Nous allons maintenant voir ce que propose la science, en l’état actuel de nos connaissances, comme explication à certains phénomènes étranges, et à la » nature vampirique » en particulier…
Pour illustrer ce sujet, je vais citer trois exemples, trois probabilités qui furent émises et qui pourraient expliquer qu’en certains lieux et à certaines époques se soit développé le mythe du vampire. Il est évident que si nous les confrontons avec les récits précédents, il reste de grandes zones d’ombres encore inexpliquées… Peut-être le futur nous aidera-t-il à éclairer les ténèbres.
Explication suivant le cas de Bram Stoker
A tout Seigneur tout Honneur
Bram Stoker puisa l’inspiration de son Dracula à la fois dans l’Histoire, dans les légendes populaires et dans sa propre imagination.
Selon d’érudits exégètes contemporains, Histoire et fiction s’appuient, quand à elles, sur d’anciens documents rédigés par les premiers voyageurs, tels Les chemins inexplorés en Roumanie, qui regorge de renseignements sur le redoutable Vlad l’Empaleur, ou encore Parmi les sauvages des Carpates, ouvrage dans lequel l’on trouve un inventaire imaginaire des pratiques démoniaques en Hongrie. Mais, il s’est probablement inspiré d’autres sources, moins officielles celles-là. Bram Stoker souffrait non seulement d’épouvantables crises de cauchemars, mais également de syphilis, maladie qui, au XIXe siècle, était perçue comme une malédiction aussi effrayante que put l’être la peste bubonique au Moyen Age.
Il n’existait aucun traitement, et les personnes atteintes de ce mal mourraient en d’atroces souffrances. Vivant en permanence avec ce couperet au-dessus de la tête, Bram Stocker put donc faire l’expérience, à l’époque, de la seule situation humaine qui ressemblât étrangement au vampirisme: celle de la syphilis congénitale. L’enfant né dans ces conditions souffrait, en effet, de dysfonctionnements présentant de multiples similitudes avec les descriptions populaires du vampirisme.
L’on pense donc que Bram Stoker a pu trouver là une raison de croire véritablement en toutes les rumeurs qui entouraient ce phénomène. De tels enfants peuvent naître, par exemple, avec toutes les dents de devant taillées en pointe comme des canines et alignées sur les deux gencives exactement comme on les représente traditionnellement chez les vampires. En outre, leurs yeux sont souvent décolorés et entourés d’un cercle sombre, ce qui les rend aveugles à la lumière du jour mais leur octroie une vue perçante dans l’obscurité. Quand à la structure de leur palais, elle est déformée, de telle sorte qu’ils ne peuvent guère ingurgiter que de la nourriture liquide. Enfin, l’arête du nez est tombante… Ces malheureux bébés auraient de surcroît la réputation d’infecter le sein de leur mère nourricière. Cette lamentable description est si proche des observations observées sur lesdits vampires qu’on l’on peut imaginer que la syphilis fut à l’origine de bien des légendes concernant les morts-vivants. Et que Bram Stocker ait si bien décrit tous ces symptômes n’a rien de surprenant: il était lui-même atteint de cette maladie.
Porphyrie et Vampirisme
Où l’on apprend comment le docteur Dolphin, biochimiste, aurait élucidé les mystères du vampirisme! Le chercheur canadien attribue à la porphyrie (une maladie congénitale du sang) les déformation physiques, la sensibilité à la lumière et la répulsion pour l’ail et les croix des buveurs de sang. Le comte Dracula souffrait d’une maladie héréditaire. C’est son » docteur « , David Colfin, qui l’a révélé, il y a quelques temps. Non sans susciter quelque scepticisme.
Car on ne traite pas les vampires à l’anti-mythe sans provoquer le tollé ni trouver sur son chemin quelques confrères à la dent dure qui n’hésitent pas à vous honorer du titre d’es-crocs. David Dolphin, très sérieux biochimiste à l’université de Colombie britannique à Vancouver, ne prétend pas avoir bien connu le noble roumain, mais il estime avoir pris les symptômes du comte à rebours et les avoir clairement décodés. selon lui, ce sont des formes multiples de porphyrie (maladie congénitale du sang qui se manifeste généralement par une urine rouge et des crises nerveuses) qui sont à l’origine des légendes relatives aux vampires, aux goules et autres striges…
Toutes les manifestations de la maladie collent au portait-robot que trace le chercheur canadien. On saisit soudain pourquoi les vampires ne sortaient que la nuit, buvaient du sang et évitaient de manger de l’ail. Pour rare qu’elle soit, la porphyrie se traduit essentiellement par une carence des hématies (pigmentation rouge) du sang, et elle entraîne une sensibilité, voire une allergie extrême au soleil. De plus, les personnes qui en sont atteintes sont sujettes à de graves déformations physiques. Elles peuvent voir leur système pileux se développer anormalement et, plus impressionnant encore, leur nez et leurs doigts se décharner… » Ce qui fait, souligne le biochimiste canadien, que ces gens finissent par avoir de véritables griffes plutôt que des mains normales. » L’évolution de la maladie amène également un raidissement des lèvres et des gencives du sujet atteint dont le rictus découvre largement les dents.
Et il ne faut guère plus que le temps d’un sourire crispé pour que, dans l’imagination populaire, des canines tout à fait moyennes deviennent de véritables crocs. Il est évident que les vampires des siècles passés étaient vraiment poursuivis par la déveine. Ils n’avaient pas de lunettes de soleil à leur disposition, et surtout, ils ne pouvaient se faire injecter des hématies. De tels traitements sont aujourd’hui couramment pratiqués pour lutter contre la porphyrie. Pour ce qui est de l’ail, cette plante contient un composant chimique qui agit malencontreusement avec plusieurs enzymes du foie.
Une personne en bonne santé n’a que des problèmes d’haleine, mais une personne atteinte de porphyrie voit les effets de son mal immédiatement décuplés par l’absorption de quelques gousses. Les visages pointus et défigurés des victimes de la porphyrie expliqueraient aussi la répulsion légendaire des vampires pour les miroirs… et les croix, puisque devant une telle disgrâce, les malades pouvaient se croire » possédés « .
De plus, l’université de Colombie britannique croit volontiers que les mariages consanguins, très fréquents il y a plusieurs siècles, ne pouvaient que favoriser l’implantation de la maladie dans des régions bien déterminées telle que la Transylvanie. Il ne fait pas référence à un quelconque » sang bleu royal « , mais force est de relever que la famille Stuart, notamment Marie, Henriette, la reine Anne, George III et George IV d’Angleterre, et Frédéric II de Prusse, souffraient de porphyrie. David Corvin estime que ce sont les » diagnostics » populaires qui ont durant des siècles détourné l’attention des médecins de la réalité des » vampires « .
Imaginez, dit-il, comment pouvait être perçu un homme qui ne sortait que la nuit, qui avait un look bestial, avec du poil partout et des dents démesurées…Toutefois, ces relations entre le sang et la lumière, ces histoires de vampires sous-pigmentés laissant plusieurs chercheurs totalement froids. Certains, comme Nathan Bass de l’université de Californie à San Francisco auquel David Dolphin a récemment exposé ses théories à l’occasion de l’assemblée de l’association américaine pour l’avancement des sciences, sont carrément sarcastiques… (Libération du 11 juin 1985)
Le Bacille Vampirique
On doit à Robert Neville la découverte (ou l’invention…) de la bactérie pathogène, en forme de bâtonnet cylindrique, qui a reçu le nom de Bacillus Vampiris. Tout organisme infecté par ce bacille est allergique à l’odeur de l’ail, qui provoque des nausées et des vomissements chez les personnes contaminées. La bactérie crée dans le sang une solution isotonique.
Sa présence ralentit la circulation sanguine mais assure l’activité fonctionnelle de tout le corps. Le bacille vit de sang frais et procure à l’organisme l’énergie dont il a besoin. Privé de sang, il se détruit lui-même par sporulation ou en engendrant des bactériophages… Il peut vivre sans oxygène, selon le cas. A l’intérieur de l’organisme, il est en aérobie et vit en symbiose avec le système tout entier. Le vampire lui procure du sang frais, le bacille fournit de l’énergie au vampire, de sorte que le vampire peut continuer de procurer du sang frais au bacille.
Incidemment, le germe produit aussi une croissance anormale des canines…
Historiquement, on note deux explications, données à la fois par l’église et par la tradition populaire: soit le corps avait été réanimé par quelque puissance extra-humaine ,soit ce même corps était le siège d’une sainteté qui l’immunisait contre toute détérioration. Si la version du vampirisme l’emportait, le cadavre n’échappait plus alors à son sort: un piquet venait se ficher dans sa poitrine.
Explications Psychiatriques
Il existe aussi une pathologie rare appelée vampirisme clinique ou syndrome de Renfield. Le vampirisme clinique est un comportement observé de manière rare qui consiste en l’ingestion de sang humain, le sien, celui d’autrui ou même celui d’un animal, et il est généralement révélateur d’une maladie mentale. Ce trouble naît généralement après l’ingestion accidentelle de son propre sang durant l’enfance, à la suite d’une blessure par exemple, et il peut mener à la zoophagie puis au vampirisme sur des êtres humains. Il est le symptôme d’une affection psychiatrique qui peut conduire à un ensemble de pratiques déviantes, telles la nécrophagie, la nécrophilie et le nécrosadisme. On estime que certaines affaires criminelles y sont liées.
La rareté avec laquelle ce comportement est observé rend délicate toute conclusion quant à sa signification. On peut également souligner que seuls les plus spectaculaires étant réellement connus, sa rareté supposée n’est cependant pas certaine. Il n’existe donc pas à ce jour d’estimation de sa fréquence.