Summer of Sam est un film de Spike Lee qui raconte la psychose qui s’est abattue sur New York au cours de l’été 1977, alors que sévissait David Berkowitf, un tueur en série surnommé le » Fils de Sam » (Son of Sam), qui expliqua par la suite que des voix démoniaques le poussaient à tuer. Je vous propose de découvrir la vraie histoire du Fils de Sam.
Né Richard David Falco, le 1er Juin 1953, à Brooklyn, David Berkowitz était le fils de Betty Broder et de son amant Joseph Kleinman. Betty, sa mère, était issue d’une modeste famille juive et elle était mariée à Tony Falco, un homme d’origine italienne dont elle avait eu une fille, Roslyn. Mais six ans après leur mariage, Joseph abandonna Betty pour une autre femme, sans toutefois divorcer. Betty eut alors une liaison avec Joseph Kleinman, un agent immobilier marié dont elle tomba enceinte. Lorsqu’elle apprit la nouvelle à son amant, Joseph la menaça de l’abandonner si elle ne proposait pas l’enfant à l’adoption et si elle ne déclarait pas Tony Falco comme son père.
Quelques jours après sa naissance, le bébé fut adopté par Nathan et Pearl Berkowitz. De religion juive, ce couple d’âge mur tenait une petite quincaillerie modeste dans le Bronx. A l’arrivée de l’enfant, les Berkowitz inversèrent ses prénoms, lui donnèrent leur nom de famille et le jeune David Richard Berkowitz devint leur fils unique. Nathan et Pearl adoraient leur fils mais David, qui savait qu’il avait été adopté, ne parvenait pas à accepter cette idée. Il se sentait rejeté, méprisé, il déprimait, et en grandissant, sa taille et son apparence n’arrangèrent pas les choses. Plus grand que les autres enfants de son âge, il bénéficiait également d’un physique peu attrayant. S’il était intelligent, le garçon ne montrait aucun intérêt pour les études. Il était considéré comme un élève moyen mais il excellait au baseball, dont il était passionné. David était un enfant solitaire, hyperactif, qui pouvait également se montrer violent, écartelant et brûlant ses soldats de plomb, les jetant parfois sur les passants depuis sa fenêtre.
» Aussi loin que je m’en souvienne, mon enfance n’était pas celle d’un enfant normal. Je voulais tout saccager dans la maison, renversant parfois des meubles. Une force monstrueuse s’abattait sur moi et me poussait à faire des choses destructrices aux biens ou à moi-même. Parfois, je me murais dans un silence total et je ne répondais pas aux gestes d’affection de mes parents. J’aurais voulu m’enfermer dans un placard obscur et y rester pendant des heures. J’étais parfois déprimé et mes parents devait m’éloigner de la fenêtre pour m’empêcher de me suicider. J’étais un enfant tourmenté, ayant toujours des problèmes psychologiques. Les responsables de l’école m’avaient envoyé à un psychologue pour enfants.
J’étais obsédé par le film Rosemary’s Baby. J’avais l’impression qu’il me parlait directement à moi. Il ne fait aucun doute dans mon esprit qu’un démon vivait en moi depuis ma naissance. «
En 1967, Pearl mourut d’un cancer du sein et David, qui avait alors 14 ans, en fut dévasté. Il avait toujours été très proche de sa mère et son cœur se retrouva alors empli de colère. Son père tenta alors de le soutenir, mais il travaillait 10 heures par jour et ils se voyaient peu. David était un adolescent timide, qui avait des rapports difficiles avec les filles. Il s’enfonça alors dans la déprime, ses résultats scolaires s’en ressentirent et il commença à s’isoler. En 1971, son père décida de se remarier et le jeune couple déménagea en Floride. David, qui ne s’entendait pas avec sa nouvelle belle-mère, refusa de les suivre et s’engagea dans l’armée. Durant cette période, le jeune homme servit aux États-Unis et en Corée du Sud, se distinguant pour ses talents de tireur d’élite. Il connut également une seule et unique expérience sexuelle, avec une prostituée, qui lui laissa une maladie vénérienne en souvenir.
Quand il abandonna l’armée, en 1974, après trois années désastreuses, il trouva rapidement un emploi d’agent de sécurité, prit un appartement dans le Bronx et commença à enquêter sur ses origines. Les archives de l’état civil lui donnèrent rapidement les renseignements qu’il cherchait et il parvint facilement à retrouver sa mère. Lorsque David rencontra Betty Falco, leurs retrouvailles furent émouvantes. Elle lui apprit qu’il avait une sœur, Roslyn, qui était âgée de trente-sept ans, et peu de temps après, elle lui avoua les détails de sa naissance. Ces révélations le bouleversèrent. Il entretint des relations avec sa mère durant une brève période puis il arrêta de la voir, continuant néanmoins à visiter sa demi-sœur, dont il était devenu proche.
En 1975, David écrivit à son père, lui disant que sa vision du monde s’était terriblement assombrie. Le jeune homme, dont l’état mental s’était sérieusement détérioré, était devenu pyromane et durant cette période, il déclencha des centaines d’incendies sans jamais être arrêté. Ce fut à ce moment-là qu’il commença à entendre des voix de démons. Ces voix le tourmentaient, le poussant à tuer. La veille de noël, écoutant ses voix intérieures, il sortit dans les rues armée d’un couteau de chasse, à la recherche de ses premières victimes. Blessée de dix coups de couteau, Michelle Forman, une adolescente de quinze ans, survécut à l’attaque mais elle dut être hospitalisée. Cette nuit-là, il aurait agressé une seconde femme, mais jamais elle ne fut retrouvée.
En janvier 1976, David s’installa dans une petite maison située à Yonkers, dans la banlieue nord de New York. Là, il acquit rapidement la conviction que le berger allemand de ses voisins, ainsi que d’autres chiens du quartier, étaient possédés par ces esprits démoniaques qui lui ordonnaient de tuer de jolies femmes et il se mit à soupçonner certains de ses voisins d’être des démons eux-aussi. Il croyait que Jack et Nann Cassara, les propriétaires de la maison où il vivait, étaient en réalité des démons impliqués dans la conspiration. Jack étant le Général Jack Cosmo, commandant en chef des chiens qui le harcelaient. Durant cette période, l’un des chiens du quartier fut abattu, probablement par ses soins.
En avril, cherchant à fuir les voix qui le tourmentaient, David déménagea dans un immeuble situé dans le même secteur, mais il découvrit alors à son plus grand effroi que Sam Carr, l’un de ses voisins, possédait un labrador noir nommé Harvey. S’il craignait le chien, David se méfiait également l’homme, qu’il voyait comme un démon puissant, et ce sera à lui qu’il fera référence plus tard, en se surnommant le Fils de Sam. En ce début d’année, le jeune homme se plaignit de violents maux de tête et ses visites à sa sœur se firent plus rares.
Le 28 Juillet, David quitta son emploi d’agent de sécurité. Le 29 juillet, alors qu’elle sortait de la voiture de son amie Jody Valenti, âgée de 19 ans, Donna Lauria, 18 ans, remarqua un homme qui avançait rapidement vers elles. Surprise, la jeune fille s’exclama: » Mais qu’est-ce qu’il fait celui-là? « . Du sac en papier qu’il portait, l’homme sortit alors un pistolet puis il s’accroupit. Il mit son coude sur son genou, et, tenant l’arme de ses deux mains, il tira une balle sur Donna qui s’effondra sur le trottoir, mortellement blessée. Se tournant vers Jody, l’homme tira trois fois sur elle. La jeune fille, touchée à la cuisse, hurla de douleur et s’abattit sur le volant, déclenchant ainsi le klaxon. Après quoi, sans avoir dit un mot, le tireur se retourna et s’éloigna rapidement.
Une fois à l’hôpital, Jody put fournir un signalement précis du tueur, qu’elle disait ne jamais avoir vu auparavant. Elle le décrivit comme un homme blanc d’une trentaine d’années mesurant approximativement 1m75 et pesant environ 73 kg. Ses cheveux étaient courts, sombres et bouclés, dans le style » mod « . Cette description fut confirmée par le père de Donna, qui affirma avoir repéré un tel homme assis dans une voiture jaune garée à proximité et les voisins rapportèrent également à la police avoir vu cette voiture rôder dans le quartier pendant des heures le soir du drame. L’analyse balistique révéla que les balles étaient celles d’un revolver Bulldog de calibre 44, une arme de courte portée. Les positions adoptées par le tueur durant l’agression ressemblaient à celles qui étaient enseignées à l’école de police mais en l’absence de preuve supplémentaire, les enquêteurs ne retinrent que deux hypothèses: le meurtrier était un admirateur secret de Donna ou l’assassinat était une erreur, et il avait tué la mauvaise personne.
Au petit matin du 23 octobre, dans le Queens, Carl Denaro, 25 ans et sa petite amie Rosemary Keenan, 28 ans, discutaient assis dans une voiture quand les fenêtres du véhicule explosèrent brutalement. » J’ai eu l’impression que toute la voiture explosait « , rapporta Carl par la suite. Immédiatement, Rosemary démarra et fonça chercher de l’aide. Carl saignait de la tête et Rosemary souffrait de nombreuses blessures dues au verre brisé, mais, paniqués, ils n’avaient compris que quelqu’un venait de leur tirer dessus. Les deux jeunes gens survécurent mais Carl séjourna durant deux mois à l’hôpital et les chirurgiens durent lui poser une plaque de métal pour remplacer les fragments d’os manquants de son crâne. La police parvint à déterminer que les balles tirées étaient de calibre 44 mais elles étaient tellement endommagées qu’il fut impossible de pousser plus loin l’expertise. Comme les deux agressions s’étaient déroulées dans différents quartiers, elles furent étudiées par deux services de police distincts et personne ne fit le rapprochement entre les deux affaires. Carl ayant les cheveux mi-longs la police comprendra bien plus tard que le tireur l’avait pris pour une fille.
Le 27 novembre 1976, vers minuit, deux jeunes filles, Donna DeMasi et Joanne Lomino, âgées respectivement de 16 et 18 ans, rentraient chez elles après avoir vu un film au cinéma. Elles discutaient sous le porche de la maison de Loanne, quand soudain, un homme d’une vingtaine d’années, vêtu d’un treillis militaire, s’approcha d’elles et leur demanda d’une voix haut perchée: » Pourriez-vous me dire comment aller… « . Puis soudain il sortit un revolver de sa ceinture et tira une fois sur chacune des jeunes filles qui tombèrent à terre. Alors qu’elles gisaient sur le sol, blessées, il tira plusieurs fois sur elles avant de s’enfuir. Alerté par les coups de feu, un voisin se précipita hors de l’immeuble, ayant tout juste le temps d’apercevoir un homme blond s’éloigner, un pistolet dans la main gauche.
Donna avait été blessée au cou mais ses jours n’étaient pas en danger. Par contre, Joanne, atteinte d’une balle dans le dos, fut hospitalisée dans un état grave et ses blessures la laissèrent paraplégique. Grâce aux témoignages des deux victimes et à ceux des voisins, les policiers purent tracer des portraits-robots du tireur. Ils déterminèrent également que l’arme était de calibre 44 mais, encore une fois, les balles étaient trop déformées pour être analysées. Les enquêteurs envisagèrent que l’agresseur puisse être le même que celui qui avait attaqué Donna et Jody, mais les descriptions des deux hommes ne se ressemblant guère, cela paraissait toutefois improbable.
Le 30 janvier 1977, vers 0h40, Christine Freund, 26 ans, et son fiancé John Diel, 30 ans, étaient tous deux assis dans la voiture de John, prêts à partir en boite, quand soudain, des coups de feu retentirent et la vitre du côté passager vola en éclats. Paniqué, John démarra la voiture et s’empressa de chercher du secours. Il n’avait que des blessures superficielles mais sa compagne, Christine, avait été gravement atteinte et elle décéda quelques heures plus tard à l’hôpital. John ne put donner de description du tueur, qu’il n’avait pas eu le temps de voir.
La police fit alors une déclaration publique, reconnaissant que cette agression était similaire aux précédentes et que les crimes étaient probablement reliés entre eux. Toutes les victimes avaient été blessées par des balles de calibre 44 et les tirs semblaient se concentrer sur de jeunes femmes aux cheveux longs et noirs. Les portraits du tireur blond et du brun furent alors diffusés, et le Sergent Richard Conlon souligna que la police recherchait plusieurs suspects.
Le 8 mars 1977, vers 19h30, Virginie Voskerichian, une étudiante de 19 ans, rentrait chez elle quand elle fut abattue. Dans une tentative désespérée pour se défendre, elle leva ses livres entre elle et le tireur, mais la balle pénétra son bouclier de fortune, l’atteignant à la tête et la tuant.
Quelques instants plus tard, un habitant du quartier qui avait entendu les coups de feu était en train de tourner au coin de la rue quand il rentra pratiquement en collision avec un garçon costaud, âgé de 16 à 18 ans, rasé de près, vêtu d’un chandail et d’une casquette, qui semblait fuir la scène du crime. Le voisin rapporta que le jeune homme avait tiré la casquette sur son visage et s’était exclamé: » Oh, Jésus! » avant de se mettre à sprinter. D’autres voisins rapportèrent avoir remarqué ce même adolescent et un inconnu correspondant à la description de David flâner séparément dans la zone environ une heure avant le crime. Lors d’une conférence de presse, le 10 mars 1977, la police déclara que le calibre de l’arme était le même que dans les autres agressions. La création d’un groupe de travail, l’Opération Oméga, dirigé par le sous-inspecteur Timothy J. Dowd et composé de 300 officiers de police, fut également annoncé. La police supposait que le tueur se vengeait des femmes, à cause, peut-être, des rejets chroniques dont il faisait l’objet.
L’affaire était maintenant célèbre et la presse du monde entier se faisait maintenant l’écho de ces crimes. Le 17 avril 1977, à 3 heures du matin, Elexander Esau, 20 ans, et Valentina Suriani, 18 ans, étaient assis dans la voiture de Valentina quand ils reçurent chacun deux balles. La jeune fille succomba sur place, et Alexander mourut quelques heures plus tard à l’hôpital, sans avoir été en mesure de décrire son agresseur. L’un des premiers policiers sur les lieux remarqua une enveloppe blanche qui trainait au milieu de la rue. Il faut dire qu’il était difficile de la rater. Elle était adressée au capitaine Joe Borelli, l’adjoint de Timothy Dowd. A l’intérieur, se trouvait une lettre du meurtrier, parsemée de fautes, qui se désignait comme le » Fils de Sam « . Voici ce qu’elle disait:
» Je suis profondément blessé que vous m’ayez qualifié de misogyne. Je n’en suis pas un. Mais je suis un monstre. Je suis le » Fils de Sam « . Je suis un peu gamin. Lorsque le père de Sam est ivre, il devient mauvais. Il bat sa famille. Parfois, il m’attache à l’arrière de la maison. D’autres fois, il m’enferme dans le garage. Sam aime boire du sang. « Sortez et tuez « , ordonne père Sam. Derrière notre maison quelques unes reposent. La plupart des jeunes -violées et abattues- leurs sang drainé, plus que des os maintenant. Papa Sam me tient aussi enfermé dans le grenier. Je ne peux pas sortir mais je regarde par la fenêtre du grenier et je vois le monde passer.
Je me sens comme un étranger. Je ne suis pas sur la même longueur d’onde que tout le monde, programmé pour tuer. Cependant, pour m’arrêter, vous devez me tuer. Attention, à tous les policiers: Tirez-moi dessus en premier -tirez pour tuer ou autre chose. Gardez-vous hors de mon chemin ou vous mourrez! Papa Sam est vieux maintenant. Il a besoin d’un peu de sang pour préserver sa jeunesse. il a eu trop de crises cardiaques. Trop de crises cardiaques. « Ugh, mon cœur me fait mal, fiston « . Je m’ennuie de ma jolie princesse plus que tout. Elle se repose dans notre maison de dames, mais je vais bientôt la voir. Je suis le « Monster » -Belzébuth -, le » Behemouth Potelé « . J’aime chasser. Rôder dans les rues à la recherche d’un jeu équitable -viande savoureuse. Les femmes du Queens sont les plus belles de toutes. Je dois être l’eau qu’elles boivent. Je vis pour la chasse -ma vie. Du sang pour papa. M. Borrelli, monsieur, je ne veux plus tuer, non monsieur, je ne veux plus mais je le dois, » Honore ton père « . Je veux faire l’amour au monde. J’aime les gens. Je n’appartiens pas à la Terre. Renvoyez-moi aux yahoos. Pour les gens du Queens, Je vous aime. Et je veux vous souhaiter de joyeux Pâques à tous. Que Dieu vous bénisse dans cette vie et dans l’autre. Et, pour l’instant, je vous dis au revoir et bonne nuit.
Police: permettez-moi de vous hanter avec ces mots; Je reviendrai! je reviendrai! A interpréter comme -Bang, Bang, Bang, Bang, bang- pouah!
Bien à vous dans le meurtre,
M. Monstre «
Jusqu’à présent, le meurtrier avait été surnommé le Tueur au calibre 44 par la presse. Bien que cette lettre ait été tout d’abord cachée au public, bientôt une partie de son contenu fut divulguée et il devint pour tous le Fils de Sam. A la suite de cette lettre, le comportement inhabituel du tueur envers la police et les médias fut examiné. Les psychologues soulignèrent que de nombreux tueurs en série aimaient manipuler leurs poursuivants et les observateurs, trouvant là une source de gratification supplémentaire. Le 26 mai 1977, après avoir consulté plusieurs psychiatres, la police fit publier le profil psychologique du suspect. Il y était présenté comme névrotique, souffrant probablement de schizophrénie paranoïde et se croyant victime d’une possession démoniaque. Les enquêteurs interrogèrent les propriétaires de revolvers 44 Bulldog enregistrés à New York, les armes furent testées et ils organisèrent également quelques pièges, se présentant comme des amants dans divers endroits isolés de la ville sans jamais parvenir à attirer le tueur.
Le 30 mai 1977, Jimmy Breslin, le chroniqueur du journal le Daily News, reçut une lettre manuscrite de quelqu’un qui se prétendait le tireur au calibre 44. L’enveloppe avait été oblitérée par la poste au début de cette même journée, à d’Englewood, dans le New Jersey et sur son revers quatre lignes soigneusement écrites à la main disaient: » Sang et famille, ténèbres et mort, dépravation absolue, 44« .
A l’intérieur de l’enveloppe se trouvait une lettre, qui commençait ainsi: » Bonjour des caniveaux de New York qui sont remplis d’excréments de chien, de vomi, de vin éventé, d’urine et de sang « . Dans cette lettre, le tueur narguait les enquêteurs, les inquiétant d’une phrase qu’ils jugèrent menaçante: » Que vous-vous pour le 29 juillet? « . Le 29 juillet était la date anniversaire de sa première agression.
La lettre était signée le Fils de Sam, et, sous cette signature, un croquis rassemblait plusieurs symboles. Cette lettre était néanmoins très différente de la précédente. Sophistiquée dans sa rédaction et sa présentation, elle semblait l’œuvre d’un professionnel ou d’une personne ayant quelques connaissances dans la calligraphie ou la conception graphique. Les policiers menèrent alors une enquête parmi le personnel de la Dc comics puis, suite à l’une des références du tueur, ils organisèrent une projection privée du film Le Dieu d’Osier (The Wicker Man). Une semaine plus tard, après consultation avec la police et en acceptant de retirer certaines parties du texte, le Daily News publia la lettre et Jimmy Breslin exhorta le tueur à se rendre. Plus d’un million d’exemplaires du journal furent vendus. Cette lettre provoqua la panique à New York. La police reçut alors des milliers d’indications, toutes sans fondement. Comme toutes les victimes avaient été des femmes aux longs cheveux noirs, des milliers de new-yorkaises raccourcirent leurs cheveux ou les teignirent. La terreur était telle que les magasins eurent du mal à répondre à la brusque demande de perruques.
Le 26 juin 1977, le Fils de Sam fit parler de lui une nouvelle fois. Cette nuit-là, vers 3h du matin, Salvatore Lupo, 20 ans, et Judy Placido, 17 ans, discutaient, assis dans leur voiture, quand trois coups de feu se firent entendre. Les jeunes gens furent tous les deux touchés par les balles, mais fort heureusement leurs blessures étaient superficielles et ils survécurent. Aucun ne peut donner de description de l’agresseur, qu’ils n’avaient pas vu mais des témoins signalèrent avoir vu un homme brun, grand et trapu, courir dans le quartier, et un homme blond moustachu qui tournait dans une voiture, tout phares éteints. La police supposa que le brun était le tireur et que le blond avait vu le crime.
Alors que le 29 juillet approchait, la police mit en place une grande opération coup de filet, se concentrant sur le Queens et le Bronx, mais le tueur allait choisir un autre quartier. Dans la nuit du 31 juillet 1977, Stacy Moskowitz et Robert Violante, qui avaient tous deux 20 ans, se trouvaient dans la voiture de Robert, qui était garée sous un réverbère près d’un parc de la ville. Vers 2h35 du matin, ils étaient en train de s’embrasser quand soudain un homme s’approcha et tira quatre coups de feu dans la voiture. Les deux jeunes gens furent touchés en pleine tête. Stacy mourut quelques heures plus tard à l’hôpital et Robert survécut, perdant l’un de ses yeux et conservant une vision très limitée de l’autre. Pour la première fois, le tueur s’en était pris à une femme aux cheveux blonds et bouclés.
Mais cette fois, un témoin avait vu toute la scène. Tonny Zaino, 19 ans, était garé trois voitures devant les victimes. Quelques instants avant la fusillade, le jeune homme entrevit dans sa vision périphérique le tireur approcher et il jeta rapidement un coup d’œil dans son rétroviseur, juste à temps pour voir le crime. Grâce aux lueurs de la pleine lune et aux lumières de la rue, durant quelques secondes, le jeune homme distingua clairement le visage de l’agresseur. Il le décrivit comme un homme âgé de 25 à 35 ans, de taille moyenne, aux cheveux blonds foncés ou bruns clairs. » On aurait dit qu’il portait une perruque, « , ajouta-t-il.
Une minute environ après la fusillade, une femme qui était assise près de son petit-ami dans une voiture de l’autre côté du parc aperçut un homme blanc qui portait une perruque claire en nylon de basse qualité sprinter à travers le parc et rentrer dans une petite auto de couleur jaune qui démarra rapidement. » On aurait dit qu’il venait de braquer une banque « , déclara-t-elle. Si elle ne réussit pas à déterminer les deux premiers caractères, elle était certaines que les autres étaient soit 4GUR soit 4GVR. D’autres témoins aperçurent une voiture claire qui s’éloignait du parc environ 20 secondes après les coups de feu et deux d’entre eux la décrivirent comme une Volkswagen jaune qui traversait le quartier tout phares éteints.
En entendant des coups de feu et des appels à l’aide, Mary Lyons, une habitante du quartier, sortit à sa fenêtre et vit un homme, qu’elle identifiera plus tard comme David Berkowitz, s’éloigner nonchalamment de la scène du crime alors que de nombreuses personnes se précipitaient vers les victimes pour leur porter secours.
Vers 2h35, Alan Masters conduisait à quelques pâtés de maison du parc quand il faillit être heurté par une Volkswagen Beetle jaune roulant tous phares éteints qui accéléra à l’intersection, ignorant le feu rouge. Agacé, Masters suivit la Volkswagen, qui roulait à grande vitesse, durant plusieurs minutes avant de la perdre de vue. Il déclara à la police que son conducteur était un homme de race blanche de 20 ou 30 ans, avec un étroit et de longs cheveux filandreux foncés. Il portait une moustache naissante de plusieurs jours et il était vêtu d’une veste bleue. Énervé, Masters n’eut pas la présence d’esprit de noter le numéro de la plaque d’immatriculation de la voiture, mais il pensait qu’elle était du New Jersey. Peu avant leur agression, Starcy et Robert avaient rencontré un homme correspondant à ce signalement alors qu’ils se trouvaient dans le parc. Robert le décrivit comme un hippie avec des moustaches, des cheveux raides sur le front, une veste en jean et des yeux sombres. L’individu leur avait jeté un sale regard.
La police n’apprit l’attaque qu’à 2h50 et Timothy Dowd comprit qu’il s’agissait du Fils de Sam quand agent lui rapporta que le tireur avait utilisé des balles de gros calibres. Trente minutes plus tard, les forces de l’ordre mirent en place une série de barrages routiers, arrêtèrent des centaines de voitures, questionnèrent les conducteurs et fouillèrent les véhicules en vain. Au cours des jours qui suivirent, les enquêteurs, qui pensaient maintenant que le meurtrier conduisait une Volkswagen, tentèrent de retrouver la trace des 900 voitures de cette marque enregistrées à New York ou dans le New Jersey.
Quatre jours après la fusillade, Cecilia Davis, une habitante du quartier, se résolut à appeler la police. Elle leur apprit que le jour de l’agression, elle était sortie pour promener son chien quand elle avait remarqué qu’une voiture garée près d’une bouche d’incendie portait une contravention. Quelques instants plus tard, lorsque les agents de la circulation s’ étaient éloignés, un jeune homme était passé devant la voiture et avait semblé l’étudier avec intérêt. Elle s’était sentie interpellée car il brandissait en main une sorte d’objet obscur. A ce moment-là, elle avait couru chez elle et elle avait entendu les coups de feu dans la rue. La police entreprit alors de vérifier les contraventions de toutes les voitures qui avaient été verbalisées cette nuit-là. Parmi ces voitures, se trouvait la quatre portes jaune de David mais à ce moment-là ils le considéraient plus comme un témoin potentiel que comme un suspect. Le 9 août 1977, le détective James Justis, de la police de New York, téléphona à la police de Yonkers pour leur demander d’organiser un rendez-vous avec David Berkowitz.
L’inspecteur Jutis demanda également à ses confrères de l’aider à enquêter sur le suspect et, à sa grande surprise, Mike Novotny, sergent de la police de Yonkers, lui répondit qu’ils avaient eux-aussi des soupçons à propos de cet homme. Ces doutes leur étaient venus quand le Fils de Sam avait parlé dans ses lettres de certains incidents qui s’étaient déroulés dans le quartier.
Quelques temps auparavant, Sam Carr, le voisin de David, était allé se plaindre au post de police, expliquant qu’il recevait des lettres anonymes l’accusant de se livrer à des cultes sataniques. De plus, une bombe incendiaire avait été jetée sur sa maison et le 27 avril, un individu avait pénétré chez lui et tiré sur son chien. Le chien s’en était remis mais ils n’avaient pas pu retrouver l’auteur des messages anonymes et du coup de feu.
Un voisin avait d’ailleurs été agressé de la même manière. Outre les insultes qu’il recevait par téléphone et par courrier, à la veille de Noël 1976, un inconnu avait tiré plusieurs coups de pistolet dans l’une des fenêtres de sa maison, tuant son berger allemand.
Lorsque Sam Carr avait compris que David Berkowitz était l’homme qui haïssait tant les chiens et il s’était empressé de retourner au commissariat mais faute de preuve, les policiers n’avaient pu intervenir. Depuis, policiers du commissariat de Yonkers se demandaient si Berkowitz n’était pas le Fils de Sam. A ce moment-là, David travaillait au tri postal, où il était considéré comme un homme effacé et jovial.
Le lendemain, le 10 août 1977, la police enquêta sur la voiture du suspect, une Ford Galaxie jaune, qui était garée devant son appartement au 35 Pine Street. En apercevant un fusil sur la banquette arrière, ils décidèrent de fouiller le véhicule et ils découvrirent un sac de sport rempli de munitions, des plans des endroits où s’étaient déroulés les crimes, et une lettre de menaces adressée à Timothy Dowd. Les enquêteurs décidèrent d’attendre que l’homme quitte son appartement plutôt que de risquer une interpellation dans le couloir étroit de l’immeuble. Ils essayaient également d’obtenir un mandat pour la fouille du véhicule, craignant que leurs trouvailles ne soient contestées en son absence. A 22h, lorsque David sortit de chez lui, le mandat n’était toujours pas arrivé mais il portait son 44 bulldog dans un sac en papier. En apercevant les inspecteurs, ses premiers mots furent: » Et bien, vous m’avez eu. Comment se fait-il qu’il vous ait fallu si longtemps? «
Les murs de son appartement appartement étaient recouverts de symboles satanistes et il avait rempli trois cahiers d’une écriture appliquée, y notant soigneusement tous les incendies criminels qu’il avait, selon lui, allumés dans la région depuis ses 21 ans. Il y en aurait eu plus de 1400.
Après un passage rapide au commissariat de Yonkers, le suspect fut conduit à Brooklyn, où se trouvaient le bureau des enquêteurs de l’Opération Oméga. Vers 1h du matin, Mr. Beame, le maire de la ville, vint voir personnellement le suspect, sans jamais lui adresser la parole. En sortant, il annonça à la presse: » Les gens de la ville de New York peuvent dormir tranquille, la police a capturé un homme qu’ils croient être le Fils de Sam « .
L’interrogatoire de Berkowitz eut lieu le lendemain matin et il dura une trentaine de minutes à peine. David avoua aisément ses crimes et il émit même l’intention de plaider coupable. Lors de cet interrogatoire, il expliqua que le chien de son voisin était l’une des raisons qui l’avaient poussé à tuer car ce chien exigeait le sang de jeunes et jolies filles. Il précisa également que le Sam dont il avait parlé dans sa première lettre, était Sam Carr, son ancien voisin. Selon lui, le labrador retriever noir de Sam, Harvey, était possédé par un ancien démon qui lui donnait des ordres auxquels il ne pouvait résister. A une occasion, il avait essayé de tuer l’animal, mais il n’avait pu y parvenir à cause interférences surnaturelles.
Quelques semaines plus tard, David Berkowitz fut autorisé à communiquer avec la presse. Dans une lettre au New York Post datée du 19 septembre 1977, il fit allusion à la possession démoniaque, terminant son message par cet avertissement qui fut considéré comme un aveu par certains: » Il y a d’autres fils, là-bas. Dieu aide le monde « . Le tueur aurait-il eu des complices?
Au cours de son procès, David chantonna à plusieurs reprises » Stacy était une pute » à voix basse, ce qui provoqua un tollé. Il prétendit plus tard que cette déclaration était une réponse à la mère de la jeune fille, qui pensait que le tueur devait être exécuté. Le 12 juin 1978, David Berkowitz, qui avait plaidé coupable pour tous les crimes, fut condamné à 25 ans de prison à vie pour chacun des assassinats, ces peines devant être purgées consécutivement, ce qui revenait à à trois cent soixante-cinq années.
En l’attente de son procès, David avait été placé au service psychiatrique de l’hôpital de Brooklyn, où le personnel avait remarqué qu’il semblait particulièrement déstabilisé par son nouvel environnement. Les mois qui suivirent sa condamnation, il dut se soumettre à de nouvelles évaluations psychiatriques avant d’être transféré à la prison Attica où il reçut de nombreuses lettres de personnes prêtes à tout pour correspondre avec le Fils de Sam. Peu de temps après, il proposa au prêtre exorciste Malachi Martin de l’aider à composer une autobiographie, mais celui-ci refusa. En 1979, David envoya un livre sur la sorcellerie à la police du Dakota du Nord. Il en avait souligné de nombreux passages et griffonné quelques annotations dans la marge, y incluant ces mots: » Arliss Perry, Chassée, Traquée et Tuée, Université de Stanford « . Cette phrase faisait référence à Arlis Perris, une jeune mariée de 19 ans qui avait été assassinée à Stanford le 12 octobre 1974. Sa mort et les abus sur son cadavre dans une chapelle chrétienne sur le campus de l’université avaient été largement rapportés. David mentionna l’agression de la jeune femme dans d’autres lettres, laissant à penser qu’il tenait ses informations de l’auteur du crime en personne. Les enquêteurs de la police locale l’interrogèrent sans succès, et l’affaire reste toujours irrésolue de nos jours.
Au cours de la même année, quelqu’un attenta à sa vie, le blessant grièvement au cou, mais il refusa d’identifier le coupable, suggérant que l’action avait été commanditée par les membres du culte satanique auquel il appartenait auparavant. La plaie nécessita 56 points de suture. En 1987, David se convertit au christianisme. Il aurait eu la révélation en lisant le Psaume 34:6 dans une bible que lui avait donnée un codétenu. Après sa conversion, il déclara qu’il ne s’appelait plus le Fils de Sam, mais le Fils de l’Espoir et que l’occultisme avait été un facteur majeur dans les meurtres du Fils de Sam.
En 1990, David rejoignit la prison Sullivan de New York, où il est depuis. Selon ses dires, la vie à Attica était pour lui un cauchemar. Après son admission à la prison de Sullivan, il affirma avoir rejoint un culte satanique au printemps 1975. Les adeptes du Diable avaient progressivement initié leur nouvel adepte à l’usage de drogues, aux sacrifices d’animaux, au sadisme, à la criminalité et à l’assassinat.
David les avait rencontrés à l’âge de 21 ans, après avoir quitté l’armée, lors d’une fête qui se tenait dans une maison du Bronx. Ce soir-là, il avait fait la connaissance de Michael Carr, un homme qui semblait posséder de véritables connaissances sur l’occulte, sujet qui l’avait toujours fasciné, puis il avait commencé à retrouver ses nouveaux amis au clair de lune, dans un bois ou dans un parc du Bronx, espérant rencontrer une jolie fille lors de ces réunions. Là-bas, les adeptes de Satan fumaient de la drogue, buvaient et parlaient du Diable.
Par la suite, le groupe avait déménagé vers les ruines noircies d’un manoir du Yonkers, et David avait commencé à comprendre dans quoi il avait mis les pieds: » Il faisait nuit noire et le gars qui nous conduisait semblait savoir où aller, plus bas en suivant ces chemins sinueux. Là, j’ai été présenté à plus de gens… Nous avions nos chants et nos rituels et j’ai commencé à assister à des sacrifices d’animaux. Je trouvais ces rituels un peu bizarres, mais j’étais fasciné. »
Selon lui, il y avait à peu près deux douzaines de membres de ce culte à New York, les » vingt-deux disciples de l’enfer » dont il avait parlé dans la lettre qu’il avait écrite à Jimmy Breslin, le journaliste du Daily News, en 1977, et ce groupe avait des contacts dans tous les États-Unis, pratiquant le trafic de drogue, la pornographie infantile et autres activités illégales.
En 1993, David Berkowitz annonça à la presse qu’il avait seulement tué trois des victimes du Fils de Sam: Donna Lauria, Alexander Esau et Valentina Suriani. Dans cette confession, il affirmait qu’il existait d’autres tueurs impliqués dans l’affaire et qu’il n’avait tenu un pistolet que lors de la première agression. Cependant, il soulignait qu’il avait joué un rôle dans chacune des attaques car les membres de la secte planifiaient les événements ensemble et ils surveillaient leurs victimes avant d’agir. De plus, le tireur n’agissait jamais seul et il était toujours assisté d’un chauffeur et de guetteurs. Cependant, David affirma ne pouvoir divulguer les noms de la plupart de ses complices sans mettre sa famille directement en danger, aussi s’en abstint-il.
Il avoua que pour l’attaque de Carl et Rosemary, en octobre 1976, une femme appartenant à la secte tenait le pistolet, mais n’étant pas habituée au puissant recul du bulldog 44, elle avait raté ses cibles. Le jour de l’agression de Christine et John, en janvier 1977, cinq membres du culte se trouvaient sur les lieux, mais le tireur était un membre important du culte, un homme dont il ne connaissait que le surnom, Manson II. La nuit du 31 janvier 1977, le tireur qui avait visé Stacy et Robert était un adepte qui était venu spécialement du Dakota du Nord pour l’occasion. David Berkowitz révéla néanmoins les noms de deux des tireurs, John et Michael Carr. Malheureusement, John avait été assassiné dans le Dakota du Sud en 1978, son homicide avait d’ailleurs été maquillé en suicide, et Michael avait été tué dans un accident de voiture en 1979. David soutenait que John était le véritable agresseur de Donna et Joanne, et qu’un officier de la police de Yonkers, adepte sataniste lui-aussi, était également impliqué dans ce crime. Michael Carr était, quand à lui, responsable des coups de feu tirés contre Salvatore et Judy en juin 1977. Il précisa que les membres de la secte avaient, depuis longtemps, envie de tuer quelqu’un à la discothèque Elephas en raison des rumeurs d’occultisme qui l’avaient entourée au 19e siècle.
Un peu plus tard, le journaliste John Hockenberry expliqua que même sans ces déclarations, de nombreuses personnes ne croyaient pas que David Berkowitz ait agi seul. Il citait John Santucci, procureur du Queens au moment des meurtres, et l’inspecteur de police Mike Novotny, deux hommes qui avaient maintes fois exprimé leurs convictions, soutenant que Berkowitz avaient des complices. Carl Denaro, le père de Donna, et Maury Terry, journaliste, pensaient, eux-aussi, que le tireur avait des complices. Maury Terry avait commencé à enquêteur sur le tueur avant qu’il ne soit arrêté et, en 1979, elle avait publié une série d’articles dans le Gannett Newspapers qui remettaient en cause l’explication officielle. Vigoureusement réfutés par la police à l’époque, ces articles avaient été largement lus et discutés avant d’être rassemblés dans un livre, The Ultimate Evil, en 1987. En 1996, poussée ces différents rapports, la police de Yonkers rouvrit le dossier du Fils de Sam, mais aucune nouvelle accusation ne fut déposée et l’enquête fut finalement suspendue, faute de preuves supplémentaires.
En apprenant les aveux de David Berkowitz, le journaliste Jimmy Breslin rejeta catégoriquement la possibilité de complices, déclarant que lorsqu’ils avaient parlé au suspect la nuit de son arrestation, ce dernier se rappelait de tout, point par point. Un ancien profiler du FBI, qui avait passé des heures avec David, affirma qu’il était convaincu qu’il avait agi seul car il était un solitaire introverti, peu susceptible d’être impliqué dans des activités de groupe « . Pour le Dr Harvey Schlossberg, psychologue au département de police de New York, ces affirmations n’étaient qu’un fantasme concocté par le tueur pour s’absoudre de ses crimes.
Jamais l’affaire ne fut amenée devant un grand jury, jamais Berkowitz ne témoigna sous serment de son histoire de culte satanique, jamais il ne fut contre-interrogé et les certitudes de la police de New York ne furent jamais ébranlées: le Fils de Sam agissait seul.
En 1998, David publia ses réflexions dans une interview vidéo, Son of Hope, et en 2006, il fit paraitre un livre intitulé Son of Hope, The Prison Journals of David Berkowitz. Jamais il n’a récolté aucun bénéfice pour la vente de ses œuvres. Régulièrement, ses réflexions sur la foi et la repentance sont publiées sur divers sites chrétiens. Son propre site officiel est maintenu par un groupe de l’église, car il n’est pas autorisé à accéder à un ordinateur. Cet homme, que l’on dit timide et réservé, aide et conseille régulièrement les détenus en difficulté.
En mars 2002, David Berkowitz fit parvenir une lettre à George Pataki, gouverneur de l’état de New York, demandant à ce que sa prochaine audience pour une éventuelle libération conditionnelle soit annulée, expliquant: » En toute honnêteté, je crois que je mérite de rester en prison pour le reste de ma vie. Je me suis, avec l’aide de Dieu, réconcilié avec ma situation et j’ai accepté ma punition « . Depuis, en vertu des lois, David est proposé automatiquement pour une libération conditionnelle tous les deux ans et ces demandes sont régulièrement rejetées.
En juin 2005, David poursuivit l’un de ses anciens avocats, l’accusant d’avoir détourné un grand nombre de lettres, de photographies et d’autres effets personnels. Hugo Harmatz, un avocat du New jersey, avait empêché le National Enquirer d’acheter l’une de ses lettres à la demande de son client, mais il avait ensuite publié des lettres et des souvenirs qu’il avait obtenus lors de ses consultations. Par la suite, David déclara qu’il annulerait le procès si l’avocat donnait tous les bénéfices aux familles des victimes, et le 25 octobre 2006, les deux hommes parvinrent à régler le problème à l’amiable, l’avocat s’engageant à retourner les articles contestés au procureur Mark Heller et à donner une partie des bénéfices à la Commission d’aide aux victimes de la criminalité de l’état de New York.
Plusieurs décennies se sont écoulées depuis son arrestation mais le Fils de Sam reste célèbre et il est reconnu comme un tueur en série notoire. David Berkowitz, quand à lui, ne reconnait pas l’homme qu’il était à cette période de sa vie. Il pense que la pratique de l’occulte a fait basculer sa vie et il tente de prévenir du danger ceux qui seraient tentés de s’y essayer. Il donne régulièrement des interviews, au cours desquelles il continue à exprimer ses remords et sa foi nouvelle.