Les Oiseaux

Alors que célèbre réalisateur Alfred Hitchcock préparait son film Les Oiseaux, une multitude d’oiseaux s’est abattue sur la ville de Capitola, en Californie.

L’histoire a commencé le 17 août 1961. Par un matin calme et brumeux , Frank Urbancic, dix-huit ans, était assis sur le siège arrière de la voiture de son ami, essayant de donner un sens à la scène inhabituelle qui se déroulait devant lui. Des centaines et des centaines d’oiseaux recouvraient la route, et il ne savait quoi en penser. La journée avait pourtant commencé de manière tout à fait banale. Il s’était réveillé avant l’aube pour prendre son petit-déjeuner avant de partir travailler sur le quai de la ville de Capitola, en Californie.

À ce moment-là, le jour n’était pas encore levé. Il parvenait à peine à distinguer leurs silhouettes dans la brume des phares. La plupart semblaient morts, mais d’autres étaient encore en vie et se balançaient bizarrement. « On aurait dit qu’il y en avait un million. Ils étaient comme des sauterelles », a-t-il déclaré. « Partout au centre-ville et dans les arrière-cours. Nous avions du mal à les éviter alors que nous descendions la colline. Ils étaient si nombreux sur la route que nous ne pouvions pas éviter de heurter certains d’entre eux. »

Quand il est arrivé au café Benias, Franck a été surpris de constater leur présence. Leur comportement était plus étrange encore. Le propriétaire du bar semblait déconcerté. Ils avaient essayé d’entrer dans son établissement pendant des heures, l’obligeant à batailler pour les chasser. Finalement, Franck est arrivé aux quais. Il s’est arrêté pour ouvrir les portes, et surgissant de nulle part, un oiseau a foncé sur lui en piqué avant de commencer à picorer l’une de ses jambes. « Je n’avais jamais rien vu de tel auparavant », a-t-il déclaré. « Nous savions que quelque chose d’étrange se passait. »

L’adjoint du shérif Ed Cunningham (Photo du Santa Cruz Sentinel)

La nouvelle a rapidement circulé dans les villes côtières du comté de Santa Cruz. Le Santa Cruz Sentinel s’en est fait l’écho dès le lendemain, le 18 août. L’invasion des Oiseaux de Mer Frappe les Maisons Côtières, annonçait-il en titre. Les oiseaux, identifiés plus tard comme des puffins fuligineux, essayaient non seulement de faire irruption dans les bars et de picorer les passants, mais ils tendaient des embuscades. Ils avaient réveillé les résidents au beau milieu de la nuit en s’abattant comme de la grêle sur les toits de leurs maisons et de leurs voitures tout le long du chemin de Pleasure Point à Rio Del Mar. Des pères de famille aux yeux ensommeillés s’étaient rendus dans la cour équipés de lampes de poche, et ils s’étaient dépêchés de retourner chez eux en comprenant que les oiseaux tentaient de les piéger en les attirant à l’extérieur.

Les oiseaux avaient commencé à se comporter bizarrement vers trois heures du matin, et les standards téléphoniques de la police de Santa Cruz et du bureau du shérif avaient été bloqués quasiment instantanément. Ils recevaient plus d’appels qu’ils ne pouvaient en gérer. Au lever du jour, les lignes électriques et les antennes de télévision avaient été sectionnées. Une abominable puanteur de poisson pourri flottait dans l’air. Elle provenait des anchois régurgités éparpillés sur les pelouses. Des chats couraient dans la zone, et des enfants essayaient de rassembler les cadavres des oiseaux dans des boîtes pour les ramener à l’océan. Au total, la police du Capitole a compté quatre mille oiseaux morts ou blessés et deux mille vivants mais vacillants et gémissants, comme s’ils souffraient. À sept heures du matin, de nombreux oiseaux s’étaient envolés vers la mer, mais d’autres ont mis des jours et des jours avant de partir.

Franck se souvient avoir vu des équipes d’assainissement transporter les oiseaux dans des camions à ordures, et la Croix-Rouge administrer des vaccins contre le tétanos aux personnes qui avaient été mordues ou picorées.

Le mystérieux incident a attiré l’attention du défunt réalisateur Alfred Hitchcock, qui a téléphoné au Sentinel d’Hollywood pour se renseigner. Quelques jours après les faits, il a demandé qu’une copie du journal lui soit envoyée par la poste pour s’inspirer de l’histoire. Il préparait alors son prochain film, une adaptation cinématographique du roman de Daphne du Maurier Les Oiseaux, qui devait être tournée à environ deux cent vingt-cinq kilomètres au nord de Capitola, à Bodega et Bodega Bay. Le réalisateur, qui possédait un domaine de 200 acres à Scotts Valley, a déclaré que c’était « simplement une coïncidence » que les attaques aient eu lieu à Capitola alors qu’il travaillait sur le film. Mais dans un autre moment de synchronicité étrange, un phénomène terrifiant s’est déroulé aux endroits et au moment du tournage. D’une inexplicable manière, des bataillons de corbeaux se sont mis à arracher les yeux des moutons et à les manger. Cet incident a inspiré l’une des scènes les plus terrifiantes du film.

En 2012, un groupe dirigé par la spécialiste de phytoplancton Sibel Bargu a découvert que, dans 79 % des cas, l’estomac des oiseaux retrouvés morts contenait du plancton contaminé par des toxines à la suite de fuites de fosses septiques. L’une de ces toxines est un dangereux acide provoquant des lésions au système nerveux. La théorie de empoisonnement ne concerne qu’une partie des oiseaux, mais le mystère a néanmoins été déclaré comme élucidé.

L’étrange jour où des milliers d’oiseaux morts sont tombés sur une ville californienne (sfgate.com)

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