Annabelle la Poupée

Depuis la sortie du film Conjuring : Les Dossiers Warren, Annabelle est devenue la plus célèbre poupée du monde, mais avant d’être une vedette de cinéma, elle est une véritable poupée maléfique, à laquelle furent confrontés les deux enquêteurs du paranormal Ed et Lorraine Warren lors de l’une de leur enquête.

La Véritable Histoire d’Annabelle

La Poupée Annabelle

En 1970, en Angleterre, la mère de Donna découvrit une ancienne poupée Ann Raggedy dans une boutique d’antiquités, et pensant qu’elle plairait à sa fille de 24 ans, elle décida de la lui offrir pour son anniversaire. A cette époque Donna, qui était étudiante, partageait un petit appartement avec une jeune femme de son âge, Angie, qui préparait comme elle un diplôme d’infirmière. Quand sa mère lui offrit la poupée de chiffon, Donna fut touchée de son attention mais en rentrant dans sa chambre elle la posa sur son lit et elle n’y prêta plus attention.

Puis, alors que les jours s’écoulaient, Donna et Angie crurent remarquer que la poupée bougeait toute seule. Au début, les changements étaient vraiment subtils. Sa position semblait légèrement différente, le genre de chose qui aurait pu arriver si quelqu’un avait bousculé le lit par inadvertance, mais plus le temps passait, plus ses mouvements devenaient perceptibles. Chaque matin, avant de partir, Donna posait l’Ann Raggedy sur son lit, les bras sur le côté et les jambes droites, et chaque soir, quand elle rentrait chez elle, ses membres étaient positionnés différemment. Par exemple, ses jambes étaient croisées au niveau des chevilles, ou ses bras étaient pliés. Ce phénomène leur semblait tellement étrange qu’au bout d’une ou deux semaines, les deux filles décidèrent de se livrer à une petite expérience. Un matin, avant de partir, Donna croisa volontairement les bras et les jambes de la poupée et à leur retour comme elles l’avaient deviné, l’Ann Raggedy n’avait pas changé de place mais ses bras et ses jambes étaient décroisés.

Quelques semaines plus tard, la poupée semblait être devenue parfaitement mobile et elle ne s’en cachait pas. Le matin, Donna et Angie quittaient l’appartement en laissant l’Ann Raggedy sur le lit, et quand elles rentraient elles la retrouvaient assise en tailleur sur le canapé, les bras croisés, ou bien encore debout sur ses pieds, nonchalamment adossée à l’une des chaises de la salle à manger. Certains jours, Donna abandonnait la poupée sur le canapé avant de sortir, et quand elle revenait, elle la retrouvait confortablement installée sur le lit de sa chambre. Plus surprenant encore, la porte de la pièce avait été soigneusement refermée derrière elle. Un soir, en rentrant dans l’appartement, Donna et Angie découvrirent l’Ann Raggedy agenouillée sur une chaise, près de la porte d’entrée. Intriguées par ce phénomène, elles tentèrent de le reproduire sans jamais y parvenir. Dès qu’elles posaient la poupée de chiffon sur ses genoux, elle tombait sur le sol.

Les filles, que l’étrange tournure des événements perturbait, décidèrent de raconter toute l’histoire à Lou, le petit-ami d’Angie. Le jeune homme demanda alors à voir la poupée, mais quand il posa son regard sur elle, il comprit immédiatement que quelque chose de profondément mauvais se dissimulait derrière ses grands yeux ronds et son éternel sourire. Troublé, il leur fit part du sinistre sentiment que lui inspirait la poupée, les mettant en garde sur le danger éventuel qu’elle pouvait représenter, mais Donna et Angie ne croyaient pas en ce genre choses. Elles étaient persuadées qu’une explication logique existait, et elles la cherchaient.

Cela faisait environ un mois que Donna possédait la poupée lorsque de curieux petits morceaux de papiers commencèrent à faire leur apparition dans l’appartement. Sur ces morceaux de papier, qui ressemblaient à des fragments de parchemin, de petits messages griffonnés, presque illisibles, semblaient avoir été tracés par la main d’un jeune enfant. Sur certains, des mots se devinaient, qui disaient « Aidez-nous » ou encore « Aidez Lou, » ce qui n’avait absolument aucun sens vu que Lou n’avait aucun problème à l’époque. De plus, ils étaient tous écrits au crayon et elles n’en possédaient aucun. Quant au parchemin, Donna retourna toutes les pièces de l’appartement à la recherche d’un papier de ce genre, en vain.

Lou était convaincu que ces messages provenaient de la poupée de chiffon qui, pensait-il, tentait de communiquer avec elles, mais les deux filles se refusaient à le croire. Comme elles réfléchissaient à la question, elles en vinrent à se demander si une personne, qu’elles ne connaissaient peut-être pas, ne possédait pas la clef de leur appartement et si elle ne s’amusait pas à leurs dépens. Elles décidèrent alors de piéger les fenêtres, les tapis et les portes, mais malheureusement, aucune trace n’apparut et leur stratagème se révéla inefficace. Apparemment, personne ne s’introduisait chez elles en leur absence. Par contre, la poupée continuait toujours à se déplacer.

Malgré tous les étranges incidents qu’elles avaient pu observer depuis qu’elles possédaient la poupée, et même en admettant qu’elle puisse se déplacer toute seule, les deux jeunes femmes n’étaient pas vraiment effrayées. Finalement, l’Ann Raggedy ne semblait pas animée de mauvaises intentions. En fait, elle paraissait particulièrement bien disposée à leur égard. A Noël, Donna et Angie découvrirent une délicieuse petite boule de chocolat posée sur la chaîne stéréo, et comme aucune d’entre elles ne l’avait achetée, alors elles en conclurent que le présent venait de la poupée. Cette délicate attention, qui montrait clairement les bonnes intentions de leur nouvelle amie, les enchanta.

Malheureusement, cette harmonieuse cohabitation ne devait pas durer bien longtemps. Peu de temps après, Donna et Angie virent une statuette traverser le salon en flottant dans les airs et retomber brutalement sur le sol. A ce moment-là, aucune des deux ne se trouvait près de l’objet, mais pour la première fois, la peur vint les effleurer. Quelques jours plus tard, en rentrant chez elles, les jeunes femmes constatèrent que la poupée n’était plus dans le salon où elles l’avaient laissée mais qu’elle reposait sur le lit de Donna, et elles n’en furent pas vraiment surprises. Le phénomène était devenu habituel. Pourtant cette fois, sans vraiment savoir pourquoi, Donna ressentit un étrange malaise en voyant la poupée, qui lui parut brusquement sinistre. S’approchant de l’Ann Raggedy, elles s’aperçurent que le dos de sa main était tâché de sang et que trois gouttes vermeilles s’étalaient également sur sa poitrine. Alors, brusquement terrifiées, elles comprirent qu’elles allaient devoir se résoudre à demander de l’aide.

Donna et Angie étaient témoins de phénomènes étranges depuis six semaines quand elles décidèrent de prendre contact avec une femme qui se disait médium. Lors de la séance de spiritisme qui s’en suivit et qui se déroula à leur domicile, la médium leur raconta la déchirante histoire d’Annabelle Higging, une petite fille dont le corps avait été découvert dans le champ sur lequel l’immeuble qu’elles habitaient avait été construit. Selon Donna : « Nous avions appris qu’une petite fille était morte sur cette propriété, qu’elle avait sept ans et que son nom était Annabelle Higgings. L’esprit d’Annabelle jouait dans les champs longtemps avant que ces appartements soient construits. C’était des moments de bonheur. Elle nous l’a dit. Puis, comme tout le monde avait grandi ici et qu’ils n’étaient préoccupés que par leur travail, elle ne savait pas vers qui se tourner, à part nous. Annabelle estimait que nous serions en mesure de la comprendre. C’est pourquoi elle a commencé à faire bouger la poupée de chiffon. Tout ce qu’elle voulait c’était être aimée, et c’est pour cela qu’elle a nous demandé si elle pouvait rester avec nous et habiter la poupée. Que pouvions-nous faire ? Alors, on a dit oui. »

En l’invitant à rester chez elles, Donna et Angie ne réalisaient pas encore qu’elles venaient de commettre la plus terrible des erreurs. Les jeunes femmes, rassurées par la touchante histoire que leur avait racontée la médium, appelaient désormais la poupée Annabelle, du prénom de l’infortunée petite fille, et elles ignoraient les remarques de Lou, qui continuait à soutenir que l’Ann Raggedy servait de refuge à quelque chose de bien plus dangereux que l’esprit égaré d’une fillette. Le jeune homme leur conseilla d’ailleurs de s’en débarrasser à plusieurs reprises, mais Donna s’opposait fermement à cette idée, expliquant que pour elle, se débarrasser de la poupée équivalait à abandonner un enfant. Annabelle conserva donc sa place dans la maison, mais elle avait tout entendu des propositions de Lou, son insistance lui déplaisait fortement et elle allait le lui faire savoir.

Une nuit, alors qu’il dormait d’un profond sommeil, le jeune homme se réveilla complètement paniqué. Il pensa tout d’abord avoir fait un mauvais rêve, comme souvent depuis que Donna et Angie possédaient cette abominable poupée, mais cette fois, c’était différent : « Soudain, alors que j’étais étendu là, je me suis réveillé. Quelque chose me semblait menaçant. J’ai regardé la pièce, mais tout était à sa place. Lorsque j’ai baissé les yeux vers mes pieds, j’ai vu la poupée de chiffon, Annabelle. Elle a glissé lentement sur mon corps, elle est montée sur ma poitrine et elle s’est arrêtée. Puis elle a mis un bras d’un coté de mon cou, et son autre bras de l’autre côté, comme si elle faisait une connexion électrique. Ensuite, elle m’a étranglé. J’aurais aussi bien pu pousser un mur, elle ne voulait pas bouger. Elle m’a littéralement étranglé à mort, et je ne pouvais pas l’en empêcher, malgré tous mes efforts. »

Paralysé et à bout de souffle, Lou, qui était sur le point d’être asphyxié, perdit connaissance. Lorsqu’il reprit ses esprits, le lendemain matin, il était persuadé de ne pas avoir rêvé et il se sentait plus que jamais déterminé à se débarrasser de cette poupée et de l’esprit maléfique qui la possédait. Le jeune homme avait fort bien compris le message d’Annabelle, qui lui conseillait de s’occuper de ses affaires, mais il s’inquiétait pour ses amies et il ne voulait pas renoncer. Il savait qu’il devait agir rapidement, avant que la poupée ne frappe une nouvelle fois.

Le lendemain soir, Lou et Angie préparaient leur futur voyage, étudiant les différentes cartes dans le salon, quand soudain, peu avant 23 heures, ils entendirent des bruissements étranges en provenance de la chambre de Donna. Sa colocataire s’étant absentée pour la soirée, Angie imagina immédiatement que quelqu’un s’était introduit dans l’appartement, et si Lou ne dit rien, il craignait quelque chose de bien pire. S’avançant prudemment vers la porte sur la pointe des pieds, il l’ouvrit le plus silencieusement possible puis brusquement, il appuya sur l’interrupteur.

La chambre était déserte, et la seule chose qui semblait avoir bougé était Annabelle, qui gisait sur le sol, dans un coin de la pièce. Lou pénétra alors dans la chambre et il s’approcha de la poupée de chiffon avec appréhension. A ce même moment, il ressentit un étrange picotement sur la nuque, comme si quelqu’un le regardait dans son dos. Alors il se retourna et ensuite… Il n’arrivait même pas à raconter ce qui lui était arrivé, mais Angie, qui était derrière lui, le pouvait :

« Quand Lou s’est retourné, il n’y avait personne mais il a soudainement crié et il s’est attrapé la poitrine. Il était plié en deux, il était blessé et il saignait lorsque je suis arrivée près de lui. Il avait du sang partout sur sa chemise. Il tremblait de peur, et nous sommes retournés dans la salle de séjour. Nous avons ensuite ouvert sa chemise et là, sur sa poitrine, il y avait ce qui semblait être des traces de griffes ! »

Sur sa poitrine, apparaissaient sept marques distinctes, quatre horizontales et trois verticales, chaudes comme des brûlures. Bizarrement, ces traces disparurent très rapidement. Le lendemain, une moitié n’était plus visible, et deux jours plus tard, elles s’étaient toutes évanouies.

Terrifiées par cette violente attaque, Donna et Angie décidèrent d’aller consulter un prêtre qu’elles connaissaient et en qui elles avaient toute confiance, le Père Hegan. Bien évidemment, elles pensaient qu’il ne les croirait pas, mais le révérend écouta toute leur histoire sans rien contester puis il leur dit qu’il n’avait jamais entendu parler de tels phénomènes. Cependant, sans vouloir spéculer, il lui semblait que le problème était bien spirituel, qu’il était peut-être grave, et il leur promit d’en parler à l’un de ses supérieurs, le Père Cooke. Après avoir écouté toute l’histoire, le Père Cooke, qui ne savait qu’en penser, décida de demander l’avis de deux de ses amis, lesquels étaient particulièrement expérimentés dans ce genre de questions, les célèbres enquêteurs du paranormal Ed et Lorraine Warren.

L’Enquête d’Ed et Lorraine Warren

Ed et Lorraine Warren

Dès qu’ils entendirent parler de la poupée Annabelle, Ed et Lorraine, inquiets, décidèrent de rencontrer les trois témoins de cette étrange histoire. Ed était sidéré que les jeunes femmes aient été si facilement accordé confiance à un prétendu fantôme et dès leur première rencontre, il le leur fit savoir : « Pour commencer, il n’y a pas d’Annabelle ! Il n’y en a jamais eu. Vous avez été dupées. Cependant, nous avons à faire à un esprit ici. La téléportation de la poupée quand vous étiez hors de l’appartement, l’apparition des notes écrites sur le parchemin, la manifestation des trois gouttes de sang symboliques, et les gestes de la poupée sont tous significatifs. Ils me disent qu’elle avait un but, ce qui signifie qu’il y a une intelligence derrière toute cette activité. Mais les fantômes, les simples esprits humains, ne peuvent pas faire des choses de cette nature ni avec cette intensité, ils n’ont pas ce pouvoir. »

En entendant ces mots, Lou acquiesça. Il avait toujours pensé que la vieille Ann Raggedy était une poupée vaudou et il s’empressa de le signaler. Il en avait parlé aux filles mais elles n’avaient pas voulu l’écouter. Pour lui, la poupée se moquait d’elles. Mal à l’aise, Donna avoua qu’en apprenant l’histoire d’Annabelle, elles s’étaient surtout senties préoccupées par l’âme de la petite fille et elle reconnut qu’elles n’auraient pas dû accorder tant de foi en la parole d’un fantôme. Mais elles pensaient vraiment la poupée inoffensive, elle n’avait jamais rien de fait de mal… jusqu’au jour où Lou s’était fait attaquer…

Comme personne n’avait jamais vu d’enfant spectral dans l’appartement, après avoir écouté leurs témoignages, inspecté la poupée et les blessures de Lou, Ed et Lorraine en vinrent à la conclusion qu’ils avaient affaire à un véritable démon. Ils ne pensaient pas que la poupée était véritablement possédée par la créature maléfique, mais qu’elle servait plutôt d’intermédiaire entre le monde terrestre et l’enfer. L’esprit démoniaque avait probablement berné la médium afin de gagner leur confiance, il s’était joué d’elle en se prétendant l’âme d’un enfant perdu, et depuis qu’il avait obtenu leur permission de rester dans la maison, il agissait à sa guise.

« Habituellement, les gens ne sont pas ennuyés par des esprits démoniaques, à moins qu’ils ne fassent quelque chose qui les attire dans leurs vies. Votre première erreur a été de prêter attention à la poupée, c’est pour cette raison que le démon s’est introduit dans la poupée, pour attirer l’attention sur lui. Une fois qu’il a eu votre attention, il vous a manipulés, ce qui vous a amené à avoir peur et même à être blessés. Les esprits maléfiques aiment à infliger de la douleur, ce sont des esprits négatifs. Votre seconde erreur, c’était la médium. Le démon devait, en quelque sorte, obtenir votre permission pour interférer dans vos vies. Malheureusement, de votre propre volonté, vous lui avez accordé cette autorisation. »

Ed leur expliqua ensuite qu’après avoir attaqué Lou, l’entité maléfique avait surement prévu de quitter la poupée et de rentrer dans l’un d’entre eux dans le but de le posséder totalement, et que cette possession aurait été inévitablement suivie d’un meurtre. Donna lui demanda alors si le démon possédait la poupée comme il le faisait avec un humain, et il lui répondit : « Les esprits ne possèdent pas les choses, les esprits possèdent les gens. Au lieu de ça, l’esprit a simplement déplacé la poupée en donnant l’illusion qu’elle était en vie. Maintenant, ce qui est arrivé à Lou cette semaine devait se produire tôt ou tard. En fait, vous couriez tous le danger d’être possédés par cet esprit, car c’était ce qu’il voulait vraiment. Mais Lou ne croyait pas dans cette mascarade, alors il était une menace permanente pour l’entité. C’était une épreuve de force. Si l’esprit avait eu une ou deux semaines de plus, vous auriez été tués. »

Pensant résoudre le problème, Donna et Angie s’écrièrent d’une même voix qu’elles allaient changer d’appartement, mais le regard noir que leur jeta Ed réduisit aussitôt leurs espoirs à néant. Elles avaient invité un esprit démoniaque chez elles, elles ne s’en débarrasseraient pas si facilement. Pour Ed et Lorraine, elles n’avaient plus le choix, il fallait procéder à une bénédiction d’exorcisme et ils pensaient demander au Père Cooke, qui avait fait appel à eux, de s’en occuper. Le révérend n’avait aucune envie de se retrouver impliqué dans cette affaire, mais en apprenant la gravité de la situation, il accepta néanmoins de leur accorder un entretien. Ed espérait le convaincre. Il était impatient que la maison soit bénie, et dès que la cérémonie serait terminée, il pensait emporter la poupée et la mettre à l’abri chez lui.

Une fois les salutations d’usage formulées, Ed expliqua au prêtre que d’après lui, l’esprit responsable de l’activité malveillante n’était pas humain, qu’il se trouvait toujours dans l’appartement et que la seule manière de s’en débarrasser se trouvait dans la puissance des mots d’une bénédiction d’exorcisme. Le père Cooke lui répondit qu’il n’était pas très familier de la démonologie mais qu’il ne voyait pas quels étaient les signes qui lui permettaient de déterminer la nature de l’esprit et Ed se lança alors dans un long monologue :

« Ces esprits fonctionnent de manière caractéristique. Ce qui se passe ici est essentiellement l’étape du phénomène que l’on appelle l’infestation. L’esprit, dans ce cas un esprit démoniaque inhumain, a commencé à bouger la poupée autour de l’appartement par le biais de la téléportation et par d’autres moyens. Une fois qu’il a suscité la curiosité des filles, ce qui était le but en déplaçant la poupée, elles ont fait l’erreur d’amener un médium ici, ce qui a poussé les choses un peu plus loin.

Au cours de la séance, l’entité, par l’intermédiaire du médium, a joué sur les troubles émotionnels des filles, et il a réussi à leur extorquer la permission de faire ce qu’il voulait. Dans la mesure où le démon est un esprit négatif, il s’est alors mis à provoquer des phénomènes manifestement négatifs, il a suscité la peur à travers les mouvements étranges de cette poupée, il a provoqué la matérialisation de notes écrites perturbantes, il a laissé un résidu de sang sur la poupée, et finalement, il a attaqué le jeune homme, Lou, lui laissant une marque de griffes sanglantes sur la poitrine. Au-delà de l’activité, Lorraine a également discerné que cet esprit inhumain était avec nous maintenant. Lorraine est une excellente clairvoyante, elle ne s’est jamais trompée sur la nature d’un esprit qui était présent. Toutefois, si vous voulez aller plus loin, nous pouvons contester l’entité en le provoquant avec la religion ? »

L’explication se révéla suffisante pour le prêtre, qui commença immédiatement le rituel. A la fin de la cérémonie, qui se déroula sans incident, le père Cooke étendit sa bénédiction à Donna, Angie, Lou, Ed et Lorraine, déclarant que le démon ne pouvait plus leur faire de mal. Après quoi, Donna, qui craignait que la poupée soit toujours sous l’emprise de l’entité maléfique, demanda à Ed et Lorraine de l’emporter avec eux, ce à quoi ils consentirent.

Lorraine Warren et Annabelle

Ed ramassa alors prudemment la poupée et la tendit à Lorraine, puis le père Cooke, qui n’avait aucune certitude quant à la réussite de son exorcisme, conseilla à Ed et à Lorraine de ne pas se risquer sur l’autoroute en rentrant chez eux, de peur que le démon ne soit encore dans la poupée et qu’il ne réussisse à influencer la voiture d’une manière ou d’une autre. Lorraine plaça la poupée sur la banquette arrière, ceinture bouclée, Ed démarra le moteur et ils commencèrent leur long trajet retour. Comme il craignait, lui-aussi, que l’entité n’ait pas été chassée de la poupée de chiffon, Ed roulait exclusivement sur de petites routes, ce qui s’avéra une sage décision. Durant ce voyage, Ed et Lorraine se sentirent l’objet d’une haine farouche.

A chaque fois qu’ils s’approchaient d’un virage serré, les freins se bloquaient, leur voiture ne répondait plus comme elle aurait dû, ce qui faillit entrainer une multitude de collisions. Bien évidemment, il leur aurait été facile de jeter la poupée dans les bois, mais Annabelle aurait alors pu se téléporter dans l’appartement des filles ou mettre n’importe quel innocent promeneur en danger. A un certain moment, leur véhicule s’arrêta inexplicablement en plein milieu de la route. Ed ouvrit alors son sac noir, il en sortit un flacon puis il aspergea la poupée d’eau bénite tout en faisant le signe de la croix et la voiture redémarra. L’eau bénite semblait avoir calmée Annabelle car à partir de ce moment-là, le trajet fut des plus tranquilles.

Ed avait placé la poupée sur une chaise près de son bureau, pensant ainsi la surveiller plus facilement. Au début, Annabelle ne se manifestait guère, elle se contentait de léviter, s’élevant dans les airs et retombant brusquement sur le sol, puis les semaines passèrent et elle commença à apparaître dans différentes pièces. Lorsque les Warren partaient de chez eux, ils l’enfermaient dans un bureau situé à l’extérieur de la maison et quand ils revenaient, ils découvraient Annabelle confortablement assise à l’étage, dans le fauteuil d’Ed. Elle semblait les narguer silencieusement. Peu de temps après, un chat noir commença à se matérialiser près d’elle. La créature faisait le tour de la pièce, regardant les livres et les objets appartenant à Ed, puis elle revenait près de la poupée et se dématérialisait, la tête penchée vers le bas.

Annabelle détestait les ecclésiastiques et elle ne manquait pas une occasion de le montrer. Un soir, alors qu’elle se trouvait seule dans la maison, Lorraine fut soudain terrifiée par des grognements menaçants qui résonnaient dans tout le bâtiment. Plus tard, quand elle écouta le répondeur téléphonique, elle s’aperçut que le père Hagen avait tenté de les joindre à deux reprises et que les grognements s’étaient produits entre les deux appels.

Un jour, le père Jason Branford, un exorciste catholique qui avait travaillé avec Ed, vint lui rendre visite et il lui posa quelques questions sur Annabelle. Le démonologue lui décrivait les singulières manifestations de leur nouvelle invitée quand brusquement, le prêtre prit Annabelle entre ses mains et lui dit : « Tu n’es qu’une poupée de chiffon, Annabelle. Tu ne peux faire de mal à personne ! » Puis il lança la poupée sur une chaise. « C’est une chose que vous auriez mieux fait de ne pas dire, » souligna Ed. Tout comme son mari, Lorraine, s’inquiétait pour le prêtre qui avait provoqué la poupée d’une aussi violente manière, aussi lui conseilla-t-elle de se montrer prudent sur le chemin du retour et de lui téléphoner sitôt arrivé au presbytère. L’appel attendu ne vint que fort tard dans la soirée. Le révérend, bouleversé, expliqua alors à Lorraine que ses freins avaient lâché alors qu’il s’approchait d’une intersection. Sa voiture avait été détruite, elle n’était plus qu’une épave et il avait survécu de justesse à cet accident, qui avait été fatal à certains.

Quelques temps plus tard, à l’occasion d’une grande réception chez les Warren, Lorraine et le père Jason s’isolèrent pour discuter dans une pièce où, par une curieuse coïncidence, Annabelle s’était installée la veille. Alors qu’il parlait avec Lorraine, le prêtre put observer une décoration ornementale faire un mouvement rapide sur le mur et au même moment, le collier de dents de sanglier qui se trouvait près d’eux explosa soudainement en une détonation terrifiante. En entendant ce bruit, les invités se précipitèrent vers la salle, et quelqu’un eut la bonne idée de prendre une photographie. Une fois développée, la photo semblait normale mais au-dessus d’Annabelle se trouvaient deux points lumineux, qui pointaient tous les deux en direction du Père Jason.

A une autre occasion, Ed se trouvait dans son bureau, discutant avec un enquêteur de police d’un assassinat lié à la sorcellerie qui s’était déroulé dans la région quand soudain, Lorraine l’appela à l’étage. Avant de sortir de la pièce, Ed expliqua au policier qu’en son absence, il pouvait regarder les objets qui se trouvaient dans le bureau, mais qu’il devait se montrer prudent et ne pas les toucher car certains avaient été impliqués dans des cas d’invocation démoniaque. Il était parti depuis cinq minutes à peine quand soudain le policier se présenta à l’étage, livide. Ed lui demanda ce qui lui était arrivé, mais l’homme semblait en état de choc, et il répétait la même phrase, encore et encore : « La poupée, la poupée de chiffon est vivante. » Il parlait bien évidemment d’Annabelle. Suite à cette mésaventure, jamais plus il n’accepta de rencontrer Ed dans son bureau.

Annabelle au Musée de l’Occulte

Musée de l’Occulte

Alors, comme la poupée Annabelle était trop dangereuse pour être laissée en liberté, Ed et Lorraine décidèrent de l’emprisonner dans une boîte scellée, et de l’entreposer dans leur Musée de l’Occulte, une pièce où se trouvaient déjà tous les objets maléfiques qu’ils avaient ramenés lors de leurs enquêtes. Depuis qu’elle était enfermée, elle semblait incapable de se déplacer, mais pour prévenir tout incident, ils déposèrent une petite pancarte devant sa vitrine. « ATTENTION, NE PAS OUVRIR ».

Des incidents étranges commencèrent alors à se produire. Parfois, Annabelle changeait de position, ou elle grognait aux visiteurs impertinents. Un jour, alors qu’Ed racontait l’histoire de la poupée maléfique à un couple, un jeune homme, qui cherchait probablement à impressionner sa petite amie, commença à apostropher Annabelle, la défiant de se lever et de le griffer.

Inquiet, Ed fit immédiatement sortir les deux jeunes du musée, et il les regarda s’éloigner en moto. Quelque temps plus tard, il apprit que le couple avait eu un grave accident sur le chemin retour. Selon sa petite amie, après avoir quitté le musée, ils riaient de toutes ces « histoires à dormir debout », quand brusquement, le jeune homme avait perdu le contrôle de son véhicule. La moto avait foncé tout droit dans un arbre, et il avait été tué sur le coup. Sa petite amie avait survécu, mais ses blessures étaient si graves qu’elle avait dû passer un an à l’hôpital. Les sceptiques n’y verront probablement qu’une triste coïncidence, mais Ed et Lorraine étaient convaincus que les deux jeunes avaient subi le courroux d’Annabelle pour s’être moqués d’elle.

Des années plus tard, alors qu’elle faisait visiter le Musée de l’Occulte à une équipe de tournage, peu de temps après la sortie du film Conjuring, Lorraine s’arrêta devant la cage de verre d’Annabelle et, se tournant vers le caméraman, elle lui dit : « L’objet le plus terrifiant du musée, c’est cette poupée. Je ne vais pas la regarder. Vous pouvez la filmer, mais je ne la regarderai pas. Elle a causé bien des malheurs à bien des personnes. »

Tony Spera et Lorraine Warren

Depuis la disparition de Lorraine, le 18 avril 2019, son genre, Tony Spera s’occupe du Musée de l’Occulte, qui est actuellement fermé, mais où se trouve toujours la poupée Annabelle.

Source : The Demonologist: The Extraordinary Career of Ed and Lorraine Warren de Gerald Brittle.

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