Esther Cox, le Mystère d’Amherst

Maison d'Esther Cox

En 1878, Esther Cox, qui était alors âgée de 18 ans, déménagea à Amherst, un charmant petit village canadien de trois mille âmes, et s’installa dans le cottage que sa sœur Olive occupait avec son mari, Daniel Teed, un honnête fabricant de chaussures respecté de tous, et leurs deux fils Willie, cinq ans, et George, dix-sept mois. La petite maison de deux étages possédait de nombreuses chambres mais comme le couple hébergeait déjà Jane, la sœur d’Esther et d’Olive, une jeune femme de 22 ans, William, le frère des trois sœurs Cox, et Daniel, le frère de John, aussi Esther dut-elle se résoudre à partager la chambre et le lit de Jennie.

La mère d’Esther était morte trois semaines après sa naissance et jusqu’au remariage de son père, la fillette avait été confiée à sa grand-mère, qui l’avait élevée durant ses premières années. Au cours de cette période, l’enfant avait pris modèle sur la vieille dame, arborant naturellement une attitude grave et ancienne qu’elle avait conservée par la suite. En grandissant, Esther était devenue une jeune femme de petite taille, plutôt ronde, aux cheveux bouclés et aux grands yeux gris-bleu. D’un tempérament doux et conciliant, elle pouvait, quand elle avait quelque chose en tête, se montrer extrêmement têtue mais de l’avis général elle était agréable et elle se révéla rapidement d’une grande aide pour sa sœur Olive. Grâce à sa nature complaisante, honnête et généreuse, Esther se fit rapidement des amis, aussi bien parmi les jeunes gens de son âge que parmi les enfants du quartier, qui demandaient souvent à jouer elle.

La Promenade

Peu de temps après son arrivée à Amherst, Esther fit la connaissance d’un jeune homme, Bob MacNeil, et très vite elle s’imagina en être tombée amoureuse. Sa sœur Olive tenta de la mettre en garde, lui disant de se montrer prudente vis à vis de ce jeune homme qu’elle ne fréquentait que depuis quelques jours, mais la jeune fille s’écria qu’elle était assez grande pour prendre soin d’elle-même, et la conversation s’arrêta là.
Le 27 août, elle passa sa soirée à l’attendre, l’air rêveur, assise sur les marches de l’escalier, ce qui inquiéta ses sœurs qui pensaient qu’il se moquait d’elle. Quand Esther monta se coucher, sa sœur Jane lui conseilla de se montrer prudente mais la jeune fille lui répondit de s’occuper de ses affaires, mettant ainsi fin à la discussion. Le lendemain, en début de soirée, une voiture s’arrêta devant la porte. Un jeune homme bien bâti en sortit puis il pénétra dans la maison et serrant la main d’Esther il lui dit:  » Va, mets ton chapeau et prends ton sac, viens faire un tour avec moi Esther, et je te dirai pourquoi je ne suis pas passé hier soir, comme je l’avais promis. « 

A peine avait-il terminé sa phrase qu’Esther se précipitait dans les escaliers, puis saisissant son chapeau et son sac, elle courut jusqu’au buggy à deux places qui l’attendait. Jane sortit à la porte et regarda songeuse le jeune homme et sa sœur s’éloigner puis levant les yeux vers le ciel menaçant, elle s’écria,  » Vous feriez mieux de rabattre la capote de la voiture Bob, il ne va pas tarder à pleuvoir!  » mais aucun des deux ne parut l’entendre.

Esther et Bob traversèrent le village puis ils s’engagèrent sur la route qui menait à Marsh mais en traversant un petit bois le jeune homme sembla brusquement être pris de folie. Sans dire un mot, il abandonna les rênes, sauta de la calèche puis tirant un grand revolver de la poche de sa veste il le pointa sur Esther, lui ordonnant d’une voix forte de descendre de la voiture et lui promettant de la tuer si jamais elle refusait. Stupéfaite, la jeune fille ne voulut rien savoir puis, comme il se mettait à pleuvoir et que l’obscurité tombait sur la forêt, elle lui demanda de la ramener chez elle, rajoutant qu’il ne devait de ne pas agir comme un fou.
Cette remarque sur sa folie éventuelle sembla brusquement le mettre en rage et l’homme se mit à proférer les plus terribles menaces, collant le bout de son arme sur son cœur. Il était sur le point de tirer quand soudain, des roues firent entendre leur grondement à quelque distance. Immédiatement, le jeune homme sauta dans le buggy et saisissant les rênes, il parcourut le chemin retour à une vitesse folle, ignorant la pluie qui s’abattait sur eux.
En arrivant devant la porte, Esther sauta de la calèche, qui repartit aussitôt, pénétra dans la maison et grimpa précipitamment les escaliers, sans même apercevoir sa sœur qui traversait le salon à ce même moment. Il était maintenant 22h. La jeune fille se glissa dans son lit, et après avoir versé toutes les larmes de son corps, elle s’endormit jusqu’au matin. Jane rentra dans la pièce une demi-heure après elle et après avoir dit sa prière, elle s’allongea sur le lit sans la déranger.

Au cours des jours qui suivirent, Esther parut souffrir d’un grand chagrin, mais elle n’en parla à personne. Elle semblait ne plus supporter de rester enfermée. Elle sortait de la maison dès qu’elle le pouvait, passant son temps dans la rue ou chez des voisins. Mais quand venait le soir et qu’elle regagnait sa chambre, alors la jeune fille ne parvenait plus à masquer sa peine et elle éclatait en sanglots jusqu’à ce que la fatigue vienne à bout de ses larmes.
Bien évidemment, sa famille s’était aperçue de son désespoir, mais pensant qu’elle s’était disputée avec son bien-aimé, personne n’osait l’interroger. De plus, comme aucun de ses parents n’approuvait les sentiments qu’elle portait à cet homme, ils étaient plutôt soulagés que ses visites aient cessé. Ils n’accordaient aucune importance à ce qu’ils pensaient être une amourette, pensant que d’ici quelques semaines, la jeune fille reviendrait elle-même.
Au soir du quatrième jour, Esther se réfugia dans sa chambre à dix-neuf heures à peine mais Jane, pensant que le moment était venu de lui parler, la suivit. Une fois dans la pièce, Jane demanda à sa sœur pendant combien de temps elle pensait continuer à se rendre malade pour ce Bob, puis, comme elle n’obtenait aucune réponse, elle lui annonça:  » Je vais voir Mlle Porter, je serai rapidement de retour. Il fait si humide et brumeux ce soir que le temps m’assoupit. Je pense que je vais suivre ton exemple, j’irai me coucher tôt. Bonne nuit, je suppose que tu seras endormie au moment où je renterai.  » Puis, elle sortit de la chambre sans qu’Esther n’ait prononcé une parole.

La Maison Hantée

Cette nuit-là, le temps était tellement humide qu’à huit heure et demi, tout le monde avait déjà gagné sa chambre. Avant que Dan ne rejoigne la sienne, il prit un sceau, le remplit d’eau fraiche puis, comme il le faisait d’habitude, il le posa sur la table de la cuisine, prenant soin d’en apporter deux verres aux enfants pour qu’ils puissent boire pendant la nuit. A neuf heures moins le quart, Jane revint de sa visite et elle regarda sa chambre, qui se trouvait à l’avant de la maison, près de l’escalier et de celle de Dan et Olive. Esther était en train de pleurer, comme elle le faisait chaque soir depuis la fameuse promenade.
Jane éteignit sa lampe mais l’obscurité était telle qu’en essayant de rentrer dans le lit, elle se cogna la tête sur le montant puis, faisant remarquer combien la nuit était sombre, elle s’installa confortablement et souhaita une bonne nuit à sa sœur. Esther, qui venait de cesser de pleurer, commença alors à se plaindre:
–  » C’est une mauvaise nuit. De toutes façons, je n’arrive pas à dormir.
– Pas étonnant, lui répondit Jane. Tu es allée au lit trop tôt.
– Jane, on est le quatre septembre non? demanda alors Esther.
– Oui, lui confirma Jane. Allez, dors et laisse-moi tranquille. Je ne veux pas te parler, je veux dormir. Et qu’est-ce que ça peut fait qu’on soit le quatre septembre.
– Oh rien, s’exclama Esther. C’est juste que ce soir, ça fait une semaine que je suis allée rouler avec Bob! Oh, que vais-je devenir!  » Et instantanément, elle fondit en larmes.
–  » Esther, lui dit calmement Jane. Tu sais, je pense que tu perds la tête et que si tu continues comme ça, tu vas devenir folle et que nous devrons te mettre dans un asile d’aliénés. « 

Ces paroles, bien qu’un peu dures, eurent l’effet escompté car aussitôt la jeune fille s’arrêta de pleurer. Pendant quelques minutes, la chambre demeura étonnamment silencieuse, aucun son ne pouvait être entendu, sauf la respiration des deux jeunes filles, étendues côte à côte dans le lit. Puis brusquement, Esther se mit à crier et sautant du lit, elle expliqua qu’une souris se trouvait sous les draps. Son cri surprit Jane, qui était presque endormie, mais comme elle avait aussi peur des souris que sa sœur, elle se précipita hors de son lit et alluma la lampe. Les deux filles cherchèrent un moment dans le lit, sans parvenir à trouver la souris, puis, regardant le matelas, Jane s’exclama:  » Pff… Nous sommes assurément folles d’avoir peur d’une inoffensive petite souris. S’il y en a vraiment une ici, elle ne peut nous faire aucun mal car elle est à l’intérieur du matelas, regarde comment la paille se déplace. La souris est à l’intérieur et elle ne peut plus en sortir parce qu’il n’y a pas de trou dans le matelas. Retournons au lit, Esther. Elle ne peut pas nous faire de mal.  » Les deux sœurs éteignirent la lumière, se recouchèrent et, après avoir guetté un moment sans rien entendre, elles s’endormirent.

La nuit suivante, les jeunes filles entendirent quelque chose se déplacer sous leur lit et Esther s’écria:  » La souris est revenue Jane. Levons-nous et tuons-la. Je ne veux pas m’inquiéter pour une souris tous les soirs… « 
Jane et Esther se levèrent, et en cherchant sous le lit, elles s’aperçurent qu’un bruissement semblait s’élever d’une boite à patchwork vert pâle. S’emparant du petit coffre de bois, elles le placèrent au milieu de la pièce mais soudain il fit un bond dans l’air, se soulevant d’environ 30 centimètres, avant de retomber sur le côté, laissant les jeunes filles sidérées. Jane remit la boite dans son ancienne position, au milieu de la pièce et à leur grand étonnement, la même chose se produisit une nouvelle fois. Terrifiées, elles se mirent alors à crier, appelant Dan aussi fort qu’elles le pouvaient.
Quelques instants plus tard, Daniel, qui avait passé quelques vêtements à la hâte, pénétra dans la chambre et leur demanda ce qui se passait mais lorsque ses belles-sœurs lui racontèrent l’incident, il se mit à rire, repoussa la boite sous le lit puis, déclarant qu’elles devaient être malades ou qu’elles avaient rêvé, il retourna se coucher, grommelant quelque chose à propos de son sommeil perturbé.

Le lendemain matin, Esther et Jane déclarèrent que la boite s’était réellement déplacée, mais comme personne ne semblait les croire, elles comprirent qu’il était inutile d’insister. En début de soirée, Esther s’assit à sa place favorite, sur les marches de l’entrée, et elle y resta jusqu’à ce que la lune se lève. En cette nuit d’été, la lune était magnifique et levant les yeux, Esther se dit:  » Et bien, il y a une chose certaine en tous cas, je vais avoir de la chance durant tout le mois car en ce dimanche soir, j’ai vu la nouvelle lune au-dessus de mon épaule. « 

Malheureusement, à 20h30, la jeune fille commença à se sentir fébrile et ses sœurs lui conseillèrent d’aller s’allonger, ce qu’elle fit. Vers 22h, Jane prit congé pour la nuit mais une quinzaine de minutes plus tard Esther sauta au beau milieu de la chambre, emportant les draps avec elle.
 » Mon Dieu! s’écria-t-elle, qu’est-ce qui m’arrive! Réveille-toi Jane, réveille-toi! Je meurs, je meurs! Je suis en train de mourir! « 
Jane lui répondit calmement:  » Les gens qui meurent ne parlent pas aussi fort. Attends, je vais allumer la lampe, que tu ne meures pas dans l’obscurité Esther. »
La jeune femme pensait que sa sœur avait fait un cauchemar mais quand elle la vit, soudain elle s’alarma. Esther se tenait debout au centre de la pièce, tremblante de peur dans sa longue robe blanche, et de ses mains elle serrait si fort le dos d’une chaise que ses ongles s’enfonçaient dans le bois mou. Ses cheveux courts se dressaient sur sa tête, son visage était rouge comme le sang et ses yeux semblaient sur le point de sortir de leurs orbites.
Brusquement effrayée, Jane se mit à crier aussi fort qu’elle pouvait. Olive fut la première à rentrer dans la chambre, suivie de Dan, William et John, qui avaient rapidement enfilé un pantalon et une veste.  » Qu’est ce qui va pas Esther?  » demanda Dan pendant que William et John s’écriaient, dans un même souffle,  » Elle est folle! « 

Depuis son arrivée, Olive était restée à l’entrée de la pièce, muette d’étonnement, ne sachant que faire. Soudain, Esther sembla défaillir. Elle devint très pâle et si faible qu’il fallut l’aider à marcher jusqu’au lit. La jeune fille resta un moment assise sur le bord du lit, regardant la salle de ses yeux vides, puis brusquement elle se mit à fixer ses pieds et poussant un cri sauvage, elle dit qu’elle se sentait exploser en morceaux.  » Mon Dieu! s’écria Olive. Que devons-nous faire avec elle? Est-elle folle? « 
Jane, qui conservait sa présence d’esprit, prit la main de sa sœur et lui dit d’un ton apaisant:  » Viens Esther, remets-toi au lit.  » Comme la jeune fille ne pouvait le faire sans aide, ses sœurs remirent les draps et l’aidèrent à rentrer dans le lit mais à peine était-elle allongée qu’Esther murmurait d’une voix étouffée:  » Je suis en train de gonfler et je vais certainement éclater. Je sais que je le ferai. « 

Soudain, Dan regarda son visage et il s’exclama d’un ton surpris:  » Elle est en train de gonfler! Olive, regarde-la! Regarde ses mains aussi, vois comme elles sont gonflées! Et elle est chaude comme le feu!  » Esther était littéralement brûlante de fièvre, et pourtant pâle comme la mort alors que quelques minutes auparavant son visage était vermeil et son corps froid comme la glace.
Alors qu’ils tous étaient là à la regarder, se demandant ce qui pourrait la soulager, son corps continuait de gonfler et bientôt il atteint une taille impressionnante. Esther grinçait des dents et hurlait de douleur quand brusquement, une forte détonation résonna dans la salle, comme un coup de tonnerre, et toutes les personnes présentes se figèrent sur place, paralysées par la peur.  » Mon Dieu! s’écria Olive. La maison a été frappée par la foudre et qui sait si mes pauvres garçons n’ont pas été tués!  » Après cette tirade, elle se précipita hors de la chambre et courut jusqu’à ses enfants, qui dormaient tous les deux à poings fermés.

En revenant dans la pièce, Olive s’interrogea:  » Je me demande quel était cet horrible bruit?  » Se dirigeant vers la fenêtre, elle leva le rideau, mais les étoiles brillaient et elle comprit que bruit n’était pas un coup de tonnerre. Elle venait tout juste de laisser retomber le rideau quand soudain, trois coups formidables résonnèrent, directement de dessous le lit. Ils étaient si forts que toute la pièce en trembla. Esther, qui un instant avant était tellement gonflée qu’elle en était énorme, retrouva miraculeusement son apparence habituelle et sombra brusquement dans le sommeil. Dès qu’ils comprirent qu’elle s’était endormie, tout le monde quitta la salle, sauf Jane, bien évidemment, qui s’allongea près de sa sœur et la veilla une bonne partie de la nuit. Le lendemain, les membres de la famille discutèrent des étranges bruits qu’ils avaient entendus pendant la nuit et ne sachant qu’en penser, ils décidèrent de ne pas ébruiter l’affaire.

Quatre jours plus tard, Esther eut une nouvelle attaque. Il était environ dix heures, et sentant la crise arriver, elle réussit à s’allonger avant les premiers symptômes. Jane, qui était déjà couchée, lui conseilla de rester parfaitement immobile, espérant que cela l’aiderait, mais il en fut rien. Cela faisait environ cinq minutes que la jeune fille se trouvait dans son lit quand les draps se soulevèrent et s’envolèrent dans un coin de la pièce. Terrifiées, Esther et sa sœur se mirent à crier, puis la peur étant trop forte, Jane s’évanouit. Aussitôt, leurs parents se précipitèrent dans la chambre mais quand ils virent l’atroce spectacle, ils en restèrent sidérés. D’après ce qu’ils pouvaient deviner à la lueur de la lampe, les draps gisaient dans un coin de la salle, Esther était toute enflée et Jane avait perdue connaissance, ou peut-être était-elle morte. Olive fut la première à recouvrer ses esprits et ramassant les draps elle en recouvrit ses sœurs mais à peine les avait-elle posés sur elles qu’ils se retrouvèrent projetés dans l’angle de la même manière. Puis, juste après, l’oreiller s’arracha de sous la tête d’Esther et frappa John Teed au visage. Ulcéré, l’homme quitta alors la pièce, disant qu’il en avait assez et rien ne put le faire revenir.

A ce moment-là, Jane était revenue à elle et tout le monde décida de s’asseoir sur le bord du lit pour obliger les draps récalcitrants à rester en place. Puis, comme Esther se plaignait d’un violent mal de tête, William Cox descendit à la cuisine lui chercher un seau d’eau glacée mais en arrivant à la porte de la chambre, une succession de coups retentirent sous le lit, si violents qu’ils firent trembler les murs. Immédiatement, Esther retrouva son apparence naturelle et en quelques minutes, elle s’endormit. Alors, comme tout semblait être calme à nouveau, ses parents regagnèrent leurs chambres respectives.
Le lendemain, la jeune fille se sentait particulièrement faible et ses parents décidèrent de faire venir un médecin. En fin d’après-midi, Dan quitta plus tôt le travail pour avoir le temps de passer voir le docteur mais quand il lui rapporta les événements, le Dr Caritte se mit à rire puis il lui déclara qu’il était certain que rien de tout cela n’était arrivé mais qu’il passerait quand même voir Esther dans la soirée, et qu’il resterait près d’elle le temps qu’il faudrait.

Le médecin se présenta vers 22h et souhaitant à tous une bonne soirée, il prit un siège et s’assit près d’Esther, qui était allée s’allonger une heure auparavant mais qui n’avait pas encore été victime de l’une de ses étranges attaques. Le docteur lui prit le pouls, regarda sa langue, puis il dit à la famille qu’elle semblait souffrir d’excitation nerveuse, probablement due à un terrible choc. Au même moment, l’un des oreillers près d’Esther se redressa comme s’il était rempli d’air, et retomba sur le lit. Les grands yeux bleus du médecin s’écarquillèrent, et il demanda à voix basse:  » Est-ce que vous avez vu ça? Il est retourné à sa place.
– Il l’a fait, confirma John Teed. Mais s’il recommence à bouger il ne retombera pas car j’ai l’intention de le tenir, même s’il me cogne sur la tête comme la nuit dernière. « 
Il n’avait pas fini de prononcer ces mots que l’oreiller se dressait à nouveau, retombant de la même manière. Lorsqu’il tenta de se soulever une nouvelle fois, alors John se précipita sur lui, et le saisissant à deux mains, il le maintint fermement. Cependant, l’oreiller semblait tiré par une force supérieure à la sienne et l’homme dut se résoudre à lâcher. A ce moment-là, tous ses cheveux se redressèrent sur sa tête.

 » Comme c’est merveilleux!  » s’écria le Dr Caritte. Alors que le médecin se levait de sa chaise, des coups retentirent sous le lit, comme la nuit précédente. Le docteur regarda sous le lit, mais ne réussit pas à en déterminer la cause, puis il se dirigea vers la porte et les bruits semblèrent le suivre, retentissant maintenant sous le plancher. Puis brusquement, les draps du lit furent violemment arrachés et un grattement s’éleva dans la pièce, comme si quelqu’un écrivait sur le mur avec un instrument tranchant. Tous les regards se tournèrent vers le mur d’où provenait le son quand à leur grand étonnement, ils virent apparaitre, près de la tête du lit, ces mots écrits en gros caractères:l  » Esther Cox, tu es mienne pour tuer. « 

Comme le docteur Caritte restait à la porte, se demandant ce que tout cela signifiait, un grand morceau de plâtre se détacha de la paroi de la chambre, traversa la pièce en volant, tourna à un angle et tomba à ses pieds. Le médecin le ramassa machinalement et le posa sur une chaise, trop étonné pour parler, mais comme il le faisait, des coups commencèrent à se faire entendre, d’une si grande puissance que toute la salle en fut secouée. Ces manifestations continuèrent deux heures durant puis tout redevint calme et Esther s’endormit.
Le docteur, pensant que la jeune fille souffrait d’une maladie nerveuse, prévint la famille qu’il passait au matin lui prescrire quelque chose. Quand aux sons et aux mouvements d’objets, il supposait que si elle se reposait, alors ils cesseraient.

Dans la matinée, le médecin vint voir Esther, comme il l’avait promis, et il fut surpris de la trouver debout, aidant Olive à faire la vaisselle. La jeune fille lui expliqua qu’elle se sentait bien à nouveau, mais qu’elle était si nerveuse que n’importe quel bruit la faisait sursauter. Puis, étant descendue à la cave avec une casserole de lait, elle revint en courant, hors d’haleine, s’écriant que quelqu’un se trouvait dans la cave, qui avait jeté une planche sur elle. Le médecin descendit vérifier par lui-même, mais comme personne ne se trouvait dissimulé dans la pièce, il remonta quelques marches et demanda d’une voix forte:  » Esther, venez avec moi.  » La jeune fille le rejoignit mais à peine étaient-ils descendus que plusieurs pommes de terre vinrent voler au-dessus de leurs têtes , les obligeant à battre en retraite. Le médecin décida alors de quitter la maison, expliquant qu’il reviendrait en début de soirée.

Le soir venu, vers 22h, le docteur Caritte apporta avec lui plusieurs sédatifs très puissants, dont de la morphine, qu’il administra à Esther. La jeune fille se plaignait toujours de sa nervosité, disant qu’elle sentait comme de l’électricité parcourir son corps, mais aucune manifestation n’était à déplorer. Après lui avoir donné le médicament, le médecin lui expliqua qu’elle allait avoir une bonne nuit de repos quand brusquement, des coups se firent entendre, retentissant bien plus fort et se succédant bien plus rapidement que les nuits précédentes. Puis, les bruits quittèrent la pièce et se mirent à résonner sur le toit de la maison. Le médecin courut dans la rue, où le son était également perceptible, et se tournant vers le toit, il vérifia que personne ne s’y trouvait. Perplexe, il retourna à l’intérieur et veilla Esther jusqu’à minuit. Puis, quand le phénomène cessa, alors il s’autorisa à prendre congé, assurant la famille qu’il reviendrait visiter la jeune fille le lendemain. Mais, alors qu’il arrivait à la grille du jardin, les coups sur le toit recommencèrent à nouveau, et ils continuèrent jusqu’à ce qu’il soit à environ deux cents mètres de la maison, distance à laquelle il les entendait encore distinctement.

La semaine suivante, une rumeur courut dans Amherst que des choses étranges se passaient dans la maison de Dan Teed. Les bruits mystérieux commençaient maintenant dès le matin et ils étaient entendus par les gens qui passaient dans la rue. Le Dr Caritte passait tous les soirs, parfois en journée, sans parvenir à soulager la jeune fille. Une nuit, environ trois semaines après sa première visite, le médecin et la famille étaient debout près du lit d’Esther, écoutant les cognements, quand brusquement la jeune fille jeta ses bras vers la tête du lit, puis elle devint glacée et son corps se raidit. Alors qu’elle se trouvait dans cet état, elle commença à parler, et raconta tout ce qui s’était passé entre elle et Bob McNeal lors de la terrible promenade. Tout le monde ignorait tout de l’histoire et le jeune homme avait mystérieusement disparut après cette soirée. Lorsqu’elle reprit ses esprits, ils lui répétèrent ses paroles et la jeune fille commença à pleurer, confirmant que tout cela était vrai. Bob l’avait menacée avec son revolver, mais effrayé par le bruit de roues dans le lointain, il l’avait ramenée chez elle.

 » Et voila! s’écria Olive. Ne vous l’avais-je pas dit! Je le sentais dans mes os que ce jeune homme vous causerait du tort et maintenant vous pouvez voir qu’il est à l’origine de tout cela! Ah, c’est Bob qui fait ces sons étranges sur la maison, je sais que c’est lui!  » A ce moment-là, trois coups distincts se firent entendre, secouant violemment la maison, ce qui parut confirmer cette accusation.  » Vous savez docteur, déclara Jane, je crois que quoi que ce soit qui fasse ce bruit, il peut entendre et comprendre nos paroles. Et peut-être nous voir.  » Au moment où elle terminait sa phrase, trois coups résonnèrent aussi fortement que les précédents.
–  » Demandez-lui s’il peut nous entendre docteur, proposa alors Dan.
– Pouvez-vous, quoi que vous soyez, entendre ce que nous disons?  » demanda alors le médecin. A ce moment là, trois coups lui répondirent, qui secouèrent toute la maison.
–  » C’est très singulier, fit remarquer le médecin. Je crois que Jane a raison, il peut entendre.
– Eh bien, essayons à nouveau, déclara Dan. Si vous pouvez voir et entendre, dites-nous combien de personnes sont dans cette salle?  » Esther n’aurait pas pu répondre à cette question car elle était couchée dans le lit, le visage enfoui dans l’oreiller, tremblante de peur. Comme Dan ne recevait pas de réponse, il demanda de nouveau, suggérant de donner un coup pour chacun, et cinq coups distincts s’élevèrent alors du plancher. En effet, William et John ayant quitté la pièce après qu’Esther ait caché son visage dans l’oreiller, il ne restait que cinq personnes dans la salle: le Dr Caritte, Dan, Olive, Esther et Jane.

Au cours des trois semaines qui suivirent, les manifestations se produisirent à leur convenance, le matin, toute la journée ou seulement le soir, et il devint rapidement évident qu’aucun phénomène n’était observé quand elle ne se trouvait pas dans la maison. Le Dr Edwin Clay, un pasteur baptiste bien connu, demanda à pouvoir contempler les merveilles, dont certaines personnes lui avaient parlé, de ses propres yeux. Lors de sa visite, il vit son désir pleinement satisfait. Il entendit différent types de coups en réponses à ses diverses questions, aperçut l’écriture mystérieuse  sur le mur, et quitta les lieux entièrement convaincu que ni Esther ni sa famille, comme certains le croyaient, ne produisaient les manifestations volontairement. Cependant, vu le choc qu’elle avait subi la nuit où elle était sortie avec Bob, il supposait qu’elle était devenue comme une batterie électrique et que des éclairs de foudre invisibles quittaient parfois sa personne, ce qui produisait les coups de tonnerre que tout le monde entendait. Le Dr Clay donna des conférences sur sa théorie, attirant de nombreuses comme il le faisait toujours, quelque que soit son sujet.

Lorsque le pasteur Temple vint voir Esther, il fut lui-aussi témoin de certaines manifestations, observant entre autres choses, un seau d’eau froide qui se trouvait sur la table de la cuisine s’agiter et se mettre à bouillir. Dès que les gens du village apprirent que des hommes éminents s’intéressaient à l’affaire, tous voulurent venir voir Esther pour pouvoir témoigner des mystérieuses manifestations. La maison se remplit alors de visiteurs, et bientôt la mode fut telle que de nombreuses personnes s’agglutinèrent à l’extérieur, attendant qu’une place se libère. Les curieux étaient tellement pressés de rentrer, qu’à plusieurs reprises la police dut intervenir pour maintenir l’ordre et les contenir. Beaucoup croyaient que toute l’affaire n’était qu’une fraude, d’autres disaient qu’Esther les hypnotisaient, et d’autres encore pensaient voir et entendre des choses qui n’existaient pas.

Les manifestations continuèrent jusqu’en décembre, puis Esther attrapa la diphtérie et elle dut rester confinée dans son lit durant deux semaines, période durant laquelle les manifestations cessèrent complétement. Une fois guérie, elle se rendit à Sackville pour visiter une autre de ses sœurs, Mme Snowden, chez qui elle resta environ deux semaines, et là encore, aucun phénomène extraordinaire ne vint perturber leur quiétude, mais dès son retour, ils reprirent de plus belle. Une nuit, alors qu’elle dormait avec sa sœur Jane dans une autre pièce, leur chambre avait été changée de place pour tenter de mettre un terme à l’affaire, Esther dit à sa sœur qu’une voix venait de la prévenir que durant la nuit, un fantôme allait mettre le feu à la maison. L’esprit lui avait également affirmé avoir vécu sur Terre mais être mort quelques années auparavant. Les deux filles appelèrent alors leurs parents et leur rapportèrent la sinistre prédiction mais aussitôt ils se mirent à rire, soulignant qu’aucun fantôme ne se trouvait dans la maison. De plus, le Dr Clay leur avait dit que toutes les manifestations étaient d’origine électrique, et l’électricité ne pouvait pas mettre le feu à une maison, à moins qu’il ne s’agisse de foudre. Comme ils débattaient de la question, soudain une allumette allumée tomba du plafond sur le lit, et elle lui aurait mis le feu si Jane ne l’avait pas rapidement éteinte. Au cours des dix minutes suivantes, huit ou dix allumettes enflammées tombèrent dans la chambre, qu’ils éteignirent l’une après l’autre.

Un peu plus tard au cours de la nuit, les cognements recommencèrent et les proches d’Esther, qui avait appris à communiquer avec la force invisible par l’intermédiaire de coups, trois coups pour oui, un pour non, et deux pour peut-être, décidèrent de l’interroger. Dan lui demanda si la maison allait être immolée par le feu, et trois coups forts retentirent sur le sol, ce qui signifiait oui. Cinq minutes plus tard, l’incendie se déclarait. L’esprit s’empara d’une robe appartenant à Esther, qui était accrochée à un clou derrière la porte, la roula en roula en boule et la jeta sous le lit à une telle vitesse que personne ne put réagir. Quelques instants plus tard, tout était en flammes. Fort heureusement, le feu put être éteint sans que quiconque ne soit blessé, mais le lendemain matin, une terrible atmosphère régnait dans la maison. Dan et Olive avaient peur que le fantôme ne réussisse à allumer un feu dans un endroit inaccessible et qu’il fasse tout brûler. Ils étaient tous les deux convaincus que la force était vraiment un esprit, et plus précisément, pour Olive:  » Rien d’autre que le diable ou un fantôme avec de mauvais desseins pourrait faire une si terrible chose que d’allumer un feu dans une maison au milieu de la nuit. « 

Trois jours plus tard, Olive remarqua que de le fumée montait de la cave. A ce moment-là, Esther était dans la salle à manger et elle avait passé l’heure précédente à aider sa sœur à laver la vaisselle du petit déjeuner, comme elle le faisait toujours. Sur le coup, en voyant la fumée, aucune des deux femmes ne put esquisser un mouvement, terrifiées à l’idée qu’un fantôme diabolique venait à mettre le feu à la maison, puis brusquement, Olive saisit un seau d’eau potable, celui qui était toujours sur la table de la cuisine, et se précipita dans l’escalier de la cave. En arrivant dans la pièce, elle vit que la fumée provenait d’un baril de copeaux. Les flammes montaient si haut qu’elles léchaient presque le plafond. Dans sa précipitation elle avait renversé plus de la moitié du seau d’eau et que ce qui lui restait était loin de pouvoir éteindre l’incendie. Une épaisse fumée noire remplissait la petite cave, et Esther, qui avait suivi sa sœur, se mit alors à se lamenter:  » Oh! Que devons-nous faire? Qu’allons-nous faire? « 
Olive resta un moment là, à regarder le feu, l’esprit vide, puis elle s’écria:  » Sors dans la rue et crie au feu aussi fort que tu le peux. Viens, courons sinon toute la maison va brûler! « 

Les deux femmes remontèrent les escaliers en courant et sortirent dans la rue en criant:  » Au feu! Au feu!  » Bien évidemment, leurs cris alarmèrent le quartier et un gentleman, un étranger au village qui était de passage, jeta instantanément son manteau et se précipitant dans la maison, il ramassa un tapis sur le plancher de la salle à manger et descendit à la cave. L’homme réussit à maitriser l’incendie et sans attendre d’être remercié, il sortit de la maison et disparut dans le lointain. L’histoire était remarquablement étrange car personne ne savait qui il était, d’où il venait et personne ne le revit jamais.

La nouvelle que le fantôme avait mis le feu dans la cave de Dan fut bientôt connue dans toute la région, suscitant beaucoup de curiosité, et ceux qui pensaient que toute l’histoire était une plaisanterie commencèrent à douter. La famille déclara que le fantôme avait mis le feu au baril, mais les commissaires des incendies du village soupçonnèrent néanmoins Esther d’en être responsable. Le Dr Nathan Tupper affirma alors que si un grand nombre de coups de fouet étaient assénés d’une main vigoureuse sur le dos de la jeune fille, alors les phénomènes cesseraient. Fort heureusement pour Esther, il le put tester sa méthode, et le mystère demeura.

La semaine suivante, des manifestions eurent lieu tous les jours, plus violents que jamais. L’excitation à Amherst était intense. Si la maison de Dan s’enflammait alors que le vent soufflait sur la baie, alors le feu risquait de se propager, réduisant le village en cendres. Pour ajouter encore à l’angoisse de tous, une nuit, alors qu’Esther et ses proches étaient assis au salon, le fantôme apparut. La jeune fille se redressa brusquement puis, pointant d’une main tremblante un coin de la pièce, elle s’écria d’une voix étranglée:  » Regardez! regardez! Mon Dieu, c’est le fantôme. Ne le voyez-vous pas? Il est là tout en gris; voyez comment ses yeux me regardent et comment il rit en disant que je dois quitter la maison cette nuit ou alors il mettra le feu au grenier sous le toit et nous fera tous brûler. Oh, que vais-je faire, où vais-je aller, le sol est recouvert de neige. Et pourtant je ne peux pas rester ici car ce dont il menace, il le fait toujours. Oh, je souhaiterais être morte. « 

Après cette exclamation, Esther tomba sur le sol et se mit à pleurer.  » Eh bien, dit Dan en la soulevant, quelque chose doit être fait et vite. Le vent souffle trop fort ce soir, et si le fantôme fait ce qu’il a dit, la maison va brûler à coup sur, et peut-être même le village. Vous devez partir Esther, et rappelez-vous que je ne vous chasse pas. C’est ce diable de fantôme qui vous pousse hors de votre maison. « 

Les parents d’Esther savaient tous qu’aucun des voisins n’accepterait d’héberger la jeune fille tant ils craignaient le fantôme mais il vint soudain à l’idée de Dan que John White lui donnerait peut-être un abri, car il avait montré un intérêt profond pour les manifestation et il avait souvent exprimé sa pitié pour la malheureuse. Aussi, après avoir mis son lourd manteau, car il neigeait abondamment et la nuit était d’un froid intense, Dan se rendit jusqu’à la maison des White. Après avoir frappé pendant un certain temps, John White ouvrit la porte et regardant Dan avec étonnement, il s’écria:  » Quel est le problème, Teed? La maison a-t-elle entièrement brûlé ou la fille a-t-elle éclaté en morceaux?  » Dan lui expliqua alors la situation, et quand il eut fini, White réfléchit un moment puis il lui dit:  » Attendez que je demande à ma femme. Si elle dit oui, très bien, alors vous pourrez l’amener ici ce soir.  » M. White exposa alors la situation d’Esther à son épouse qui accepta, au grand soulagement de tous, d’héberger la malheureuse.

L’Esprit

En acceptant de recevoir Esther, M. et Mme White avaient fait un geste que personne d’autre au village n’aurait eu le courage de faire. Pendant les deux premières semaines de son séjour, aucune apparition ne vint troubler la jeune fille et de ce fait, son état s’améliora grandement. Mme White s’était rapidement attachée à Esther, qui l’aidait souvent dans la maison, et elle la traitait avec gentillesse et bienveillance, comme elle le faisait avec ses propres enfants. Mais, au cours de la troisième semaine du mois de janvier 1879, soit quatre mois après le début des manifestations, son vieil ennemi le fantôme refit son apparition.

Esther nettoyait l’une des pièces de sa nouvelle maison quand elle fut surprise de voir la brosse à récurer disparaitre de sa main. Puis l’esprit, qui se sentait probablement d’humeur taquine, lui annonça que la brosse se trouvait maintenant en sa possession, et la jeune fille s’empressa d’appeler Mme White, qui accourut avec sa fille. Après avoir fouillé la salle en vain, les trois femmes décidèrent d’abandonner les recherches et brusquement, la brosse tomba du plafond, frappant la tête d’Esther dans sa chute. L’esprit était donc capable de prendre une substance solide et de la rendre invisible, ce qui était une nouvelle manifestation de sa puissance. Au cours des deux semaines qui suivirent, il donna une multitude de représentations, se soumettant aux questions des curieux, devinant combien de pièces de monnaie se trouvaient dans leurs poches. Comme à son habitude, il répondait en faisant entendre un certain nombre de coups, ou il donnait la réponse à Esther, qui s’en faisait l’interprète.

Pendant six semaines, l’esprit se comporta remarquablement bien, puis brusquement, sa nature reprit le dessus et il recommença à allumer des feux, marchant bruyamment de manière à être entendu. John White ne pouvait pas courir le risque de voir sa maison brûlée aussi demanda-t-il à Esther de rester toute la journée dans son restaurant, qui donnait sur la rue principale, juste en face de la librairie.
Quand elle se trouvait dans la salle, ou quand elle travaillait dans la cuisine attenante, de nombreuses choses merveilleuses pouvaient être observées, aussi bien par les habitants d’Amherst que par des inconnus, et divers stratagèmes furent alors élaborés pour empêcher les manifestations. Quelqu’un assura, par exemple, que si elle restait sur du verre, alors les phénomènes cesseraient. Des morceaux de verre furent alors glissés dans les chaussures d’Esther, mais leur présence lui causèrent d’épouvantables maux de tête, et son nez se mit à saigner sans pour autant arrêter les manifestations.

Un matin, le fantôme ouvrit et referma la porte du grand poêle de la cuisine, au grand désespoir de Mme White qui décida de bloquer la trappe avec un vieux manche de hache. Un instant plus tard, l’esprit, qui semblait ne jamais se lasser de la présence d’Esther quand elle se trouvait en cet endroit, retira la porte de ses charnières, enleva le manche de la hache et après les avoir jetés en l’air, les laissa retomber sur le sol dans un fracas épouvantable. M. White, sidéré, appela immédiatement l’un de ses amis, M. Rogers, et le même incroyable phénomène se répéta en sa présence. A une autre occasion, un couteau de poche appartenant à Fred, le fils de M. et Mme White, fut enlevé de sa main par le fantôme qui s’en servit pour poignarder instantanément Esther dans le dos, laissant l’arme plantée dans la plaie, qui saignait abondamment. Fred, après avoir extirpé le couteau, l’essuya, le referma et le mit dans sa poche. Mais aussitôt  le fantôme alla le lui reprendre et la seconde suivante il le replongeait dans la même blessure. Le jeune homme récupéra son arme une nouvelle fois, et pour être sur que l’esprit ne s’en servirait plus, il la dissimula dans un endroit où personne ne pourrait le trouver, pas même un fantôme.

Un jour, une personne qui voulait tenter une expérience plaça trois ou quatre grandes pointes de fer sur les genoux d’Esther, qui était alors assise dans la salle du restaurant. Cependant, les pointes ne furent pas dérobées par le fantôme, comme tout le monde s’y attendait, mais elles devinrent tellement chaudes que plus personne ne put plus les manipuler sans se brûler. Une seconde plus tard, l’esprit, probablement fier de sa démonstration de puissance, les expédiait négligemment à l’extrémité de la pièce.
Au cours de cette même période, il se mit à déplacer les meubles en plein jour, dont certains particulièrement lourds, et il recommença à donner de grands coups. Ces manifestations soulevaient la curiosité des passants qui s’arrêtaient souvent, intrigués par l’étrange spectacle.

Vers la fin du mois de mars, Esther se rendit à Saint John, invitée par le capitaine James Beck, et elle resta chez lui pendant trois semaines, sous la protection de sa femme. Son cas fut alors étudié par le Dr Alward et un groupe de messieurs à l’esprit scientifique qui furent témoins des phénomènes et discutèrent avec le fantôme par l’intermédiaire de coups portés sur un mur. Puis, d’une surprenante manière, d’autres esprits vinrent se joindre à la conservation, ce qui ne s’était jamais produit auparavant. L’un d’eux prétendit s’appeler Peter Cox, un autre donna le nom de Maggie Fisher mais aucun d’entre eux n’était aussi fort que ce démon qui allumait des feux, ce démon qui terrifiait Esther depuis des mois et qui se faisait appeler Bob Nickle. Ces trois esprits, sans exception, affirmaient tous avoir vécu sur Terre avant de rejoindre l’Au-delà. Bob Nickle assurait avoir exercé la profession de cordonnier et Peter Cox prétendait errer sous sa forme évanescente depuis une quarantaine d’années. Il était un esprit calme, posé, et souvent il se démenait, tentant d’empêcher Bob Nickle et Maggie Fisher, qui était presque aussi mauvaise que son compère, de casser des objets ou d’utiliser un langage blasphématoire, une habitude dont ils étaient friands.

Le Dr Alward et ses amis scientifiques eurent ensuite l’idée de conserver avec les esprits en épelant l’alphabet, ces derniers devant frapper aux bonnes lettres, et de longues conversation purent être ainsi établies, à la grande satisfaction des participants. Après avoir passé trois semaines à Saint John, Esther retourna à Amherst, puis elle accepta d’aller rendre visite à M. et Mme Van Amburgh, qui résidaient à cinq kilomètres de chez elle environ. Elle y séjourna durant huit semaines, période durant laquelle les esprits lui permirent de se reposer, puis elle retourna habiter dans la maison de Dan. M. et Mme White lui proposèrent alors de travailler dans leur restaurant, ce que la jeune fille accepta, et très rapidement les manifestations recommencèrent. Rien ne semblait avoir changé, sauf que maintenant, Bob n’était plus seul.

Walter Hubbell et les Fantômes

Walter Hubbell

M. Walter Hubbell, acteur et écrivain, avait terminé son engagement avec la Dramatic Compagny, quand il décida de se rendre à Amherst, espérant démasquer, si la chose était possible, la supercherie d’Esther Cox, le grand Mystère d’Amherst. Durant son séjour, il devait loger dans la maison de Dan, afin d’assister à tous les phénomènes éventuels.

Le 27 juin 1879, Esther et Olive firent entrer M. Hubbell dans ce qu’il convenait maintenant d’appeler la maison hantée. L’enquêteur posa son parapluie dans un coin de la salle à manger, son cartable sur la table, puis il s’assit dans l’un des fauteuils et attendit que quelque chose se passe. Il se trouvait dans la salle depuis quelques minutes seulement quand soudain, son parapluie passa au-dessus de sa tête puis brusquement, un couteau survola Esther et retomba devant lui. Apparemment, le message était clair, il n’était pas le bienvenu.

M. Hubbell, déçu de l’accueil qui lui était fait, prit son cartable et entra au salon, mais à peine s’était-il installé que quelque chose sembla le maintenir sur son siège, l’empêchant de bouger. Un instant plus tard, son cartable était projeté dans les airs et au même moment, un grand fauteuil traversa la pièce en volant, atterrissant sur lui et l’assommant presque. Agacé, l’enquêteur décida de sortir faire une marche, mais à son retour, les esprits recommencèrent à le harceler sans attendre. A peine était-il entré dans la maison que toutes les chaises du salon, il y en avait sept, tombèrent en même temps. Bien décidé à ne pas rester dans cette pièce, il se rendit à la salle à manger mais immédiatement il eut droit à la même démonstration. Au cours du petit déjeuner, Esther, qui était assise en face de lui, lui fit remarquer que les fantômes ne semblaient pas l’aimer, ce que lui confirma M. Hubbel, soulignant qu’il était venu dans la maison pour enquêter et qu’il comptait bien y rester. A ce moment-là, des martèlements commencèrent à résonner sur la table, et une longue conversation s’en suivit, les esprits répondant, comme à leur habitude, par des coups.

Méfiant, durant toute la discussion l’enquêteur s’arrangea pour que les pieds et les mains d’Esther soient toujours en vue. Les fantômes, brusquement coopératifs, lui donnèrent l’heure qu’indiquait sa montre, les dates des pièces de monnaie qui se trouvaient dans sa poche, et battirent la mesure quand il siffla l’air de  » Yankee Doodle.  » Les chaises continuèrent à tomber jusqu’au diner, puis les manifestations semblèrent faiblir. Après avoir pris son repas, M. Hubbell s’allongea sur le canapé pour faire une sieste, comme à son habitude, et quelques minutes plus tard, Esther pénétra dans la pièce, cherchant apparemment un journal. Toujours aussi suspicieux, l’enquêteur, faisant semblant de dormir, observait ses moindres gestes quand soudain un lourd presse-papier en verre s’envola de l’étagère sur laquelle il se trouvait, à 5 mètres de lui, et s’abattit tout près de sa tête. Fort heureusement, l’objet frappa le bras du canapé et rebondit sur une chaise sur laquelle il resta. Désirant ardemment assister à de nouvelles manifestation, M. Hubbell demanda alors à Esther de rester dans la pièce, ce à quoi elle consentit. A ce moment-là, le jeune George rentra dans la salle et la jeune fille, s’asseyant sur le fauteuil à bascule, prit le petit garçon sur ses genoux puis elle se mit à chanter. Comme l’auteur était là à les regarder, soudain le fantôme enleva l’une des chaussures de l’enfant et la jeta sur lui avec une grande force, le touchant à la tête.

Le lendemain était un dimanche et la maison fut particulièrement paisible. Étrangement, pour une raison que personne ne comprenait, les esprits respectaient ce jour-là mais dès le lundi matin ils recommencèrent à s’agiter, et ils semblaient prêts à tout. Au petit-déjeuner, le couvercle du pot de sucre disparut de la table, et dix minutes plus tard, il tomba du plafond. Après le déjeuner, toutes les chaises furent renversées sur le sol et plusieurs gros matelas dressés dans les chambres. Lorsqu’il rentra au salon, M. Hubbell s’aperçut qu’une plante en pot en pleine floraison avait été déplacée de la baie vitrée où elle se trouvait et placée au centre de la pièce. Près de lui, se trouvait un grand bol en étain rempli d’eau apporté de la cuisine. Apparemment, les esprits semblaient penser que la plante avait besoin d’être arrosée. Au cours de l’après-midi, un grand encrier et deux bouteilles vides furent jetées sur l’enquêteur après quoi les entités entreprirent de déshabiller le petit George. En fin de journée, souhaitant probablement terminer leur spectacle par une manifestation inoubliable, les esprits empilèrent toutes les chaises du salon les unes au-dessus des autres puis, tirant sur une du dessous, ils les firent tomber sur le sol dans un grand fracas. Bob, qui n’était jamais en reste pour se faire remarquer, fit également partir un petit feu dans les escaliers, qui fut rapidement jugulé.

Le mardi matin, quand M. Hubbell prit place à table, il plaça le couvercle du bol de sucre près de son assiette, afin de pouvoir garder un œil sur lui mais l’objet se volatilisa immédiatement. Quelques minutes plus tard, le couvercle se matérialisa brusquement, tombant du plafond à deux mètres de lui.
Puis les fantômes se glissèrent sous la table comme le matin précédent, et ils eurent l’obligeance de produire les sons qui leur furent demandés, imitant parfaitement le bruit d’une scie coupant du bois, celui de tambours et celui de linge sur une planche à laver. Au cours de la matinée, plusieurs couteaux furent lancer sur l’enquêteur, un grand pot de sel qui se trouvait sur la commode de la cuisine apparut sur la table de la salle à manger et une bouilloire qui chauffait sur la cuisinière se retrouva dans la cour, tout comme le beefsteak qui était en train de frire. Après le repas de midi, les esprits s’amusèrent à bouleverser la table, puis au cours de l’après-midi, ils décidèrent de se présenter. Se trouvaient dans la maison ceux qui s’étaient déjà fait connaitre à Saint John, Bob Nickle, Maggie Fisher et Peter Cox, mais également trois nouveaux, Mary Fisher, qui prétendait être la sœur de Maggie, Jane Nickle et Eliza McNeal.

Comme tous les esprits étaient présents au même moment, M. Hubbell en profita pour leur poser de nombreuses questions, auxquelles ils répondirent suivant le système établi, se montrant tous désireux de communiquer. « Avez-vous tous vécu sur la terre? interrogea l’enquêteur.
– Oui.
– Avez-vous vu Dieu?
– Non.
– Êtes-vous allé au le ciel?
– Non.
– Êtes-vous allé en enfer?
– Oui.
– Avez-vous vu le diable?
– Oui. « 

Beaucoup de questions du même genre furent ainsi posées, mais les réponses ne présentant pas un grand intérêt, l’auteur décida de ne pas les rapporter. A l’issue de l’entrevue, l’un des esprits jeta la bouteille d’encre de M. Hubbell sur le sol, en répandant le contenu sur le tapis.

Le lendemain, alors qu’il rentrait dans le salon en compagnie d’Esther, l’enquêteur vit une chaise tomber et se remettre instantanément sur ses pieds. Puis, tout au long de la journée suivante, pour une raison inconnue, les esprits piquèrent la jeune femme avec des broches qui semblaient sortir de nulle part. M. Hubbell en retira une trentaine, de diverses parties de son corps. Au cours de l’après-midi, le chat de la famille fut projeté au loin par l’un des fantômes, et l’animal faillit en mourir de peur. Il traina dans la cour le reste de la journée, semblant toujours être à l’affût, et lorsqu’il croyait voir ou entendre quelque chose, alors sa queue se hérissait, comme le font les queues des chats lorsqu’ils sont effrayés ou en colère. Un peu plus tard, Esther descendit les escaliers et, peut-être par prévenance, une chaise de sa chambre la suivit.

Le 26 juin, quelques allumettes chutèrent du plafond aux pieds de l’enquêteur. Celui-ci étant un grand fumeur, il demanda aux entités de lui en envoyer un peu plus, ce qu’elles firent. Ce jour-là, quarante-cinq allumettes tombèrent du plafond, et quarante-neuf un autre jour. Le 28 juin, le son d’une trompette fut entendu par tous, du petit matin à tard dans la soirée. Le son, très distinct, semblait parfois s’approcher de leurs oreilles. Lorsqu’il arrêta d’en jouer, Bob laissa tomber la trompette sur le sol de l’une des chambres et l’enquêteur la ramassa. En l’observant, il put remarquer qu’elle était composée d’un métal très similaire à l’argent mais tout le monde ignorait comment l’esprit se l’était procurée et son origine resta un mystère.

A cette époque, aucun jour ne passait sans que des objets ne soient jetés dans la maison et la présence de témoins ne semblait pas gêner les esprits. Souvent ils volaient de petits objets, des bas, des chaussures, des couteaux, des fourchettes etc, les faisant disparaitre pendant des jours avant de les laisser tomber dans l’une des chambres, à la stupéfaction de tous. A une occasion, des pièces furent dérobées dans la poche de M. Hunnel, et placées sur ses genoux. Un après-midi, Esther alla visiter le pasteur Temple, qui pria avec elle, lui conseillant également de prier chez elle. Cette visite dut déplaire à certains car lorsque la jeune fille revint chez elle, l’un des esprits, Bob ou Maggie, lui entailla la tête avec un vieil os trouvé dans la cour et lui poignarda le visage avec une fourchette.

Si les esprits s’en prenaient à Esther, ils déchaînaient également leur colère sur l’enquêteur, lançant des couteaux sur lui, le frappant avec de petits objets, mais jamais assez fort pour le faire saigner. Durant le séjour de M. Hubbell, souvent Esther sombra dans un état hypnotique, parlant avec des gens invisibles et dialoguant même avec sa défunte mère. En sortant de ces transes, la jeune fille rapportait avoir été au ciel, parmi les anges.

La nuit, Bob tourmentait souvent Esther, l’empêchant de dormir. A une occasion, Dan réveilla l’enquêteur afin qu’il puisse voir par lui-même ce qui se passait. Intrigué, M. Hubbell le suivit sans se faire prier, ne se doutant pas une seconde du terrible spectacle qui l’attendait. Allongée sur le lit, la malheureuse avait gonflé, son corps était devenu énorme et il bougeait comme si Belzébuth lui-même le possédait. Elle haletait, soufflait, et parfois elle éclatait en sanglots déchirants, criant:  » Oh, mon Dieu, je souhaiteras être morte! Je voudrais être morte!
– Oh, ne dis pas ça Esther, la supplia Olive. Ne dis pas ça.
– Maintenant, M. Hubbell, déclara Jane, vous voyez combien elle souffre.
– Oui, je vois, répondit l’enquêteur. Mais efforçons-nous de la retenir, de sorte que ce démon ne puisse pas la déplacer sur le lit. Alors, peut-être qu’elle ne souffrira pas autant.  » Dan et M. Hubbell tentèrent alors de la maintenir sur le lit, mais ce fut en vain.  » Eh bien, fit alors remarquer l’enquêteur. Un fantôme est certainement plus fort que deux hommes. Êtes-vous surs qu’on ne peut rien faire pour la soulager?
– Non, répondit Olive. Le Dr Caritte a tout essayé sur elle, sans jamais lui offrir le moindre soulagement. La médecine n’a pas plus d’effet que de l’eau sur elle. « 
Cette nuit-là, Jane, Olive, Dan et l’enquêteur restèrent avec elle pendant environ trois heures, au cours desquelles Esther continua à se déplacer sur le lit, après quoi l’esprit la quitta et elle tomba dans un état de léthargie, épuisée. Durant le séjour de l’enquêteur, la jeune fille connut plusieurs épisodes de ce genre, que de nombreux témoins vinrent constater.

En juin 1879, Esther Cox partit en tournée avec Walter Hubbell et John White, afin de donner des conférences sur son cas. Malheureusement, ils durent rentrer chez eux après deux engagements seulement, suite aux réactions hostiles de certains des spectateurs, qui faillirent dégénérer en émeutes.

Vers la fin du mois de juillet, les manifestations devinrent si violentes qu’il devint dangereux de garder Ester dans la maison. Des incendies éclataient continuellement, des chaises se brisaient contre les murs, les draps de lit étaient arrachés en pleine journée, les canapés se renversaient, des couteaux et des fourchettes étaient jetés tellement forts qu’ils se plantaient dans les portes, la nourriture disparaissait de la table, des traces de doigts apparaissaient dans le beurre et, pire que tout, des voix étranges pouvaient être entendues en plein jour, appelant les habitants de la maison. Durant cette période, la jeune fille travailla un moment pour Arthur Davison, mais quand sa grange brula, l’homme l’accusa d’y avoir mis le feu. Esther fut alors reconnue coupable d’incendie criminel et condamnée à quatre mois de prison. Elle fut libérée au bout de quatre semaines.

La situation était infernale. Les fantômes continuaient à gagner en puissance, prenant peu à peu possession de la maison. William Cox et John Teed avait déjà quitté les lieux, littéralement chassés par les esprits, et il ne restait plus que Dan, Olive, Jane, Esther, l’enquêteur et les enfants. A leur grand désespoir, les parents d’Esther ne voyaient plus qu’une solution. Même s’ils l’aimaient tendrement, la jeune fille devait quitter la maison. Alors un matin, après avoir emballé toutes ses affaires, Esther embrassa ses sœurs et elle partit pour ne jamais revenir.

Après son départ, la maison de Dan retrouva la paix. La jeune fille retourna vivre chez ses amis, les Van Amburgh, dans leur ferme dans les bois, et comme lors de son premier séjour, les esprits arrêtèrent de la tourmenter. Suite à son enquête, Walter Hubbell écrivit un livre sur l’histoire d’Esther, The Haunted House: A True Ghost Story, qui devint rapidement populaire. Publié en 1879, il en vendit 55 000 exemplaires. Ce livre continue à être réédité de nos jours. Le 3 mars 1882, Esther se maria à Adam Porter, à Springhill, en Nouvelle-Écosse. Il semble qu’aucun esprit ne l’ait jamais importunée par la suite. Elle mourut le 8 Novembre 1912 à Brockton, dans le Massachusetts.

Source: The Haunted House: A True Ghost Story de Walter Hubbell.

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