Les Monstres de Noël

Père Noël Maléfique

Bientôt Noël… Ses lumières, son sapin, ses cadeaux… et, bien entendu, son principal invité, le Père Noël. Mais si l’approche des fêtes réjouit les petits et les grands enfants, elle pouvait, autrefois, être source d’angoisse pour les plus jeunes car en ce mois décembre, des créatures malfaisantes venaient châtier les plus turbulents d’entre eux, dont elles connaissaient bien évidemment les noms, leur réservant parfois un sort peu enviable. Outre le fouet, dont ils étaient souvent menacés, certains craignaient d’être emportés dans la forêt, enlevés dans leur sommeil, fourrés dans de grands sacs et même mangés… Je vous propose de découvrir ce sujet très spécial sur les Monstres de Noël.

Le Père Fouettard

Le Père Fouettard

Le Père Fouettard sévissait autrefois dans l’est de la France. Vêtu d’un long manteau noir et de lourdes bottes, ses cheveux hirsutes étaient dissimulés sous une capuche, il portait une longue barbe et il accompagnait Saint Nicolas lors de sa tournée, corrigeant les enfants désobéissants de son martinet.
L’association du Père Fouettard à Saint Nicolas remonterait au IVe siècle et elle représenterait le mal et la miséricorde infinie de Dieu. Selon la légende, un soir un boucher ouvrit sa porte à trois enfants égarés, leur proposant de les héberger. Mais à peine étaient-ils rentrés, qu’il les égorgea, les coupa en morceaux et les mit au saloir comme des pourceaux.
Sept ans plus tard, Saint Nicolas vint à passer par là, et s’arrêtant chez le boucher il lui demanda asile. L’homme lui proposa à souper mais Saint Nicolas refusa obstinément chacun de ses mets, insistant pour avoir de ce petit salé qu’il avait mis au saloir sept ans plus tôt. En entendant ces mots, le boucher s’enfuit aussitôt et Saint Nicolas ressuscita les trois malheureux qui crurent alors s’éveiller d’un songe. Pour le punir de ses vilénies, Saint Nicolas condamna le boucher à l’accompagner lors de sa distribution de cadeaux, lui confiant le rôle ingrat du Père Fouettard.

Au 19e siècle, à New York, naissait le Père Noël. Bien qu’inspirée de Saint Nicolas, cette nouvelle version incorporait des éléments païens et quelques coutumes liées au solstice d’hiver. Son costume blanc d’évêque était devenu rouge, son cheval et ses aides s’étaient transformés en un traineau et en rennes, et la date des festivités avait été déplacée au 24 décembre.
Au début de sa carrière, le Père Noël prit également en charge le rôle du compagnon obscur, punissant les petits américains en les privant de cadeaux ou en leur livrant un morceau de charbon à la place de jouets. Mais comme le bon vieillard ne terrifiait personne, le Père Fouettard  vint à sa rescousse sous le nom de Father Flog ou Spanky et brusquement, la menace d’un châtiment fut autrement plus efficace.

Hans Trapp

Hans Trapp

Autrefois, en Alsace, la distribution des cadeaux était assurée par le Christkindel, une jeune fille qui représentait la bonté du Christ. Elle avait été instaurée par la Réforme Protestante au 16e siècle, en remplacement de Saint Nicolas, dont la célébration était jugée trop païenne. Vêtue de blanc, elle portait une couronne dorée ornée de quatre bougies sur la tête et elle était accompagnée du Hans Trapp, une sorte de démon armé d’une verge à rameaux qui menaçait les enfants désobéissants de les emporter dans son sac.

Le personnage d’Hans Trapp aurait été inspiré par Jean de Dratt (Hans von Trotha), un homme riche et puissant qui terrorisait la région de Wissembourg, rançonnant sans état d’âme paysans et voyageurs. Sa débauche était telle que les habitants le soupçonnaient même d’avoir conclu un pacte avec le diable.
Selon la légende, après avoir pillé les richesses de l’abbaye de Wissembourg, Jean de Dratt avait été excommunié et ne sachant où aller, il s’était réfugié dans une petite caverne au sommet du mont Geisberg. Rejeté de tous, une sombre rancœur avait alors obscurci son âme et l’adorateur de Satan s’était dévoué encore un peu plus à son maitre. Versant dans les plus sombres des rituels, il s’était découvert de nouveaux appétits qui étaient allés grandissants. Puis un jour, apercevant un jeune berger d’une dizaine d’années, il l’avait tué sans remord, se régalant par avance de sa chair tendre.
Le monstre avait ramené le corps du malheureux jusqu’à son antre, il l’avait découpé en petits morceaux et il s’apprêtait à le faire rôtir quand brusquement Dieu, ne pouvant tolérer un tel outrage, l’avait foudroyé d’un éclair. De nos jours, si la menace de Hans Trapp ne fait plus frémir les enfants, la maléfique créature errerait toujours dans la campagne alsacienne, cherchant quelque garnement à dévorer.

Krampus

Krampus

Krampus est un personnage folklorique qui se manifestait chaque année durant la période de Noël. Alors que Saint-Nicolas récompensait les enfants sages, Krampus fouettait les plus désobéissants avec de longues chaines rouillées puis il les capturait dans son grand sac et les emportait jusqu’à son repaire souterrain. Ce qu’il en faisait par la suite n’était pas spécifié, mais la maléfique créature était capable du pire.

Krampus est probablement un descendant du Dieu Cornu qu’adoraient les sorcières. Suivant les régions, il en existait différentes variantes, mais la plupart de ses caractéristiques restaient communes et il avait tout du diable. Il apparaissait généralement sous la forme d’une créature poilue, de couleur brune ou noire, aux sabots fendus. Sur sa tête, se dressaient deux cornes de chèvre et de sa bouche sortait parfois son immonde langue.

Cette légende, dont les racines plongent dans le folklore germanique, se retrouvait bien au-delà des frontières allemandes. Krampus était célébré lors de la Krampusnacht, qui se déroulait le soir du 5 décembre, la veille de la Saint-Nicolas. Aujourd’hui encore, dans certaines parties d’Europe, les jeunes hommes se déguisent en diable et ils déambulent dans les rues, menaçant les enfants terrifiés de leurs chaines.

Jólakötturinn, le Chat de Noël

Yule, le Chat de Noël

Jólakötturinn est un monstre du folklore islandais, un énorme chat vicieux qui se cachait dans la campagne enneigée durant la période de Noël et dévorait les malheureux qui n’avaient pas reçu de nouveaux vêtements avant le 25 décembre.
La menace de devenir une victime de Jólakötturinn était autrefois utilisée par les agriculteurs qui incitaient ainsi leurs ouvriers à terminer le traitement de la laine d’automne avant la période de Noël. Ceux qui finissaient leur ouvrage à temps étaient récompensés par des habits neufs, mais les plus nonchalants ne recevaient rien, devenant ainsi les proies potentielles du monstrueux chat.
Par la suite, offrir des vêtements aux plus laborieux devint une coutume, les griffes du Chat de Noël guettant toujours les feignants. Pour encourager les enfants paresseux, leurs parents les menaçaient de les livrer à Jólakötturinn, ce qui les terrifiait. Injustement, les plus pauvres, qui ne pouvaient rien s’acheter, étaient supposés subir eux-aussi le courroux du Chat de Noël.

Personne ne sait exactement d’où vient cette légende, mais Jólakötturinn terrifierait les Islandais depuis les âges les plus sombres. Les premiers écrits détaillants le félin assoiffé de sang remonteraient au XIXe siècle. Il était supposé être l’animal de compagnie de la terrifiante Grýla et de ses fils, les Lads.
De nos jours encore, Jólakötturinn se dissimulerait dans une caverne avec sa maitresse, rôdant dans la campagne islandaise à la période des fêtes et si plus personne ne craint vraiment le monstrueux chat noir, il est toujours de coutume d’arborer de nouveaux vêtements pour Noël.

Grýla

Gryla

Grýla est une géante mythique qui était supposée habiter une caverne isolée des montagnes islandaises. Selon la légende, l’ogresse connaissait les noms de tous les enfants désobéissants, et chaque année, à la période de Noël, elle descendait les chercher pour les dévorer. Ils constituaient l’ingrédient principal de son plat préféré, le ragout d’enfants turbulents, dont elle avait un appétit insatiable. Selon la rumeur, il n’y aurait jamais eu de pénurie de nourriture pour Grýla.

Les premières mentions à Grýla ont été retrouvées dans des écrits du 13e siècle, où elle était présentée comme une créature pourvue de 15 queues. Trois cent ans plus tard, elle était toujours dotée de ses queues, mais sur chacune d’entre elles reposaient 100 sacs, contenant chacun 20 enfants. Grýla ne fut directement reliée à Noël qu’au 17e siècle, où elle devint la mère des 13 Lads Yuletide. La monstrueuse créature était si terrifiante qu’en 1746 un décret public fut publié, interdisant d’utiliser Grýla et les Lads Yuletide pour effrayer les enfants.

D’après d’anciens contes, Grýla aurait été mariée trois fois, avec Gustu, Boli et Leppalúdi. Ce dernier vivrait toujours avec elle dans une caverne perdue au milieu de champs de lave, en compagnie de Yule, son immonde chat noir, et de leurs fils. Au cours de ses différents mariages, elle aurait eu de nombreux enfants mais seuls les noms de 72 d’entre eux auraient été répertoriés. Au cours du 19e siècle, les Lads, qui aidaient autrefois leur mère à se ravitailler, connurent une amélioration de leur image et ils se transformèrent progressivement en voleurs. Puis, au siècle dernier, les Lads troquèrent leurs tenues de laine pour un nouvel habit rouge et blanc et ils commencèrent à déposer des cadeaux dans les chaussures des enfants les plus sages, ne laissant qu’un morceau de pierre ou une vieille pomme de terre aux désobéissants. Les 13 Yule Lads ayant chacun une personnalité différente, ils passaient chacun à leur tour et la distribution de présents s’étalait sur les 13 jours précédant le réveillon.

Perchta

Perchta

De la fin décembre à début janvier, étaient autrefois organisées des fêtes en l’honneur de la déesse Perchta, dont le nom évoque une lumière scintillante. Elle pouvait apparaitre tout au long de l’année, mais se montrait plus particulièrement au cours des douze jours de Noël, entre le 25 décembre et le 6 janvier, au moment des filatures. Selon certains, Perchta était d’une rare beauté et sa blancheur lui avait valu son nom, mais d’autres la présentaient comme une vieille femme ingrate et hagarde.
Dans le folklore bavarois et autrichien, Perchta était connue pour errer dans la campagne au milieu de l’hiver et pénétrer dans les maisons durant les douze jours qui séparent Noël de l’Épiphanie. Comme elle était en mesure de savoir si les enfants et les jeunes domestiques de la maison s’étaient bien comportés et avaient travaillé dur tout au long de l’année, elle laissait aux plus vertueux une petite pièce d’argent dans leurs chaussures mais aux plus indisciplinés elle ouvrait le ventre d’une fente, puis, retirant leur estomac et leurs tripes, elle bourrait ensuite le trou de paille et de cailloux. Elle semblait plus particulièrement s’intéresser aux jeunes filles, vérifiant qu’elles avaient bien filé la part de lin ou de laine qui leur avait été allouée au cours de l’année écoulée.

Au 16e siècle, le mot Perchten, pluriel de Perchta, devint le nom de masques d’animaux portés dans les défilés et festivals de régions montagneuses d’Autriche. Certains de ces masques étaient beaux et lumineux, et ils étaient portés durant les Douze Nuits pour apporter chance et richesse au peuple, mais d’autres, particulièrement hideux, étaient utilisés pour chasser les démons et les fantômes des maisons.
Aujourd’hui encore, ces masques sont exhibés lors de certaines fêtes traditionnelles autrichiennes et la légende de la déesse Perchta a donné naissance à de nombreux personnages mythiques, comme celui de Babouchka en Russie, de la Befana en Italie, etc…

 Belsnickel

Belsnickel

Belsnickel, dont le nom signifie presque littéralement Saint-Nicolas à fourrures, est un personnage du folklore germanique dont la légende se serait développée vers le Moyen-Age. Elle était inspirée d’un mythe allemand, celui de Rupert le Serviteur, qui était un serviteur de Saint-Nicolas ou, selon certains, du Christ lui-même.

Autrefois, Belsnickel se présentait sous l’aspect d’un homme maigre au visage peint en noir, et il était revêtu de vêtements en fourrure sombre. Dans une main il tenait un martinet en noyer, et dans l’autre un sac rempli de bonbons et de noix.
A la veille de Noël, juste avant que la famille n’aille se coucher, Belsnickel annonçait son arrivée en frappant aux portes ou aux vitres. Contrairement au Père Noël, qui descend par la cheminée quand les enfants sont endormis, tous se devaient de le voir. A ceux qui s’étaient montrés intenables Belsnickel réservait son martinet, mais il leur laissait souvent une chance de se racheter, leur proposant de chanter, danser, réciter des poèmes ou des versets de la Bible suivant son humeur. Avant de partir, il laissait de petits jouets, des chaussettes, des mitaines, des bonbons ou des fruits sur le sol pour les enfants bien élevés. Mais malheur à ceux qui oubliaient leurs bonnes manières et se précipitaient sur les présents, car ils pouvaient encore gouter du bois de son martinet.

La rumeur prétendait que parfois, Belsnickel emmenait des enfants au plus profond de la forêt pour leur faire regretter leur comportement, ou qu’il en enlevait certains pendant qu’ils dormaient et que jamais il ne les rendait à leurs parents. De nos jour, la représentation de Belsnickel s’est quelque peu mêlée à celle du Père Noël, mais il continue néanmoins à effrayer les enfants désobéissants dans certaines régions d’Allemagne.

Mari Lwyd

Mary Lwyd

Mari Lwyd n’est pas vraiment un monstre, mais le nom donné à la représentation d’une créature à l’apparence chevaline qui était menée de maison en maison durant la période de Noël. Dérivant probablement d’un ancien rite celtique de la déesse Rhiannon, cette coutume était autrefois très répandue au Pays de Galles mais elle a pratiquement disparu de nos jours.
La créature était constituée d’un crâne de cheval fixé à l’extrémité d’une perche de bois et d’un grand voile blanc qui partait de l’arrière de sa tête, dissimulant ainsi le porteur. Ce crâne était décoré de diverses manières et sa mâchoire inférieure amovible lui permettait de s’ouvrir et se refermer sur les inconscients qui passaient à sa portée.
Mari Lwyd était menée par un homme bien habillé qui la dirigeait à l’aide d’un bâton ou d’un fouet et de rênes ornés de petites clochettes. La cérémonie commençait au crépuscule, et elle se terminait souvent tard dans la nuit. Mari Lwyd, son meneur et quatre ou cinq hommes se présentaient à la porte de chaque maison, chantant des chants traditionnels, puis, à travers la porte fermée, un concours de rimes s’engageait alors entre le groupe et les habitants de la maison, qui durait jusqu’à ce que l’une des deux parties abandonne.
Traditionnellement, si le groupe de Mari Lywd perdait, ce qui était très rare, il devait partir sans insister, mais quand il gagnait, la créature et ses accompagnateurs pouvaient rentrer dans la maison, ce qui portait chance à ses occupants. Une fois à l’intérieur, Mari Lywd se déchainait, hennissant, faisant claquer ses mâchoires et créant des ravages, ce qui terrifiait les enfants. Les participants étaient alors récompensés de gâteaux, de bière, parfois d’un peu d’argent et la visite se terminait par un chant d’adieu traditionnel.

De cette époque révolue il nous reste de nombreuses légendes et quelques traditions qui nous rappellent que Noël était autrefois différent.

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