Les Loups-Garous, la Légende

Le terme de loup-garou, ou lycanthrope (lykánthrôpos du grec lúkos, loup et ánthrôpos, être humain), désigne un être humain qui possède la faculté se transformer en loup, volontairement ou involontairement. La métamorphose se déclenche en général durant les nuits de pleine lune, obligeant le lycanthrope à errer sous sa forme de loup jusqu’aux premiers rayons du soleil.

Dans sa version moderne, le loup-garou présente toutes les caractéristiques physiques du loup: de longs poils lui recouvrent entièrement le corps et il est soudain pourvu d’une fantastique puissance musculaire, de longs crocs et de griffes acérées. Le loup-garou hurle à la lune comme un loup, et s’il se tient parfois sur deux pattes, comme un homme, ça n’est point une règle absolue. Lorsqu’il change d’apparence, son odorat, son ouïe et sa vision nocturne se développent. Il devient agile, rusé, et il fait preuve d’une incroyable célérité. Le loup-garou est un tueur solitaire et impitoyable. Il se montre toujours d’une implacable férocité et il massacre sans distinction les animaux et les hommes qu’il croise au hasard de ses sorties nocturnes afin de se repaitre de leur chair. Tout comme les vampires, les loups-garous sont perçus comme des créatures maléfiques qui sèment la mort et la terreur et ils sont réputés pour souffrir de la même répulsion pour les choses sacrées.

Petite Histoire du Loup-Garou

Gravures de Charles Lebrun 1806

Il existait autrefois autant de versions différentes du loup-garou que de légendes. Son apparence variait selon l’époque et le pays, mais il était souvent décrit comme difficile à différencier d’un loup ordinaire.
Le loup-garou était pourvu d’une grande gueule, d’un regard étincelant et de dents crochues. Il était parfois présenté comme un immense loup, d’autres comme un humain à tête de loup mais il pouvait aussi ressembler à notre version moderne du loup-garou. Voici la description qu’en faisait Simon Goulard (1543-1628):  » Le loup-garou est différent du loup en ce que son pelage n’est pas au dehors, mais entre cuir et chair. Il va aussi vite que le loup, ce qui ne doit être trouvé incroyable, car ce sont les efforts du mauvais démon qui les façonnent à la guise des loups. En marchant, ils laissent sur la terre la trace de loups. Ils ont les yeux affreux et étincelants comme des loups, font les ravages et cruautés des loups, étranglent chiens, coupent la gorge avec les dents aux jeunes enfants, prennent goût à la chair humaine comme les loups, ont l’adresse et résolution à la face des hommes d’exécuter tels actes. Et quand ils courent ensemble, ils sont accoutumés de départir de leur chasse les uns aux autres. S’ils sont saouls, ils hurlent pour appeler les autres. « 

Certains témoignages affirmaient que les lycanthropes ne possédaient pas de queue, mais qu’ils gardaient des yeux et une voix humaine. Ainsi, selon certains contes suédois, le loup-garou pouvait être distingué d’un loup ordinaire car il ne se déplaçait que sur trois jambes. Il étirait la quatrième vers l’arrière afin de la faire ressembler à une queue.
Si leurs descriptions changeaient, il existait toutefois un point commun que l’on pouvait retrouver chez tous les lycanthropes de l’Europe médiévale: ils semblaient avoir une nette préférence pour les jeunes enfants et ils dévoraient les cadavres fraichement enterrés.
Les pouvoirs des lycanthropes semblaient s’accroitre durant la nouvelle lune et au moment des solstices mais certaines fêtes religieuses chrétiennes semblaient les renforcer tout autant. Ainsi, dans certains textes ainsi, l’on mentionnait des transformations qui avaient duré jusqu’à douze jours après Noël. Au XXIIIe siècle, Gervais de Tilbury soulignait qu’en Angleterre il était fréquent de voir les hommes se changer en loup lorsque la lune entamait un nouveau cycle. En 1848, lorsque la lune était rousse, l’on pouvait assister à des épidémies de lycanthropie.

Olaus Magnus rapportait qu’en Prusse, en Livonie et en Lituanie, les habitants souffraient tout au long de l’année de la rapacité des loups qui décimaient leur bétail mais comme ils étaient dispersés à travers un grand nombre de bois, ils n’étaient pas aussi dangereux que les hommes qui se transformaient en loups.
Pour la fête de la Nativité du Christ, une multitude d’hommes transformés en loups se réunissaient en certains endroits pour ensuite propager leur rage et leur incroyable férocité contre des êtres humains et des animaux domestiques.
Les gens originaires de ces régions souffraient bien plus de ces loups que des vrais loups car lorsqu’ils repéraient une habitation isolée dans les bois, ils l’assiégeaient cruellement, s’efforçant de briser ses portes. Lorsqu’ils y arrivaient, ils dévoraient tous les êtres humains et tous les animaux qui se trouvaient à l’intérieur. Ils faisait également irruption dans les caves à bière, vidaient les tonneaux de bière ou d’hydromel puis ils entassaient les tonneaux vides les uns au-dessus des autres au milieu de la cave, montrant ainsi leur différence avec les vrais loups. Entre la Lituanie, la Livonie et la Courlande, se dressaient les murs d’un vieux château en ruines. A cet endroit se rassemblaient des milliers de loups qui essayaient de prouver leur agilité au saut. Ceux qui se montraient incapables de franchir les murs, comme c’était souvent le cas avec les plus gros, étaient tués sans hésitation par leur capitaine.

Les origines du loup-garou sont anciennes et incertaines. Depuis bien des siècles les spécialistes s’affrontent sur le sujet sans parvenir à s’accorder. Bien évidemment, de nombreux facteurs peuvent expliquer les légendes sur les lycanthropes mais il reste toutefois une part de mystère irrésolu qui fait que la croyance dans le mythe du loup-garou reste encore étrangement répandue. Selon les légendes et les écrits qui sont parvenus jusqu’à nous, il existait autrefois de nombreux moyens qui permettaient de devenir un loup-garou. La lycanthropie pouvait être due à la morsure ou à la griffure d’un loup ou d’un loup-garou, à un rituel satanique, à une malédiction, à l’absorption de chair humaine, à filtre magique ou à un pacte avec le diable mais elle pouvait aussi s’acquérir à la naissance, en revêtant une peau humaine ou en s’exposant aux rayons de la pleine lune durant certaines nuits spécifiques.

La Métamorphose de Lycaon en Loup

La lycanthropie pouvait être le fait d’un châtiment divin comme nous l’apprend la légende du roi Lycaon, le premier et le plus ancien des loups-garous célèbres. Dans la mythologie grecque, Lycaon était roi d’Arcadie. Il était connu pour être un roi cruel qui ne respectait rien ni personne et il était réputé pour le mépris qu’il affichait envers les dieux. Afin de le mettre à l’épreuve, Zeus, accompagné d’autres dieux, se présenta à lui sous les traits d’un mendiant.
Lycaon, flairant le piège, invita les mendiants à manger à sa table. Mais, désirant vérifier leur divine nature, il fit tuer son petit-fils, Arcas et l’offrit aux dieux en guise de repas.
Tous les dieux s’en aperçurent immédiatement, sauf Déméter, qui mangea par erreur une épaule. Indigné, Zeus foudroya alors les cinquante fils du roi puis il changea Lycaon en loup. Le jeune Arcas fut ressuscité et Zeus lui offrit le trône de son grand-père. Quand à son épaule manquante, elle fut remplacé par une épaule d’argent.
Suite à cette légende, le cannibalisme fut étroitement associé à la lycanthropie dans la Grèce antique où l’on croyait également que dévorer de la chair crue de loup enragé transformait en lycanthrope.

Sur le mont Lykaion, lieu de naissance de Zeus, des jeux avaient lieu tous les quatre ans. Ils étaient accompagnés de banquets en l’honneur du dieu, durant lesquels les pratiques de cannibalisme étaient courantes. La chair humaine était partagée entre les différents participants qui se trouvaient alors changés en loups pour neuf ans. S’ils ne consommaient aucune chair humaine durant cette période, ils pouvaient alors retrouver leur forme originelle.
Citant Agriopas, Pline l’Ancien rapportait l’histoire de Déménète de Parrhasie qui, ayant goûté des entrailles d’un enfant, immolé lors d’un sacrifice que les Arcadiens avaient fait à Jupiter, avait été métamorphosé en loup. Au bout de dix ans, il était revenu à sa forme humaine puis il s’était rendu aux Jeux, où il avait disputé le prix du pugilat. Il était revenu victorieux d’Olympie. Dans ses écrits, Pline l’Ancien citait aussi Euanthes, un écrivain grec qui n’était pas sans réputation, qui expliquait que selon les livres des Arcadiens, si un homme de la famille d’un certain Anthus était choisi au hasard parmi les siens et qu’on le conduisait jusqu’à un étang de l’Arcadie puis qu’il suspendait ses vêtements à un chêne avant de traverser l’étang, alors il se transformait en loup et il vivait avec eux durant neuf ans. Si, durant cette période, il se tenait à l’écart de l’homme, alors il pouvait retourner à l’étang et après l’avoir traversé, il retrouvait sa forme humaine, vieillie de neuf ans. Il indiquait qu’il retrouvait même ses anciens vêtements.
Selon certaines superstitions, voler les vêtements d’un lycanthrope l’empêchait de retrouver sa forme humaine. En France, il existait d’ailleurs une légende qui rapportait l’histoire d’un baron de Bretagne qui ne pouvait regagner sa forme originelle après que ses vêtements eussent été dérobés.

En France, vers 1131, Hugues de Camp d’Avesnes, comte de Saint-Pol, qu’on appelait la Bête Canteraine, fut changé en loup-garou par une force divine en raison des crimes épouvantables qu’il avait commis. On le voyait pendant la nuit, parcourir les rues en poussant des hurlements, chargé de chaînes.

Les anges, les prêtres et certains saints possédaient apparemment eux-aussi le pouvoir de lancer cette malédiction. Saint-Thomas d’Aquin avait d’ailleurs une maxime à ce sujet:  » Omnes angeli, boni et Mali, ex virtute naturali habent potestatem transmutandi corpus nostra  » (Tous les anges, bons ou mauvais ont le pouvoir de métamorphoser notre corps).
Saint Natalis aurait maudit une famille irlandaise dont tous les membres seraient devenus des loups durant sept ans et Saint Patrick aurait transformé le roi gallois Vereticus en loup. Les excommuniés de l’Église Catholique, quand à eux, étaient suspectés de devenir des loups-garous. En d’autres contes l’intervention divine était encore plus directe et en Russie une légende racontait que des hommes étaient devenus des loups-garous après avoir encouru la colère du diable.

Métamorphose

Selon certaines croyances populaires, les sorciers, les dieux et le Diable pouvaient aisément changer un homme en loup (ou en une bête sauvage) en lui jetant une malédiction.
Au Ve siècle avant J.C., Hérodote, dans ses Histoires, relatait que les Grecs qui s’étaient établis sur les bords de la mer Noire au nord-est de la Scythie considéraient les membres de la tribu des Neures comme des magiciens forts habiles, qui se transformaient tous en loups une fois par an, durant plusieurs jours, avant de reprendre leur apparence humaine.
 » Les Neures observent les mêmes usages que les Scythes… Il parait que ces peuples sont des enchanteurs. En effet, s’il faut en croire les Scythes et les Grecs établis en Scythie, chaque Neure se change une fois par an en loup pour quelques jours, et reprend ensuite sa première forme. Les Scythes ont beau dire, ils ne me feront pas croire de pareils contes; ce n’est pas qu’ils ne les soutiennent, et même avec serment. « 
Dans le folklore polonais, si une sorcière jetait une ceinture en peau humaine sur le seuil d’une maison dans laquelle un mariage était célébré, alors l’époux et l’épouse, les demoiselles et les garçons d’honneur se transformaient en loups. Au bout de trois ans, la sorcière couvrait la peau de leur cheveux et ils retrouvaient alors leur forme humaine.
A ce sujet, une anecdote racontait qu’une sorcière ayant jeté une peau de trop petite dimension sur l’époux, lorsqu’il reprit sa forme humaine, il conserva sa queue de loup.

Les sorciers étaient capables de jeter une malédiction qui changeaient leurs ennemis en loups-garous, mais le plus souvent, ils se choisissaient de se transformer eux-mêmes dans le but de satisfaire leurs appétits de chair humaine. Ils effectuaient alors un rituel au cours duquel diverses allégeances sataniques étaient prononcées. Si le rituel était correctement suivi, l’invocateur pouvait prendre l’apparence du loup en revêtant sa peau.
Sous cette forme nouvelle, il s’attaquait aux troupeaux et aux hommes, dont il dévorait la chair. Il pouvait, bien entendu, retrouver sa forme originelle lorsqu’il le souhaitait. Au XIIe siècle, selon Guillaume de Palerme, de nombreux sorciers erraient dans les champs durant les nuits de pleine lune, munis de peaux de loup, afin d’effrayer les populations.
Thievenne Paget, qui était une sorcière, se changeait également en louve, selon ses propres aveux. Ainsi métamorphosée, elle accompagnait le Diable par monts et par vaux, tuant des vaches et dévorant des enfants. Claude Isan Prost, une femme boiteuse, Clauda Isan Guillaume et Isan Roquet, qui participèrent à l’assassinat de cinq enfants, en faisaient apparemment autant.

En Norvège, l’on pensait que certaines personnes pouvaient prendre la forme d’un ours ou d’un loup puis retrouver leur forme humaine de leur propre volonté. Cette faculté leur était transmise par la Trollmen, et ceux qui la possédaient étaient eux-mêmes appelés des Trolls.
 » Dans un hameau, au milieu d’une forêt, un homme nommé Lasse demeurait dans un chalet avec sa femme. Un jour, il s’était rendu dans la forêt pour abattre un arbre, mais il avant oublié de se signer et de dire son Pater, de sorte que certains trolls ou loups-sorcières prirent aisément son contrôle et le transformèrent en loup. Sa femme le pleura durant de longues années, mais, une veille de Noël, une mendiante vraiment très pauvre, aux vêtements en lambeaux, vint frapper à sa porte. La femme de la maison était bonne. Après l’avoir fait rentrer chez elle, elle la nourrit convenable et la traita avec gentillesse. Avant de partir, la mendiante déclara à la femme qu’elle serait probablement heureuse de revoir son mari, car il n’était pas mort mais il se promenait dans la forêt comme un loup. A la tombée de la nuit, la femme se dirigea vers son garde-manger afin de prélever un morceau de viande pour le lendemain quand soudain, alors qu’elle se tournait pour sortir, elle aperçut un loup debout sur ses pattes, qui la regardait d’un air triste et affamé. Voyant ça, la femme s’exclama:  » Je suis sure que tu étais mon Lasse, je vais te donner un peu de viande. « 
A ce moment là, la peau de loup disparut. Devant elle se tenait maintenant son mari, dans les vêtements qu’il portait le jour où elle l’avait vu pour la dernière fois « . Il est aisé de distinguer dans cette fable moralisatrice, l’avertissement que l’église n’a pas pris la peine de masquer.

Dans le Satyricon, Niceros racontait qu’il était été invité au banquet d’un de ses amis et que celui-ci s’était brusquement transformé en loup. Selon Niceros:  » Quand je me suis retourné vers mon ami, je vis qu’il s’était dépouillé de ses vêtements et qu’il les avait empilés au bord de la route. Il s’assit dans un cercle autour de ses vêtements, puis, comme ça, se transforma en loup! Il poussa des hurlements de loup puis s’enfuit dans les bois. « 
Une légende du folklore lituanien assurait qu’il était également possible de se transformer en loup-garou en trinquant imprudemment avec un lycanthrope lorsqu’il prononçait une formule de transmission. Dans son recueil Chansons du peuple russe, Ralston donnait d’ailleurs une incantation qui reste encore de nos jours populaire en Russie. Porter malencontreusement une ceinture en peau de pendu pouvait aussi mener à une métamorphose.

Au IXe siècle, Nennius rapportait dans son Historia Brittonum que certains hommes celtes étaient réputés pouvoir prendre la forme d’un loup à volonté grâce à une force diabolique issue de leurs ancêtres. Ils s’attaquaient ainsi aux moutons, et lorsque des gens armés de bâtons les poursuivaient, ils s’enfuyaient le plus vite possible.
Lorsqu’ils souhaitaient se métamorphoser, ils quittaient leur corps humain non sans avoir fermement indiqué à leurs proches qu’il ne fallait surtout pas les changer de position car, si cela arrivait, ils ne pouvaient plus jamais reprendre forme humaine. Si quelqu’un les blessait sous leur forme de loup, la blessure était alors visible au même endroit sur leur corps humain.

Loup-garou Allemand 1722

Si la lycanthropie était souvent reliée au Diable, il existe un conte rare et peu connu, celui d’un vieil homme nommé Thiess. En 1692, à Jurgenburg, en Livonie, Thiess témoigna sous serment que lui et les autres loups-garous étaient les chiens de Dieu. Il affirmait qu’ils étaient des guerriers qui étaient allés en enfer en découdre avec les sorcières et les démons. Leurs efforts avaient assuré que le Diable et ses sbires ne transportent pas le grain des dernières récoltes en enfer.
Thiess était ferme dans ses affirmations, il disait que les loups-garous en Allemagne et en Russie avaient également combattu les sbires du Diable dans leurs propres versions de l’enfer. Il soutenait que lorsque les loups-garous mouraient, leurs âmes étaient accueillies au ciel en remerciement pour leur service. Thiess avait été finalement condamné à dix coups de fouet pour idolâtrie et croyance superstitieuse.

Dans certains pays, les enfants qui avaient des particularités physiques ou ceux qui naissaient à certaines dates étaient prédisposés à devenir des loups-garous. Les Serbes, les Polonais et les Slovènes affirmaient que les enfants qui naissaient avec des cheveux ou une tâche de vin avaient le don le double vue et qu’ils pouvaient se métamorphoser en divers animaux. Le loup étant, bien entendu, l’animal qu’ils préféraient. La croyance en ce phénomène était tellement forte qu’au XVI e siècle, l’Église de Russie se sentit obligée de la condamner.

Selon la tradition galicienne, le septième fils d’une famille pouvait être normal ou un loup-garou. S’il était normal, l’enfant avait l’image d’une croix ou de la roue de Sainte-Catherine dans sa bouche, et s’il était un loup-garou, il n’avait aucun signe. Qu’un frère parraine l’enfant pour son baptême et sa confirmation pouvait prévenir la métamorphose. Si aucun frère n’était disponible, alors baptiser l’enfant du nom de Bieito pouvait également l’empêcher de devenir un loup-garou.
Les enfants nés durant la pleine lune, ceux qui avaient été conçus la veille d’un dimanche ou d’un jour saint, ceux qui naissaient le jour de noël, ceux qui portaient un embryon de queue et ceux qui naissaient coiffés (avec un morceau de placenta sur la tête) étaient plus susceptibles que d’autres de devenir des loups-garous.. Les enfants de prêtres ou de nonnes étaient, quand à eux, condamnés dès leur naissance à se transformer en loup tous les sept ans.

Dans le sud de la France, l’on croyait que le destin destinait certains hommes à devenir des lycanthropes. Le désir de courir leur venait la nuit. Ils quittaient alors leur lit, sautaient par la fenêtre, et plongeaient dans une fontaine. Lorsqu’ils en ressortaient, ils étaient couverts d’une fourrure dense, marchaient à quatre pattes, et partaient errer à travers les champs et les prairies, les forêts et les villages, mordant tous les animaux et les êtres humains qu’ils trouvaient sur leur chemin. A l’approche de l’aube, ils revenaient à la fontaine, se plongeaient dedans, perdaient leurs peaux à fourrure et retrouvaient leurs lits vides.

Pour ceux qui souhaitaient se transformer volontairement en lycanthrope, la chose était relativement aisée. L’un des moyens les plus simples pour se métamorphoser en loup pour quelqu’un qui n’avait aucune connaissance en magie était d’ôter ses vêtements, de porter une ceinture en peau de loup ou de se frotter le corps avec divers onguents magiques.
En 1603, le juge Henri Boguet dans Le discours des Sorciers, soulignait l’utilisation de tels onguents:
 » Plusieurs confessèrent que, pour se mettre en loups, ils se frottaient d’une certaine graisse; qu’ensuite le diable leur affublait une peau de loup qui leur couvrait tout le corps; après quoi, ils se mettaient à quatre pattes, et couraient parmi les champs, tantôt après une personne, et tantôt après une bête, selon que leur appétit les guidait ou les transportait. « 
Il était aussi possible de boire de l’eau de pluie dans l’empreinte dans loup ou d’un autre animal sauvage, de boire l’eau d’une source où venaient s’abreuver les loups, de dévorer la cervelle d’un loup ou de dormir à l’endroit où se reposait habituellement la bête. De la bière mêlée à du sang était réputée accélérer la métamorphose recherchée.
Au 16e siècle, l’écrivain suédois Olaus Magnus affirmait que les loups-garous de Livonie avaient été initiés après avoir bu une tasse de bière spécialement préparée en répétant une formule établie.

En Galice, une personne pouvait devenir un loup-garou en jetant ses vêtements et en quittant son domicile chaque vendredi. Il devait ensuite visiter sept villages, et se vêtir d’une peau dans chacun. Il pouvait retrouver sa forme humaine en brûlant une des peaux qu’il portait ou en se faisant saigner.
En France, en Italie et en Allemagne l’on pensait que l’homme pouvait se changer en loup s’il dormait seul dehors au cours de certaines nuits d’été, les mercredis et vendredis, et si la pleine lune éclairait directement son visage.
En Russie, le loup-garou est appelé un Oborot. Les croyances affirmaient que pour se transformer en Oborot, il fallait suivre le cérémonial suivant:
Celui qui veut devenir un Oborot, qu’il cherche dans la forêt un arbre de petite taille et qu’il le poignarde avec un couteau de cuivre. Il devra ensuite marcher autour de l’arbre, en répétant une certaine incantation puis se jeter trois fois contre l’arbre. Il pourra alors courir dans la forêt, transformé en loup.
Au Danemark, il se disait que si une femme étendait entre quatre bâtons la membrane qui enveloppe un poulain lors de sa naissance puis se glissait à travers elle, nue, alors elle enfanterait sans douleur mais tous les garçons qu’elle aurait serait des loups-garous et toutes les filles des maras.

Il semblerait que dans certains cas, la lycanthropie ne résultait pas d’une métamorphose du corps mais d’un voyage de l’âme. Lorsqu’une âme était damnée, elle ne pouvait trouver le repos et elle sortait parfois de sa tombe sous l’apparence d’un loup. Cette âme partait alors à la recherche d’un hôte et il s’en suivait généralement une lutte farouche entre l’âme originelle et l’âme damnée qui cherchait à prendre possession de ce corps. Si l’âme damnée l’emportait, alors l’hôte se transformait en loup-garou.
Au Ier siècle, Arétée de Cappadoce parlait de certains hommes qui étaient persuadés d’être fait de verre. Ils craignaient donc d’être cassés, auquel cas ils se transformaient en loup. Leur comportement devenait semblable en tous points à l’animal: Ils sortaient la nuit de préférence, ils hurlaient à la mort, et, torturés par de féroces appétits, ils se jetaient sur les troupeaux et les hommes afin de les dévorer.

Le chiffre sept, supposé sacré, était fréquemment associé aux loups-garous. Certains lycanthropes étaient ainsi condamnés à vivre sept ans sous leur forme de loup en expiation de leurs crimes ou pour que cesse le sortilège lancé sur eux. Ils devaient chaque nuit parcourir sept paroisses et faire le tour de sept clochers avant de trouver une place en Enfer. Briser le carême sept ans d’affilé menait indéniablement à une métamorphose.
De leurs propres aveux, les lycanthropes s’unissaient souvent à des louves, et ils affirmaient que leur plaisir était intense. Lorsque la métamorphose cessait et que le loup-garou reprenait forme humaine, il se sentait physiquement faible et moralement torturé. Les nombreux rapports existants sur les lycanthropes nous apprennent que les loups-garous sombraient généralement dans la dépression ou qu’ils souffraient d’une grave mélancolie lorsqu’ils prenaient conscience de leurs crimes.

Reconnaître un Loup-Garou

De part sa nature méfiante et rusée, il était difficile de reconnaitre un loup-garou lorsqu’il évoluait sous sa forme humaine. Pourtant, certains signes étaient révélateurs car les lycanthropes conservaient parfois des caractéristiques spécifiques à leur métamorphose. Des sourcils touffus, des dents rouges, des oreilles implantées un peu plus bas que la normale et en arrière de la tête, des mains poilues à l’intérieur des paumes, des doigts plats et palmés, le majeur et l’index de même longueur, des pouces trapus, des ongles légèrement rougeâtres ou recourbés, une modification de la voix où des yeux, et d’une manière générale, des poils sur les mains, les pieds et le dos étaient des signes qui tendaient à témoigner de la vraie nature du suspect. Une étrange fatigue, un air triste ou mélancolique et un manque d’appétit soudain étaient également des indices à ne pas négliger. La rumeur prétendait également que sa soif était inextinguible et qu’il lui était quasiment impossible de verser des larmes.

Durant la période médiévale et la Renaissance, la méthode classique pour reconnaitre formellement un loup-garou consistait à inciser la peau du présumé lycanthrope afin de regarder si des poils s’y dissimulaient car, selon certaines légendes françaises et québécoises, l’homme n’avait qu’à retourner sa peau pour se transformer en loup-garou, comme en témoigne cette anecdote:
 » On amena au médecin Pomponace un paysan atteint de lycanthropie, qui criait à ses voisins de s’enfuir s’ils ne voulaient pas qu’il les mange. Comme ce pauvre homme n’avait rien de la forme d’un loup, les villageois, persuadés pourtant qu’il l’était, avaient commencé à l’écorcher pour voir s’il ne portait pas le poil sous la peau. Pomponace le guérit, comme on en eût guéri bien d’autres si on n’eût mieux aimé les brûler pour épouvanter les indévots. « 
D’après une croyance russe, un lycanthrope pouvait être aisément démasqué grâce aux poils qu’il avait sous la langue.
Dans le folklore hongrois et celui des Balkans, de nombreux loups-garous étaient décrits comme des sorcières vampiriques qui devenaient des loups afin de sucer le sang des hommes qui étaient nés un jour de pleine lune. Sous leur forme humaine, ces loups-garous étaient pâles, ils avaient un visage émacié, des orbites creuses, des lèvres gonflées et des bras flasques. Dès que que le lycanthrope était formellement identifié, il était possible de lui administrer un remède, de l’enfermer afin de le juger, ou de l’exécuter.

Dans la plupart des légendes un loup-garou n’avait aucun moyen de changer sa condition et seule la mort pouvait le délivrer. Pourtant, différents remèdes étaient reconnus comme efficaces pour lutter contre la transformation en loup et il existait de nombreuses manières de soigner les lycanthropes, qui variaient suivant l’époque, le pays et le mythe.
Dans la majorité des cas, on supposait que la lycanthropie résultait d’une malédiction ou d’une possession et il suffisait donc de pratiquer un exorcisme afin de chasser l’esprit démoniaque qui s’était emparé du corps du malheureux.
Dans l’Antiquité, afin de guérir les personnes atteintes de lycanthropie, les Grecs et les Romains croyaient en la puissance de l’épuisement. Le lycanthrope était alors soumis à de longues périodes d’activité physique dans l’espoir de le débarrasser de cette maladie. Cette pratique venait du fait que de nombreux loups-garous présumés se sentaient faibles lorsqu’ils retrouvaient leur forme humaine.
En Scandinavie, en Russie occidentale et en Europe centrale, certaines légendes du XVe siècle faisaient état de l’existence de philtres magiques pouvant aider les loups-garous à retrouver leur aspect originel.
Au Danemark une simple réprimande pouvait venir à bout de la lycanthropie et dans certaines régions d’Allemagne, on affirmait qu’un loup-garou pouvait être guéri si l’on prononçait trois fois son nom de baptême. Au Moyen-âge, la conversion au christianisme était l’une des méthodes utilisées et une dévotion à Saint-Hubert était préconisée à la fois comme remède et protection.
Les légendes scandinaves, russes occidentales et d’Europe centrale mentionnaient des philtres magiques qui étaient capables de redonner son aspect humain au lycanthrope. Ces philtres étaient préparés avec de l’aconit, une plante également connue sous le nom de tue-loup.

Si une partie des méthodes étaient relativement douces, la plupart des remèdes préconisés par les médecins médiévaux étaient malheureusement fatals aux patients.
Afin de redonner son apparence humaine au lycanthrope, il était aussi possible de trouver la peau de loup qu’il utilisait pour se métamorphoser et qu’il dissimulait dans un endroit secret, en général une souche d’arbre, afin de la brûler. Le loup-garou souffrait alors terriblement et poussait d’affreux cris de douleur, mais il était par la suite délivré à tout jamais de sa malédiction.
Selon une croyance québécoise, il fallait marquer le lycanthrope au fond en gravant une croix à l’aide d’un couteau, en souvenir du Christ, ou le piquer et faire couler son sang, en souvenir du martyre du Christ.
Une ancienne superstition sicilienne affirmait qu’un loup-garou pouvait être guéri de son mal si on le frappait au front ou au cuir chevelu avec un couteau, ou si l’on perçait ses mains avec des clous. On pouvait aussi lui asséner des coups avec une clef ou faire couler son sang car quelques gouttes de sang versées devaient lui faire recouvrer sa forme humaine. Une fois guéri, un ancien lycanthrope gardait généralement la faculté de comprendre le langage des loups.

Se Protéger d’un Loup-Garou

Si un lycanthrope rôdait dans les parages, il y avait très peu de moyens de s’en protéger efficacement. En Belgique, le sorbier était réputé efficace et l’on pensait qu’une maison abritée par l’ombre d’un sorbier était un lieu sur. Pour arrêter un loup-garou, il existait un moyen simple, mais hasardeux. Il suffisait de prendre des clefs et les jeter derrière soi tout en faisant face au lycanthrope. On pouvait également l’asperger avec de l’eau, ce qui devait logiquement lui faire retrouver forme humaine. En lui jetant de l’eau bénite, le loup-Garou disparaissait parfois mais il pouvait aussi se transformer en lutin ou en vampire. Toutefois, cette transformation durait de 1 jour à 3 semaines, ce qui permettait généralement à la victime de s’enfuir.
On pouvait aussi tenter d’empoisonner la créature maléfique. Mais c’était une méthode relativement risquée et généralement déconseillée, car le loup-garou, étant à moitié animal, avait un puissant odorat. Par conséquent, il pouvait aisément détecter toute substance toxique. Selon certaines croyances, couper la patte d’un loup-garou pouvait détruire le charme de sa métamorphose, l’obligeant ainsi à retrouver sa forme humaine, mais avec une main ou un pied tranché. La sensibilité des loups-garous aux objets religieux tels que l’eau bénite et les crucifix est une croyance relativement récente.

Tuer un Loup-Garou

Si toutes les méthodes pour se protéger du loup-garou se révélaient inefficaces et que personne ne parvenait à identifier le responsable, il fallait alors se résoudre à le tuer lors de sa métamorphose en loup. Mais les lycanthropes étaient d’adroites créatures qui échappaient souvent aux pièges et leur peau d’une grande dureté les protégeait efficacement des attaques classiques. Cependant, les blessures faites aux loups-garous lorsqu’ils étaient sous leur forme animale se retrouvaient généralement sur leur corps humain, ce qui permettait de les reconnaitre aisément par la suite. Les lycanthropes possédaient une grande résistance et ils recouvraient rapidement leur intégrité physique, même si leurs membres étaient sectionnés mais la décapitation s’avérait toutefois un moyen incontestable d’en venir à bout.

Les armes et les objets en argent, comme des lances, des balles, des épées, des poignards ou des flèches étaient réputés efficaces. Il était toutefois préférable de bénir ces armes, et cette bénédiction devait s’effectuer la nuit, à des heures précises. Des objets rares et précieux et une chapelle dédiée à Saint-Hubert pouvait encore accentuer l’efficacité des bénédictions. Au XIXe siècle, lorsque la bête du Gévaudan fut tuée par une balle en argent, la vulnérabilité des loups-garous à l’argent devint alors indiscutable. En Bretagne, on préférait décapiter le lycanthrope à la hache ou à la faux, avant de jeter son corps dans la rivière. Au Moyen-âge, comme en témoignent les nombreuses exécutions pour lycanthropie, le feu et la pendaison étaient aussi des moyens efficaces de mettre un terme aux méfaits de la créature maléfique.

Dans certains régions de l’Allemagne, du nord de la France et de la Pologne, il était généralement admis que les personnes qui mouraient en état de péché mortel revenaient sous la forme d’un loup afin de boire du sang avant de retourner dans leurs enveloppe corporelle humaine dès les premières lueurs du soleil. Ces lycanthropes étaient décapités à l’arme blanche et exorcisés par le curé de la paroisse, puis leur tête était ensuite jetée dans un ruisseau, où le poids écrasant de leurs péchés l’entraînait par le fond.

Mais même après leur mort, les lycanthropes pouvaient encore poser problème. Jusqu’au 20e siècle les Grecs estimaient que les cadavres de loups-garous qui n’étaient pas détruits revenaient à la vie sous forme de loups, de hyènes ou de vampires et erraient sur les champs de bataille afin de boire le sang des soldats agonisants.

Les populations rurales croyaient en l’existence des loups-garous qui ravageaient les campagnes et s’attaquaient aux animaux comme aux être humains, et lorsqu’une personne était reconnue lycanthrope, son jugement était sans appel. Toutefois, la lycanthropie, en tant que métamorphose physique, posa des problèmes de part son côté surnaturel et suscita une certaine incrédulité chez les penseurs et les lettrés et cela dès la Grèce Antique. Pline l’Ancien indiquait qu’il ne fallait pas y croire et le médecin grec Arétée assimilait la lycanthropie à une maladie.
De plus, le statut des loups-garous était incompatible avec les enseignements de l’Église Catholique Romaine car ils étaient considérés comme une manifestation démoniaque. La Bible ne donnait aucune explication à leur propos et les théologiens furent donc obligés d’en trouver une par eux-mêmes. Il en ressortit que le démon ne pouvait en aucun cas transformer un corps humain en celui d’un loup grâce à ses pouvoirs magiques, car seul Dieu possédait le pouvoir de création.
La théorie selon laquelle un démon ou un sorcier pouvait projeter son âme dans le corps d’un loup fut également rejetée, car leurs pouvoirs ne pouvaient être équivalents à deux de Dieu.
Thomas d’Aquin, s’appuyant sur les écrits d’Augustin Hippome, affirma que les métamorphoses étaient des illusions du Diable qui n’affectaient ni le corps, ni l’âme, mais le phantasticum, une sorte de projection fantomatique de l’homme. La métamorphose en loup était donc une illusion.

Aux cours des XVIe et XVIIe siècles, les croyances restaient vivaces et les procès pour lycanthropie furent très nombreux. Ceux qui émettaient des doutes quand à la véracité du phénomène prenaient le risque d’être soupçonnés de sympathie pour les sorciers. Les sceptiques étaient donc peu nombreux et les médecins se montraient très discrets. Les loups-garous étaient détestés des inquisiteurs qui les pourchassaient impitoyablement. On brûlait tous les jours un grand nombre de malheureux accusés de lycanthropie et les théologiens et dévots se plaignaient continuellement de ce qu’on n’en brûlait pas assez.

Henry Boguet, un inquisiteur notoire, eut à juger neuf cas impliquant des loups-garous. Il pensait que le loup-garou était une manifestation directe du Diable.
Selon lui, Satan abandonnait le lycanthrope endormi dans un buisson et en faisait sortir un loup. L’animal commettait alors des crimes qui hantaient l’esprit du dormeur et qui troublait son imagination à un tel point que le lycanthrope croyait vraiment s’être métamorphosé en loup. Il pensait donc avoir couru la campagne en massacrant des animaux et des êtres humains. Bien que la réalité de la transformation physique ait été remise en cause dans cette théorie, le loup-garou était tout de même considéré comme responsable de ses actes car il avait pactisé avec le démon, ce qui constituait un crime extrêmement grave.

Delancre rapportait cette anecdote sur un duc de Russie,  » lequel, averti qu’un sien sujet se changeait en toutes sortes de bêtes, l’envoya chercher; et, après l’avoir enchaîné, lui commanda de faire une expérience de son art; ce qu’il fit, se changeant aussitôt en loup: mais ce duc, ayant préparé deux dogues, les fit élancer contre ce misérable, qui aussitôt fut mis en pièces « .

Aristide Dey décrivait la nature des prétendus loups-garous ainsi:
 » En des temps reculés, où régnaient l’obscurantisme et les superstitions, des êtres dépravés par la misère, exaltés hors des voies de l’humanité par l’usage de drogues enivrantes, se sont couverts d’une peau de loup, se sont exercés à courir à quatre pieds, et, jetant sous ce déguisement la terreur dans les populations, ont vécu de dépravations et sont allés jusqu’à se repaître de chair humaine. « 

Lycanthropie, Cas et Procès célèbres

Loup-Garou en Normandie

De la fin du Moyen Age à la Renaissance, sur un peu plus de cent ans, de nombreux rapports relatant des attaques de loups-garous et près de 30 000 procès pour lycanthropie furent enregistrés en France. On estime que le nombre de procès en Europe fut de 100 000 mais selon Collin de Plancy, des dizaines de milliers d’autres personnes soupçonnées de lycanthropie auraient péri sans jugement, victimes de la vindicte populaire.

Dans certaines affaires il y avait des preuves de meurtre et cannibalisme, sans association aucune avec des loups, et dans d’autres cas, des gens avaient tout simplement étaient effrayés par des loups. Les personnes reconnues coupables de lycanthropie étaient brûlées sur le bûcher ou écorchées vives, car la légende voulait que les poils du loup soient dissimulés sous sa peau. Et parfois, plus rarement, elles étaient pendues, tout simplement. Au début du XVIIe siècle, la sorcellerie fut condamnée par Jacques Ier d’Angleterre et il fallut attendre le 21 juillet 1682 pour que les procès de sorcellerie soient interdits en France.

En 1182, Giraldus affirma avoir découvert, en Irlande, un couple de Loups Garous. Mais on n’en sait pas plus sur ce sujet.

En 1440, Gilles de Rais fut exécuté pour actes de barbarie et de lycanthropie.

En 1521, Pierre Burgeot et Michel Verdun furent accusés de lycanthropie par Jean Bodin, le prieur du couvent dominicain de Poligny. Le procès, qui eut lieu à Besançon, attira une nombreuse foule de curieux. Les accusés furent tous deux déclarés coupables et brûlés vifs. Leurs portraits demeurèrent affichés dans l’église du village afin de rappeler à tous ce les hommes étaient capables de faire lorsqu’ils étaient sous l’influence du Diable.
Au cours de la même années, trois hommes accusés de lycanthropie furent brûlés vifs à Besançon. Ils avaient avoué qu’après s’être frottés de graisse ils se changeaient en loups, s’accouplaient avec des louves et qu’ils avaient dévoré plusieurs enfants.

En 1541, à Pavia, en Italie, un fermier était soupçonné d’avoir déchiqueté un grand nombre de personnes avec ses dents, alors qu’il se trouvait sous la forme d’un loup. Après sa capture, il affirma que l’unique différence entre un véritable loup et lui résidait dans la fourrure. Elle poussait vers l’extérieur pour un loup, et vers l’intérieur pour lui.

En 1542, selon Henry Boguer, cent cinquante loups-garous se réunirent sur une place de Constantinople.

En 1573, durant l’automne, alors que sévissait une terrible famine, de nombreux crimes furent commis sur des enfants dont les corps furent retrouvés déchiquetés et dévorés. Tout indiquait qu’ils avaient été attaqués par des loups. Les soupçons se portèrent alors sur Gilles Garnier, un ermite qui habitait avec sa famille en plein milieu de la forêt de la Serre, à Armange. Après avoir été capturé, les habitants du village le conduisirent au tribunal de Dole. Le 16 janvier 1574, après que le suspect ait avoué ses crimes, le tribunal délivra son verdict. Parmi les charges qui pesaient contre lui, on lui reprochait, entre autres, d’avoir consommé de la viande un vendredi, ce qui était formellement interdit.  » Gilles Garnier, tombé en sorcellerie, ayant pris et occis plusieurs enfants de 6 à 12 ans tant avec ses mains semblant pattes qu’avec ses dents, la Cour le condamne à être aujourd’hui trainé à l’envers sur une claie depuis la conciergerie de Dole jusqu’au tertre de ce lieu et y être brûlé vif… « 

En 1584, Pierre Gandillon et son fils Georges furent arrêtés et accusés d’avoir assassiné et dévoré de nombreux adolescents après s’être enduit le corps d’un onguent. Leur apparence avait changé, ils se déplaçaient à quatre pattes, ils étaient pourvus d’ongles durs, épais et acérés comme des griffes.

En 1588 Arline de Barioux fut brûlée sur la grand-place de Riom. On l’accusait de se transformer en loup tous les vendredis après-midi afin de dévorer les enfants.

En 1598, dans la vallée de la Loire, Jacques Rollet, un simple d’esprit qui se prenait pour un loup, avait été découvert à proximité du cadavre ensanglanté d’un adolescent de 15 ans. Jacques Rollet était déjà connu sous le nom de loup-garou de Caude.
Selon les divers témoignages, il avait fui le lieu de son forfait avant d’être retrouvé à moitié nu dans les bois. Ses longs cheveux et sa grande barbe étaient emmêlés et ses mains couvertes de sang tenaient encore des morceaux de chair. Lors de son jugement, Jacques Rollet expliqua qu’il avait tué des juges, des avocats et des baillis mais que la chair de ces derniers était dure et insipide. La cour l’avait condamné à mort mais il avait été considéré comme mentalement déficient et interné dans un asile où il était resté durant deux années.

Peter Stumbb

En 1589 eurent lieu le procès et la mise à mort de Peter Stumbb, le plus célèbre tueur des loups-garous présumés. Il était connu sous le nom de loup-garou de Bedburg. Lors de son procès, il déclara que le diable lui avait donné une ceinture magique qui lui permettait de se métamorphoser en  » un loup affamé, un loup vorace, fort et puissant, avec de grands yeux qui brillaient comme du feu dans la nuit, une grande bouche pourvue de dents pointues et cruelles, un corps gigantesque et des pattes puissantes. « .

De la même période, l’histoire d’un tailleur sanguinaire nous est parvenue. L’homme se déguisait en loup et il errait dans les forêts au crépuscule, s’attaquant aux enfants et aux jeunes gens afin de leur ouvrir la gorge. Parfois, il attirait les malheureux dans son échoppe, il les frappait et leur tranchait le cou avant de les découper en morceaux, comme de la viande de boucherie. Lors de son exécution, il ne manifesta aucun remord. Le compte rendu de son procès était si horrible que la cour décida de ne pas le conserver et ordonna de le détruire.

En 1603, Jean Grenier d’Aquitaine, un jeune garçon de treize ou quatorze ans, fut accusé de lycanthropie. Il était physiquement retardé et mentalement déficient, mais il était néanmoins considéré comme responsable de disparitions d’enfants, dont celle d’un nourrisson dans son berceau. Après son arrestation, il affirma qu’il était le fils d’un prêtre et il admit avoir dévoré une quinzaine d’enfants. En réalité, son père était un valet de ferme qui se montrait si violent envers lui que le jeune garçon s’était enfui pour lui échapper. Livré à lui-même, il vivait d’une manière sauvage, subsistait grâce à la mendicité et travaillait occasionnellement.
Lors de son procès, le juge prit en compte son âge et ses déficiences et il ordonna que le jeune garçon soit interné à vie dans un cloitre. Sept ans plus tard, lorsque Pierre de Lancre lui rendit visite, on lui expliqua que depuis son arrivée, Jean Grenier refusait de se nourrir normalement. Il préférait apparemment dévorer des immondices. Il était d’une maigreur maladive, ses yeux étaient enfoncés et ils brulaient d’une lueur inquiétante. Ses mains, aux ongles recourbés, ressemblaient à des serres, et ses dents étaient longues et pointues. Il imitait les loups et il se déplaçait à quatre patte avec agilité. Un an plus tard, Jean Grenier mourait. L’histoire de Jean Grenier d’Aquitaine influença l’attitude des juges sur les affaires de lycanthropie. Mais les procès, les tortures, et les exécutions qui en découlaient continuèrent tout de même.

En 1605 Henry Gandinn, originaire de Limbourg, fut accusé de se changer en loup-garou en se servant de sorcellerie. Il se transformait en loup en compagnie de deux autres hommes, dont l’un portait le nom de Jan le loup.
Henry Gardinn déclara lors de sa confession que les trois hommes avaient attaqué, tué et mangé un enfant alors qu’ils se trouvaient sous la forme d’un loup. Henry Gardinn avait été jugé coupable de sorcellerie dans le but de se changer en loup-garou, et condamné à être brûlé vif. Lors de son interpellation, son complice présumé, Jan le loup, avait quitté la paroisse, mais il fut arrêté deux ans plus tard et exécuté à son tour.

En 1651, Hans comparut devant le tribunal d’Idavare. On l’accusait d’être un loup-garou depuis ses dix-huit ans. Hans avoua avoir été un loup-garou durant deux ans. Il affirma qu’il avait obtenu le corps d’un loup par un homme en noir. Lorsque les juges lui demandèrent si son corps avait vraiment pris part à la chasse, ou si c’était son âme qui avait été transmutée, Hans répondit qu’il avait retrouvé sur sa jambe les traces de morsures qu’un chien lui avait fait lorsqu’il était un loup-garou.

En 1692, à Jurgenburg, en Livonie, Thiess témoigna sous serment que lui et les autres loups-garous étaient les chiens de Dieu. Il affirmait qu’ils étaient des guerriers qui étaient allés en enfer en découdre avec les sorcières et les démons. Leurs efforts avaient assuré que le Diable et ses sbires ne transportent pas le grain des dernières récoltes en enfer.
Thiess était ferme dans ses affirmations, il disait que les loups-garous en Allemagne et en Russie avaient également combattu les sbires du Diable dans leurs propres versions de l’enfer. Il soutenait que lorsque les loups-garous mouraient, leurs âmes étaient accueillies au ciel en remerciement pour leur service. Thiess avait été finalement condamné à dix coups de fouet pour idolâtrie et croyance superstitieuse.

Entre 1500 et 1700, environ 100 000 personnes furent condamnées pour lycanthropie et brûlées vives. Au cours du XVIIe siècle, les explications des médecins sur la lycanthropie mirent un terme à la plupart des tortures et des mises à mort. Toutefois, la population demeurait craintive et préférait les explications surnaturelles. De nombreux cas d’attaques d’animaux sur des troupeaux ou des hommes faisaient inévitablement ressurgir la légende du loup-garou.
De nos jours, il existe toujours des personnes qui croient sincèrement être des loups-garous et d’autres qui pensent que les lycanthropes existent et que certains êtres humains se transforment réellement en loup.

La Bête du Gévaudan

En 1764, plus de 300 personnes furent victimes de la Bête du Gévaudan, qui sévissait en Lozère et aux alentours. Elle était décrite comme un loup géant ou un loup-garou. Son histoire inspira de nombreuses théories.

En juillet 1766, la gazette du Québec annonçait qu’un loup garou courait dans le comté de Kamouraska.

En 1766, la bête de Sarlat, en Dordogne, massacra une quinzaine de personnes.

Vers le milieu du XIXe siècle, dans un petit village de Pologne, un loup-garou enleva la plus jolie fille du village.

En 1804, un nommé Maréchal, accusé de lycanthropie, fut condamné aux galères.

En 1853, en Espagne, Manuel Blanco Romasanta admit avoir tué treize personnes car il souffrait d’une malédiction qui le transformait en loup.

En 1887, un coyote sauvage terrorisait les mineurs de Saskatchewan, au Canada. Il fut abattu d’une balle en or, et l’objet fut extrait de son corps. L’histoire fut rapportée par des mineurs à l’écrivain Ed Bodin en 1940.

En 1899, en Pennsylvanie, un vieil homme paisible avait la réputation d’être un loup-garou.

Peu de temps avant la première Guerre Mondiale, trois loups-garous erraient dans les Ardennes belges.
A la même époque, en Écosse, un berger des environs d’Inverness était soupçonné de lycanthropie.

En 1925, un jeune garçon d’un village alsacien fut accusé d’être un loup-garou.

En 1930, un loup-garou sévissait dans la région de Bourg-la-Reine.

En 1946, une créature mystérieuse présentant toutes les caractéristiques du loup-garou sema la terreur dans une réserve Navajo d’Amérique du Nord.

En 1946-1947 un animal mystérieux attaqua de nombreux troupeaux dans le canton du Valais, en Suisse. L’affaire ne fut jamais élucidée.

En 1949, à Rome, la police dut enquêter sur une étrange affaire: tous les mois, à la pleine lune, un homme de la ville était en proie à d’étranges hallucinations et il poussait des hurlements sinistres.

En 1957, les journaux anglais rapportèrent la triste histoire d’un jeune homme de dix-sept ans, originaire du village d’Eccles hall, qui pensait qu’il allait se transformer en loup-garou. Pour mettre fin aux souffrances morales qu’il endurait, il s’était plongé un couteau dans le cœur. L’enquête ouverte aprés sa mort révéla que le malheureux avait téléphoné à l’un de ses amis avant d’accomplir son geste:  » Il m’a dit que son visage et ses mains changeaient de couleurs et qu’il était en train de devenir un loup-garou . Puis il s’est tu, et j’ai alors entendu des grognements. « 

A Singapour, toujours en 1957, des agressions mystérieuses déjouèrent les forces de police. La rumeur prétendait que les agresseurs étaient des loups-garous qui s’attaquaient aux pensionnaires d’un foyer d’infirmière. Une nuit, l’une des infirmières s’était réveillée en sursaut pour apercevoir  » une horrible face bestiale, aux cheveux plantés si bas sur le front qu’ils atteignaient la racine du nez et dont la bouche laissait dépassé des crocs acérés « . Le mystère ne fut jamais élucidé.

En 1975-1976, la Bête des Vosges qui égorgea de nombreux animaux domestiques ne fut jamais identifiée. Elle réapparut en 1994 et elle égorgea quatre-vingt animaux.

En 1978, au sud du Brésil, Rosario do Sul, une jeune collégienne de seize ans, était en proie à des visions démoniaques. Elle affirmait que l’esprit d’un loup féroce s’était emparé d’elle.

En 1982, dans la Creuse, une créature carnivore fut à l’origine d’une série d’attaques sur des troupeaux. Les cadavres des animaux, dont un taureau et une génisse de 400 kg, étaient horriblement déchiquetés. Lors d’une battue organisée dans la forêt de Noth en novembre 1982, un chasseur prétendit avoir été confronté à l’animal sans réussir à l’identifier. L’affaire n’a jamais été élucidée.

En 1988, en Allemagne, près de Wittlich, une créature proche du chien, passa les alarmes d’une base militaire et franchit le mur d’enceinte après s’être dressé sur ses pattes. Les chiens de la base refusèrent de la prendre en chasse.

En 2003, en Suisse, un homme fut poursuivi pour avoir massacré son épouse à coups de couteau. Il affirma, devant le tribunal criminel de Lausanne:  » J’ai vu ses canines pousser. Elles dégageaient une odeur étrange. Comme celle d’un loup-garou « .  Selon l’expertise psychiatrique, il conservait un contact avec la réalité.

En 2013, selon certains habitants de Vallée-Pitot, un loup-garou se manifesterait dans des endroits où règnerait le silence afin d’épier des femmes lorsqu’elles sont sous la douche, ou encore les jeunes filles endormies. Des témoins affirmaient que la créature, présentée comme agile et particulièrement rapide, ferait parfois résonner ses pas pesants sur le toit des maisons.

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