William John Bean, que tout le monde surnommait Billy, avait passé toute son enfance dans une maison où sévissaient des entités maléfiques. Des années plus tard, ne pouvant oublier ce qu’il avait vécu, il exorcisa ses propres démons en écrivant un livre, résumant son expérience en ces mots: » Ma famille a été littéralement déchirée par une force maléfique qui coexistait avec nous, dans cette maison. L’activité a commencé par des des bruits subtils et a progressivement dégénéré en violentes attaques physiques contre nous. C’est ma mère qui en a le plus souffert. Non seulement car elle était agressée par les entités, mais également par mon père. J’ai vu énormément de sang versé dans cette maison, étant enfant. C’était un homme qui travaillait dur et soudain il a mal tourné. Il nous a quitté en 1975, et l’activité est devenue plus intense après son départ. Ce livre n’est pas pour les enfants ou pour ceux qui s’affolent facilement, car c’est une histoire terrifiante, tragique et troublante. » Cette histoire est la sienne.
En 1970, Bill Bean et sa charmante femme Patricia réalisèrent enfin leur rêve en achetant une modeste maison à Glen Burnie, dans le Maryland. Bill exerçait la profession de charpentier, Patricia élevait leurs trois enfants et ils avaient du faire de nombreux sacrifices pour y parvenir. Le jour du déménagement, Billy, âgé de 4 ans, sa grande sœur Patti et son petit frère Bobby étaient terriblement excités mais dès qu’ils pénètrent dans la maison, leur enthousiasme fit place à un nouveau sentiment, un sentiment qui ressemblait à la peur. Il régnait une étrange atmosphère dans cette maison et sans qu’ils puissent vraiment expliquer pourquoi, le long couloir obscur qui menait à leurs chambres impressionnait les trois enfants. Le jeune Billy, tout comme sa sœur Patti, âgée de 14 ans, n’aimaient pas l’emprunter. La jeune fille n’avait pas de chance. Non seulement elle devait traverser ce couloir, mais elle avait également avait hérité de la chambre du fond, qui était toujours glaciale.
Tous les matins, après que son mari et ses enfants aient quitté la maison, Patricia avait pour habitude de faire les lits de toutes les chambres. Un jour, peu de temps après leur installation, elle se trouvait dans la chambre de ses fils quand brusquement, une porte claqua violemment au bout du couloir. Intriguée, la jeune femme glissa prudemment sa tête dans l’embrasure de la porte et, regardant vers le fond, elle s’aperçut que la lumière matinale du soleil s’infiltrait maintenant par la porte entre-ouverte de la chambre de Patti. S’approchant le plus silencieusement possible, elle regarda dans la pièce mais étrangement, elle était déserte.
Troublée, Patricia retourna dans la chambre des garçons et là elle s’aperçut avec effroi que les draps et les couvertures du lit de Billy, qu’elle venait tout juste de terminer, avaient été complétement arrachés. Stupéfaite, elle resta un moment à l’entrée de la chambre, essayant de trouver une explication logique au phénomène, puis brusquement le téléphone se mit à sonner, l’arrachant à sa torpeur, et Patricia se précipita à la cuisine.
Au son de sa voix et à sa respiration rapide, Helen, la mère de Patricia, comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas, ce que lui confirma sa fille. Elle avait l’impression de devenir folle. Patricia expliquait à sa mère la façon dont les portes claquaient violemment, lui donnant l’impression qu’un intrus se dissimulait dans la maison, quand un bruit singulier attira son attention. La jeune femme décolla légèrement l’écouteur de son oreille, tentant d’identifier le bruit, puis réalisant soudain, elle lâcha le combiné et se mit à courir: de l’eau. De l’eau coulait quelque part dans la maison.
En arrivant dans le couloir, la surprise lui arracha un cri. De l’eau s’écoulait abondamment de la salle de bain, formant déjà une flaque sur la moquette. Dans la pièce, qui était complètement inondée, les deux robinets du lavabo étaient grand ouverts, laissant passer des trombes d’eau. La jeune femme les referma du bout des doigts, comme si elle craignait de les toucher, puis elle regarda autour d’elle, et, devant la seule explication qui lui venait à l’esprit, un frisson la parcourut.
Le soir venu, Patricia raconta l’inexplicable inondation à son mari, mais il n’en fut pas spécialement perturbé. La maison était ancienne, il était possible, et même probable, que des accidents de ce genre se produisent de temps à autres. La jeune femme tenta alors de lui parler des draps, mais Bill secoua la tête, incrédule, et lui répondit qu’elle probablement avait cru le faire, mais qu’elle l’avait oublié. Ce qui n’était pas surprenant car elle oubliait des choses sans arrêt.
Patricia se sentait particulièrement ébranlée par ce qu’elle avait vu, et les réponses de son mari la blessaient. Il n’avait pas confiance en sa parole. Elle se sentait anxieuse, et chacun de ses gestes trahissait sa nervosité. Pour elle, ces incidents étaient forcément l’œuvre d’un esprit mais elle savait que pour Bill, qui était un homme droit mais très cartésien, l’hypothèse n’était même pas envisageable.
Une nuit, Billy essayait de dormir quand il entendit quelqu’un marcher juste au-dessus de sa chambre, faisant grincer le vieux plancher en bois du grenier. Le petit garçon, effrayé, suivit les bruits de pas du regard pendant un long moment, craignant de voir apparaitre leur auteur -ces pas semblaient particulièrement lourds, ce qui les rendaient d’autant plus inquiétants- puis, comme ils ne s’arrêtaient pas, il cacha sa tête sous sa couverture, espérant que ce rituel bien connu de tous les enfants du monde chasserait le visiteur indésirable, mais il n’en fut rien. Les bruits de bottes continuèrent à résonner, et Billy, méfiant, recommença à les suivre des yeux.
Le lendemain matin, au petit déjeuner, le petit garçon parla de l’homme du grenier à son père et ce dernier tenta de le rassurer en lui expliquant qu’il avait du entendre un écureuil. En rentrant du travail, Bill transporta une échelle jusqu’au milieu du couloir et la plaça sous la trappe du grenier. La pièce était pleine de cartons et de vieux meubles, mais il n’y avait aucune trace de rongeurs… ni d’un mystérieux inconnu.
Plusieurs mois s’étaient écoulés et si Billy continuait à entendre des bruits de pas au grenier, il trouvait que son père avait changé. Tous les soirs, Bill rentrait chez lui à lui nuit tombée, passablement éméché. Parfois, il disparaissait pendant plusieurs jours d’affilé sans donner de nouvelles et son entreprise périclitait. Souvent il se disputait avec sa femme, toujours sur le même sujet. Patricia, qui pensait que la maison était hantée, craignait pour la sécurité des enfants et elle aurait voulu déménager mais Bill, qui croyait que ces fantômes n’existaient que dans sa tête, ne pouvait se résoudre à quitter cette maison qu’ils avaient tant désirée. Lors de ces discussions, il se montrait agressif et ses mots devenaient cassants. Quand il élevait la voix, brassant l’air de ses mains, il semblait menaçant et Patricia se mettait toujours à pleurer. Depuis quelques temps, son mari l’effrayait. Les cris qui provenaient de la cuisine réveillait souvent le jeune Billy, qui ne comprenait pas pourquoi son père était si différent. Il avait toujours été un homme merveilleux, mais maintenant… l’enfant le trouvait… terrifiant. Alors, peu à peu, Billy, qui adorait son père, se mit à le haïr.
Une nuit, Billy se trouvait dans son lit quand il entendit des bruits de pas, les mêmes qu’il avait l’habitude d’entendre, mais cette fois, ils semblaient provenir du couloir. L’enfant retint son souffle puis, tournant nerveusement son regard vers la porte, il fixa la poignée, craignant de la voir tourner. Soudain, les pas s’arrêtèrent et une force terrible s’abattit sur lui, le clouant sur son lit. Billy tenta de se débattre mais ses bras et ses jambes semblaient retenus par des mains invisibles et il fut incapable de bouger. Terrifié, il voulut se mettre à crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Au bout de quelques secondes, la force sembla relâcher son étreinte et l’enfant se redressa péniblement mais alors qu’il s’asseyait sur son lit, ses yeux épouvantés s’agrandirent: devant lui, au pied du lit, se tenait une femme fantomatique qui le regardait en silence. Haletant, Billy agrippa la couverture de ses mains et s’en recouvrit le visage. Quelques secondes plus tard, quand il osa regarder à nouveau, la femme avait disparu.
Le petit garçon jeta un regard incrédule autour de lui, cherchant la créature des yeux, et, comme il ne voyait rien, il se précipita hors de sa chambre et courut jusqu’à celle de ses parents. Là, secouant l’épaule de sa mère, il lui répéta à plusieurs reprises qu’il avait vu quelque chose, et elle finit par se réveiller. Pensant qu’il avait fait un cauchemar, la jeune femme lui répondit de retourner dans sa chambre mais comme il semblait terrifié, finalement, elle lui proposa de l’accompagner. Elle s’apprêtait à se lever quand Bill, qui écoutait la scène en silence, arrêta son mouvement, lui interdisant de bouger. Billy devait y retourner seul et sans discuter. Scrutant la pénombre, le petit garçon sortit de la chambre et referma la porte.
Après ce qu’il venait de vivre, il lui était impossible de retourner là-bas. Alors il alluma la lumière du salon, se coucha sur le divan et se recouvrit de son blouson. Jamais il n’oublia cette nuit-là.
Patti, qui avait alors 16 ans, n’avait jamais vu l’apparition, mais elle sentait sa présence, parfois elle l’entendait et la peur ne la quittait plus.
Une nuit, alors qu’elle dormait profondément, de lourds bruits de pas la réveillèrent en sursaut. Quelqu’un marchait au grenier. Puis, le plancher de sa chambre se mit à grincer, ses couvertures commencèrent à glisser vers le bas de son lit et soudain, quelque chose lui agrippa la cheville. Se levant d’un bond Patti se mit à hurler et sa mère apparut quelques secondes plus tard.
La jeune fille, qui était en larmes, lui expliqua que quelque chose, la chose qui hantait la maison et qui n’avait rien d’humain, l’avait attrapée par la jambe et sa mère la prit dans ses bras. Puis, jetant un coup d’œil furtif vers son mari qui les observait depuis le seuil de la chambre, elle lui dit que c’était probablement un effet de son imagination et lui conseilla de se rallonger. Sur sa cheville, se dessinaient les marques rouges laissant par l’intrus.
Rien n’aurait ou conjurer la peur que ressentait Patti et peu de temps après, malgré les supplications de sa mère, la jeune fille épousa son petit-ami, fuyant cette maison qu’elle ne supportait plus.
Billy éprouvait une haine de plus en plus grande pour son père qui ne faisait rien pour les protéger de cet esprit maléfique. Mais un jour de 1975, après le diner, Bill sortit faire une promenade dont il ne revint jamais. Plus personne n’entendit jamais parler de lui.
Après sa disparition, les phénomènes se firent plus fréquents et plus violents encore. Une nuit, Patricia dormait seule dans le grand lit à deux places de la chambre principale quand elle se réveilla avec la sensation d’étouffer. Confuse, la jeune femme porta machinalement ses mains à la gorge et soudain, elle comprit que quelqu’un lui serrait le cou. Brusquement réveillée, elle ouvrit les yeux et ce qu’elle vit l’épouvanta. Un homme à la joue ravagée par une immonde blessure était penché sur elle et il tentait de l’étrangler de ses énormes mains. Puis tout d’un coup, alors qu’elle se voyait déjà morte, l’homme disparut. Elle s’assit sur le lit, fouillant l’obscurité du regard, puis, comme il semblait s’être évaporé, elle se leva précipitamment et sortit de la chambre. Suffocante, la jeune femme, qui sentait encore la pression des doigts sur sa gorge, s’adossa un moment contre le mur du couloir et quand sa respiration redevint normale, elle se réfugia dans la chambre où dormaient Bobby et Billy.
Une fois dans la pièce, Patricia se glissa dans le lit de Billy, lui expliquant qu’elle dormirait là cette nuit. Le petit garçon, qui se doutait de quelque chose n’allait pas, se tourna vers elle et lui dit: » Tu les as vus? » Comme elle refusait de répondre, le petit garçon insista encore et sa mère, livide, finit par confirmer. En effet, elle les avait vus. Alors il la prit dans ses bras et elle se mit à pleurer. A partir de ce moment-là, Patricia allait passer pratiquement toutes ses nuits dans la chambre de ses fils.
Patricia et ses deux fils n’en pouvaient plus. Ils manquaient de sommeil, ils étaient terrifiés et en proie à d’étranges obsessions. Dans la maison, les manifestations se poursuivaient sans relâche. Les lumières s’allumaient et s’éteignaient toutes seules, les portes claquaient, les lits étaient régulièrement défaits et une porte vitrée avait explosé, pulvérisant du verre partout dans la pièce. A cette époque, trois entités masculines s’étaient manifestées dans la maison. Tous les avaient vues, et ils n’avaient aucun doute sur leur caractère malveillant. Souvent sa famille suppliaient la jeune femme de quitter la maison, mais inexplicablement, elle refusait. Puis brusquement, sa santé commença à décliner. Un jour, Patricia servait le repas à ses fils quand brusquement, elle s’effondra sur le sol. Toujours consciente, elle demanda à Billy d’appeler sa grande-sœur, qui s’était installée non loin de chez eux avec son mari.
A l’hôpital, un médecin expliqua à Helen, la mère de Patricia, que sa fille avait eu une petite attaque mais qu’elle allait mieux. Par contre, ils allaient devoir l’hospitaliser car ses reins ne fonctionnaient pas comme ils auraient du.
Quelques jours plus tard, la jeune femme s’était complétement remise de son attaque mais elle avait appris qu’elle devrait suivre une dialyse pour son problème rénal. Elle s’apprêtait à rentrer chez elle quand sa mère l’attrapa par le bras et demanda à lui parler en privé. Helen pensait que les esprits qui hantaient les lieux étaient responsables de l’état de sa fille. Elle lui conseillait de quitter la maison le plus rapidement possible, mais Patricia ne pouvait s’y résoudre. Elle était de santé fragile, elle ne travaillait pas et finalement, cette maison, c’était tout ce qui lui restait. Helen lui proposa alors de venir vivre chez elle, mais étrangement, la jeune femme, qui rêvait pourtant de quitter cet endroit peu de temps auparavant, refusa une nouvelle fois. Billy pensait que des esprits maléfiques influençaient sa mère, qui serait sans doute partie sans leur intervention.
Un soir, alors que ses enfants dormaient, Patricia prit la bouilloire, elle la mit à chauffer puis elle ouvrit le vaisselier et en sortit une tasse pour se faire du thé. Elle venait tout juste de se retourner quand soudain, le meuble se mit à trembler. Elle le regarda un moment sans bouger, méditative, mais alors qu’elle s’en approchait, brusquement, une force invisible propulsa un verre sur son visage. La jeune femme poussa un cri et s’effondra sur le sol. Billy et Bobby, qui avaient entendu crier, se précipitèrent à la cuisine. Leur mère gisait sur le parquet et elle tenait sa tête de ses mains ensanglantées. Des centaines de petits éclats de verre l’encerclaient. Apercevant ses fils, Patricia demanda à Billy d’appeler sa sœur. Les phénomènes de ce genre étaient incessants. Tous les soirs, Billy sortait dans le jardin et, regardant le ciel, il priait pour qu’ils soient libérés de cet enfer.
Plusieurs mois s’étaient écoulés. Un homme qui s’appelait Richard était venu effectuer des travaux pour Patrice et peu à peu, il était tombé amoureux d’elle. La jeune femme ne cherchait personne, elle avait déjà assez de problèmes avec ses ennuis de santé et les phénomènes inexpliqués, mais à force de se côtoyer ils s’étaient attachés l’un à l’autre et ils avaient décidé de se fréquenter. Pour Richard, c’était inexplicable. Jamais il n’avait éprouvé de tels sentiments pour quelqu’un.
Un jour, alors qu’il rénovait la façade, Richard aperçut une femme blonde en chemise de nuit qui le regardait, debout dans le salon. Surpris, il l’observa en retour et comme elle ne semblait pas bouger, il décida d’aller lui parler. Il posa ses outils et s’empressa de rentrer mais quand il pénétra dans la pièce, elle avait disparu. Richard appela Patricia, et commencer à lui décrire la femme qu’il venait de voir mais quand il mentionna la chemise de nuit, alors elle se mit à rire. Pourtant, il était certain de ce qu’il avait vu. Comprenant qu’il parlait d’un fantôme, Richard lui dit alors que si la maison était hantée, alors elle devait partir, elle et les enfants mais la jeune femme s’opposa vivement à l’idée. Cette maison était la leur, et tout allait bien. Ils allaient très bien. Patricia n’avait nulle part où aller, elle n’avait pas les moyens de s’acheter quelque chose d’autre et elle était une femme particulièrement fière, qui n’aurait jamais accepté l’aide de quiconque.
Comme elle ne comprenait pas pourquoi les esprits maléfiques s’acharnaient ainsi sur eux aussi, Patricia avait proposé à un médium de venir chez elle pour tenter de communiquer avec eux à l’aide avec une planche Ouija. Au cours de cette séance, le médium leur révéla qu’il y avait quatre esprits dans la maison et, quand il leur demanda ce qu’ils voulaient, les esprits répondirent: » Rejoignez-nous ou mourez! » A ce moment-là, un coup de vent souffla les bougies et le médium s’enfuit, terrifié.
La famille possédait deux chiens et souvent, ces chiens suivaient des yeux d’invisibles présences. Malheureusement, le premier en était devenu fou, et Fuzzy, le second, venait de disparaitre alors qu’il se trouvait dans l’arrière-cour. Ils le cherchèrent durant plusieurs heures et le soir venu, Richard dormit à la maison, comme il lui arrivait si souvent de le faire depuis quelques temps. Le lendemain matin, en se réveillant, Richard proposa à Patricia de lui faire un café. Il s’apprêtait à se lever quand il aperçut quelque chose d’étrange sous les draps. Intrigué, il souleva la couverture et demanda: » Mais qu’est-ce que c’est? «
Soudain, Patricia bondit du lit et elle se mit à brosser frénétiquement sa chemise de nuit. Les draps, tout comme le sol de la chambre, étaient recouverts de poils de chien… les poils de Fuzzy. Les touffes de poils formaient un chemin qui menait à la salle de bain, et Richard le suivit, sidéré. Tout comme celui de la chambre, le plancher de la salle de bain était recouvert de poils et le lavabo en était rempli à ras bord. Et même s’il n’y avait aucune trace de sang, ces funèbres trophées ne laissaient aucun doute sur le sort du malheureux Fuzzy. Contemplant ce sinistre spectacle, Richard sentit la peur l’envahir, et brusquement pétrifié, il appela Patricia d’une voix vacillante. En arrivant sur le seuil, la jeune femme, tremblante, porta ses mains à son visage et s’exclama: » Oh mon Dieu. «
Aidés de leurs voisins, ils cherchèrent désespérément le corps du chien pendant plusieurs jours d’affilé mais jamais ils ne le retrouvèrent.
Peu de temps après, Billy connut une soudaine et inexplicable attirance pour le feu. Souvent il enflammait les broussailles derrière chez lui, juste pour le plaisir de les regarder brûler. Son obsession prit définitivement fin le jour où il blessa gravement son petit frère.
Un soir de 1977, alors Billy et sa famille se trouvait dans la maison, l’électricité fut brusquement coupée. Pensant qu’une voiture avait heurté un poteau électrique, Richard sortit vérifier et il vit un objet étrange planant dans le ciel. Immédiatement, il prévint sa famille et tous se précipitèrent dans l’arrière-cour pour observer l’ovni. L’objet, qui était d’un blanc luminescent, plana une heure dans le ciel de Glen Burnie, se balançant doucement d’un côté à l’autre, avant de commencer à s’éloigner. A ce moment-là, le courant revint. Suite à cette observation, Richard avait appelé les Forces Aériennes et deux officiers vinrent enquêter le lendemain. Billy, quand à lui, se demandait si cette apparition avait un lien avec les phénomènes de la maison.
Cliff, l’oncle de Billy, était un homme profondément religieux. Un jour, alors qu’ils discutaient des esprits maléfiques qui hantaient la maison, Billy demanda à son oncle comment il pouvait les combattre et ce dernier lui enseigna les mots qu’il fallait dire. En rentrant chez lui, Billy, qui ne supportait plus la situation, était prêt à se battre. Il monta sur la table basse du salon et debout, une bible à la main, il cria avec force: » Montrez-vous démons immondes! Je l’ordonne au nom de Jésus! Montrez-vous! «
Billy était là, debout dans la pénombre du salon, sa famille se tenait derrière lui, dans la salle à manger, quand brusquement, quatre entités apparurent dans un halo de lumière verdâtre, à quelques mètres de lui. Ses esprits, ils les connaissaient ne les connaissaient que trop bien. Il y avait le sinistre » Undertaker « , l’agresseur maléfique aux cheveux roux, la silhouette obscure aux yeux rouges et… une nouvelle entité, une femme qui avait l’air d’une sorcière.
A ce moment-là, tous les livres du salon jaillirent des étagères où ils étaient rangés, allant violemment s’écraser sur le mur opposé. Des vases, des pots de fleurs et d’autres objets non identifiés passaient maintenant au-dessus de la tête de Billy, se fracassant contre les murs ou sur le sol en un bruit infernal, mais le garçon ne faiblissait pas. Brusquement, toutes les portes de la maison se mirent à claquer de concert et des assiettes, des lampes et des chaises traversèrent la pièce en volant. Inébranlable, alors que le phénomène semblait encore empirer, Billy continuait à défier les esprits, répétant inlassablement les mêmes mots, de plus en plus fort, de plus en plus vite, et bientôt sa mère commença à les réciter avec lui: » Au nom de Jésus-Christ, quittez cette maison, retournez d’où vous venez. » Soudain, tout s’arrêta et le silence s’abattit sur la maison.
Les jours qui suivirent furent paisibles. Patricia et ses enfants espéraient que les entités avaient vraiment quitté la maison, sans trop oser y croire. Pour s’en assurer, la jeune femme demanda au père John Harold, le prêtre de sa paroisse catholique, de venir bénir la maison, ce à quoi il consentit. Elle lui avait raconté les phénomènes qu’ils observaient depuis des années et surtout, le terrible combat que son fils avait livré contre le mal.
Le jour venu, le prêtre posa sa sacoche sur la table de la salle à manger, il en sortit une bible et un goupillon puis, après avoir mis son étole autour de son cou, il commença à arpenter la pièce, récitant des prières, aspergeant d’eau bénite les murs et les meubles, exhortant les mauvais esprits à quitter les lieux. Après avoir procédé de la même manière dans toutes les pièces de la maison, le prêtre se tourna vers Patricia et lui conseilla de partir, mais elle refusa, encore une fois.
Il sentait que les entités maléfiques étaient toujours là. Pour les chasser, la volonté du prêtre ou celle de Billy ne suffiraient pas. Il fallait que Patricia, qu’il pensait possédée, renonce à la présence des démons et aux pouvoirs qu’elle recevait d’eux en leur demandant catégoriquement de la laisser ou en déménageant. Tant qu’elle ne manifesterait pas cette volonté, alors les malfaisantes créatures auraient le droit de rester près d’elle, et nul ne pourrait les chasser. Puis il ouvrit sa sacoche et commença à ranger ses affaires. Avant de partir, il proposa à la jeune femme de l’appeler immédiatement si quelque chose se produisait, de jour comme de nuit, puis il lui confia un petit flacon d’eau bénite, lui recommandant de réciter une prière et d’en asperger quelques goutes un peu partout dans la maison à la moindre manifestation.
Peu de temps après, Patricia se décidait enfin à quitter la maison. La nuit venait de tomber quand elle téléphona à Richard. Immédiatement, il vint chercher la jeune femme et ses enfants en voiture et ils partirent précipitamment, n’emportant que quelques vêtements de rechange avec eux. Les heures qui venaient de s’écouler avaient été terribles. Tous les appareils électriques de la maison avaient brûlé et leur animal domestique, un petit cochon de Guinée, était mort dans sa cage. Malheureusement, jamais Patricia ne trouva la paix. Les entités la suivirent et dix mois plus tard, en 1981, elle mourait d’une hémorragie cérébrale. Pour Billy, il y avait quelque chose de mauvais dans cette maison, mais également quelque chose d’autre. Quelque chose de maléfique qui rôdait près de sa mère depuis des années.
Jamais Billy ne put oublier les tragiques événements qu’il avait connus dans cette maison. Les esprits lui avaient volé son enfance, ses souvenirs le torturaient, mais il se gardait bien d’en parler. Pendant trente ans il garda pour lui ses secrets et puis, en 2002, une radio locale lui proposa de raconter son expérience, et sans savoir vraiment pourquoi, Billy accepta. Suite à cette émission, un homme prit contact avec lui, proposant de l’aider. L’homme, qui s’appelait John, était un ancien agent de police et il avait travaillé dans leur quartier durant plusieurs années. A l’époque, le policier avait connu des phénomènes du même genre chez lui, mais il s’en était également produit dans d’autres maisons avoisinantes. John apprit à Billy qu’il écrivait un livre à propos de ces phénomènes paranormaux et qu’en faisant des recherches sur le quartier, il avait découvert que la maison qu’habitait autrefois Billy avait été construite sur un ancien champ de tir dont se servait l’armée.
Suite à son témoignage radiophonique, John avait tenté de découvrir l’identité des fantômes et il pensait en avoir trouvé un. D’après lui, l’homme au visage ensanglanté s’appelait Edward Zipprian, un soldat qui s’était gravement blessé sur le champ de tir, en 1904. En appelant la garde nationale du Maryland, il avait apprit que ce soldat correspondait exactement à la description physique de l’agresseur de la mère de Billy. A la fin de sa vie, il était connu pour être devenu un homme amer, rempli de haine. Si Edward Zipprian était bien l’esprit qui les avait hantés, alors les lourdes bottes que portait le militaire pouvaient expliquer les bruits de pas qu’il avait entendu au grenier. Par contre, pour les autres, malheureusement il n’avait rien trouvé mais il promit à Billy qu’il continuerait à chercher.
Depuis, Billy Bean s’est réfugié dans la foi et cette foi lui a permis de retrouver une sérénité qu’il n’espérait plus. Il a écrit plusieurs livres, dont Dark Force, qui raconte son histoire et dont devrait bientôt être tiré un film. Ce livre est en vente sur son site web: Billy Bean. En 2006, la série Hantise consacra un épisode aux phénomènes de la maison de Glen Burnie: La Maison des Morts (House of the Dead).
De nos jours, Billy parcourt les États-Unis, donnant des conférences, expliquant à ses auditeurs les dangers du démon et comment lutter contre lui: » Je connais vraiment la puissance impressionnante de Dieu et la puissance vulgaire de Satan. « . Suivant ses propres mots, il œuvre à libérer les gens, les faisant sortir de l’obscurité pour les mener vers la lumière. Et cette mission le remplit de bonheur.