L’Emprise, l’Histoire de Doris Bither

Le film L’Emprise (The Entity), réalisé par Sidney J. Furie en 1981, est l’un des films d’horreur des plus dérangeants et les plus effrayants qui soit. Il est inspiré d’un livre de Franck Defelitta, publié en 1978. Le roman raconte de façon détaillée l’horrible expérience dont fut victime Doris Bither, une femme qui habitait à Culver City, en Californie. Voici son histoire, relatée par différents protagonistes présents au moment des faits.

L’Enquête du Dr Kerry Gaynor

Le 22 aout 1974, Barry Taff et Kerry Gaynor, deux médecins qui effectuaient des recherches sur les phénomènes paranormaux, discutaient de leur dernière enquête dans une librairie de Culver City lorsque Doris Bither entendit leur conversation. La jeune femme s’approcha d’eux et, leur expliquant que sa maison était hantée, elle les supplia de l’aider. Les chercheurs écoutèrent patiemment son histoire, qui leur parut pour le moins fantaisiste, mais ils acceptèrent néanmoins de mener une enquête par acquis de conscience. Ils ne se doutaient pas encore qu’ils allaient être les témoins de l’un des plus fameux cas de l’histoire du paranormal.

Doris Bither, McGowan de son nom de jeune fille, venait d’une famille de la classe moyenne supérieure mais ses parents étaient tous deux alcooliques et ils n’avaient pas pu lui offrir l’enfance qu’elle espérait. A l’age de 10 ans Doris les avait suivis en Californie, dans le Midwest, mais quelques années plus tard, durant son adolescence, la jeune fille avait eu une sérieuse altercation avec sa famille, qui l’avait alors reniée. Pendant des années, elle avait perdu tout contact avec eux, puis ses parents étaient morts et tous leurs biens avaient été légués à son frère. Mère célibataire sans argent, Doris avait dû se débrouiller toute seule. La jeune femme avait enchainé les mariages ratés, connaissant également quelques aventures qui n’avaient pas duré. Elle avait donné naissance à quatre enfants, tous de pères différents. La vie était difficile, la famille Bither évoluait dans la pauvreté et Doris noyait souvent son chagrin dans l’alcool.

La maison de Doris Bither à Cluver City

Les Dr Taff et Gaynor se rendirent au 11547 Braddock Drive le jour même. Doris était une femme dans la trentaine, mère célibataire, qui habitait avec sa fille et ses trois fils. Sa fille avait six ans et ses garçons, avec lesquels elle semblait entretenir une relation conflictuelle, étaient âgés de dix, treize et seize ans. La maison était miséreuse, elle avait même été condamnée à deux reprises par la ville, et les conditions de vie de la famille Bither étaient sordides. Lorsqu’ils pénétrèrent à l’intérieur, les enquêteurs ressentirent une étrange sensation de surpression dans les oreilles. Doris leur expliqua que peu de temps après leur installation dans la maison, elle avait entendu taper à la porte. Lorsqu’elle avait ouvert elle avait été surprise de voir une vieille femme mexicaine se tenir dans l’entrée. Elle avait peut-être dans les soixante-dix ou qiatre-vingt ans et elle semblait sinistre. La femme lui avait déclaré : « Vous devez partir d’ici! Je vivais ici autrefois, dans cette ancienne maison, du temps où c’était une ferme et où j’étais une petite fille. Il y a quelque chose de très mauvais ici. Cet endroit est hanté, vous devez partir ! » Puis la vieille femme s’était éloignée sans plus d’explication, ce qui avait particulièrement agacée Doris et son fils ainé. Les premiers phénomènes avaient commencé quelques mois plus tard. Elle ignorait si cette visite avait un lien avec ce qui leur arrivait, mais les enquêteurs en prirent bonne note.

Tous les enfants avaient vu ou entendu des choses dans cette maison, des choses qui n’avaient rien d’habituel. L’un des garçons avait été giflé par une main invisible, un autre avait buté contre une entité dans le couloir et tous connaissaient l’esprit qui rôdait dans la maison, qu’ils surnommaient M. Whose-it. Ils expliquèrent au Dr Taff qu’ils l’avaient aperçu à de nombreuses reprises et qu’il était responsable d’un grand nombre de phénomènes. L’homme se présentait sous une forme semi-solide, il mesurait au moins 1m80 et tous les enfants pouvaient le décrire avec une remarquable précision. De plus, chacune de leurs descriptions correspondait à celles des autres et ils donnaient des détails déjà relevés dans d’autres cas de hantise qu’ils n’auraient pas pu inventer. Complétant leurs propos, Doris expliqua qu’elle était victime d’attaques de la part de trois d’entités qui la battaient, et pire encore. Parfois, les deux plus petites la maintenaient pendant que la troisième la violait. Ces agressions lui laissaient fréquemment des marques sur le corps, des contusions aux cuisses et à la gorge, qui étaient d’ailleurs visibles. En écoutant la jeune femme, les deux hommes pensèrent que ses parents l’avaient maltraitée durant son enfance, qu’elle avait subi plusieurs relations abusives avec des hommes, ce qui expliquait probablement les profonds traumatismes dont elle semblait souffrir. De plus, il y avait des tensions évidentes entre les trois garçons et leur mère, surtout avec l’ainé qui semblait plein de ressentiment envers elle, et l’ambiance était extrêmement tendue. Dès qu’ils sortirent de la maison, les enquêteurs, pensant qu’elle avait perdu l’esprit, se mirent à rire. Ils avaient accepté d’écouter son histoire, mais maintenant qu’ils l’avaient entendue, ils allaient lui conseiller de consulter un psychiatre.

Cependant, quelques jours plus tard, Doris appela Kerry Gaynor, lui affirmant que des amis étaient venus lui rendre visite et qu’ils avaient été témoins d’une apparition. En apprenant cette nouvelle, les enquêteurs, qui espéraient pouvoir assister, eux-aussi, à quelque phénomène, décidèrent d’y retourner. En rentrant dans la maison, ils remarquèrent une nouvelle fois une étrange pression dans leur oreille interne mais également une forte odeur de pourriture. Puis, en pénétrant dans la chambre de Doris, ils s’aperçurent que la pièce était étrangement froide et peu de temps après, les premières manifestations commencèrent à se produire. De petits éclats de lumières, très brefs, apparurent. Les deux hommes tentèrent alors de les prendre en photo, mais ils étaient si rapides qu’ils ne purent les capturer, ni avec leur Polaroid et avec la caméra 35 mm qu’il avait apportée. Un peu plus tard, alors que le Dr Gaynor parlait avec le fils ainé de Doris, celui de seize ans, debout dans la cuisine, la porte inférieure d’une armoire s’ouvrit brusquement et une casserole en sortit en volant, projetée à plus d’un mètre du meuble. Craignant une supercherie, le chercheur fouilla immédiatement le buffet mais personne n’était caché dedans et il n’y avait rien d’anormal.

Lors de cette visite, l’une des amies de Doris, une certaine Candy qui se disait médium, était également présente. A un certain moment, elle appela les enquêteurs, criant qu’elle sentait une présence dans la chambre et immédiatement, les Dr Taff et Gaynor coururent vers elle. Soudain, de petites lumières apparurent et la médium s’écria : « Le fantôme est dans l’angle ! » Visant le coin de la pièce, les deux hommes prirent une photo, mais elle semblait complétement ratée, blanchâtre et sans grand intérêt. La jeune femme cria une nouvelle fois : « Il est dans le coin ! » Mais de nouveau, le cliché sortit flou. A ce moment-là, pensant que l’appareil ne marchait pas, le Dr Gaynor prit une photo de contrôle, qui se révéla parfaitement normale. Brusquement pris d’un doute, il demanda à Candy si le fantôme avait disparu, et la jeune femme lui répondit par l’affirmative. Quelques secondes plus tard, il prit une seconde photo et elle se révéla parfaite. Soudain, la médium s’exclama : « Il est juste en face de mon visage ! » Visant Candy, les deux hommes s’empressèrent de prendre un nouveau cliché et le résultat fut sidérant. Les rideaux derrière elle et les boutons de sa robe étaient parfaitement nets, mais tout son visage semblait effacé. Candy s’écria alors : « Il est en plein devant mon visage ! » Étonnamment, son visage était à nouveau effacé, mais les détails de le reste de l’image restaient visibles. A ce stade, Le Dr Gaynor voulut prendre une autre photo de contrôle. Il demanda à la médium de le prévenir quand le fantôme serait parti et quand elle le lui dit, il prit un cliché. Il était impeccable.

Les Dr Barry Taff et Kerry Gaynor

Alors que les enquêteurs se tenaient là, debout dans la pièce, soudain le Dr Taff regardant vers la fenêtre aperçut plusieurs boules de lumière d’un bleu électrique. Malheureusement, il fut le seul à les voir. Un peu plus tard, le Polaroid prit soudainement et inexplicablement une photo de lui-même. Ce fut le dernier phénomène paranormal de la journée.

Lors de leur troisième visite, les Dr Taff et Gaynor amenèrent une photographe professionnelle avec eux et ils s’installèrent dans la chambre, qui était particulièrement malodorante. A plus de vingt reprises, alors qu’ils se trouvaient dans la pièce en compagnie de Doris, ils purent observer simultanément ce qui semblait être une petite lumière pulsant des éclairs. A ce moment-là, les enquêteurs décidèrent d’assombrir la salle en accrochant plusieurs couvertures lourdes aux fenêtres mais le changement de l’intensité lumineuse n’affecta en rien l’entité, qui parut plus brillante encore. Malheureusement, cette lumière apparaissant et disparaissant trop rapidement, aucune photographie ne fut prise cette nuit-là.

De nombreux personnes s’étaient déplacées pour assister à la quatrième nuit d’observation et bientôt des lumières apparurent, différentes de celles que les Dr Taff et Gaynor avaient vues lors de leur dernière visite. Elles étaient très intenses, et ne se ressemblaient guère, ni en taille ni en luminosité. A en juger par leur évolution rapide, leurs caractéristiques dimensionnelles et leur intensité, il était évident que ces manifestations n’étaient pas frauduleuses, et qu’elles n’étaient pas non plus non le fruit d’hallucinations collectives. Malgré les trois appareils qui photographièrent en permanence les apparitions, seuls deux clichés révélèrent quelque chose de significatif. Sur le premier, une petite boule de lumière volait dans un coin de la pièce et le second semblait montrer une comète trainant une queue derrière elle. Il leur sembla également distinguer des visages et des silhouettes sur les photos d’une porte de placard coulissante, mais les enquêteurs trouvèrent les images très subjectives et ils ne poussèrent pas plus loin les analyses.

Leur cinquième visite fut probablement la plus spectaculaire. Les Dr Taff et Gaynor, aidés par quelques collègues de l’université, avaient apporté avec eux un éclairage spécial, des caméras ainsi que de l’équipement audio et ils avaient décidé de commencer par une séance dans la chambre de Doris. Comme certains pensaient que les murs de la pièce, qui étaient recouverts d’une peinture écaillée et inégale, risquaient de créer de fausses images sur les photographies, ils recouvrirent les murs de planches noires qu’ils numérotèrent. Quand tout fut enfin prêt, des assistants se placèrent à l’entrée de la chambre, et plus personne ne put y rentrer, ni en sortir. Le Dr Taff demanda alors à Doris de provoquer les entités, et les résultats ne se firent pas attendre. Très vite, des lumières apparurent tout autour de la pièce et le Dr Gaynor tenta de communiquer avec elles. Il leur demandait de clignoter un certain nombre de fois sur tel ou tel panneau du mur, et les lumières, allant se placer près du panneau indiqué, clignotaient exactement comme il le leur avait demandé. A ce moment-là, les chercheurs, comprenant qu’ils communiquaient avec quelque chose d’intelligent, devinrent très excités. Cependant, le Dr Gaynor se demandait toujours si quelqu’un n’avait pas trouvé le moyen, en projetant des lumières sur les murs, de produire ce phénomène extraordinaire. Alors, afin d’éliminer tout risque de tricherie, il demanda aux entités de se détacher du mur et soudain, une lumière sortit tout droit de la paroi et vint flotter au centre de la pièce. Elle se mit alors à tourner encore et encore, s’étendant simultanément dans différentes. Le spectacle était extraordinaire.

D’une manière étrange, sur les photos prises lors de cet événement, aucune des lumières, dont les couleurs s’étalaient du jaune-verdâtre au blanc, n’était visible. L’image montrait des arcs de lumière qui passaient au-dessus de la tête de Doris. Pourtant, ils n’avaient jamais vu d’arcs, juste des boules de lumière.

Doris Bither et les orbes de lumière

Après le départ de l’équipe, les planches collées au mur furent retirées. Il fut alors suggéré que la chaleur avait peut-être affaibli le ruban adhésif, mais de la peinture et du plâtre avaient été arrachés, et ils étaient restés collés aux bandes. Différents scénarios furent alors envisagés, mais personne ne sut jamais qui avait enlevé ces planches, ni pour quelle raison.

Cinq jours plus tard commença la sixième cession et la plupart des manifestations furent identiques à la précédente. Néanmoins, à plusieurs reprises au cours de la soirée, commença à se former la silhouette tridimensionnelle d’un très grand homme musclé, dont les épaules, la tête et les bras furent aisément discernables par les vingt personnes présentes. Aucun trait de son visage n’était perceptible. Selon le Dr Gaynor : « Nous avons vu la tête prendre forme, puis les épaules. La lumière s’est étirée vers le sol jusqu’à ce qu’il devienne une silhouette humanoïde lumineuse d’un blanc-verdâtre. Ensuite, il a disparu, comme si quelqu’un avait tiré sur la prise. Il n’a pas disparu lentement, il s’est juste dissipé. Tout le monde était effrayé et silencieux après avoir vu ça. » Après avoir vu l’apparition, Jeff et Craig, deux membres de l’équipe, s’évanouirent et furent transporté hors de la chambre. Ce soir-là, les lumières étaient si intenses qu’elles éclairaient les nouvelles planches qui recouvraient les coins de la chambre. Les vêtements des personnes dans la pièce étaient éclairés par ces lumières, qui se réfléchissaient sur les montures et les verres en aluminium des appareils photographiques.

Photo des arcs lumineux

Lors de leur septième visite, Doris et deux de ses fils signalèrent de nouveaux phénomènes télékinésiques et la jeune femme montra une grosse ecchymose sur son bras, expliquant qu’elle avait été frappée par un candélabre. Pour assister à cette séance, les chercheurs avaient amené Telma Ross, la chef de leur laboratoire, ainsi que de nombreux psychiatres avec eux mais il n’y eut que quelques lueurs assez pâles. Cependant, à un moment donné, le Dr Gaynor suggéra à la présence dans la maison, quelle qu’elle soit, de démontrer sa force en enlevant à nouveau les planches sur les murs, mais cette fois en leur présence. Dans les cinq secondes qui suivirent, plusieurs des planches furent brusquement arrachées, atterrissant directement sur la tête de Doris et la frappant au visage. De la position où ils se trouvaient, les Dr Gaynor et Taff pouvaient observer très nettement la bande adhésive se décoller alors que les panneaux étaient comme tirés par des mains invisibles.

La dernière nuit d’observation eut lieu pour Halloween 1974. Les manifestations furent les mêmes que lors des précédentes séances, mais de faible intensité. Cependant, au cours de ses visites, le Dr Taff avait néanmoins remarqué un détail amusant. Lorsque le fils ainé écoutait certains disques de Hard Rock, comme ceux de Black Sabbath ou d’Uriah Heep alors brusquement, les activités s’intensifiaient. Certaines chansons semblaient perturber le poltergeist, surtout celles qui parlaient de démons ou du diable. Lorsqu’il les passait, les lumières et les orbes s’intensifiaient étrangement.

S’ils ne pouvaient plus nier l’authenticité des manifestations, les Dr Taff et Gaynor se posaient tout de même une question: les traces de coup qui apparaissaient sur Doris étaient-elles vraiment l’œuvre d’une entité surnaturelle ? Il n’y avait aucun moyen de le savoir. L’apparition ne violait qu’elle, ses attaques semblaient très personnelles et elles se passaient toujours très tard. L’un des fils de Doris, celui qui avait seize ans, leur avait expliqué qu’une nuit, il avait entendu sa mère crier. Il avait alors couru jusqu’à sa chambre à coucher et il l’avait vue se faire projeter sur le lit. Quand il s’était approché d’elle pour l’aider, quelque chose l’avait frappé sur la tête et jeté à travers la pièce. Il avait eu le bras cassé. D’ailleurs, par une étrange coïncidence, l’acteur jouant son rôle dans le film L’Emprise eut lui aussi le bras cassé durant le tournage de cette scène.

S’ils voulaient bien admettre cette théorie, aucun des chercheurs n’était capable n’était capable de débarrasser Doris des créatures qui la harcelaient. Le Dr Gaynor expliquait ainsi leur position : « Je ne suis pas exorciste. Je couvre les événements. J’étudie le phénomène et je donne des conseils aux personnes concernées. La femme avait décrit l’entité qui l’attaquait comme une figure masculine solide qu’elle ne reconnaissait pas. Alors comment savait-elle que c’était un fantôme me direz-vous ? Car le fantôme l’agressait. En fait, il y avait trois apparitions, selon elle. Deux tenaient la femme par les jambes pendant que la troisième la violait. C’était horrible. Elle m’appelait parfois au milieu de la nuit en criant, et quand j’arrivais là-bas je voyais qu’elle avait été battue. Elle avait des marques noires et bleues sur tout le corps. »

Au cours de l’enquête, qui dura dix semaines, Doris fut attaquée une quinzaine de fois. Le Dr Gaynor, qui finalement, n’avait fait qu’observer les événements, tenta de positiver leur intervention : « Mais elle est devenue plus forte. Et elle a pu se rendre compte qu’elle n’était pas folle, qu’il se passait vraiment quelque chose. Elle est devenue plus forte et elle a survécu. »

Après leur départ, Doris tenta de déménager à cinq reprises, s’installant dans des villes proches. Mais malheureusement, même si les phénomènes se faisaient un peu moins violents à chaque fois, les entités semblaient la suivre. Finalement, elle décida de s’enfuir dans une ville plus éloignée et deux ans plus tard, les manifestations, tout comme les attaques, cessèrent complètement. Malgré les témoignages des deux enquêteurs, l’authenticité du témoignage de Doris, comme celle de tous les témoins d’histoires paranormales, ne fut admise que par très peu de monde. Le Dr Gaynor avait voulu prouver l’existence des entités, mais le pari était difficile : « Amener un fantôme dans un bocal ? C’est probablement ce que voudrait la communauté scientifique. » De toutes façons, il n’avait pas envie de se battre pour convaincre tout le monde de la véracité de ses dires : « Je veux que le public sache ce qui se passe, mais je n’ai pas d’ordre du jour. Je n’ai pas envie de me tenir debout sur une chaise en déclarant: Vous devez croire aux fantômes. Quelque chose se passe qui mérite notre attention. Je suis plus intéressé par la découverte. »

Aujourd’hui encore, personne ne peut véritablement expliquer les phénomènes qui se déroulèrent au 11547 Braddock Drive, dans la petite ville de Cluver City. Tout ce que nous pouvons affirmer avec certitude, c’est que des manifestations ont bien été constatées en 1974. Doris Bither mourut en 1995, à l’âge de cinquante-huit ans et son fils rapporta par la suite avoir vu apparaitre des boules de lumière dans sa chambre, les mêmes que celles qu’ils avaient vues au début des années 70.

L’Interview de Brian Harris

Brian Harris

Le Dr Barry Taff avait décrit la façon dont la maison de Culver City avait été condamnée deux fois par la ville, il avait aussi parlé de conditions sordides, d’une maison sombre et fermée au monde extérieur. La maison avait une centaine d’années et, à l’origine, elle possédait deux étages et une cave. Elle possédait un salon et une cuisine dans la partie avant de la propriété, et les chambres, qui avaient été rajoutées par la suite, se trouvaient dans une autre section, à l’arrière de la maison. C’était une propriété en forme de L. De par la disposition de la maison, Brian, l’un des fils de Doris, celui du milieu, se sentait très seul au moment des faits, isolé même. La vie des enfants était loin d’être normale, mais selon Brian, la situation était loin d’être celle décrite par le Dr Taff : « Que la maison ait été condamnée deux fois par la ville, c’est des conneries. La maison n’a jamais été condamnée. On pouvait se sentir isolé là-bas, mais c’était parce que la maison avait la réputation d’être hantée et que tout le quartier venait voir. Des rôdeurs, des curieux. Les enfants du voisinage venaient toujours pour tenter d’apercevoir l’intérieur de la maison hantée. A l’école, j’ai souvent été taquiné car j’habitais cette maison. »

Le journaliste voulait entendre ce que Brian avait à raconter sur ces phénomènes de hantise. Si tout ça était vrai. Le viol était-il vraiment arrivé ? Avaient-ils vraiment été attaqués par des esprits ? Il lui demanda de parler des témoignages mais Brian poussa un long soupir, comme si on lui avait demandé de raconté les événements à chaque fois qu’il avait mentionné le nom de sa mère. Puis il y eut un long silence.

– Que voulez-vous savoir? C’était vrai. Eh bien, tout cela était vrai. Avez-vous vu le film ? J’ai pensé  » Wow, ça y est. C’est la confirmation que j’attendais. « 

Le journaliste lui avoua qu’il n’avait pas regardé le film de 1981, intitulé L’Emprise, qui mettait en vedette Barbara Hershey, mais qu’il avait lu et relu le rapport du Dr Barry Taff sur l’affaire.

– Oui, le film a ajouté de nombreuses choses. Un grand nombre d’évènements ont été romancés, en dépit des demandes de Taff et Gaynor. Barbara Hershey a fait un bon travail. C’était exactement la façon dont je me souvenais de ma mère. Les bleus sur les jambes et à l’intérieur des cuisses, les attaques.

Le journaliste insista ensuite pour que Brian lui parle de l’ensemble des événements et des attaques qui semblaient se concentrer sur Doris et son frère ainé.

– Eh bien, tous les événements qui ont été reportés sont vrais. C’est arrivé. Vivre dans cette maison, c’était l’enfer. Nous connaissions plusieurs sortes d’attaques. On se faisait pousser, mordre, griffer. Il y avait environ 4 entités dans la maison, et elles se faisaient connaitre en apparaissant sans arrêt. Je pense qu’il devait leur falloir beaucoup d’énergie pour faire ça.

Selon lui, tous les enfants subissaient des attaques mais il était moins touché que les autres. Il pensait que les entités avaient été attirées par l’attitude effrayée et négative des membres de sa famille. Surtout par celle de sa mère.

Brian: C’était comme s’ils se montraient dès qu’ils en avaient envie. Ils n’étaient jamais très nets. Pas comme je vous vois Javier. Quand ils voulaient se montrer, c’était toujours comme un brouillard. Comme un être humain… mais pas tout à fait.

– Comme la silhouette d’un homme ? demanda alors le journaliste.

– Oui, comme une silhouette. Ce n’était pas net. Translucide et brumeux. Ça ressemblait à une sculpture. Comme un corps ciselé. Pas une silhouette entière, mais parfois nous pouvions voir sa musculature. C’est marrant l’anecdote indiquant que les entités étaient asiatiques, ça n’était pas vrai. Je ne sais pas où Taff et Gaynor ont eu cette idée. Elles n’avaient pas les traits asiatiques. Elles n’avaient pas l’air asiatique.

Brian faisait là allusion à la description initiale du Dr Barry Taff qui indiquait que les esprits semblaient asiatiques. Comme vous avez pu le comprendre, pour lui, c’était loin d’être le cas.

L’interviewer  lui posa alors quelques questions sur les manifestations des esprits et les agressions. Il était particulièrement intéressé par la revendication du viol de Doris Bither.

– Parfois, c’était ennuyeux. Nous regardions la télévision et ces choses passaient devant nous comme si rien n’était… Nous étions tellement habitués aux esprits que nous n’y faisions même plus attention. Toute l’histoire du viol est vraie. Ma chambre était juste à côté de celle de ma mère. J’entendais les attaques qui s’y déroulaient. Les choses qui étaient jetées, ses cris. Puis elle sortait de la chambre couverte de toutes ces ecchymoses. Sur ses jambes, sur ses cuisses. Tout comme dans le film. Il y a eu des fois où c’est arrivé juste devant nous. C’était comme si un homme s’était tenu debout juste en face de ma mère et qu’il avait commencé à la battre. Imaginez une femme en train d’être battue. Vous pouviez la voir s’effondrer et être projetée. Des bruits, des gifles… mais il n’y avait personne pour le faire. Nous sentions tous sa présence. Nous étions tirés, mordus, griffés… nous étions tous attaqués.

Brian expliqua ensuite que parfois, ces apparitions brumeuses devenaient claires et détaillées. Il voyait même les traits de leurs visages. Curieux de savoir comment il avait géré toute cette histoire vu son jeune âge à l’époque, le journaliste lui proposa de décrire son enfance à ce moment-là.

– Eh bien… c’était l’enfer. J’étais là, à peine sorti de l’école primaire, et je tentais d’avancer et d’ignorer tout ça mais il y avait tant de choses. Entre l’équipe de 30 personnes, ou plus même, entassées dans une petite, et je veux dire vraiment petite pièce, les acclamations et les cris à cette chose. J’étais dans la chambre d’à côté tentant de regarder la télévision. Tentant de m’occuper de mes affaires.

L’enquête de Taff et Gaynor n’avait duré que quelques mois mais Brian semblait un peu gêné quand il parlait de l’équipe de chercheurs qui avait envahi sa maison. Il semblait même leur en vouloir. Ils étaient supposés les aider à recouvrer une vie normale mais ils n’avaient rien fait pour eux. Finalement, c’était comme s’ils leur avaient dit : « Nous avons eu ce que nous voulions, bonne chance avec vos fantômes. »

– Toute l’enquête a duré environ deux ou trois mois. Mais ça n’était pas comme si Barry était là tous les jours. Aussi, pour lui, de dire que ça pouvait être une sorte de truc télékinésique que ma mère avait créé, c’était que des conneries. Elle ne voulait pas que cela arrive… Ça aurait pu  une possibilité, mais ça n’est pas comme s’il ne savait pas ce que nous traversions vraiment. Il n’était un « Oncle Bob » qui connaissait la famille. Il n’était là que pour trois mois. Et il ne se montrait que chaque jeudi en gros. Lorsque l’équipe arrivait, je détestais ça, parce que je savais que dès qu’ils s’en iraient, ils seraient tellement en colère que la maison deviendrait vivante… c’était comme si les fantômes avaient été en colère et qu’ils étaient venus nous le dire. Ils piquaient une crise de rage. Donc les choses commençaient à voler, nous étions attaqués. C’était comme si la maison devenait vivante. Les choses volaient, les pots, les casseroles. Ça devenait juste vivant. Ils étaient en colère après nous car nous avions parlé d’eux.

L’enquêteur commença à lui poser des questions sur la théorie selon laquelle sa mère aurait pu créer le poltergeist elle-même. Il lui demanda s’ils avaient une relation d’amour/haine avec leur mère, et si ça ne pouvait pas avoir été la raison de ces événements. Le fait qu’elle buvait beaucoup pouvait aussi y avoir contribué.

– Oui… Je n’en serais pas surpris si c’était la raison. Vous devez comprendre que ma mère buvait beaucoup à cause de ce qui se passait. Elle voulait fuir tout ça. Alors elle buvait. Barry a indiqué qu’elle était toujours ivre, mais ça n’est pas vrai. En fait, j’aimerais lui parler en personne. Il y a des choses que je voudrais clarifier. La maison était instable. Nous nous battions souvent. Mon frère ainé était méchant avec nous. Donc, il y avait de nombreuses tensions. Le petit ami de ma mère l’avait quittée car il ne pouvait pas supporter tout ça. Ce qui était une bonne chose, c’était un salaud. La théorie de la télékinésie est possible. Il y avait tellement de tensions et d’énergie négative. Vous devez aussi vous souvenir que ça a pu être amplifié par l’équipe de Barry. Il y avait parfois 20 ou 30 personnes dans la chambre. A crier après cette chose, à essayer de la faire sortir. L’équipement, les appareils photo, les lumières. L’énergie collective peut l’avoir aggravée.

Brian avait soulevé un excellent point. Si seuls comptaient les faits et les preuves à la fin d’une enquête, les enquêteurs ne devaient jamais oublier les conséquences indirectes de chacun de leurs actes. Une hantise ou un poltergeist sont généralement des choses très personnelles et très intimes. Souvent, l’entité ne cible qu’une seule personne. Quand une famille entière est impliquée, alors les phénomènes restent dans la maison, ne se manifestant que rarement à l’extérieur. Avoir une équipe de scientifiques et d’étudiants provoquant les forces du mal dans le but d’obtenir une preuve est dangereux. S’ils s’aperçoivent qu’il n’y a pas d’apparitions, ils commencent à douter des témoignages et ils abandonnent finalement les recherches. Le poltergeist peut attendre longtemps sans se manifester. Et lorsque tout le monde est parti, il déchaine sa rage sur les occupants de la maison. L’histoire de Doris et de ces enfants ressemblait à celle-là. Aucune preuve concrète n’avait jamais été apportée, sauf quelques photographies qui montraient des orbes. De vrais orbes, pas ceux que nous voyons partout sur le web qui sont clairement des grains de poussière ou des insectes reflétant le flash de l’appareil photo.

Brian avait rapporté au journaliste qu’il y avait quatre entités au début de l’entrevue, or le Dr Barry Taff avait seulement signalé trois esprits dans la maison.

– C’était celui que nous appelions M. Whose-it. Il marchait toujours autour de la maison. Il était celui que je croyais être mon grand-père.

– Comment en êtes-vous arrivé à cette conclusion ? l’interrogea alors le journaliste.

– Parce qu’il me l’avait dit. Il a dit qu’il était mon grand-père. Il lui ressemblait.

Le Dr Barry Taff avait déclaré que trois esprits hantaient la maison. Les enfants en connaissaient quatre et l’interviewer pensait que ces quatre esprits étaient malveillants. L’esprit que les enfants appelaient M. Whose-it n’était probablement pas celui de leur grand-père. C’était plus vraisemblablement un mauvais esprit essayant de jouer avec leurs sentiments.

Le journaliste demanda alors à Brian d’expliquer les affirmations selon lesquelles son frère ainé écoutait de la musique satanique, comme l’avait signalé le Dr Barry Taff.

– Ce sont des conneries. Nous n’avons jamais écouté de musique satanique. C’était Black Sabbath et Uriah Heep. Tous les enfants qui ont grandi dans les années 70 et qui écoutaient du rock écoutaient ça. C’était la chose cool à faire. Bien, nous avions remarqué que lorsque certaines chansons passaient, les esprits devenaient agités. Il y avait cette chanson de l’album d’Uriah Heep, Demons and Wizards, qui parlait du bien contre le mal. Ça racontait comment le diable se faisait botter le cul. Et chaque fois qu’elle passait, les esprits s’agitaient.

La maison avait été achetée par la ville, puis revendue à un particulier qui la louait à Doris à l’époque. Elle fut ensuite rachetée par l’un de leur voisin, M. Bob Salcedo, qui prit peur et la revendit lorsqu’il entendit parler de ce qui s’y passait. Doris et ses enfants avaient alors dû déménager.

– Le nouvel endroit où nous avons aménagé était atroce. C’était dans un mauvais quartier de Carson. Il n’y avait que très peu d’activité paranormale. C’était l’enfer à cause du voisinage. Il y avait un mauvais voisinage et une mauvaise école. A ce moment-là, les trucs surnaturels se faisaient très rares.

Selon lui, tous les enfants de Doris possédaient une certaine forme de pouvoir psychique. Même si ce pouvoir s’était affaibli au fils des années, Brian voyait encore des ombres et des esprits de temps en temps. Il en avait vu tout au long de sa vie. Pareil pour ses frères et sœurs. Cette faculté n’était devenue négative qu’après leur installation dans la maison de Culver City. L’énergie psychique de la maison devait y être terrible. Si l’on ajoute à cela l’attention reçue de la part de l’équipe de recherche et les tensions familiales existantes, alors elle pouvait aisément être devenue un phare pour tous les mauvais esprits.

Partager:
Subscribe
Me prévenir
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments