Les Fantômes d’Alcatraz

L'ile d'Alcatraz

Sur l’ile d’Alcatraz se trouvait autrefois une prison de haute sécurité dont il était, disait-on, impossible de s’échapper. Les plus dangereux criminels des États-Unis y étaient enfermés et les plus folles des rumeurs couraient sur les tortures qui se pratiquaient dans l’obscurité de ses donjons souterrains.
Aujourd’hui, la prison d’Alcatraz n’est plus qu’un souvenir, celui d’une époque révolue, dont chaque année des milliers de visiteurs foulent nonchalamment les vieilles pierres balayées par le vent. Mais parfois, à la nuit tombée, se dresseraient dans les ténèbres les silhouettes des hommes qui contribuèrent à construire son histoire. La légende raconte qu’ils n’en seraient jamais partis.

L’Histoire

Le San-Carlos

En 1772, des explorateurs espagnols longeaient la côte américaine quand ils découvrirent cinq petites iles, dont trois qui formaient un triangle. En juin 1775, comme ils souhaitaient construire un port à cet endroit, le Lieutenant de frégate Don Juan Manuel de Ayala se rendit sur la première ile, une grande étendue verdoyante qu’il baptisa la Isla de Los Angeles, puis, même si elle semblait correspondre à leurs attentes, il décida d’inspecter la suivante, dont les amérindiens disaient qu’elle était maudite. Quand il débarqua sur le petit rocher, il était si aride et si escarpé que le Lieutenant comprit immédiatement qu’il ne conviendrait pas. Il la surnomma la Isla de los Alcatraces, l’île des Albatros, en raison de leur abondance à cet endroit.

Pendant des années, les espagnols conservèrent le contrôle de ces iles puis, en juin 1846, Pio Pico, gouverneur du Mexique, décida de céder la Isla de los Alcatraces à Julian Workman, gouverneur de Californie, qui était l’un de ses amis personnels, à condition qu’il y fasse construire un phare de navigation le plus rapidement possible. Peu de temps après, l’ile fut rachetée par John Charles Fremont, gouverneur militaire de Californie, pour le compte du gouvernement et en 1850 le président Millard Fillmore ordonna qu’une base militaire y soit construite pour protéger la Californie, qui venait tout juste de rejoindre les États-Unis. John Fremont espérait recevoir une belle compensation pour avoir acheté et sécurisé Alcatraz, mais le gouvernement invalida la vente et il toucha rien. Lui et ses héritiers lancèrent de nombreuses procédures visant à se faire rembourser, en vain.

L’année suivante, de l’or fut découvert en Californie, ce qui entraina la fameuse ruée vers l’or et incita l’armée à étudier le déploiement de batteries côtières pour protéger la baie de San Francisco. En 1853, sous la direction de Zealous Bates Tower, des ingénieurs de l’armée commencèrent à fortifier l’ile et en 1854, un phare, le premier de la côte Pacifique, y était construit. Ces travaux se poursuivirent jusqu’en 1858, donnant naissance à la forteresse d’Alcatraz. Vers la fin de la même année s’y installait la première garnison, composée de 200 hommes et 11 canons.

En 1861 éclata la guerre civile américaine. En raison de son isolement et des forts courants d’eaux glacées qui entouraient l’ile d’Alcatraz, la citadelle fut alors utilisée pour y enfermer des soldats confédérés, des sudistes, des corsaires et des prisonniers de guerre. A cette période, le nombre de détenus était relativement bas, il ne dépassait pas la cinquantaine, mais la surpopulation posait déjà un problème. Comme rien n’avait été pensé pour ces hommes, ils étaient confinés dans les sous-sols obscurs du poste de garde et leurs conditions de vie étaient des plus précaires. Ils dormaient à même le sol, entassés dans une même pièce, sans eau courante, sans chauffage et sans latrines, ce qui provoquait de nombreuses épidémies et infestations de poux. En cas de rébellion, le contestataire était attaché par des chaines de fer reliées à un boulet et il rejoignait une cellule d’isolement où il bénéficiait d’un régime spécial constitué de pain et d’eau.

En 1866, une fois la guerre terminée, des travaux furent effectués pour tenter de moderniser les fortifications et les canons rendus obsolètes par les progrès de la technologie militaire. Puis, comme des hommes continuaient à être incarcérés sur l’ile, en 1867, une prison de briques y fut bâtie et l’année suivante, elle était officiellement désignée comme centre de détention pour prisonniers militaires. Au cours des années 1870 et 1880, les chefs indiens qui résistaient à la colonisation furent incarcérés à Alcatraz, partageant leurs leurs cellules avec les confédérés capturés sur la côte ouest.

Prisonniers Alcatraz
Prisonniers militaires et Indiens Hopi à Alcatraz

En 1898, la guerre hispano-américaine fit passer la population carcérale de 26 détenus à plus de 450, la citadelle devenant pour un temps le lieu de rétention des prisonniers espagnols capturés aux Philippines. Au début du 20e siècle, la prison voyait défiler entre ses murs 500 hommes par an, pour la plupart des prisonniers militaires qui purgeaient de petites peines de deux ans ou moins, mais l’ile servait également de centre de soin aux soldats qui revenaient des Philippines ou de Cuba.

En 1904, l’air marin ayant rongé le bois de différents édifices, il fut donc décidé de moderniser l’installation et des prisonniers militaires furent réquisitionnés pour effectuer les travaux qui s’étalèrent sur plusieurs années. Le 18 avril 1906, un violent tremblement de terre ravagea San Francisco, le laissant en ruine, et les détenus civils de la prison de la ville furent transférés à Alcatraz, le temps que leurs bâtiments soient reconstruits.

Le 21 mars 1907, l’armée quitta la citadelle et Alcatraz devint officiellement une prison militaire. Puis, en 1909, commença la construction, toujours assurée par des prisonniers militaires, d’un grand bloc de béton proposant 600 cellules, une cuisine, un réfectoire, une bibliothèque, des magasins, une infirmerie, un lavoir et des bureaux. Pour accueillir ce nouveau bloc cellulaire, les deux étages supérieurs d’une caserne furent démolis, ne laissant que le rez de chaussée. La structure originelle avait été construite dans une fosse, et par conséquent, le rez de chaussée devint le sous-sol du nouveau bâtiment, et des cellules d’isolement y furent aménagées. Selon le National Park Service, lorsque ce nouveau complexe fut terminé, en 1912, il était le plus grand bâtiment en béton armé du monde. Il n’allait pas tarder à être connu sous le surnom The Rock (Le Rocher).

Durant la Première Guerre Mondiale, outre des soldats, étaient également incarcérés à Alcatraz des objecteurs de conscience et des marins allemands. Les prisonniers militaires étaient jeunes, ils avaient 24 ans en moyenne, et la plupart purgeaient des peines de courte durée pour désertion ou des délits de moindre importance. Cependant, il n’était pas rare de trouver des soldats condamnés à des peines plus longues pour des crimes plus graves comme insubordination, agression, vol ou assassinat. Les cellules n’étaient utilisées que pour dormir mais les détenus pouvaient néanmoins s’y rendre quand ils le désiraient. Ils étaient séparés en trois catégories en fonction de leur conduite et de leurs crimes, et suivant leur niveau, certains privilèges leur étaient accordés. Par exemple, les prisonniers de troisième classe n’étaient pas autorisés à emprunter des livres à la bibliothèque, à recevoir des visiteurs ou des lettres de leurs parents et ils devaient rester silencieux en permanence. Ceux qui violaient ces règles s’exposaient à des mesures disciplinaires. Ils pouvaient descendre de catégorie, être assignés aux travaux les plus difficiles, se retrouver condamnés à trainer une chaine de 5kg aux pieds, être enfermés en isolement ou se retrouver au pain et à l’eau. Par contre, ceux qui montraient un comportement exemplaire, les détenus de première et seconde classes, pouvaient circuler librement dans l’enceinte de la prison, seuls les quartiers des gardes leur étant interdits.

L’établissement avait la réputation d’être difficile, le règlement y était strict, les peines sévères, mais la sécurité y était minimale. Les détenus recevaient diverses affectations, qui variaient selon leurs compétences, mais beaucoup d’entre eux travaillaient comme domestiques, s’occupant de la cuisine, du ménage ou même des enfants des familles de soldats logées à Alcatraz. Ils partageaient cette tâche avec les nombreuses familles chinoises qui résidaient sur l’ile et qui constituaient la majeure partie de la population civile.

Fleurs Alcatraz1920
Alcatraz dans les Années 20

Parmi les affectations les plus prisées, se trouvaient celle de paysagiste, qui venait tout juste d’être créée. Certains habitants de la ville s’étant plaints de la prison militaire, ils trouvaient que la vue du bâtiment sur l’ilot rocailleux gâchait la baie de San Francisco, l’armée avait fait venir de la terre d’Angel Island et en avait recouvert le sol d’Alcatraz. Plusieurs des prisonniers avaient reçu une formation de jardinier et ils avaient planté de nombreuses variétés de fleurs décoratives afin de donner à l’ile un aspect plus agréable. Les jardins étaient si beaux que leur entretien était devenu l’une des occupations favorites des condamnés.

Vu la liberté qui leur était accordée, les détenus tentaient souvent de s’échapper mais aucun de ceux qui s’y essayèrent n’atteignit jamais le continent. La plupart du temps, ils étaient contraints de rebrousser chemin et souvent ils ne devaient leur vie qu’aux secours venus les repêcher. Certains ne revenaient jamais, et parfois leurs corps étaient retrouvés dans les eaux tourmentées de la baie. La mer glacée qui cernait la petite ile était réputée infranchissable, mais les prisonniers se montraient créatifs. Lors de la grande épidémie de grippe de 1918, des détenus volèrent des masques de protection et des uniformes d’officiers puis ils se mêlèrent au détachement militaire qui partait pour le lancement d’une base. Ils réussirent à parcourir une bonne partie du chemin, mais malheureusement, ils furent démasqués à Modesto, et renvoyés dans leurs quartiers.

Au fil des décennies, le règlement de la prison s’était assoupli et les activités récréatives étaient de plus en plus fréquentes. Vers la fin des années 1920, des prisonniers furent autorisés à construire un terrain de baseball et chaque vendredi soir, l’armée organisait des combats de boxe, choisissant les participants parmi les détenus des baraquements disciplinaires. Ces combats étaient si populaires qu’ils attiraient souvent des visiteurs du continent qui parvenaient, d’une manière ou d’une autre, à obtenir des invitations.

La Grande Dépression avait provoqué une forte hausse de la criminalité, qui était rentrée dans l’ère du crime organisé. Le gangstérisme était en plein essor, la violence atteignait des paroxysmes et les forces de police devaient fréquemment se replier face à des gangs mieux équipés qu’eux. Des truands exerçaient impunément leur influence sur certaines grandes villes américaines, et le procureur général Homer Cummings, soutenu par J. Edgar Hoover et le FBI, voulait faire construire une nouvelle prison qui glacerait d’effroi les criminels. En 1933, lorsque l’armée se résigna à fermer Alcatraz en raison d’une augmentation de ses couts opérationnels, les deux hommes réalisèrent que la vieille citadelle était l’endroit idéal pour leur nouvelle prison. Ils espéraient qu’elle deviendrait un symbole, l’avertissement que tous craindraient. Sanford Bates, le chef des prisons fédérales et Homer Cummings dirigèrent le projet, donnant des directives précises sur ce qu’ils souhaitaient, et Robert Burge, l’un des plus éminents spécialistes de la sécurité nationale, fut mandaté pour aider à concevoir une prison d’où il serait impossible de s’échapper.

Les travaux débutèrent en avril 1934 et quelques mois plus tard, la prison d’Alcatraz était prête à recevoir les plus redoutables criminels des États-Unis. L’électricité avait été acheminée dans chaque cellule, tous les tunnels sous-terrains avaient été cimentés pour éviter qu’un prisonnier ne s’y dissimule, les barreaux de fer des fenêtres avaient été remplacés par des barres en acier trempé, les portes avaient été équipées de serrures électriques et de longues galeries sécurisées surplombaient les blocs cellulaires, permettant à des gardiens armés de superviser les prisonniers tout en restant hors de portée. Des bidons de lacrymogènes, pouvant être activés à distance, avaient été installés de façon permanente dans le plafond de la salle à manger, des tours de garde avaient été stratégiquement disposées autour de l’ile, et des détecteurs de métaux électromagnétiques avaient été placés à l’extérieur de la salle à manger et dans certains couloirs.
La prison proposait 600 cellules, dont aucune ne touchait le mur d’enceinte, mais seuls 300 prisonniers, qui devaient occuper les blocs D, B et C, étaient prévus. Si un détenu parvenait à creuser un tunnel pour s’enfuir de sa cellule, encore devrait-il trouver ensuite un moyen pour sortir de la prison.

Le procureur général avait demandé à James A. Johnston, un homme qui  était connu pour sa rigueur mais également pour son approche humaniste du milieu carcéral, de prendre la direction de la nouvelle prison. Au cours de ses douze années d’exercice au sein de divers établissements, il avait mis en place un programme de réinsertion qui proposait aux détenus de recouvrer dignité et reconnaissance à travers le travail. Bien qu’ils ne soient pas rémunérés financièrement, les prisonniers étaient récompensés par des réduction de peine, ce qui les motivait à se porter volontaires pour les différentes taches proposées, comme l’amélioration des routes par exemple. Dans le dernier établissement qu’il avait dirigé, Johnston avait également instauré plusieurs programmes éducatifs qui avaient fait leurs preuves. Mais, d’un autre côté, les règles de conduite qu’il imposait étaient parmi les plus rigides du système correctionnel et des peines sévères étaient infligées à ceux qui défiaient l’autorité pénitentiaire.

James Johnston
James Johnston

En tant que nouveau directeur d’Alcatraz, James Johnston put choisir ses futurs gardiens dans l’ensemble du système carcéral, puis, en collaboration avec Sanford Bates, il établit quelques principes selon lesquels la prison devrait fonctionner. Pour commencer, aucun homme ne devrait être directement condamné pour Alcatraz, mais son transfert devrait découler de sa mauvaise conduite au sein d’un autre établissement. Les détenus qui souhaitaient un avocat pour les représenter durant leur incarcération devraient le demander au procureur général. Tous les privilèges seraient limités et personne ne se verrait attribuer de libertés particulières. Les droits de visite devraient se mériter, et aucun ne serait accordé durant les trois premiers mois au sein de l’établissement. Toutes les visites devraient directement être approuvées par le directeur, et leur nombre serait limité à une par mois. Les détenus auraient un accès restreint à la bibliothèque de la prison, mais pas aux journaux, radios, ou autre source de lecture non approuvée. La réception et l’envoi du courrier seraient considérés comme des privilèges, et toutes les lettres rentrantes et sortantes seraient recopiées à la machine à écrire après censure par les autorités.
Le travail serait une faveur et non un droit, et les affectations des détenus devaient être évaluées d’après leur conduite. Chaque condamné aurait sa propre cellule, de la nourriture, de l’eau, des vêtements et des soins si nécessaire. Tous les prisonniers devraient se déplacer d’un endroit à l’autre en formation unifiée, et n’avoir aucun contact avec l’extérieur.

Les gardiens des différents pénitenciers fédéraux furent alors interrogés et autorisés à envoyer leurs éléments les plus récalcitrants dans la nouvelle prison. En juillet 1934, il ne restait que 32 prisonniers militaires qui purgeaient encore leur peine à Alcatraz mais dès le mois d’août, la prison ouvrit ses portes aux nouveaux détenus. Parmi eux se trouvait des hommes qui avaient des problèmes de comportement, ceux qui avaient tenté de s’évader, et des invités de marque, qui bénéficiaient souvent de privilèges en raison de leur notoriété. Chaque prison semblait avoir envoyé sa célébrité. Ainsi, parmi les premiers résidents, se trouvaient Al Capone, Doc Barker, qui était le dernier membre encore en vie du gang de Ma Barcker, George Kelly, dit Machine Gun, Robert Stroud, surnommé Birdman of Alcatraz, Floyd Hamilton, membre d’un gang et chauffeur de Bonnie and Clyde, et Alvin Karpis, dit le Creepy.

Arrivée des premiers prisonniers en août 1934
Arrivée des premiers prisonniers en août 1934

Les prisonniers qui débarquaient sur l’ile étaient conduits vers le haut de la colline dans une petite camionnette de transfert puis amenés au sous-sol où leur étaient fournis quelques produits de première nécessité et où ils pouvaient prendre une douche. James Johnston aimait à rencontrer les nouveaux arrivants et quand ils se présentaient à Alcatraz pour la première fois, il aidait généralement à leur orientation. Ce jour-là, regardant la file des prisonniers, le directeur reconnut Al Capone qui discutait tranquillement avec les autres détenus, un sourire au coin de la bouche. Il espérait encore bénéficier du même traitement de faveur qu’au pénitencier d’Atlanta, où il jouissait de nombreux passe-droits. Il n’était pas resté longtemps en prison mais il avait réussi à soudoyer certains gardes, dont les salaires n’étaient pas très élevés, obtenant ainsi de l’aide pour ses rackets internes, organisant à sa convenance les visites de sa famille et de ses amis, aménageant sa cellule selon ses gouts et parvenant même à se procurer de la lecture prohibée et de l’alcool de contrebande.

Al Capone
Al Capone

Durant son séjour de quatre ans et demi à Alcatraz, Al Capone fit de nombreuses tentatives infructueuses pour obtenir des privilèges, il connut l’isolement à plusieurs reprises et il occupa divers emplois. Sa célébrité ne l’aidait en rien, bien au contraire, car de nombreux prisonniers cherchaient à se mesurer à lui, le provoquant régulièrement, ce qui valut d’ailleurs un séjour au trou et un autre à l’hôpital.

Peu de temps après son arrivée sur l’ile, sa femme lui avait apporté un banjo, Al Capone avait appris à en jouer et il se montrait habile. Alors, quand l’administration le dispensa de promenade, pour l’épargner après plusieurs combats dans la cour, il rejoignit le groupe de musique de la prison, dont George Kelly était le batteur. Après les répétitions, il regagnait immédiatement sa cellule, évitant ainsi de côtoyer les autres détenus. Puis il déclara la syphilis, une maladie qu’il portait en lui depuis des années, et peu à peu, il sombra dans la folie. Parfois, les gardes le retrouvaient dans un coin de sa cellule, accroupit comme un animal, ou bien il marmonnait de façon incompréhensible et refaisait son lit une multitude de fois. Il passa la dernière année de son séjour à Alcatraz confiné dans une chambre d’hôpital, jouant de petits airs sur son banjo. Puis, le 6 janvier 1939, il fut transféré à la prison de Terminal Island, en Californie du Sud, pour y purger le reste de sa peine, avant d’être libéré sur parole. Il vécut reclus dans sa maison de Floride jusqu’à sa mort, en 1947.

La vie à Alcatraz était austère. La prison était un lieu de pénitence et les détenus n’avaient que cinq droits: une cellule individuelle, de la nourriture, des vêtements, une douche une fois par semaine et la possibilité de voir un médecin. Les cellules étaient toutes identiques. Elles mesuraient à peine plus d’un mètre sur deux et elles étaient équipées d’un lit superposé rabattable, d’un bureau, d’une chaise, d’un évier et de toilettes. Les nouveaux arrivants se voyaient généralement attribuer une cellule au deuxième étage du Bloc B, et ils étaient placés en quarantaine durant leurs trois premiers mois de détention.  Si leur sort pouvait sembler peu enviable, ceux dont la cellule donnait sur l’allée principale de la prison, que les détenus avaient baptisé Broadway, avaient également des raisons de se plaindre. Construites au rez de chaussée, ces cellules étaient froides, humides et elles manquaient cruellement d’intimité car tout au long de la journée des prisonniers, des gardiens, et d’autres membres du personnel passaient devant elles.

Broadway et une cellule type
Broadway et une cellule type

Alors que dans les autres établissements pénitentiaires le ratio était d’un garde pour douze prisonniers, à Alcatraz, il était d’un pour trois et en raison de leur petit nombre, les gardiens connaissaient tous les hommes par leurs noms. Les détenus, qui étaient comptés douze fois par jour, étaient surveillés de près. Tous les matins, ils étaient réveillés à 6h30, puis ils avaient 25 minutes pour ranger leur cellule avant de se présenter pour l’appel. A 6h55, les cellules étaient ouvertes l’une après l’autre et les prisonniers devaient se diriger en file indienne jusqu’au mess. Ils avaient ensuite 20 minutes pour prendre leur petit déjeuner avant de rejoindre leur poste de travail.

Au cours des premières années, James Johnston fit appliquer une politique de silence, n’autorisant les condamnés à ne parler que quelques minutes par jour et deux heures le week-end. Beaucoup considéraient cette règle comme la plus cruelle des sanctions et certains refusaient de s’y plier. A son arrivée, Al Capone décréta que ce point du règlement ne s’appliquait pas à lui et cette prétention lui valut deux séjours en isolement.
Certains vivaient tellement mal ce silence imposé qu’ils en perdaient l’esprit. Ainsi, en 1937, 14 des prisonniers furent déclarés fous, ce qui, pour le directeur, était surtout un prétexte pour ne pas aller travailler. Cependant, si certains simulaient, d’autres semblaient vraiment présenter des signes de maladie mentale. Lorsque Joe Bowers tenta de s’égorger en utilisant une paie de lunettes cassées, il reçut les premiers soins puis fut jeté au trou. Malheureusement, ce traitement ne régla en rien ses problèmes car dès sa sortie d’isolement, il s’enfuit et escalada une clôture grillagée, ignorant les gardes qui lui tiraient dessus. Son corps s’écrasa 25 mètres plus bas, sur les rochers. Ed Wutke, un ancien marin qui avait été envoyé à Alcatraz pour meurtre, réussit à se trancher mortellement la veine jugulaire avec la lame d’un taille-crayon.

Un jour, Rufe Persful, un ancien braqueur de banque, travaillait dans l’un des ateliers quand brusquement il s’empara d’une hache et plaçant sa main gauche sur un bloc de bois, il se coupa les doigts en riant. Puis, avisant le garde, il mit sa main droite au même endroit et lui demanda de lui trancher les doigts. Suite à cet incident,  la règle du silence fut quelque peu assouplie mais ce fut l’un des rares changements politiques de l’histoire de la prison.

Rufe Persful
Rufe Persful

L’ile d’Alcatraz avait sinistre réputation et elle était connue du public comme L’Ile du Diable. James Johnston gardait les médias à distance et, quand d’anciens détenus étaient libérés, généralement après avoir terminé leur peine dans d’autres établissements, ils racontaient les plus horribles des histoires sur les brutalités qu’ils avaient endurées durant leur incarcération. La plupart de ces rumeurs concernaient le Bloc D, qui proposait quarante-deux cellules d’isolement où étaient enfermés ceux qui enfreignaient le règlement.
Pour les fautes les moins graves se trouvaient trente-six cellules en tous points identiques aux autres. Les détenus qui y étaient condamnés n’étaient autorisés qu’à une seule promenade par semaine et à deux douches. Les repas étaient servis dans les cellules, et la lecture était tolérée.
A l’étage inférieur, se trouvaient également cinq cellules surnommées Le Trou. Ces petites pièces sans fenêtre disposaient d’un lavabo, d’un WC, d’une ampoule de faible puissance et d’un matelas, qu’un gardien venait déposer le soir et reprenait au petit matin. Les détenus pouvaient y passer jusqu’à dix-neuf jours et cette sanction était particulièrement redoutée.
Puis venait une cellule unique, l’Orientale. L’Orientale était une pièce sombre sans toilettes ni évier. Les hommes y étaient enfermés nus et ils étaient mis à la diète. Plongés dans l’obscurité en permanence, leurs repas leur étaient servis par une petite trappe qui s’ouvrait dans la porte d’acier. En cas de nécessité, un trou dans le sol pouvait être utilisé, qui ne pouvait être vidé qu’avec l’accord d’un garde. Un séjour dans l’Orientale constituait la plus terrible des peines de l’établissement.

Le Bloc D et cellule d'isolement
Bloc D et intérieur d’une cellule d’isolement

Des rumeurs rapportaient que les hommes jetés au trou étaient battus par les gardiens et que leurs cris résonnaient dans le Bloc D qui les amplifiait comme un mégaphone. Quand les détenus des blocs B et C les entendaient, alors ils se mettaient à faire tellement de bruit qu’il retentissait sur toute l’ile. Souvent, quand ils émergeaient de la pénombre, les condamnés en sortaient fous ou malades, et certains n’en revenaient jamais. Mais d’après certains, il y avait pire encore. En face du Bloc A, était un escalier qui débouchait sur une grande porte en acier. Derrière cette porte, les couloirs des catacombes menaient aux donjons, où se trouvaient des pièces obscures et humides. Les prisonniers condamnés aux donjons étaient dévêtus et enchainés aux murs de dix heures du matin à dix huit heures. Une tranche de pain et deux tasses d’eau constituaient leur ordinaire et tous les trois jours un repas normal leur était gracieusement distribué. Personne ne sait vraiment si les donjons d’Alcatraz ont réellement existé et en l’absence de preuves ou de témoignages, ils restent donc une légende.

Henri Young
Henri Young

En 1941, Henri Young fut jugé pour l’assassinat de Rufus McCain, son codétenu et complice dans une tentative d’évasion manquée. Ses avocats déclarèrent alors que le prisonnier recevait continuellement de coups de la part des gardiens et qu’il avait été isolé dans des conditions extrêmes durant de longues périodes.

Young était un braqueur de banque, preneur d’otage et assassin, qui avait été incarcéré à Alcatraz en 1936. Il était un détenu difficile qui défiait et provoquait régulièrement des combats avec ses codétenus. Young et Rufus avaient tous deux passés vingt-deux mois en isolement suite à une tentative d’évasion qui avait couté la vie au célèbre gangster Doc Barker.
Quand les deux hommes sortirent d’isolement, McCain fut affecté à l’atelier de couture et Young à la fabrication de meubles, qui se trouvait juste en haut des escaliers. Le 3 décembre 1940, juste après l’appel de dix heures, Young descendit en courant et plongea violemment un couteau dans le cou de Rufus McCain. Le malheureux s’effondra sur le sol, en état de choc, et mourut cinq heures plus tard. Jamais Young ne voulut expliquer son geste.

Au cours de son procès, ses avocats affirmèrent que leur client ne pouvait être tenu pour responsable de ses actes car il avait été placé en isolement strict pendant trois ans, ce qui était, expliquaient-ils, une peine cruelle et inusitée. Ils supposaient qu’il était devenu violent en réponse aux tourments qu’il avait du supporter pendant toutes ces années.
James Johnston dut se présenter à la barre pour expliquer les conditions de vie à Alcatraz, et plusieurs détenus furent également cités à comparaitre pour décrire leur expérience. Ils rapportèrent alors les nombreuses rumeurs qui tournaient dans la prison, affirmant que certains détenus étaient enfermés dans les donjons, au sous-sol, et qu’ils y étaient sévèrement battus par les gardes. Ils déclarèrent connaitre de nombreux hommes qui étaient devenus fous après de tels traitements et leurs témoignages attirèrent la sympathie des membres du jury, qui déclarèrent l’accusé coupable d’homicide involontaire. A la fin du procès controversé d’Henry Young, le Bloc D fut entièrement rénové.

Robert Stroud, surnommé The Birdman of Alcatraz (L’Homme aux oiseaux d’Alcatraz), fut l’un des rares prisonniers à être directement placé en isolement et à purger toute sa peine au Bloc D. Sur ses dix-sept ans passés à Alcatraz, jamais il ne rejoignit le reste des condamnés. Auparavant, tout comme Al Capone, Stroud avait bénéficié de nombreux privilèges dans la prison de Leavenworth, au Kansas, où il était incarcéré.

Robert Stroud
Robert Stroud

En 1909, à l’âge de dix-huit ans, Robert Stroud avait abattu un barman qui n’avait pas payé sa petite amie et protégée, Kitty O’Brian, pour ses services. En 1911 il avait été reconnu coupable d’homicide involontaire et envoyé à McNeil Island, un pénitencier de l’état de Washington, où il avait rapidement été catalogué comme difficile. En novembre 1911, il avait vicieusement poignardé une ordonnance de l’hôpital qui avait signalé à l’administration ses tentatives pour obtenir des stupéfiants. Le malheureux avait survécu à l’attaque, mais Stroud avait été condamné à une peine supplémentaire de six mois et à un transfert vers Leavenworth.

Là-bas, Stroud, qui avait maintenant vingt-deux ans, était rapidement devenu un problème. Il s’était fait remarqué pour ses nombreuses violations du règlement et il était fréquemment retrouvé en possession de produits interdits tels que des lames de scie à métaux ou des ciseaux, ce qui lui valait de fréquents séjours en isolement.
Puis, le 25 mars 1916, Stroud avait sorti un couteau et brutalement poignardé Andrew Turner. Apparemment, il avait été contrarié car son jeune frère était venu le voir en dehors des jours de visite, et qu’il n’avait pas pu rentrer. L’attaque avait été rapide. Tout comme les 1000 autres détenus de la prison, Stroud était en train et manger au réfectoire quand un gardien s’était approché de lui et avait noté son numéro matricule, lui signalant qu’il parlait trop fort. Alors, selon le principal intéressé, une impulsion violente s’était soudain emparé de lui, il avait sorti une tige d’acier grossièrement façonnée de sous son manteau et l’avait plongée avec force dans la poitrine du jeune garde. Andrew Turner s’était alors affalé sur le sol, inconscient, puis il avait été emporté par ses collègues mais quelques minutes plus tard, il était déclaré mort.

Suite à cette agression, Stroud avait été reconnu coupable d’assassinat au premier degré, condamné à mort par pendaison et placé en isolement. Jamais sa mère n’avait cessé de plaider sa cause et en 1920, le président Woodrow Wilson avait commué sa peine en réclusion à perpétuité sans libération conditionnelle. Cependant, en raison de ses débordements aussi violents qu’imprévisibles, le directeur de la prison avait décidé de le laisser en permanence en isolement. Peu de temps après, Stroud avait trouvé un moineau blessé dans la cour et il avait développé un vif intérêt pour les oiseaux. L’administration, trouvant cette occupation constructive, l’avait autorisé à garder les oiseaux et à entretenir un laboratoire dans deux cellules d’isolement adjacentes. Grâce à ce privilège, Stroud avait pu élever et observer près de trois cents oiseaux, ce qui lui avait permis d’écrire deux livres sur les canaris et leurs maladies. Bien que ses remèdes aient été contestés, l’ornithologue avait de nombreux partisans qui croyaient que ses observations scientifiques servaient la recherche.

Birdman
Birdman

Depuis ses cellules d’isolement, Stroud avait réussi à bâtir une entreprise très lucrative mais au lieu d’en être reconnaissant, il s’était montré de plus en plus exigeant. Avec les années, les deux petites pièces étaient devenues nauséabondes et insalubres. Souvent, Birdman s’asseyait au milieu de ses oiseaux, ignorant les excréments sur sa chemise et les immondices qui recouvraient le sol. Des cages étaient empilées du sol au plafond et sur des tables de travail trainaient parfois les carcasses des oiseaux sur lesquels il avait pratiqué des autopsies.

En fait, l’homme était devenu un cauchemar pour administration. Les gardes ne parvenaient plus à fouiller ses cellules, ses demandes spéciales venaient quotidiennement se rajouter au travail du personnel pénitentiaire et la situation devenait ingérable. Il fallait lire et censurer les nombreuses lettres qu’il recevait, suivre ses ordres sur l’alimentation des oiseaux, lui apporter les livres et les articles qu’il demandait, ce qui aurait nécessité l’embauche d’un assistant à temps plein. La prison était gravement surpeuplée, mais Stroud était toujours autorisé à occuper deux cellules et il avait des privilèges qu’aucun autre prisonnier ne possédait dans le système carcéral.

Pendant des années, l’administration avait fait de vaines demandes pour qu’il soit transféré dans un autre établissement où ses activités pourraient être mieux encadrées et où il serait plus étroitement surveillé. Son travail sur les oiseaux et ses recherches avaient, durant un temps, eu une valeur publicitaire pour la prison, mais ses exigences étaient devenues un fardeau qu’elle ne pouvait plus porter. Au début du mois de décembre 1942, l’administration de Leavenworth obtint gain de cause et Birdman fut transféré à Alcatraz.
Après que le condamné ait quitté sa cellule, les autorités pénitentiaires découvrirent que certains des équipements qu’il avait demandé avaient été utilisés pour construire un alambic dont il se servait pour brasser de l’alcool et il devint clair que ses recherches sur les oiseaux masquaient des activités bien plus répréhensibles, comme le confirma le couteau grossièrement façonné retrouvé dans une cavité creusée de son bureau.
Stroud allait passer les dix-sept prochaines années de sa vie à Alcatraz, six ans en isolement au Bloc D, et onze ans à l’hôpital de la prison. Jamais Birdman ne fut autorisé à conserver d’oiseaux à Alcatraz, mais son nom resta néanmoins lié à celui de l’ile. En 1959, il fut transféré au centre médical de Springfield, dans le Missouri, où il mourut de mort naturelle le 21 novembre 1963. Son histoire fit l’objet d’un film avec Burt Lancaster, Birdman of Alcatraz.

Durant les 29 années de fonctionnement de la prison, Alcatraz connut plus de quatorze tentatives d’évasion, au cours desquelles trente-quatre hommes risquèrent leur vie. La plupart des fugitifs périrent ou furent repris, mais deux de ces tentatives furent particulièrement marquantes pour l’histoire de la prison.

Le 2 mai 1946 Bernard Paul Coy, Marvin Hubbard, Sam Shockley, Miran Thompson, Clarence Carnes et Joe Cretzer, le leader du groupe, furent les acteurs de la plus violente des tentatives d’évasion d’Alcatraz.  Les détenus avaient prévu de s’enfuir en s’emparant du bateau de la prison, qui se trouvait sur le quai, mais pour y accéder, il leur fallait la clef de la porte de la cour qui devait normalement se trouver dans la cache d’armes. Cependant, par un étrange tour du destin, ce jour-là Bill Miller, l’un des gardiens, n’avait pas remis la clef à sa place comme l’exigeait le règlement et lorsque les prisonniers capturèrent la cache d’armes, ils s’emparèrent de toutes les clefs, sauf de celle de la cour. Désespérés, les fugitifs prirent plusieurs gardiens en otage et en les fouillant, ils découvrirent la fameuse clef sans vraiment la chercher. Malheureusement, ils avaient tellement forcé sur la serrure que la porte refusa de s’ouvrir.

Bernard Paul Coy, Marvin Hubbard et Joe Cretzer
Bernard Paul Coy, Marvin Hubbard et Joe Cretzer

Ne parvenant pas à obtenir une évaluation du nombre de détenus impliqués dans la tentative d’évasion et pensant que la menace pouvait toucher la ville de San Francisco, Warden Johnston demanda de l’aide à la Marine, aux Gardes-Cote et aux Marines. Alors que des militaires, armés de mortiers et de grenades, étaient envoyés sur l’ile, des milliers de spectateurs se ruaient au bord des rives pour assister au combat.

Tout espoir de sortir de la prison ayant disparu, les détenus se réfugièrent derrière des matelas imbibés d’eau pour se protéger des balles qui sifflaient autour d’eux, bien décidé à en découdre. Puis, réalisant brusquement que les gardiens risquaient de lui attribuer la responsabilité de cette tentative d’évasion, Joe Cretzer tourna son arme vers la cellule où s’entassaient les otages et tira froidement sur eux. Les combats durèrent deux jours au cours desquels deux destroyers de la Marine, deux avions de l’armée de l’air, un garde-côte, des officiers de l’armée, des unités de police et des gardiens de Leavenworth vinrent seconder les Marines.

Acculés, Cretzer, Coy et Hubbard se réfugièrent dans un petit couloir de service et leurs camarades regagnèrent leurs cellules, espérant ne pas être identifiés comme complices de la tentative d’évasion. Durant l’assaut final, les trois hommes furent tués dans le couloir, un gardien mourut de ses blessures et un autre fut abattu en tentant de reprendre le contrôle de la prison.
Par la suite, Thompson et Shocley furent exécutés dans la chambre à gaz de San Quentin pour leur rôle dans l’assassinat du gardien, mais Clarence Carnes fut épargné car il avait aidé certains des otages blessés. De ce fait, il fut condamné à une peine supplémentaire de quatre-vingt dix neuf ans de prison.

Bien que cette tentative d’évasion soit la plus violente d’Alcatraz, elle n’est pas la plus réputée. En 1962, Allen West, Frank Lee Morris, et les deux frères Anglin, Clarence et John, conçurent un plan ingénieux qui allait les rendre célèbres. Les quatre hommes se connaissaient déjà d’un précédent pénitencier et l’idée d’une évasion commune avait rapidement germé dans leurs esprits. Les préparatifs commencèrent en décembre 1961, après qu’Allen West ait trouvé de vieilles lames de scie et des limes dissimulées dans le couloir de service qu’il balayait. Pendant plus de six mois, les quatre hommes agrandirent le contour des grilles de ventilation qui se trouvaient au fond de leurs cellules, certains faisant le guet pendant que d’autres travaillaient. Parfois, la musique d’un accordéon venait masquer le bruit des opérations et les morceaux de plâtre qu’ils retiraient des murs étaient dissimulés dans leurs pantalons et dispersés lors des promenades dans la cour. Pour tromper les gardes, ils avaient fabriqués de remarquables imitations des grilles de ventilation, qui faisaient aisément illusion dans leurs cellules mal éclairées.

Allen West, Frank Lee Morris, John et Clarence Anglin

Utilisant du papier toilette mélangé à du savon en poudre, des kits de peinture, du béton et des cheveux humains collectés par Clarence Anglin qui travaillait chez le coiffeur de la prison, les détenus réussirent à créer des têtes d’un réalisme saisissant. John Anglin, qui était employé à la blanchisserie, réussit à obtenir une cinquantaine d’imperméables qui, reliés entre eux grâce à du fil et de la colle, permirent de confectionner un radeau de fortune et des gilets de sauvetage. Une fois les préparatifs terminés, Frank Morris fixa la date de la tentative d’évasion au 11 juin 1962.

Les fausses têtes de John, Clarence et Frank

Dans la nuit du 11 juin, juste après le comptage des prisonniers de 21h30 et l’extinction des lumières, Morris et les deux frères Anglin se glissèrent par les trappes de ventilation. Allen West avait passé les derniers mois à la fabrication des leurres et il n’avait pas pu faire autant de progrès que les autres dans l’élargissement de l’ouverture aussi, quand vint le moment, il ne put sortir de sa cellule. Clarence tenta alors de l’aider, mais voyant qu’il n’y avait rien à faire, ses compagnons durent se résoudre à le laisser derrière eux.
Les trois hommes grimpèrent à un conduit pour atteindre le toit, qu’ils traversèrent sur une trentaine de mètres, prenant soin d’éviter les lumières des projecteurs, puis ils descendirent par une gouttière qui courait le long du mur de ciment et escaladèrent la clôture de 4m50 qui les séparait de la rive nord de l’ile.
Une fois au bord de l’eau, ils gonflèrent les radeaux et les gilets à l’aide d’une pompe à air qu’ils avaient fabriquée en se servant d’un accordéon et de pagaies de bois puis ils disparurent dans les eaux froides de la baie et jamais on ne les revit.

Vers 2h du matin, Allen West réussit enfin à se glisser hors de sa cellule par l’ouverture si patiemment creusée mais ses compagnons étant partis, il fut obligé d’y retourner. Les autres prisonniers rapportèrent l’avoir entendu sangloter. Le lendemain matin, comme un détenu ne répondait pas à l’appel, un garde passa son club à travers les barreaux mais en touchant sa couchette une fausse tête roula sur le sol. Aussitôt, l’alerte fut donnée et à 8h, le signalement des évadés était envoyé dans toute la région.


Le lendemain, les morceaux déchiquetés d’un canot pneumatique furent retrouvés dans la baie. De nombreux détenus furent interrogés mais refusèrent de parler. Le 14 juin, Allen West se désigna volontairement comme étant l’instigateur de cette évasion, expliquant au FBI que les fugitifs avaient prévu de se diriger vers Angel Island avant de rejoindre le continent, de voler des vêtements, une voiture et de se séparer. Pourtant, certains n’allaient pas croire en ces aveux, soupçonnant Frank Morris, un homme intelligent qui s’était déjà fait remarqué pour ses nombreuses tentatives d’évasion, d’être le cerveau de l’affaire.

Des avions, des bateaux, des chiens et des policiers furent mobilisés pour tenter de retrouver les trois hommes. Près d’Angel Island, une pagaie de bois et des effets personnels dans un sac imperméable furent découverts mais, comme aucun vol ou agression ne furent signalés dans les environs au cours des douze jours suivant l’évasion, les autorités supposèrent que les prisonniers s’étaient noyés dans la baie de San Francisco. Aucun de leurs proches n’avaient eu de leurs nouvelles, et même si leurs corps n’avaient pas été retrouvés, ils étaient présumés morts.
Le 17 juillet 1962, un corps fut repêché par un bateau, mais il était tellement détérioré qu’aucune identification ne fut possible. Cependant, il semblait avoir séjourné dans l’eau durant cinq semaines, et les enquêteurs présumèrent qu’il s’agissait de l’un des évadés. Après 17 ans d’enquête et en l’absence de tout signe tendant à prouver que l’un des fugitifs avait survécu, l’affaire fut classée par le FBI en 1979. Aujourd’hui encore, il est impossible de savoir si les détenus ont réussi leur évasion mais si l’on en croit les deux sœurs des frères Anglin, qui retournèrent à Alcatraz en 2012 pour célébrer le 50ème anniversaire de l’évasion de Clarence et John, la tentative aurait été un succès. D’ailleurs, malgré la surveillance du FBI, elles pensent que leurs frères assistaient à l’enterrement de leur mère en 1973, déguisés en femmes, car depuis, chaque année, leur mère reçoit un bouquet de fleurs, sans carte. L’histoire a fait l’objet de plusieurs livres et d’un film, le célèbre film L’Évadé d’Alcatraz, avec Clint Eastwood.

Cette évasion allait sonner le glas d’Alcatraz. De nombreuses coupes budgétaires avaient amené à un relâchement des mesures de sécurité et l’eau salée avait grandement abimé l’édifice, qui aurait eu besoin de 5 millions de dollars de réparations. A ce problème, venait s’ajouter le cout des détenus, qui était de 10$ au lieu des 3$ habituels dans les autres prisons d’état. En conséquence, le 21 mars 1963, après vingt-neuf années de service, la prison d’Alcatraz fermait définitivement ses portes sur décision de Robert Kennedy, Procureur général des États-Unis.

L’ile resta abandonnée pendant plusieurs années au cours desquelles de nombreux groupes soumirent diverses idées de développement mais le 9 novembre 1969, 78 Amérindiens, menés par Richard Oakes, débarquèrent sur Alcatraz, se proposant de l’acheter contre des perles de verre et des tissus. Ils demandaient la création d’un centre culturel et universitaire où ils pourraient recevoir une éducation dans leur langue.

L’Occupation d’Alcatraz

Les Indiens avaient attiré l’attention de la presse et du gouvernement. Les fonctionnaires se réunissaient souvent avec eux, discutant des besoins du groupe, mais bientôt ils furent confrontés au même problème que l’avait été la prison: l’obligation de faire venir tous les aliments et l’eau par bateau, ce qui se révéla rapidement fastidieux.
Peu de temps après, l’ile devint un refuge pour sans-abris et les miséreux et malgré les interdictions des Amérindiens, les drogues et l’alcool commencèrent à circuler sur Alcatraz. La situation devenant ingérable elle entraina l’effondrement de la communauté et les Indiens durent avoir recours à des mesures drastiques pour survivre. Afin de pouvoir s’acheter de la nourriture, ils commencèrent à déterrer les câbles et les tubes de cuivre pour les vendre à la ferraille. En 1970, après la mort de sa fille Yvonne, qui perdit la vie en tombant du troisième étage, Richard Oakes et sa famille quittèrent Alcatraz et n’y revinrent jamais.

L’Incendie du Phare

Le 1er juin 1970, un incendie accidentel ravagea plusieurs bâtiments, brulant la maison du gardien, la résidence du gardien de phare, le club des officiers, et endommageant gravement le phare construit en 1854.

Suite à cet incident, les Indiens accusèrent le gouvernement de sabotage et le gouvernement reprocha aux militants leur inconscience. La presse, qui avait toujours soutenu les Indiens, se retournait contre eux, publiant des histoires d’agressions à Alcatraz, et le public, autrefois favorable au mouvement, commençait à se montrer hostile. Les leaders originaux avaient déserté les lieux, et les rares habitants de l’ile se battaient entre eux. Le 11 Juin 1971, la Garde côtière et une vingtaine de Marshals débarquèrent sur Alcatraz et en expulsèrent les derniers occupants.

En 1972, l’ile d’Alcatraz devint la propriété du National Park Service et dès l’année suivante, elle fut ouverte aux touristes. Depuis, elle est devenue une attraction prisée et elle est visitée chaque année par plus d’un million de personnes.

La Hantise

L’ile d’Alcatraz est réputée pour ses nombreux phénomènes de hantise et beaucoup pensent que ceux qui ont vécu sur l’ile pourraient ne jamais en être partis. Cependant, si cette théorie a son charme, la légende semble beaucoup plus ancienne que le début de l’occupation d’Alcatraz. Elle existait déjà avant que la citadelle ne soit construite, car avant même l’arrivée des premiers colons les amérindiens évitaient soigneusement l’ile, pensant qu’il s’y trouvait un portail d’énergie que les mauvais esprits pouvaient traverser à leur guise. Quand ils violaient les lois tribales, certains indiens étaient parfois bannis sur l’ile, que ce soit pour une certaine période de temps ou à vie, condamnés à vivre au milieu des esprits maléfiques.

A l’époque où Alcatraz servait encore de prison, les détenus et les gardiens rapportaient de nombreuses apparitions, aussi bien de fantômes d’amérindiens que de soldats. Les prisonniers parlaient de chuchotements étranges au milieu de la nuit, de lumières bleues qui flottaient dans l’air, de silhouettes obscures, de gémissements, de cliquetis de chaines dans des cellules connues pour être inoccupées, et certains affirmaient même avoir vu des détenus de la prison militaire habillés en costume du 19ème siècle marcher dans les couloirs du Bloc A. Ils avaient disparu à l’approche des gardes.

En entendant les histoires de fantômes que racontaient les prisonniers, les gardiens commencèrent par en rire mais bientôt certains signalèrent avoir eux-mêmes été témoins de phénomènes inexplicables, parlant de courants d’air glacés, de doigts invisibles glisser sur leurs nuques, de pleurs dans la nuit et d’apparitions éthérées. Un membre respecté du personnel disait avoir pu observer un groupe de prisonniers amérindiens marcher en cercle et disparaitre. Des coups de feu et des coups de canon fantomatiques étaient fréquemment relevés, et ils étaient si réalistes que les gardiens se couchaient sur le sol, pensant qu’une révolte venait d’éclater. Les alarmes incendie se déclenchaient toutes seules, la buanderie se remplissait parfois d’une inexplicable odeur de fumée, et un phare fantôme émergeait du brouillard dans la baie de San Francisco. Les familles des gardiens qui vivaient sur l’ile rapportaient elles-aussi les étranges apparitions de silhouettes translucides de prisonniers ou de soldats et le directeur James Johnston lui-même, qui ne croyait pas aux fantômes, disait avoir entendu une femme sangloter alors qu’il faisait visiter la prison à des invités. Selon lui, ces sanglots provenaient de l’intérieur des murs du donjon et lorsqu’ils s’étaient arrêtés, un vent glacé avait couru entre les différentes personnes présentes.

Au cours des années 1930, des prisonniers rapportèrent avoir vu une entité aux yeux rouges errer dans le Bloc D. Ils pensaient qu’elle était l’esprit d’un prisonnier torturé à mort et ils l’appelaient The Thing (La Chose). Sa présence provoquait des picotements particuliers sur les bras et les jambes, et une étouffante sensation de désespoir. Quelques années plus tard, un gardien signala qu’une silhouette habillée comme au 19e siècle hantait le Bloc D.

Cellule 14-D

Vers le milieu des années 1940, un détenu fut enfermé dans la cellule 14 du Bloc D, celle que l’on surnommait l’Orientale, pour une infraction aujourd’hui oubliée. Selon le gardien, l’homme commença à crier quelques secondes après que la porte se soit refermée sur lui et il continua à appeler à l’aide pendant des heures, affirmant qu’une créature sombre aux yeux rougeoyants était enfermée avec lui. Comme les histoires d’une présence fantomatique errant dans le couloir étaient une source continuelle de plaisanteries parmi les gardes, personne ne prit au sérieux les hurlements du détenu qui disait être attaqué. Les cris continuèrent pendant des heures, puis, brusquement, ce fut le silence.

Le lendemain matin, lorsqu’il ouvrit la porte, le gardien retrouva le malheureux mort dans sa cellule. Une expression d’horreur absolue avait figé ses traits, ses yeux exorbités sortaient de son visage empourpré, et des traces de strangulation marquaient sa gorge. L’autopsie révéla qu’il ne s’était pas étranglé lui-même. Certains soupçonnèrent un garde de l’avoir assassiné, mais d’autres pensèrent que c’était l’esprit d’un ancien détenu qui l’avait tué. Pour ajouter à la confusion, le même jour, alors que les gardiens comptaient les prisonniers comme à leur habitude, ils remarquèrent qu’ils avaient un homme de trop. Alors, regardant la file des détenus qui attendaient de partir au réfectoire, ils aperçurent tout au bout de la ligne le visage du condamné qui avait été étranglé la veille. Stupéfaits, ils le fixaient en silence quand brusquement, l’apparition disparut.

La maison du gardien de phare, celle qui allait bruler durant l’occupation d’Alcatraz, était elle-aussi réputée hantée et lors d’une fête de Noël, plusieurs gardiens rapportèrent avoir vu le spectre d’un homme à favoris vêtu d’un costume gris et d’un chapeau à bords plats. Puis, alors qu’ils le regardaient, épouvantés, la pièce était devenue glaciale, le poêle à bois s’était éteint et l’apparition avait disparu.

Leon Whitey Thompson était un ancien détenu qui travaillait comme guide à Alcatraz. Il fit visiter la prison pendant de nombreuses années, puis il revint régulièrement sur l’ile jusqu’à sa mort, en 2005. Il estimait qu’Alcatraz était hantée et il disait qu’il pouvait le sentir quand il était incarcéré. Il pensait même que la prison était maudite et souvent il avait eu le sentiment d’être observé par des esprits. Pendant son séjour en prison, il était devenu ami avec Johnny Haus, un grand Texan, prisonnier comme lui. Malheureusement, les deux hommes s’étaient perdus de vue et Thompson n’avait pas eu de nouvelles de lui depuis le 25 octobre 1962 mais un jour, dans les années 1980, alors qu’il attendait les visiteurs, il aperçut une grande silhouette sombre vers le fond du couloir Michigan Avenue qui disparut à l’angle de l’allée. Thompson se précipita immédiatement vers le bout du couloir, mais il n’y avait personne. A la façon dont il marchait et au sentiment que la silhouette dégageait il était persuadé que la silhouette qu’il avait vue était le fantôme de son ami Haus:  » Je me fous de ce que les gens disent. C’était Johnny Haus. « 

Depuis la fermeture de la prison, des tintements, des cris et des pleurs seraient souvent signalés, des chuchotements se perdraient entre les murs des cellules vides, la musique d’un harmonica se ferait parfois entendre, les portes métalliques se déverrouilleraient inexplicablement, des voix fantomatiques discuteraient dans l’hôpital, le fantôme de George Kelly errerait dans l’église et celui d’Alvin Karpis hanterait la boulangerie et la cuisine. Dans les Bloc A et B, des bruits de pas inexpliqués et des gémissement s’élèveraient parfois. Le Bloc C abriterait l’esprit de l’ancien détenu Abie Maldowith, surnommé le Boucher, assassiné dans la buanderie. Souvent, par les nuits brumeuses, le vieux phare apparaitrait soudain, accompagné d’un étrange sifflement et d’un feu vert clignotant qui tournerait lentement autour de l’ile.

En 1976, un veilleur de nuit entendit des sons étranges et carillonnants dans le couloir de service où avaient été tués Coy, Hubbard et Cretzer lors de La Bataille d’Alcatraz en 1946. Intrigué, il ouvrit la porte et éclairant de sa lampe le labyrinthe de tuyaux et de conduits, il regarda dans le couloir sombre. A ce moment-là, le silence se fit mais dès qu’il referma la porte, les bruits recommencèrent à nouveau. L’homme ouvrit la porte une nouvelle fois, puis, comme il ne voyait rien et qu’il ne croyait pas aux fantômes, il la referma et continua son chemin. Ce couloir serait des plus hantés et des phénomènes y sont régulièrement observés.

Un soir, alors que le bateau avait emporté avec lui les derniers touristes de la journée, les veilleurs de nuit entendirent des bruits qui ressemblaient à des hommes courant dans les étages supérieurs. Pensant qu’un intrus s’était dissimulé dans la prison, les gardiens suivirent les sons sans jamais rien trouver.
Le 5 septembre 1984, un garde qui passait la nuit seul sur l’ile se retrouva brusquement réveillé par le bruit d’une lourde porte qui se balançait dans le Bloc C, mais jamais il ne put trouver la raison de ce mouvement, qui se répéta plusieurs nuits de suite.

Parfois, quand ils marchent dans le grand bâtiment abandonné, les guides et les gardiens entendraient un air de banjo. Un jour, un garde se trouvait près de la salle des douches quand soudain il entendit le son d’un banjo, qu’il ne put s’expliquer. Certains de ses camarades, qui connaissaient l’histoire d’Alcatraz, lui racontèrent alors que durant ses derniers jours dans la prison, Al Capone, qui craignait pour sa vie, s’isolait souvent dans la salle de douche avec son banjo. De nombreux visiteurs frissonneraient en traversant la pièce et l’un d’entre eux aurait même senti des doigts courir le long de son dos et de son cou, mais lorsqu’il se serait retourné, il n’y aurait eu personne.

Cet après-midi là était pluvieuse et les visiteurs n’étaient pas assez nombreux pour occuper tous les guides. En attendant que de nouveaux se présentent, une employée était partie se promener et elle venait de passer la porte qui menait aux cachots quand soudain elle entendit un cri en bas de l’escalier. Effrayée, aussitôt elle s’enfuit sans même regarder si quelqu’un s’y trouvait. Lorsqu’on lui demanda pourquoi elle n’avait pas signalé l’incident, la femme répondit:  » Je n’osais pas en parler parce que la veille tout le monde s’était moqué d’un collègue qui avait déclaré avoir entendu des voix d’hommes provenant de la salle d’hôpital. Quand il était rentré dans la pièce, elle était vide. « 

L’Hôpital

Le Bloc D serait le théâtre de nombreuses manifestations paranormales, et quatre de ses cellules, les numéros 11, 12, 13 et la fameuse 14-D, seraient hantées. La 14-D, l’Orientale, connaitrait plus de phénomènes encore que les autres et d’après de nombreux visiteurs, elle serait gelée en permanence, même en été, présentant toujours quelques degrés de moins que le reste du bâtiment.

Bien que Robert Stroud, Birdman, n’ait jamais pu garder d’oiseaux dans sa cellule durant son séjour à Alcatraz, des visiteurs auraient entendu le chant de canaris résonner dans sa cellule et ils l’auraient vu sur son lit en train de lire un livre.

En avril 2014, Sheila Sillery-Walsh, une touriste britannique qui était en vacances aux États-Unis visitait la prison d’Alcatraz quand elle s’arrêta un instant pour prendre quelques photos de la fenêtre d’un bloc de visite vide avec son téléphone portable. Quelques instants plus tard, quand elle regarda le cliché, elle s’aperçut que la silhouette sombre d’une femme apparaissait derrière la vitre, ce que personne ne put expliquer.

Depuis des années, l’ile d’Alcatraz attire de nombreux chercheurs du paranormal du monde entier qui tentent de capturer une preuve de l’existence des esprits. Au cours de leurs investigations, des enquêteurs se seraient sentis possédés, changeant brusquement de caractère et de voix, certains seraient rentrés en contact avec les esprits de prisonniers et d’autres auraient été physiquement agressés. Les témoignages rapportant des phénomènes paranormaux ou des manifestations sonores et visuelles, parmi lesquels les fameux yeux rouges, sont innombrables, tout comme les enregistrements EVP. Cependant, malgré les observations des anciens gardiens, des détenus, des gardes, des guides, des enquêteurs et des visiteurs, il n’y a, officiellement, aucun fantôme à Alcatraz.

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