Comme de nombreux films d’horreur, le film Le Dernier Rite, de Peter Cornwell, affiche le slogan « tiré d’une histoire vraie ». L’affirmation est vendeuse, elle contient assurément la promesse de quelques frissons supplémentaires, mais elle est très éloignée de la vérité.
D’après Lorraine Warren, qui a enquêté sur l’affaire, « le film n’est que très, très vaguement basé sur l’enquête réelle ». « On m’a également parlé de griffures sur les murs, de sang et de séances de spiritisme. Ce n’est pas du tout le genre de choses qui se passaient dans la maison. La véritable affaire était beaucoup beaucoup plus effrayante que n’importe quel film. »
L’Histoire de la Famille Snedeker
Carmen et Allen Snedeker avaient quatre enfants. Trois fils, âgés de treize, onze, et trois ans (les deux ainés étant les enfants que Carmen avait eu d’un précédent mariage), et une fille de six ans. Les plus jeunes adoraient leur grand frère, Philip, mais malheureusement ce dernier était atteint d’un lymphome, une forme très sérieuse de cancer. Comme il n’existait aucun centre de traitement pour enfants dans la région où ils vivaient, cinq fois par semaine, Carmen et son fils devaient parcourir les 480 km qui les séparaient du Connecticut, où se trouvait le centre le plus proche, et en revenir. Depuis peu, Philip subissait un nouveau traitement, plus difficile à supporter encore. La radiothérapie était si intense qu’il en avait la peau brûlée et noircie. Le trajet était particulièrement éprouvant pour lui et cette fatigue venait s’ajouter aux nausées, aux maux de tête et aux douleurs qui l’accablaient. Sa mère avait peur que toutes ces épreuves ne finissent par le tuer aussi décida-t-elle de chercher une maison près des médecins qui le soignaient. Elle fit les petites annonces, téléphona à toutes les agences mais personne ne semblait vouloir d’une famille avec quatre enfants. Finalement, elle accepta de louer la seule maison disponible, sans même la visiter.
Le 19 juin 1987 Carmen, Allen et leurs enfants quittèrent New York afin de s’installer dans une vieille maison que l’on surnommait la Hallahan House, au 208 Meriden Avenue, à Southington, dans le Connecticut. A leur arrivée, Carmen supplia son mari d’aller visiter la maison et de lui dire si tout allait bien. Sans vraiment savoir pourquoi, elle angoissait. Quinze minutes plus tard, Allen s’approcha de la voiture et lui demanda de venir voir. En entrant dans le hall, tout semblait relativement normal puis Carmen remarqua qu’au-dessus de chaque cadrage de porte, se trouvait un crucifix. Elle regarda son mari, surprise, et ce dernier secoua la tête devant son incompréhension : « C’était un salon funéraire, » lui expliqua Allen en désignant une porte.
Abasourdie, Carmen suivit son mari au sous-sol. En bas de l’escalier, se trouvait un long comptoir qui longeait trois murs et une autre pièce s’ouvrait sur la droite. Quand Carmen poussa la porte vitrée qui en bloquait l’accès, elle comprit immédiatement qu’ils se trouvaient dans une ancienne salle d’embaumement. La table de métal, les différents lavabos, le matériel, les poignées de cercueil, les étiquettes, les photos jaunies et l’ascenseur à cercueil ne laissaient aucun doute quant au passé de la maison.
Se retourna vers son mari, elle lui dit : « Nous avons un fils qui se bat contre le cancer, je ne veux pas qu’il soit confronté à sa propre mortalité. On ne peut pas vivre ici. » Allen la regarda un long moment, silencieux, puis il lui répondit d’une voix blanche qu’ils n’avaient pas le choix. Ils n’avaient plus d’économies, ils étaient coincés. Carmen décida alors de ne pas révéler aux enfants que l’endroit était un ancien salon funéraire. Allen et elle poussèrent une petite bibliothèque devant la porte qui menait à la salle d’embaumement, puis ils remontèrent l’escalier. (L’ancien propriétaire du funérarium et l’un de ses voisins, contestent cette version des faits. Ils soutiennent que la famille avait été pleinement informée de la situation avant de louer la maison.)
Les enfants étaient enchantés de leur nouvelle maison. Elle était immense, ils avaient l’impression de vivre dans un château. Sitôt les meubles déchargés, Allen dut rentrer à New York en raison de son travail. Carmen choisit d’installer Philip au sous-sol car la pièce possédait une salle de bain attenante. Le garçon était souvent pris de nausées et sa mère pensait qu’elle pourrait l’entendre, s’il avait besoin d’elle. Philip et son jeune frère Bradley dormaient dans ce qui avait été la salle d’exposition, juste à côté de l’ancienne salle d’embaumement dont Carmen avait bloqué l’entrée.
Le premier soir qu’ils passèrent dans la maison, Philip descendit se coucher très tôt, épuisé. Carmen parla un moment avec son mari et elle était en train de raccrocher le téléphone quand soudain, une silhouette la fit sursauter. Philip se tenait dans l’embrasure de la porte. « J’ai entendu quelqu’un m’appeler, » lui dit-il. Carmen lui expliqua alors qu’elle venait de parler à son père et qu’il l’avait probablement entendue prononcer son nom mais le jeune garçon lui répondit qu’elle se trompait. Ils devaient quitter cette maison et ne plus jamais y revenir, car il y avait quelque chose de maléfique.
Les enfants ayant pour habitude de fouiller partout, Philip découvrit rapidement que l’endroit était un ancien salon funéraire et il expliqua à son frère Brad que les cercueils étaient autrefois exposés dans la pièce qui leur servait de chambre. Brad n’en croyait pas un mot, alors, pour prouver ses dires, Philip poussa la bibliothèque et invita son jeune frère à rentrer dans la salle d’embaumement. Une fois dans la pièce, il désigna la table en métal à Brad et lui demanda : « Tu veux l’essayer ? » Brad n’avait aucune envie de monter dessus, mais son grand frère venait de le défier et il ne pouvait pas résister à un défi. Le jeune garçon s’allongea alors sur la table et Phil commença à la faire tourner. Les lumières qui tournoyaient au-dessus de lui l’étourdissaient et Brad se mit à crier : « Arrête! Arrête ! » Son frère le regardait sans bouger. Il voulait lui faire peur.
Le lendemain, Philip lui proposa de lui montrer quelque chose. Dans la pièce où ils n’avaient pas le droit d’entrer, se trouvait une grille de fer forgé amovible qui dissimulait un sombre tunnel. L’ainé y pénétra le premier, une lampe torche à la main, et son frère le suivit. Soudain, alors qu’ils progressaient, Brad remarqua une tache foncée sur le sol. Elle était épaisse, et visqueuse. Brusquement, Phil tourna sa lampe vers le mur. Un liquide d’un rouge sombre en dégoulinait, il avait la couleur du sang. Terrifiés, les deux garçons sortirent du tunnel aussi vite qu’ils le pouvaient, poussant leur jeune frère A.J., qui avait entendu leurs cris, contre le mur. Carmen les vit arriver, livides. Ils lui expliquèrent que des coulées de sang sortaient du mur. Carmen leur répondit que s’il y avait eu du sang coulant des murs, elle l’aurait remarqué et elle souligna qu’elle leur avait interdit d’entrer dans cette pièce.
Un jour, Carmen remarqua que le crucifix du sous-sol, celui qui était accroché au-dessus de la porte de la salle interdite, avait disparu. N’en restait que la trace plus claire qui se dessinait sur la peinture jaunâtre et elle pensa que ses garçons lui jouaient un tour. Elle s’inquiétait pour Philip, qui était très malade. Les traitements étaient stressants et il traversait probablement plus de choses que ce qu’elle pouvait imaginer. Depuis son arrivée il disait entendre des voix tous les soirs, mais maintenant, il voyait aussi des apparitions et sa mère était persuadée que c’était un effet secondaire de la radiothérapie. Elle avait peur qu’il raconte ces histoires à ses frères, et qu’ils se mettent à y croire.
Cela faisait six mois qu’ils habitaient la maison quand une nuit, Philip réveilla son frère Brad, lui intimant de se taire. Puis, éclairant l’angle de la pièce de sa lampe torche, il lui dit : « Chut, chut ! Ne fais pas de bruit, ne dis rien, silence ! Regarde dans le coin, il y a quatre hommes qui sont assis. » Brad ne distinguait que des vêtements foncés, il ne parvenait pas à voir leurs visages mais alors que les hommes se rapprochaient de la table, son petit robot électronique se mit brusquement en marche. Le petit garçon était terrifié, son cœur battait très fort. Puis tout à coup, les hommes se retournèrent, simultanément et les deux garçons s’enfuirent de la chambre en courant. Ils montèrent l’escalier à toute vitesse et se précipitèrent dans la cuisine, où se trouvait leur mère, lui criant qu’il y avait quatre hommes encapuchonnés au sous-sol.
Carmen était plus en colère qu’effrayée. Elle descendit l’escalier et demanda à ses fils de ne plus bouger. Ils semblaient terrorisés. Elle fouilla leur chambre, la salle d’embaumement, et les autres pièces poussiéreuses qu’elle n’ouvrait jamais, mais personne ne s’y dissimulait. En remontant dans la cuisine, elle prit le téléphone pour appeler la police mais levant alors les yeux, elle s’aperçut que le crucifix qui se trouvait au-dessus de la porte de la cuisine avait lui aussi disparu. Peu à peu, tous les crucifix de la maison se volatilisaient. Bien évidemment, Carmen pensait que ses enfants s’amusaient à ses dépens, mais ils lui répondaient que c’était l’entité qui était responsable de ces disparitions.
Peu de temps après, elle réunit tous les enfants dans la salle à manger et elle leur annonça la tenue d’un conseil de famille. Elle leur expliqua qu’ils habitaient dans un ancien salon funéraire mais qu’il n’y avait pas de fantômes puis, se tournant vers Philip, elle lui dit qu’il n’agissait pas comme un garçon de son âge et qu’il devait arrêter de faire peur aux plus jeunes. Elle ne voulait plus jamais entendre parler de fantômes. Philip se leva alors de table et descendit dans sa chambre. Carmen avait des remords. Il lui était difficile d’être aussi sévère avec son fils alors qu’il était tellement malade.
Cela faisait un an qu’ils habitaient la maison quand un jour, Brad revint de l’école et découvrit que son grand frère avait déménagé sa chambre dans la salle d’embaumement. En apprenant la nouvelle, sa mère lui demanda : « Tu avais si peur de cette pièce, pourquoi t’y installes-tu tout d’un coup ? » Philip, qui accrochait des posters aux murs de sa nouvelle chambre, la regarda brièvement et haussa les épaules. Pour Carmen, son fils rentrait dans sa période de puberté. Il habitait une nouvelle ville, il avait un cancer, il entendait des voix, il voyait des choses et les médecins lui avaient dit que ses hallucinations n’étaient pas dues aux médicaments, ce qui avait dû le troubler. Il semblait se replier sur lui-même, il devenait renfermé, ne parlait plus et ne souriait que rarement. Carmen ne savait plus vraiment comment communiquer avec lui.
Au début de l’été, leurs cousines Tym et Kam vinrent habiter chez eux et toute la famille sortit pour les accueillir, sauf Philip. Tym n’était qu’une enfant mais le garçon s’était toujours bien entendu avec Kam, qui avait dix-sept ans, et la jeune fille en fut affectée. Elle descendit le voir dans sa chambre, espérant qu’il serait heureux de la retrouver, mais ce ne fut pas le cas.
Philip écrivait souvent dans un carnet et quand son petit frère lui demandait ce qu’il faisait, Phil ne répondait rien et le dévisageait. Bart en avait des frissons dans le dos. Un jour, Kam aidait sa tante à faire le ménage et elle descendit ranger la chambre de Philip, qui était particulièrement en désordre. Mais alors qu’elle faisait son lit, elle découvrit un petit carnet noir dissimulé sous le matelas. La jeune fille avait l’impression de violer l’intimité de son cousin, mais elle s’inquiétait pour lui, aussi décida-t-elle de montrer le carnet à sa mère. Alors que Carmen tournait les pages du petit cahier, elle se sentait de plus en plus terrifiée. Philip ne parlait que de mort, de tuer des gens. Puis brusquement, elle commença à se demander s’il l’avait vraiment écrit tout seul. Son fils était dyslexique, elle avait eu le plus grand mal à lui apprendre l’alphabet et ces écrits contenaient des mots particulièrement complexes. Quand Carmen demanda à son fils comment il avait pu écrire tout ça, Philip lui répondit que l’homme l’avait aidé.
Un soir, alors que toute la famille se trouvait à table, Philip étira le bras pour prendre quelque chose et sa mère aperçut quelque chose dépassant de sa chemise, comme de profondes égratignures sur sa peau. Soulevant brusquement sa manche, elle découvrit que son bras était recouvert d’étranges signes ésotériques. L’autre était dans le même état. Certaines marques étaient fraiches, mais d’autres, plus anciennes, avaient laissé des cicatrices blanchâtres en haut de ses épaules. Cela devait faire des mois qu’il se traçait des signes sur la peau. Épouvantée, sa mère lui demanda alors pourquoi il se mutilait ainsi et le garçon lui répondit qu’il ne savait pas. Quelque chose l’incitait à le faire. Carmen en était sure, son fils avait changé. Jamais il n’aurait agi ainsi autrefois.
Souvent Philip les suivait silencieusement dans la maison. Il faisait peur à sa mère, comme à sa cousine Kammy. Plus le temps passait, plus il devenait agressif. Parfois, il faisait une remarque à Brad, et si son frère lui répondait, alors il le frappait. Un jour, assistant à la scène, Kam défendit Brad. Philip monta alors dans la chambre de sa cousine et il commença à détruire tout ce qui pouvait l’être. La jeune fille, qui s’était précipité derrière lui, tenta alors de l’arrêter et une bagarre s’en suivit. Philip semblait animé d’une force surhumaine et il la projeta à travers la pièce, comme si elle ne pesait rien. Kam resta un moment sur le sol, stupéfaite. Philip avait un cancer, il était très malade, jamais il n’aurait dû avoir la force de la repousser ainsi.
Après cette altercation, la situation dégénéra brusquement. Kam avait la sensation que des mains tiraient sur ses draps, pour les lui arracher. Ses couvertures étaient jetées à terre et son chandail se soulevait de lui-même. Parfois, la jeune fille sentait que quelqu’un tirait sur la bretelle de son soutien-gorge. Elle avait l’impression qu’une entité rôdait autour d’elle, qu’elle violait son intimité et elle décida d’en parler à sa tante. Carmen se rendait compte que sa nièce était effrayée, mais elle se refusait à croire qu’elles étaient aux prises avec une entité invisible. A ses yeux, il n’y avait qu’une conclusion logique: il s’agissait de son fils Philip. Elle ne savait plus qui croire et quoi penser, elle était déchirée. Il était son ainé, son fils adoré. Carmen avait souffert avec lui et elle l’aimait terriblement mais elle devait également songer à protéger sa nièce et ses autres enfants. Comme Allen se trouvait à New York, elle devait décider seule comment gérer la situation.
Carmen aurait voulu croire qu’il y avait une entité dans la maison, mais à chaque fois que Philip l’avait appelée pour assister à une manifestation surnaturelle, elle y était allée mais elle n’avait jamais rien vu. Perdue, elle téléphona à un médecin et lui expliqua ce qui se passait. Catégorique, le docteur lui répondit qu’elle décrivait tous les symptômes de la schizophrénie et que Philip devait être interné. Carmen s’effondra alors en sanglots. Son fils était au collège à ce moment-là et à son retour, elle tenta d’agir comme s’il ne se passait rien de spécial. Elle lui avait préparé son repas favori. Ils étaient à table quand les hommes en blanc pénétrèrent dans la maison, sans même frapper à la porte et un silence pesant s’abattit sur la pièce. Les infirmiers s’approchèrent de la chaise de Philip, le saisirent par les aisselles, et ils commencèrent à l’entrainer vers la porte.
Philip se tourna alors vers sa mère, et il la supplia : « Maman, ne fais pas ça. » Puis brusquement, il commença à se débattre et à crier, demandant où on l’emmenait. Sa mère n’arrivait pas à le lui dire. Elle pleurait et lui demandait sans cesse de lui pardonner. Dans l’ambulance qui l’emmenait vers l’hôpital psychiatrique, le garçon hurlait. Une fois sur place, les infirmiers lui passèrent une camisole de force et ils refusèrent que sa mère l’accompagne. Philip l’implorait la suppliait de ne pas l’abandonner. Puis, alors que la porte se refermait sur lui, il cria brusquement : « Maintenant que je suis parti, ils vont s’en prendre à vous ! »
Sur le chemin du retour, Carmen s’effondra. Elle pleurait, elle était en colère et ce que son fils lui avait crié pesait sur sa conscience. A ce moment-là, elle était prêtre à croire n’importe quoi, même ce qu’elle avait refusé de croire auparavant. Tout plutôt que son fils soit schizophrène jusqu’à la fin de ses jours. En arrivant chez elle, Carmen descendit directement au sous-sol et elle dit : « Tu veux jouer, espèce de s….., alors viens t’en prendre à moi ! » Puis elle s’assit sur les marches de l’escalier et elle attendit. Elle resta assise là pendant des heures, en vain.
Un soir, Carmen monta se coucher, épuisée. Elle dormait quand Kammy vint frapper à sa porte. La jeune fille lui expliqua que la chose s’était encore produite. Elle était allongée quand soudain, quelqu’un avait tiré sa couverture. Pourtant, Philip n’était plus dans la maison. Carmen ne comprenait pas ce qui se passait mais en sortant de sa chambre, elle s’aperçut que le dernier crucifix avait disparu. Tous les crucifix qui se trouvaient dans la maison s’étaient volatilisés et elle s’aperçut qu’elle avait été mystifiée. Toutes ses convictions tombèrent alors en poussière. Kammy regagna alors son lit, et sa tante l’accompagna pour lui lire des passages de la Bible.
La jeune fille était allongée quand soudain elle se mit à crier : « Il approche, il approche! Je le sens il approche ! » Puis une main commença à caresser son corps, sous ses vêtements, et Kam se mit à hurler. Carmen leva alors les yeux vers sa nièce, et elle vit une main glisser sous sa chemise de nuit. Elle la voyait parfaitement, elle en distinguait les os, et les jointures. Alors elle prit Kam dans ses bras, et elle courut vers la salle à manger. Les deux femmes étaient terrifiées. Kam reprenait son souffle, assise sur une chaise, quand soudain elle s’écria : « Tante Carmen, il approche ! »
Carmen le sentait, elle aussi. L’atmosphère était lourde, la pièce était glacée et elle sentait une odeur étrange. Les deux femmes tombèrent à genoux et elles se mirent à prier. Leurs mots étaient entrecoupés par leurs larmes. Elles sentaient une présence qu’elles ne pouvaient voir et elles entendaient un grognement, tout près d’elles. Soudain, le long chapelet que portait autour de son cou Kam se mit à léviter et la croix vint se placer juste entre les yeux des deux femmes. Puis brusquement, le chapelet se brisa et des dizaines de perles roulèrent sur le sol. A ce moment-là, Carmen réalisa qu’elle avait eu tort de faire interner son fils. Elle décrocha le combiné et téléphona à l’église, qui accepta la communication malgré l’heure tardive.
Après avoir expliqué la situation, on lui dit qu’un exorciste viendrait les visiter le lendemain. Soulagée à l’idée que quelqu’un puisse résoudre le problème qui tourmentait sa famille, elle décida de prendre une douche. Carmen se trouvait dans la baignoire quand soudain le rideau de douche s’enroula autour d’elle et immédiatement, elle se mit à hurler. Elle n’arrivait pas à se dégager. Puis le plastique commença à se resserrer autour de son visage, comme si quelqu’un cherchait à l’étouffer, et Carmen commença à suffoquer. La chose cherchait à la tuer, elle voulait sa mort. Plus elle criait, plus l’emprise se resserrait.
Kammy avait entendu sa tante appeler à l’aide. Quand elle la découvrit, Carmen gisait sur le carrelage de la salle de bain, elle se débattait pour sortir du rideau de douche et la jeune fille comprit que si elle ne parvenait pas à la libérer rapidement, sa tante allait suffoquer. Alors, sans hésiter, elle déchira le plastique. L’exorciste qui vint les visiter leur conseilla de demander l’avis des deux célèbres enquêteurs du paranormal, Ed et Lorraine Warren et un rendez-vous fut bientôt décidé.
L’Enquête d’Ed et Lorraine Warren
Depuis le départ de Philip, les manifestations étaient incessantes. Des odeurs de chair en décomposition se répandaient dans la maison et les lumières s’allumaient et s’éteignaient toutes seules, même si l’on enlevait les ampoules. Un jour, alors que Carmen faisait les sols, l’eau du sceau s’était brusquement teintée de rouge sang. Un rouge profond. Elle en avait eu la chair de poule. Puis il y avait eu l’épisode des assiettes. Elle était sure de les avoir posées sur la table mais lorsqu’elle s’était retournée, elles étaient rangées. Elle avait l’impression de devenir folle.
Kammy avait vu des apparitions qui l’avaient terrorisée. Elle les décrivait en ces termes : « Ils étaient incroyablement puissants. L’un d’entre eux était mince, avec des pommettes hautes, de longs cheveux noirs et des yeux d’airain. Un autre avait les cheveux et les yeux blancs, il portait un smoking à rayures et ses pieds étaient constamment en mouvement. »
John Zaffis, Ed et Lorraine Warren et deux autres enquêteurs, qui se trouvaient être leur petit-fils et neveu, allaient enquêter durant plusieurs semaines dans l’ancien salon funéraire du 208 Meriden Avenue. Ils affirmèrent par la suite avoir vu par eux-mêmes les agressions que les démons infligeaient. Ils les avaient même subies: ils avaient reçu un grand nombre de gifles et de coups et ils avaient été poussés à terre.
Lorraine rapporta également cette observation : « Dans la chambre principale, il y avait une trappe par laquelle les cercueils étaient montés et que durant la nuit, vous pouviez entendre des bruits de poulie et de chaines, comme si des cercueils étaient soulevés. » Une nuit, alors que les grincements sinistres se faisaient entendre, Ed se leva pour aller voir qui tirait les chaines et il découvrit deux femmes qui dansaient en cercle tout en chantant. Mais lorsqu’il voulut s’approcher d’elles, elles disparurent brusquement.
L’enquête sur l’histoire de la maison leur révéla que d’anciens employés d’une entreprise de pompes funèbres s’étaient rendus coupables de nécrophilie et de nécromancie, ce qui avait attiré le mal sur la demeure et les époux Warren autorisèrent qu’un exorcisme soit effectué sur la propriété. Quelques temps plus tard, Lorraine Warren fit une déclaration à l’Associated Press, expliquant que la maison avait été nettoyée de toute présence maléfique après l’exorcisme mené en 1988.
Pendant son séjour à l’hôpital psychiatrique, Philip avait été déclaré schizophrène, et sa mère fut longtemps accablée par la culpabilité de l’avoir fait interner. Il fallait qu’elle le fasse sortir de l’hôpital et qu’elle l’aide à se débarrasser de l’étiquette qu’on lui avait imposée. En le revoyant, elle le serra dans ses bras et le supplia de lui pardonner. La famille Snedeker quitta la maison en 1989. Apparemment, plus aucun phénomène étrange ne se serait produit depuis. Philip est mort en 2012, à l’âge de trente-huit ans.
Source : In a Dark Place, d’Ed Warren, Carmen Reed, Al Snedeker, et Ray Garton.