Une Crise Très Étrange

Bonsoir, l’histoire que je m’apprête à vous raconter est entièrement vraie. Elle s’est déroulée il y a de ça 2 mois maintenant.

Je m’appelle Pierre, je suis agent d’intervention pour un groupe de sécurité privée. Mon travail est d’intervenir sur des alarmes intrusion, agression et incendie dans une ville bien connue du sud de la France. Je me déplace en voiture de service et effectue des levées de doutes dans divers endroits où les alarmes retentissent.

Je travaille seul, et mes vacations vont généralement de 18h à 6h du matin. Un soir, à 21h30, le poste de contrôle et de sécurité m’appelle pour me prévenir qu’une alarme intrusion retentit au sein d’un grand garage auto Audi-Volkswagen. Je démarre la voiture et m’y rends en une quinzaine de minutes.

Arrivé devant le garage, qui est à deux pas d’une cité, je descends de la voiture, ouvre le coffre, fouille les caisses de clés à l’intérieur pour y trouver celle correspondant au garage auto.

À une cinquantaine de mètres de moi se situe un terrain de jeu pour enfants, composé de deux cages de foot et de deux paniers de basket. Il y a des enfants qui jouent dessus, mais ils sont hors de ma portée visuelle. Je les entends rire et tout est plutôt calme. Je continue de chercher les clés, mais j’entends que les enfants commencent à chahuter de plus en plus bruyamment. Parmi les enfants, j’entends surtout une voix de petite fille, qui commence à crier de plus en plus fort.

Interloqué par ses cris qui devenaient de plus en plus stridents, je me retourne et vois deux petits garçons, âgés d’une dizaine d’années, entrain de courir sur la route vers ma direction, d’un air inquiet. Une fois arrivés à ma hauteur, je les arrête et leur demande ce qu’ils font à courir sur la route, que c’est dangereux.

L’un d’entre eux me dit que sa sœur est en train de faire une crise, et il me demande si je n’ai pas de l’eau à lui donner.

Je lui réponds qu’il m’est interdit de donner à boire ou à manger à qui que ce soit pendant mes interventions, mais que je vais l’aider. L’assistance à personnes est une des priorités dans mon travail.

Je cherche donc à prévenir le PC (poste de contrôle) que je mets mon intervention en attente pour cause d’assistance à personne, mais impossible de les joindre à cause du nombre d’alarmes important qu’ils ont à gérer.

Je demande aux enfants de me guider jusqu’à leur sœur, et une fois arrivé devant le terrain de jeu, à peu près une dizaine d’enfants sont présents et paniqués. Il s’agit des frères et sœurs. Je vois une maman assise sur un banc, entrain de tenir la fille en question contre elle. La fille crie, crie, et crie de plus en plus fort, les larmes aux yeux, l’air tétanisé. La maman essaie de la calmer, de lui parler, mais rien n’y fait. Je pose donc diverses questions à la mère sur sa fille, dont l’âge est de 14 ans :

Prend-elle un traitement ? Est-elle malade ? A-t-elle bu, mangé, ou pris quelque chose d’inhabituel ? A-t-elle trébuché ? L’a-t-on frappée ? A-t-elle déjà été confrontée à ce genre de crise par le passé ?

La maman répond non à toutes mes questions, me dit qu’ils sont une famille de musulmans pratiquants, qu’ils ne consomment rien d’illégal, font attention à leur alimentation, et que c’est la toute première fois.

Elle était en train de jouer tranquillement avec tous les autres et s’est arrêtée subitement pour se mettre à hurler. Je demande donc à la mère si elle souhaite que j’appelle les pompiers, les cris de la petite étant de plus en plus insupportables. Elle me répond que oui. Je les avertis donc de la situation, et les pompiers sont en route.

Dans les cinq minutes, le père de famille nous rejoint et constate l’état de sa fille.

À savoir que la petite n’arrive pas à avoir de contact visuel avec qui que ce soit, elle suit inlassablement quelque chose du regard derrière nos visages. Elle hurle des choses étranges :

« Papa, maman, aidez-moi ! C’est qui ? C’est qui ?! Non, arrête ! C’est qui lui ? Papa, aide-moi ! Non ! Sauvez-moi je vous en supplie ! », le tout en suivant cette « chose » du regard derrière son père, qui était debout face à elle.

Le père commence à s’inquiéter de plus en plus. Il enlève son t-shirt, essaie de la ventiler, lui parle :

« Allez ma fille, arrête ! Tu me fais quoi ? Arrête ! Tu commences à m’inquiéter ! ».

Je le rassure en lui disant que les pompiers sont en chemin et qu’il faut rester calme, même si c’est dur.

D’un coup, il prend son téléphone et appelle quelqu’un. De ce que je comprends, il s’agit d’un oncle de la famille.

Quelques minutes plus tard, l’oncle arrive, et ce que je vois à partir de là ne m’est jamais arrivé de toute ma vie, et dépasse l’entendement.

Il s’assoit sur le banc, prend doucement la tête de la fille contre lui, et se rapproche de son oreille.

Il commence à chanter le Coran, à le réciter. À partir de là, la petite se met littéralement à se tordre, et commence à crier « Non, arrête ! Non ! Non ! Non ! Non ! », d’une voix plus grave, plus autoritaire, et plus agressive.

Trois membres de la famille tentent de la maintenir pour ne pas qu’elle se blesse à cause de ses bras et de ses jambes qui commencent à partir dans tous les sens. Pendant les prières à voix basse de l’oncle, son père lui verse de l’eau sur la tête, et la fille s’écrie, d’une voix grave :

« Arrête, je n’aime pas l’eau ! Je ne veux pas d’eau, je n’aime pas ça, je n’aime pas l’eau je t’ai dit, arrête ! »

De temps à autres, revient à elle-même : « Aidez-moi, je vous en supplie, sortez-moi de là ! Papa, maman… », le tout sans arriver à nouer de contact visuel.

À l’arrivée des pompiers environ trente minutes plus tard, la petite était encore dans le même état, les hurlements n’avaient pas cessé et la famille semblait désemparée.

Les secours ont procédé à une anesthésie pour l’endormir et l’emmener en sécurité à l’hôpital pour l’examiner.

J’ai été vivement remercié par la famille et je n’ai pas gardé contact avec. J’ai été très remué à la suite de cette histoire, et l’écrire fait du bien. J’espère que cette petite va mieux aujourd’hui. Je n’ai pas la certitude exacte de ce à quoi j’ai assisté, ni les causes, ni les raisons. Mais j’ai prié.

La vérité n’appartient qu’à Dieu.

Tout ce que je peux rapporter de cette expérience est que je n’ai jamais ressenti une atmosphère aussi pesante que celle-ci.

J’ai vu beaucoup de choses dans ma vie, violence, armes, bagarres… et je ne me laisse pas intimider facilement. Mais ce frisson, croyez-moi, ce frisson qui parcourait mon corps devant cette scène était indescriptible.

Pierre.

Partager:
Subscribe
Me prévenir
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments