Le Poltergeist de Lindley Street

En 1974, la police reçut un appel lui signalant qu’il se produisait des phénomènes inexplicables dans une maison de Lindley Street. Peu après, les propriétaires de la maison firent appel à Ed et Lorraine Warren, deux chercheurs du paranormal réputés, qui allaient alors enquêter sur l’une des plus impressionnantes affaires de poltergeist de l’histoire.

Dans les années 1960, Gerald et Laura Goodin aménagèrent dans une petite maison de quatre pièces, au 966 Lindley Street, à Bridgeport. La maison était relativement récente, elle avait été construite 60 ans auparavant pour le descendant d’un fabriquant de chemises de la ville, et les Goodin étaient des gens modestes sans histoire. Gerald travaillait comme ouvrier à l’usine Harvey Hubbell et Laura était une femme très nerveuse, fervente catholique.
Vers la fin des années 1960, Gerald et Laura perdirent tragiquement leur fils de 7 ans, victime d’une grave maladie, et, peu de temps après, ils décidèrent d’adopter Marcia, une petite fille francophone originaire du Canada.
Gerald et Laura, qui étaient âgés d’une cinquantaine d’années, se montraient très protecteurs envers leur fille. Chaque matin, ils l’amenaient à pied jusqu’à l’école et ils lui permettaient rarement de sortir seule. La fillette était décrite comme une enfant triste, rejetées par ses camarades de classe. Certains prétendaient qu’elle était une petite menteuse, qu’elle portait un intérêt malsain pour l’occulte, mais ses affirmations restaient des rumeurs. Son seul ami semblait être son animal de compagnie, un petit chat orange et blanc, nommé Sam.

Les premiers événements étranges débutèrent environ deux ans après l’arrivée de Marcia, mais ce fut qu’en décembre 1973 que l’activité paranormale commença véritablement. Durant l’automne 1974, Sam dut rentrer à l’hôpital vétérinaire pour une opération et quand il retourna chez lui, Gerald et Laura trouvèrent qu’il agissait bizarrement, comme s’il essayait de leur parler. Ils avaient apparemment raison car peu après Gerald vit Sam donner des coups à la porte du sous-sol en hurlant:  » Laissez-moi, sale français, sale grec! « 
Le 24 novembre 1974, excédée par les phénomènes de poltergeist incessants qui ravageaient sa maison, Laura Goodin appela la police de Bridgeport pour lui signaler que des choses inexplicables se passaient chez elle et un officier de police fut rapidement envoyé au 966 Lindley Street pour  » trouble d’origine inconnue « .
Quand il arriva sur les lieux, le sergent sonna à la porte et une femme vint leur ouvrir. Elle semblait épouvantée. Il lui demanda alors:  » Quel est le problème? La dame s’appelait Laura Goodin, elle pleurait et montrait du doigt son salon qui était tellement en désordre qu’il semblait que quelqu’un avait jeté les meubles partout. Je lui ai demandé si elle avait été cambriolée et elle m’a répondu: Non, c’est toujours comme ça. « 

Laura lui expliqua que la chaine stéréo et sa machine à coudre avaient été bousculés, que le poste de télévision de la chambre avait été renversé et qu’un bureau avait été tiré loin de mur où il se trouvait. Outre les objets qui bougeaient tout seul, de terribles coups résonnaient parfois dans la maison, et ce depuis des années. Après avoir écouté son histoire, le policier, envisageant que ces manifestations pouvaient être dues à un problème lié à la structure ou à l’emplacement du bâtiment, téléphona au service incendie pour leur demander d’intervenir. Les pompiers et l’ingénieur de la ville menèrent alors une enquête pour trouver la cause des perturbations mais ils ne découvrirent aucun problème structurel et ils écartèrent rapidement la possibilité que les travaux de rénovation du Centre médical St. Vincent, qui était tout proche, puissent être à l’origine de tels phénomènes.

Lorsqu’il prit connaissance de la situation, Edward Doyle, alors aumônier du service incendie, proposa de bénir la maison. Il déclara par la suite qu’au moment de la bénédiction, il n’avait rien vu qui laissait croire que de mauvais esprits étaient présents. Si le révérend n’avait rien constaté d’anormal, d’autres, qui étaient allés sur place eux-aussi, avaient assisté à des manifestations spectaculaires. John Gleason, le chef des pompiers, rapporta que ses hommes avaient vu des assiettes s’entrechoquer, des photos sauter du mur, un téléviseur tomber par terre et un lourd fauteuil de cuir se soulever à au moins 15 cm du plancher. Dans son rapport sur l’affaire, un séminariste qui avait étudié les dossiers de police de la ville de Bridgeport, relatait que des agents de police avaient vu un réfrigérateur léviter à 15 cm du sol, un téléviseur portable de 50 cm tomber de sa table et des objets sur les étagères vibrer et tomber à terre. Alors que Marcia était assise dans une chaise longue, ils avaient brusquement vu le siège se renverser vers l’arrière mais lorsqu’ils avaient tenté de bouger le fauteuil, l’opération s’était révélée impossible.

Ed et Lorraine Warren, les célèbres chercheurs du paranormal, avaient été invités par la famille Goodin à venir enquêter sur les manifestations. Alors qu’ils se trouvaient dans la maison, un petit crucifix en plastique accroché au mur explosa sous leurs yeux. Ils en ramassèrent les morceaux et les mirent dans une petite boite, que Lorraine possède toujours.
 » Jamais de ma vie je n’avais vu autant de policiers se mettre à genoux et demander à un prêtre une bénédiction comme à la maison Goodin « , rapportait Lorraine Warren.  » Ils étaient vraiment à la merci de la miséricorde divine, et ils le savaient. « 

Quand la rumeur sur les événements étranges commença à se répandre les journaux locaux reprirent l’affaire, bientôt suivis par la presse internationale, et des centaines de personnes, dont l’intérêt pour le surnaturel se trouvait amplifié par la sortie du film de possession  » L’exorciste « , vinrent se masser devant le 966 Lindley Street, espérant apercevoir  » les démons « . Le phénomène connut une telle ampleur que plus personne ne put circuler et les forces de police durent alors intervenir, arrêtant même quelques badauds qui refusaient de partir.

Les Warren et la foule devant la maison de Lindley Street

Tim Quinn, travaillait comme journaliste depuis quelques années quand il fut envoyé sur Lindley Street pour couvrir la hantise. En arrivant sur les lieux, il vit la foule, puis la police lui expliqua qu’un rite religieux se déroulait à l’intérieur et les Warren sortirent. Quand il pénétra dans la maison, il aperçut un fauteuil de cuir qui reposait sur un tapis mince et brusquement, le fauteuil se pencha vers l’arrière et se déplaça de quelques centimètres, ne laissant étrangement aucune trace sur la moquette. Il décrivit l’expérience comme étrange. M. Quinn, un pompier qui avait été, lui-aussi, témoin du phénomène, le commenta de ces quelques mots:  » Les gens ne devraient pas avoir peur de cela, parce que s’il y a un diable, alors cela signifie qu’il doit y avoir un Dieu, et il doit donc y avoir une vie après la mort. « 

Apparemment, les membres de famille Goodin adoraient la publicité qu’ils  » mangeaient comme du pop-corn « . Ils recevaient les journalistes dans leur maison sans se faire prier et avaient même participé à une émission de radio, ce que certains semblaient leur reprocher. Marcia, qui avait 10 ans, était ravie de l’intérêt soudain qu’on lui portait, ses parents étaient soulagés de la voir heureuse et personne n’avait envie que l’histoire se termine. Mais brusquement, le 26 novembre, Walsh, alors surintendant de police, déclara que la hantise était un canular perpétré par la jeune fille. Il affirma qu’elle avait avoué avoir fait bouger les meubles quand personne ne prêtait attention à elle, et qu’elle faisait parler son chat par ventriloquie. « 
Après cette annonce, la foule se dispersa et la frénésie se calma. Mais toutes les personnes qui avaient été témoins de manifestations surnaturelles et ceux qui y croyaient accusèrent alors Walsh d’avoir menti pour empêcher toute publicité, au lieu d’essayer de découvrir la vérité.

Coupures de presse relayant les accusations de Walsh et le révérend Bill Charbonneau

Le révérend Bill Charbonneau, qui donnait des cours sur l’occulte au Collège Saint-Joseph à West Hartford, dans le Connecticut, déclara alors:  » Je sais que les choses que les policiers ont vu en ma présence étaient réelles. Elles n’avaient certainement pas d’explication normale.  » Par la suite, le révérend, qui avait étudié le paranormal dans une université de Rome, fut appelé plusieurs fois à intervenir dans la maison en qualité d’exorciste.

Un jour, il était assis avec la jeune Marcia quand soudain elle lui cria de se retourner. Juste à ce moment, le bureau glissa d’un côté de la chambre à l’autre sans avoir été touché par qui que ce soit. Plus tard, alors qu’il se trouvait seul dans le sous-sol de la maison, il entendit une voix atroce chanter des chants de Noël. Quand il en chercha le propriétaire, il s’aperçut que la voix provenait de Sam, le petit compagnon de Marcia.

Pour le Père Charbonneau, Marcia avait été accusée de provoquer les manifestations car juste avant qu’elles ne surviennent la fillette sentait qu’elles étaient sur le point de se produire et elle en faisait part. Pourtant, elle ne les créait en aucune manière:  » Ce n’était pas un canular, ça n’était certainement pas un canular « . Alors qu’il enquêtait sur le phénomène, cherchant à en trouver l’origine, le prêtre fut brusquement jeté hors de la ville avant d’avoir pu découvrir quoi que ce soit et Walsh le menaça d’arrestation si jamais il s’avisait de revenir à Bridgeport. Peu de temps après, un panneau  » Fort Sale  » (A Vendre) apparaissait devant la maison du 966 Lindley Street. Selon l’agent immobilier chargé de la vente, si la maison attirait les curieux, dix familles l’avaient déjà visitée, personne ne semblait vouloir l’acheter. Quand à la famille Goodin, elle cherchait maintenant une nouvelle maison en dehors de la ville. Par la suite, des rumeurs affirmèrent que la petite Marcia n’était pas vraiment une enfant au moment de son adoption, et qu’elle s’adonnait à des pratiques démoniaques.

Ed et Lorraine Warren pensaient que la tristesse de Marcia avait provoqué ces événements, attirant probablement quelques entités maléfiques. Selon Ed Warren:  » C’était quelque chose d’inhumain. En ce qui nous concerne, il y avait de mauvais esprits dans cette maison. « 
Les Warren appelaient cette affaire  » l’un des plus célèbres, bien documenté cas de poltergeist de l’histoire « , et malgré leurs 50 ans d’expérience, ils évaluaient à 10 sur une échelle de 10 les manifestations surnaturelles dont ils avaient été témoins.
Apparemment, la maison ne se vendit pas, car en 1995, un journal rapportait la mort de Laura dans un accident de voiture, à Monroe, signalant également que son mari vivait toujours dans la maison. Il y mourut quelques années plus tard.

La maison du 966 Lindley Street de nos jours

De nos jours, la plupart des gens de la région pensent qu’il s’est vraiment passé quelque chose au 966 Lindley Street en 1974. Certains supposent que c’était peut-être l’esprit de l’enfant de Gerald et Laura, qui se manifestait ainsi à ses parents alors que d’autres pensent que les phénomènes étaient l’œuvre d’un poltergeist, avec ou sans intervention démoniaque.
Depuis, la maison a bien évidemment a été vendue mais son propriétaire se semble pas disposé à répondre aux questions des curieux qui s’arrêtent parfois devant chez lui. Quand à Marcia, malgré toutes les recherches entreprises, personne ne sait ce qu’elle est devenue.

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