiers.

Le Baiser

En 1564, à Poitiers, trois sorciers et une sorcière comparurent devant les présidents Salvert et d’Avanton. Ils avouèrent qu’ils mettaient des onguents sous le seuil des bergeries, pour faire périr les troupeaux et qu’ils allaient au sabbat. Là-bas, se trouvait un grand bouc noir, qui parlait aux assistants comme une personne. Selon leurs aveux, chaque sorcier ou sorcière allait lui baiser le cul, tenant à la main une chandelle allumée. Ils étaient obligés de se trouver trois fois l’an au sacrifice du bouc, qu’ils convertissaient en cendres afin de fournir des poudres. Ils furent tous exécutés.

Le Valet

En 1628, Desbordes, valet de chambre du duc de Lorraine Charles IV, fut accusé d’avoir avancé la mort de la princesse Christine, mère du duc, et d’avoir causé diverses maladies, que les médecins attribuaient à des maléfices. Charles IV avait conçu de violents soupçons contre Desbordes, depuis une certaine partie de chasse au cours de laquelle ce valet de chambre avait servi, juste en ouvrant une petite boite à trois étages, un grand festin au duc et à sa compagnie. De plus, comble de merveilles, il avait ordonné à trois malheureux voleurs, qui étaient morts et dont les cadavres étaient encore attachés au gibet, de venir rendre leurs hommages au duc, après quoi, les trois pendus étaient retournés à la potence. On disait également qu’il avait, dans une autre occasion, commandé aux personnages représentés dans une tapisserie, de s’en détacher et de venir au milieu de la salle.

Charles IV voulu qu’on informât contre Desbordes. On fit son procès dans les formes et il fut accusé d’avoir exercé la magie. Il avoua qu’il avait commis plusieurs sacrilèges. Alors il fut condamné au feu et exécuté.

Le Jugement de Dieu

En 1556, à Bièvres, un petit village situé près de Laon, une femme fut accusée de sorcellerie. Elle confessa que Satan, qu’elle appelait son compagnon, avait sa compagnie régulièrement, et que sa semence était froide. Elle fut condamnée à être étranglée et brûlée ensuite. Mais, par la faute du bourreau, ou plutôt, comme l’observait charitablement Jean Bodin, par un secret jugement de Dieu, elle fut brûlée vive.

La Responsable de tous les Maux

En 1605, une femme nommée Guyon avait été condamnée et brûlée comme sorcière après avoir dénoncée ses neveux, Didier, Nicolas et Hugues Desmoulins comme complices. Didier avait condamné à être brûlé suite à ses propres aveux et Nicolas et Hugues avaient été soumis à l’épreuve de l’eau, une nuit, dans l’étang de l’Autrey. Les deux hommes, attachés par les pouces et les gros orteils, n’avaient pu aller au fond, quoiqu’on les eut poussés avec des perches, et ils avaient été tous deux bannis.
En 1652, vivait en ces lieux la nièce des trois sorciers. De nombreux malheurs s’étaient abattus sur le pays, et Huguette Desmoulins avait été accusée de toutes les calamités locales.
Une instruction suivit la clameur publique et parvint à formuler contre la malheureuse quatre-vingt-huit chefs d’accusation. Les principaux étant d’avoir confessé et déclaré ingénument lors du procès de 1605 qu’elle avait été portée au sabbat par le démon, qui la flattait et la caressait entre ses bras, et d’avoir été fiancée à ce démon. Elle avait également confessé avoir jeter des sorts et fait arriver des malheurs de toutes sortes.
Cependant, par un jugement du 15 janvier 1653, le baillage de Gray renvoya les plaignants. Deux motifs péremptoires avaient déterminé l’opinion du lieutenant général:

  1. De tous les malheurs arrivés depuis longtemps à Audrey, si l’on en avait déduit ceux reprochés à Huguette Desmoulins, il ne serait plus resté dans le pays que joie et bonheur.
  2. L’accusée n’avait sur le corps aucun signe ou marque insensible.

Le jour même du jugement il y eut appel. Le 11 juillet suivant, la cour jugea Huguette Desmoulins coupable de sorcellerie. Elle fut condamnée à être étranglée jusqu’à ce que mort s’en suive. Son corps devrait ensuite être brûlé, et ses cendres jetées au vent.

La Beauté du Diable

Au début du XVIIe siècle, Marie de la Ralde fut arrêtée pour sorcellerie. Elle avoua qu’à l’âge de dix ans, elle avait été initiée au sabbat pour la première fois par la sorcière Marissane.
Après la mort de Marissane, le diable était venu en personne la mener à son assemblée où il y apparaissait généralement sous la forme d’un tronc d’arbre. Il se tenait dans une chaire, et il avait une ombre humaine fort ténébreuse. Cependant, elle l’avait aussi aperçu sous la figure d’un homme ordinaire, tantôt rouge, tantôt noir. Il s’approchait souvent des enfants, tenant un fer chaud à la main mais elle ignorait s’il les marquait.

Marie de la Ralde n’avait jamais baisé le diable mais elle avait vu comment on s’y prenait: le diable présentait sa figure ou son derrière, le tout à sa discrétion et comme il lui plaisait.
Marie ajouta également qu’elle aimait tellement le sabbat qu’il lui semblait aller à la noce. Non pas tant par la liberté et la licence qu’elle y trouvait, mais parce que le diable tenait tellement liés leurs cœurs et leurs volontés, qu’il n’y laissait entrer nul autre désir.
Lorsqu’elles se rendaient au sabbat, les sorcières y entendaient une musique harmonieuse et le diable les persuadait que l’enfer n’était qu’une niaiserie, et que le feu qui y brûlait continuellement n’était qu’artificiel.
Elle dit également qu’elle ne croyait pas mal faire en allant au sabbat, et qu’elle avait bien du plaisir à la célébration de la messe qui s’y disait, où le diable le faisait passer pour le vrai Dieu. En raison de sa grande beauté, Marie de la Ralde ne fût pas brûlée.

Le Vicomte

A la fin du XVIe Siècle, Nyol, Vicomte de Brosse, fut poursuivi comme sorcier. Il avait confessé qu’ayant entendu dire qu’on brûlait les sorciers, il avait quitté sa maison et en était demeuré longtemps absent. Ses voisins, l’ayant suivi, l’avaient retrouvé dans une étable de pourceaux.
Lorsqu’ils l’avaient interrogé sur les différents maléfices dont il était accusé, il avait reconnu s’être rendu au sabbat en une occasion, à la croix de la Motte. Il y avait vu le diable sous la forme d’une chèvre noire et il s’était donné audit diable, sous promesse qu’il aurait des richesses et serait bienheureux sur Terre.
Il lui avait donné pour gage sa ceinture, une partie de ses cheveux et, après sa mort, l’un de ses pouces. Le diable l’avait ensuite marqué sur l’épaule et il lui avait commandé de donner des maladies, de faire mourir les hommes et les bestiaux et de faire périr les fruits par des poudres qu’il jetterait au nom de Satan. Il avait également avoué que le diable l’avait fait danser au sabbat avec les autres sorciers, chacun ayant une chandelle. Quand le diable se retirait enfin, eux tous se trouvaient transportés dans leurs maisons. « 
Vingt-huit témoins affirmèrent que le vicomte de Brosse avait bien la réputation d’être un sorcier, et qu’il avait fait mourir quatre hommes et beaucoup de bestiaux. Bien évidemment, il fut condamné.

Les Chevaucheuses

A la fin du XIV siècle, en Italie, deux femmes qui habitaient Milan furent accusées de chevaucher des animaux, la nuit, de les dévorer, puis de les ressusciter. On leur reprochait également d’entretenir des relations sexuelles avec un démon.

Les Sœurs Dorée

En 1577, le bailli de Coeuvre condamna Catherine Dorée à être brûlée vive pour avoir tué son enfant sous ordre du diable. Il lui était apparu, avait-elle affirmé, sous la forme d’un homme haut et noir. Barbe Dorée, sa sœur, avoua  » avoir fait mourir trois hommes en jetant un peu de poudre en un papier au lieu où ils devaient passer « . L’on racontait également qu’elle jetait des poudres dans les champs et guérissait les ensorcelés en leur posant un pigeon sur l’estomac. La sorcière, tout comme sa sœur, fut elle-aussi condamnée au bûcher.

Le Sacrifice

En 1607, à Saint-Claude, Jeanne Platet était en prison. Une jeune fille, Guillauma Blondan, était fort malade et ses parents s’adressèrent à la sorcière, à l’insu du juge, pour obtenir la guérison de leur enfant.

Jeanne Platet ordonna une neuvaine, qu’elle fit commencer le vendredi. Or, la nuit du neuvième jour, la sorcière mourut subitement et la malade guérit, après avoir rendu plusieurs petites bêtes en forme de lézards et un morceau de charbon. On remarqua aussi qu’il s’était fait au même moment, de part en part, deux petits trous au plancher de la chambre où couchait la malade.

Un Tour du Diable

Au mois de septembre 1606, un étranger, passant à Septmoncelles, acheta à Pierre Janin une jument pour la somme de dix-sept ducatons. Douze ducatons furent payés comptant et l’acheteur promit de payer le reste à son retour de la foire de Genève. Afin de tranquilliser le vendeur et de prouver sa bonne foi, il lui remit en gage une chaine en or. Les ducats et la chaine furent soigneusement placés dans un même morceau de papier et les deux parties se séparèrent fort satisfaites l’une de l’autre. Or, le lendemain, quand Janin, tout heureux, déplia le petit paquet pour contempler son trésor, il s’aperçut qu’il ne contenait plus que douze rondelles de plomb. C’était là, à coup sur, un tour de sorcier. Aussi Boguet décida-t-il que l’auteur du vol devrait être condamné au feu… dès qu’il serait pris.

Le Laisser-Tomber

Pruclencio Sandoval, dans son ouvrage Histoire critique de l’Inquisition d’Espagne (Historia de la vida y hechos del emperador Carlos V), rapportait cette anecdote:
Une femme était accusée de sorcellerie. Afin de démontrer son pouvoir, elle descendit, après s’être graissée d’un onguent diabolique, du haut d’une tour, la tête en bas, le long du mur, puis prit son envol dans les airs devant la foule assemblée avant de disparaitre à l’horizon. Deux jours plus tard, des bergers la retrouvèrent à trois lieues de la ville: le diable avait apparemment refusé de la porter plus loin.

Le Cimetière de Saint-Sulpice

En 1619, trois femmes de la lie du peuple s’associèrent pour préparer un sortilège. Elles se nommaient Claire Martin, Jeanne Guierne et Jeanne Cagnette. Elles choisirent le cimetière de Saint-Sulpice pour leurs maléfiques opérations et y apportèrent une fressure de mouton. Nos sorcières firent plusieurs fois le tour des murs de l’église, et, avec un bâton, elles formèrent des ronds et des cercles sur la terre. Le chien du fossoyeur aboya, ce qui les obligea à prendre la fuite.
Elle revinrent bientôt et recommencèrent. Mais cette fois, le fossoyeur les observait:
 » Après tous ces tours, elles s’en allèrent sur la fosse d’un charpentier, enterré il n’y avait pas quinze jours, sur laquelle toutes les trois se jetèrent, fouillant la terre, et y faisant un trou, dans lequel mirent le cœur de fressure de mouton, qu’elles avaient apportée. « 

Le fossoyeur, s’imaginant qu’elles enterraient un enfant nouveau-né, alla consulter sa femme pour savoir ce qu’il devait faire. Pendant qu’il rentrait chez lui, ces trois sorcières prirent la fuite et il ne put en attraper qu’une, qui voulut le frapper avec un couteau. Il parvint à la contenir et à la mettre en sûreté, puis il appela son frère et ils se mirent à creuser afin de voir ce qui se trouvait dans la fosse.
 » Ayant foui quelque peu avant, avec un ossement de côte de trépassé, ils trouvèrent un cœur de mouton, plein de clous à lattes, lardé en forme de demi-croix et force bouquets d’épines y tenant: chose horrible, à laquelle ils ne voulurent pas toucher de la main; mais le levèrent et le posèrent sur une pelle à feu. « 

Ils portèrent ce cœur à la captive, et lui reprochèrent d’être une sorcière, ainsi que ses compagnes. Elle avait probablement fait ce sort au détriment de quelque malheureux.
Alors, elle confessa que Claire Martin lui avait fait faire ces tours, pour nuire à quelque parent de défunt son mari, mais qu’elle n’avait pas composé le sort. Le fossoyeur alla avertir la justice de Saint-Germain-des-Prés et on vint saisir la sorcière.
Par sentence du bailli, elle et ses complices furent condamnées au fouet et ladite Martin, devineresse et instigatrice de tout ce malheur, à être marquée de la lis, ainsi qu’au bannissement.

Les trois sorcières appelèrent de cette sentence au parlement, qui cassa le premier jugement et condamna la femme Martin à être fustigée et battue de verges, sans autre punition que celles du ban et ses deux complices à être présentes lors de l’exécution.
L’arrêt fut exécuté, le mercredi 14 août 1619. La sorcière Martin fut fouettée devant le cimetière de Saint-Sulpice, au pilori de l’Abbaye, à la porte Saint-Germain, au bout du pont Saint-Michel. Elle admit qu’elle avait bien mérité d’être traitée ainsi.
Procès-verbal du Crime Détestable de Trois Sorcières surprises au Faubourg Saint Germain-des-Prés.

Le Galant trop Curieux

Bodin rapportait également cette anecdote: Une demoiselle vivant à Lyon voulut une nuit se rendre au sabbat alors qu’elle était couchée près de son amant. La jeune fille se leva sans bruit, alluma une chandelle, prit une boite d’onguent et s’en frotta tout le corps. Elle fut alors  » transportée « .
Le galant, qui ne dormait pas, se servit de la même graisse  » comme il a vu sa ribaude s’en servir  » et il prononça les paroles magiques qu’il avait retenues. Il arriva au sabbat sur les pas de cette fille. Mais sa frayeur fut si grande, à la vue des diables et de leurs hideuses postures, qu’il recommanda son âme à Dieu. Toute la compagnie disparut alors et le jeune homme se retrouva seul, tout nu. Il s’en retourna à Lyon, où il accusa la sorcière qui confessa ses crimes et fut condamnée.

La Réputation

En 1608, Berthomine de Gert avoua que lorsqu’une sorcière était assassinée sur le chemin en revenant du sabbat, alors le diable prenait sa figure et la faisait reparaître et mourir dans son logis afin de garder sa réputation intacte. Mais, si son meurtrier avait quelque bougie ou chandelle de cire sur lui et qu’il en fasse une croix sur le corps de la défunte, alors le diable ne pouvait, malgré toute sa puissance, la tirer de là et était, par conséquent, obligé de l’y laisser.

La Valeur d’un Homme en Volailles

Louise Servant, qui fut accusée de sorcellerie et condamnée, guérit d’une grave maladie Philippe d’Amelanges, de Salins. Mais à chaque fois que l’état du malade s’améliorait, une poule ou un canard mourait dans la basse-cour. Il en périt ainsi une vingtaine, jusqu’à ce que la guérison fût complète. L’on pouvait donc en déduire que Satan estimait donc la valeur d’un homme à vingt volailles.

Un Choix Difficile

En 1578, Jeanne Harvilliers, originaire de Verbery, près de Compiègne, fut accusée d’homicides et de maléfices et menée devant le magistrat.

Elle confessa que sa mère l’avait offerte à Satan dès sa naissance et que depuis l’âge de douze ans, le diable, sous la forme d’un grand homme noir vêtu de drap noir, éperonné et botté, possédant un cheval invisible qu’il laissait à la porte, copulait charnellement avec elle même lorsqu’elle était couchée avec son mari. Les paysans demandaient vivement sa mort.
Les jurés firent alors faire une enquête à Verbery, lieu de sa naissance, et dans les autres villages qu’elle avait habités. On apprit alors que trente ans auparavant, elle avait été fouettée pour crime de sorcellerie et que sa mère avait été brûlée comme sorcière.

Elle convint de ces faits, et, elle ajouta qu’elle avait aussi invoqué le diable pour lever le sort qu’elle avait jeté sur l’un de ses ennemis, ce que Satan lui avait refusé.
Jeanne finit par demander grâce et pardon. Les juges étaient fort embarrassés par cette histoire et ne pouvaient se décider quand à la peine que l’on devait lui appliquer. Les uns opinaient pour la potence, les autres pour le bûcher. Ce dernier avis prévalut. Le dernier jour du mois d’avril 1578, Jeanne Harvilliers fut brûlée vive à la demande de Claude d’Offay, procureur du roi à Ribemont.
Après sa condamnation, elle avoua s’être servie de graisses, que le diable lui avait données, être allée au sabbat et avoir copulé charnellement avec Belzébuth. Elle déclara que le diable ne lui avait point donné d’argent et finit par accuser un berger et un couvreur de Genlis d’être des sorciers eux-aussi.

L’Amant Démoniaque

En 1324-1325, en Irlande, à Kilkenny, l’évêque de Ledreda intenta un procès à Lady Kyteler. Il l’accusait de posséder un démon privé avec lequel elle se livrait à des relations charnelles et qui lui permettait d’ensorceler ses ennemis.

Dieu ou le Diable

En 1493, Jeannette Relescée, convaincue de sorcellerie, fut jugée et brûlée à Fribourg. Battue par son mari, la malheureuse s’était rendue de nuit dans un bois afin de quémander l’aide de Dieu ou du diable. Ce dernier lui était apparu sous une forme obscure, noire, et lui avait promis que si elle reniait Dieu et le choisissait pour maître, son mari cesserait de la battre.
Jeannette s’était alors empressée d’abjurer son baptême et elle avait pris Satan pour maître en lui faisant hommage, le baisant au cul et lui donnant trois  » poils de sa tête « .

Les Aveux

Une fillette, Louise Maillat, perdit soudainement l’usage de ses membres et le 19 juillet 1598, on la conduisit à l’église de Saint-Sauveur afin d’être exorcisée. L’enfant se trouvait apparemment possédée de cinq démons qui s’appelaient Loup, Chat, Chien, Joli, Griffon. Au cours de l’exorcisme, deux de ces démons sortirent par sa bouche, sous forme de pelotes grosses le poing, rouges comme le feu, sauf le démon Chat qui était noir. Les autres sortirent avec moins de violence.
Une fois dehors, ces démons firent trois ou quatre volte près du feu et ils disparurent.

On apprit par la suite que Françoise Secrétain avait fait avaler ces diables à la petite fille, dans une croûte de pain ressemblant à du fumier. Henry Boguet, en sa qualité de grand juge de Saint Claude, fit arrêter Françoise Secrétain. Elle nia tout d’abord ces accusations mais l’on reconnut aisément qu’elle était une sorcière parce qu’il manquait quelque chose à la croix de son chapelet et qu’elle ne jeta aucune larme lors de son interrogatoire, quoiqu’elle s’efforçât de pleurer.
On lui fit couper les cheveux et changer d’habits, afin de chercher les marques sur son corps. Elle se mit alors à trembler et elle se reconnut coupable d’avoir envoyé les cinq démons à Louise Maillat. Elle confessa également s’être donnée au diable et avoir copulé avec lui. Elle s’était également rendue plusieurs fois au sabbat, sur un bâton blanc qu’elle mettait entre ses jambes. Lors des sabbats, elle avait dansé et battu l’eau pour faire tomber la grêle. Elle reconnut aussi avoir fait mourir un homme en lui donnant un morceau de pain saupoudré de poudre de diable. Par contre, elle nia farouchement s’être transformé en loup-garou.
L’une des plus grandes preuves qui confirma que cette femme était bien une sorcière, ce fut qu’elle avait les yeux penchés en répondant, et qu’elle n’osait regarder le juge en face. On chercha sur elle les autres marques ordinaires de sorcellerie, en vain. Bien que l’on ait rien trouvé sur son corps, Louise Maillat fut tout de même condamnée. Mais alors que l’on était sur le point de prononcer la sentence, Françoise Secrétain fut retrouvée morte en prison.

 » Je me doute, observait Boguet, que le diable a voulu suffoquer notre sorcière, d’autant plus qu’elle nous a rapporté qu’on l’avait voulu brûler cinq à six fois en prison, jusqu’à lui mettre le feu dans la gorge… « 

Le Chat Noir

En 1600 on fit le procès de Rollande de Vernois, âgée de trente-cinq ans. On la conduisit dans un cachot si froid qu’elle dit au geôlier qu’elle se trouvait disposée à faire des révélations si on voulait la laisser approcher du feu. Henry Boguet, avertit de ces bonnes dispositions, la fit approcher du foyer et lui demanda ce qui se passait au sabbat.
Pour toute réponse, elle avoua s’y être trouvée une fois avant de tomber dans d’affreuses convulsions. On fit alors venir deux prêtres pour l’exorciser. Quand elle fut plus tranquille, elle avoua à Boguet qu’elle avait baisé un gros chat noir au derrière et que ce chat était le diable. Elle avait également renoncé à Dieu, chrême et baptême. Satan l’avait connue charnellement, et sa semence était froide.

Le lendemain, elle prétendit que Gros-Pierre lui avait donné dans une pomme les démons dont elle était tourmentée. L’exorciste la mit alors sous la protection de la Vierge et lui fit boire de l’eau bénite. Le diable sortit, affirmait Henry Boguet, sous la forme d’une limace toute noire, laquelle fit deux ou trois tours en terre, et disparut. Un autre démon harcelait la sorcière. Le prêtre inscrivit son nom sur un papier et le jeta au feu. Il hurla si furieusement, rapportait l’inquisiteur, que nos cheveux se hérissaient en tête de l’entendre.
Le démon, obsédé, déclara qu’il sortirait si on lui donnait quelque chose. On lui demanda ce qu’il voulait. Du pain et du fromage, répondit-il. On lui donna alors du pain béni, mais il ne fut pas content. Il insistait pour avoir autre chose, prononçant le mot savoyard quaqueram. Toutefois, il n’eut rien que de l’eau bénite.

Le lendemain, la possédée varia dans ses déclarations et voulut revenir sur ses aveux mais, sans aucun égard, Boguet prononça une sentence qui ordonnait que l’accusée soit appliquée à la torture pour en tirer la vérité sur quelques accusations. Et ce fait condamna icelle Rollande à être conduite, par l’exécuteur de haute justice, sur le tertre, puis à être attachée à un poteau et brûlée. Le jugement fut exécuté le 7 septembre 1600. Alors qu’on la conduisait au supplice, il tomba une pluie si violente qu’on eut peine à allumer le bûcher.  » Mais comme l’on sortit cette femme hors de prison, l’air à l’instant s’obscurcit de nuées fort épaisses qui vinrent se résoudre en pluies si abondantes qu’à peine put-on allumer le feu pour la brûler « . Ce que Boguet interpréta comme la plus grande preuve de sorcellerie.

La Femme Gantière

En l’an 1582, le parlement de Paris confirma la sentence de mort du bailli de la Ferté contre la femme Gantière. Une jeune fille, qui était possédée, avait déclaré durant un exorcisme que la Gantière lui avait envoyé le diable dans son corps.

Le juge avait donc fait amener cette sorcière en sa présence. La Gantière avait alors avoué que la Lofarde l’avait transportée au sabbat et que le diable l’avait marquée. Il était vêtu d’un hilaret jaune, qui lui couvrait seulement le corps et non les parties honteuses, qu’il avait fort noires. Le démon lui avait également donné huit sous pour payer sa taille mais, de retour dans son logis, elle ne les avait plus trouvés dans son mouchoir.

Sorcellerie!

Vers l’an 1596, une maison du village d’Uzelle fut envahie par les flammes. Les habitants accoururent et chacun s’empressa de porter secours à la maison incendiée. Enfin, après une heure de rude travail, la maison réapparut étrangement fraiche et intacte, juste comme elle était auparavant.
Ce phénomène se reproduisit trois fois de suite, et il fut attesté par Jean Cretenet, seigneur de Thalenay, et Etienne Humbert, prieur de Voisey, tous deux témoins oculaires. Il ne pouvait y avoir qu’une seule explication à un tel prodige. Aussi la domestique de cette maison fut-elle immédiatement poursuivie pour sorcellerie.

La Vieille Mendiante

En 1640, une terrible épidémie s’abattit sur les chevaux du Grand-Sancey et fit un tel ravage que le maréchal-vétérinaire s’empressa de déclarer que c’était un fléau surnaturel. Une fois que cette conviction eut pénétré l’esprit des habitants, les imaginations s’alarmèrent et chacun se crut le droit et se fit le devoir de rechercher l’auteur du mal.
Or il y avait au Grand-Sancey une vieille mendiante originaire de Surmont qui s’appelait Cathin Miget, veuve Bourgeois, dont on citait maintes extravagances. Il n’en fallut pas davantage pour l’accuser de sorcellerie.

Aussitôt, le procureur d’office de la baronnie de Belvoir et le 2 août, commença l’information.
Les témoins affirmèrent que la Cathin était communément tenue et réputée pour être une sorcière et qu’elle pratiquait ses arts diaboliques sur des bestiaux. D’ailleurs, des témoins l’avait entendue murmurer en passant près de l’écurie où elle dormait habituellement: Mes beaux chevaux, je vous ai envoyé le mal qui vous ronge.
Jamais elle ne se rendait à l’église et elle avait déclaré de point vouloir y aller. Lorsqu’on l’avait pressée de se confesser, elle avait refusé. On l’avait aussi vue battre l’eau d’une fontaine avec une baguette. De cette eau s’étaient alors élevées des vapeurs qui s’étaient abattues sur les environs sous la forme d’une petite grêle. Parfois, elle agissait de manière incompréhensible et ne pouvait expliquer les raisons de ses actes.

Lors de son interrogatoire, la pauvre femme avoua être une sorcière mais elle fut incapable d’expliquer comment elle l’était devenue. Elle prétendit s’être rendue au sabbat mais lorsqu’on lui demanda si le sabbat se tenait en campagne ou dans un bois, elle dit qu’elle n’avait jamais quitté son lit. Elle ne savait que répondre à la plupart des questions, et quand elle le savait, ses propos étaient confus et contradictoires.

Le 4 aout, Jacques Gelot et Melchior Bidal, chirurgiens désignés, après avoir prêté serment sur les saintes Évangiles de Dieu, procédèrent sur le corps de l’accusée à la recherche de la marque du diable. Ayant reconnu une tache livide au-dessus de son épaule gauche et sur l’omoplate, ils y enfoncèrent une aiguille de la profondeur d’un travers de doigts sans que la patiente n’en témoigne aucun sentiment et ils déclarèrent que la sorcière avait été marquée par le diable à cet endroit.
L’accusée refusa de faire appel malgré toutes les propositions qui lui furent faites et elle fut condamnée à être étranglée et brûlée le 13 septembre. Auparavant, elle fut longuement torturée, dans le but de lui faire désigner ses complices sorciers ou sorcières, mais la vieille mendiante ne voulut accuser personne. La pauvresse était tellement pressée de mourir, que le bourreau de Besançon fut appelé le 9 alors que son exécution devait se tenir le 13.

Le plus Grand Sorcier de son Temps

Leloyer, dans son ouvrage Histoire des spectres ou apparitions des esprits, rapportait que Diore de Catane était un sorcier dont le peuple de Catane, une ville de Sicile, garda longtemps le souvenir. C’était le plus grand magicien de son temps. Il fascinait tellement ses contemporains qu’ils se persuadaient d’être changés en bêtes. Il faisait voir en un instant, aux curieux, ce qui se passait dans les pays les plus éloignés. Comme on l’eût arrêté en qualité de magicien, il voulut se faire passer pour faiseur de miracles.
Il se fit donc transporter, par le diable, de Catane à Constanti­nople, et de Constantinople à Catane en un seul jour, ce qui lui acquit tout d’un coup, parmi le peuple, une grande réputation. Mais ayant été pris, malgré son habileté et sa puissance, on le jeta en un four ardent où il brûla malgré tout.

Le Sabbat Imaginaire

Il y a quelque temps qu’un certain homme du village d’Unau au ressort d’Orgelet, amena sa femme en ce lieu et l’accusa d’être Sorcière, disant, entre autres choses, que certaines nuits d’un jeudi, alors qu’ils étaient couchés ensemble, il remarqua que sa femme ne bougeait ni ne respirait d’une quelconque façon, sur quoi il commença à la remuer sans néanmoins parvenir à la faire s’éveiller, et à cette occasion il tomba en une peur, de manière qu’il voulut se lever pour appeler ses voisins, mais quelque effort qu’il fit, il ne lui fut pas possible de sortir de son lit, et il lui semblait qu’il était entravé par les jambes, de même il ne pouvait crier. Cela dura bien deux ou trois heures jusqu’à ce que le coq chante. Car dès lors la femme se réveilla en sursaut, et sur ce que le mari lui demanda qu’elle avait, elle répondit qu’elle était si lasse du travail qu’elle avait eu le jour précédent, qu’étant plongée dans le sommeil, elle n’avait rien senti de ce que son mari lui aurait fait! Alors le mari eut opinion qu’elle venait du Sabbat, pour la raison que déjà auparavant, il la soupçonnait quelque peu, à raison qu’il était mort du bétail chez quelques-uns de ses voisins qu’elle avait menacés précédemment.

Et certes, il y a grande apparence que cette femme avait été en esprit au Sabbat, par ce, premièrement, que l’extase dont nous avons parlé, advint un jeudi, qui est la nuit ordinaire du Sabbat. (Henry Boguet, Discours exécrable des Sorciers)

La Sorcière et le Moulin

Le 20 mars 1619, le parlement de Bordeaux condamna Jeanne Noals à être brûlée. On lui reprochait d’avoir chevillé le moulin de Las-Coudourleiras, à Végenne.
Alors qu’elle portait du blé à moudre à ce moulin avec deux autres femmes, le meunier, Jean Destrade, les avait prié d’attendre que le blé qu’il avait déjà depuis plusieurs jours soit moulu.
Les deux femmes s’en étaient allées fort mécontentes et aussitôt le moulin s’était trouvé chevillé, de telle manière que ni le meunier ni sa femme n’avaient su en trouver le défaut.
Le maître du moulin ayant été appelé, il s’était avisé d’y amener ladite sorcière qui, s’étant mise à genoux, avait fait en sorte qu’un quart-d’heure plus tard le moulin se remette à moudre avec plus de vitesse qu’il n’en avait jamais eu.

Saute! Saute!

En 1599, à Montmorillon, Jeanne de Tailletroux, femme de Pierre Baunevault,  fut accusée d’avoir été au sabbat.
Lors de son interrogatoire elle confessa que son mari l’ayant contrainte d’aller à assemblée diabolique, elle s’y était rendue et elle avait continué à s’y rendre durant vingt-cinq ans.
La première-fois que le grand-maitre l’avait vue, il était en forme d’homme noir. Il lui avait dit: Saute! saute! et Jeanne s’était mise à danser.
Le diable lui avait alors demandé d’être des leurs et elle avait fini par y consentir. Elle lui avait donné un lopin de sa robe, une poule etc…
Des témoins affirmaient qu’elle avait, par ses charmes, maléficié et fait mourir des personnes et des bestiaux, ce dont Jeanne convenait. Elle avoua également qu’elle avait connu Satan charnellement, mais qu’elle n’avait pas eu grand plaisir, à cause de la froideur qu’il y apportait. En réparation de tous ces crimes, le tribunal la condamna à mort ainsi que son mari.

Trois-Échelles

Au cours de l’année 1571 fut exécuté en Grève un sorcier nommé Trois-Échelles. C’était un charlatan qui faisait des tours de passe-passe et qui amusait les loisirs de Charles IX.

Il confessa devant le roi et en présence d’Ambroise Paré et des maréchaux Montmorency et de Retz, du seigneur de Lausac et de Mazille, premier médecin du roi, qu’il opérait des merveilles à l’aide d’un esprit auquel il s’était voué et que cet esprit le tourmenterait encore trois ans.
Il supplia le roi de lui pardonner, promettant de révéler ses complices. Il s’étendit avec beaucoup de complaisance sur la description du sabbat, sur les sacrifices qu’on y faisait, sur les paillardises des femmes et des diables. Il parla également de la composition des poudres et des onguents. L’amiral de Coligni, qui était présent, rapporta que par le moyen de ces poudres, un valet avait fait mourir deux gentilshommes, en parsemant les lits où ils couchaient. Il ajouta qu’après leur mort ils avaient été trouvés noirs et enflés. La grâce fut accordée à Trois-Échelles, mais ayant depuis recommencé à faire des sorcelleries, il fut mis à mort par la suite.

Marguerite Pajot

En 1576, Marguerite Pajot fut accusée de s’être rendue à des assemblées nocturnes de démons et de sorciers dans la nuit du vendredi au samedi et d’en être revenue froide comme de la glace. Plus de cinquante témoins affirmaient qu’elle avait fait mourir plus de treize personnes ainsi que des animaux en les touchant d’une baguette. Elle avait également tué un sorcier qui ne voulait pas lui prêter un lopin de bois de la vraie croix qui lui servait à faire des sortilèges. Marguerite Pajot fut exécutée à Tonnerre.

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