Ed et Lorraine Warren, Enquêteurs du Paranormal

Depuis plus de 50 ans, Ed et Lorraine Warren sont considérés comme des experts en matière d’esprits et de démonologie aux États-Unis. Au cours de leur carrière, ils ont été appelés à intervenir à de nombreuses reprises pour endiguer les plus incroyables des manifestations démoniaques. Peu connus en Europe, le film The Conjuring les a mis récemment en lumière et depuis, le monde se fascine pour leurs extraordinaires aventures. Les Warren ont enquêté sur les plus célèbres cas, celui d’Amityville, de la famille Smurl, du loup-garou de Londres, de Arne Johnson, de la famille Snedeker et certaines de leurs histoires, comme celle d’Annabelle ou celle de la famille Perron, ont même inspiré des films.

Edward Warren Miney vit le jour le 7 septembre 1926,  à Bridgeport, dans le Connecticut, au sein d’une famille catholique. De l’âge de cinq ans jusqu’à ses 12 ans, il vécut dans une maison hantée, et ce qu’il y vit lui inspira sa vocation. Il racontait:  » Mon père, qui était agent de police, disait à l’époque: Ed, il y a une raison logique à tout ce qui se passe dans la maison, mais jamais il ne me la donna, cette raison logique. Je vais vous proposer un exemple:

Vers deux ou trois heures du matin, quand ma famille dormait, il m’arrivait parfois d’entendre la porte du placard s’ouvrir mais quand je regardais dans ce placard je n’y voyais jamais que des ténèbres informes. Mais une nuit, j’ai commencé à voir une lumière se former, puis cette lumière s’est transformée en une sorte de boule, qui avait un peu la forme d’un ballon de basket, et j’ai commencé à discerner un visage dans la boule, ils appellent ça une  » Orbe « . Je ne savais pas ce que c’était alors. Ce visage était celui d’une vieille dame, et elle n’avait pas vraiment l’air agréable. Quand la boule est sortie de ma chambre, je pouvais entendre des pas lourds et sa respiration, la température est devenue glaciale. C’était un froid artificiel, un froid psychique. J’ai essayé de me dire: il y a une raison logique à tout ça, mais au même moment, je suis sorti tout droit de mon lit et j’ai foncé me réfugier dans le lit de mes parents, juste entre eux. « 

Son père, qui était donc agent de police, travaillait souvent la nuit et sa mère s’absentait souvent. De ce fait, le jeune Edward et sa sœur restaient souvent seuls dans la maison, écoutant les bruits de pas et le cognement de la canne de son grand-père résonner dans l’escalier, longtemps après sa mort.

A l’âge de 16 ans, Ed travaillait comme placeur au Colonial Theatre of Bridgeport et ce fut durant cette période qu’il fit la connaissance de Lorraine Rita Moran.  La jeune fille, qui était née le 31 janvier 1927, avait grandi à Milford, dans une famille de trois enfants. Elle avait commencé à percevoir des manifestations psychiques à l’âge de 9 ans, principalement des auras, et elle avait tenté d’en parler à 12 ans, alors qu’elle se trouvait dans une école privée catholique:  » Je me suis confiée à l’une des sœurs, mon professeur de français. Je lui ai dit que ses lumières étaient beaucoup plus brillantes que celles de la Mère Supérieure. Je supposais que les autres les voyaient aussi.  » La sœur lui avait alors répondu d’arrêter de se montrer aussi fantaisiste et Lorraine avait été condamnée à faire une retraite. Ce week-end passé à prier avait sérieusement freiné son enthousiasme:  » Après la retraite, je craignais le jugement de mes parents, et celui des religieuses. Je n’ai jamais voulu être différente, j’ai toujours voulu rentrer dans le moule. Alors j’ai essayé de nier ce que je pouvais voir. « 
Lorraine et sa mère avaient pour habitude de se rendre au théâtre tous les mercredis soirs, Ed la remarqua rapidement et Lorraine en pensa:  » J’ai regardé ses chaussures, qui brillaient à la perfection, j’ai regardé le pli de son pantalon, et j’ai pensé que c’était un joli jeune homme. « . Après quoi ils commencèrent à discuter et ils devinrent amis. Les deux jeunes gens avaient le même age, ils s’entendaient bien, alors un soir, rassemblant son courage, Ed se rendit chez Lorraine et lui proposa un rendez-vous. Et ainsi commença leur histoire.

Ed et Lorraine lors de leur mariage

En 1945, à dix-sept ans, Ed Warren s’engagea dans la marine et quatre mois plus tard, après que son bateau ait coulé en Atlantique Nord, il retournait chez lui pour un congé de 30 jours. Ed et Lorraine se marièrent durant cette permission puis, quand Ed revint de la Seconde Guerre Mondiale, le jeune couple eut une fille et Ed commença à étudier à la Perry Art School (Ecole d’Art de Perry), une filiale de Yale. Il allait y rester deux ans avant d’abandonner, expliquant à Lorraine qu’il peignait mieux que ses professeurs qui ne lui apprenaient, de toutes façons, que des choses dont il n’avait pas besoin pour peindre, comme la géométrie et d’autres bêtises.  Mais il avait une idée qui allait se révéler fabuleuse.

Ed acheta une voiture, une Chevy Eagle de luxe de 1933 pour 15$, et le vendeur lui fit cadeau de deux roues avec elle. Pour en payer les traites, cinq dollars par semaine, il proposa à Lorraine de se rendre dans les nouvelles zones touristiques, dans le Massachusetts, le Vermont ou le New Hampshire, et d’exposer ses toiles aux endroits les plus fréquentés. Le jeune homme était certain qu’ils en vendraient une partie.

Cette période fut merveilleuse pour les Warren. Les tableaux se vendaient au prix fabuleux de trois ou quatre dollars. A cette époque, les hot-dogs et les hamburgers étaient à un sou, le théâtre à un quart et le gaz à 18 cents le gallon. Donc, avec cinq dollars, ils avaient une vie fantastique.

Ce fut par l’intermédiaire de la peinture que les Warren commencèrent leur travail d’enquêteurs du paranormal. Quand Ed entendait parler de hantise, dans une maison ou un endroit quelconque, il voulait toujours y entrainer Lorraine afin de vérifier la rumeur.  » Oh Ed, il n’y a pas que les fantômes « , lui disait la jeune femme. Alors Ed lui rappelait son enfance dans la maison hantée de Bridgeport et Lorraine finissait toujours par céder. La façon dont ils parvenaient à pénétrer dans ces maisons était très astucieuse. Ed racontait cette histoire:  » Nous étions juste des enfants, personne n’allait nous laisser entrer. Nous étions juste des curieux, pas encore les dirigeants de la New England Society for Psychic Research (Société pour la recherche psychique de la Nouvelle-Angleterre).
Alors je me mettais au milieu de la route, où ils pouvaient tous me voir, je commençais à esquisser la maison et les rideaux se mettaient à faire des allers-retours. Que fait ce gamin?, devaient-ils penser. Je faisais une très belle esquisse de la maison avec des fantômes s’en échappant, puis je la donnais à Lorraine qui allait frapper à la porte. Elle leur disait: Oh, mon mari aime à dessiner et à peindre les maisons hantées, et il a fait cela pour vous. Et je le faisais pour eux. « 

C’était comme ça, en proposant un dessin, qu’ils parvenaient à rentrer dans les maisons hantées et à discuter avec leurs propriétaires. Au départ, Ed voulait juste voir si les choses qui s’y passaient ressemblaient à celles que sa famille avait connues, mais ce désir allait sceller leur destin. Ce fut à l’occasion de l’une de ces visites que la jeune Lorraine, alors âgée d’une vingtaine d’années, découvrit ses dons de clairvoyance. Ce jour là, Ed peignait The Ocean Born Mary House, une maison lugubre et menaçante. Depuis  des dizaines années cette bâtisse était présentée par son propriétaire, Louis Roy, comme une maison hantée contenant un trésor et il la proposait comme attraction touristique, louant des pelles aux visiteurs qui désiraient chercher la fortune du pirate qui était réputée être enterrée dans la cour. Pendant que son mari peignait, Lorraine, qui ne croyait pas encore aux fantômes, partit seule la visiter. Mais dès qu’elle en franchit le seuil, elle se sentit brusquement sortir de son corps, et la présence écrasante du désespoir s’imposa à elle. Lorraine était une médium qui s’ignorait.

En 1952, Ed et Lorraine fondèrent la New England Society for Psychic Research (NESPR), avec pour objectif d’enquêter sur les phénomènes de hantise qu’ils rencontraient. A cette époque, Lorraine maitrisait déjà ses dons de clairvoyance et Ed disait d’elle qu’elle était une formidable médium. Au cours de cette même année, Ed et Lorraine ouvrirent un Musée de l’Occulte dans leur maison de Monroe et ils commencèrent à y exposer les objets maléfiques qu’ils ramenaient de leur diverses investigations.

Puis, en 1965, les Warren furent confrontés à un cas qui bouleversa leur façon d’aborder les phénomènes de hantise. Dans cette affaire, l’esprit d’une petite fille prénommée Cynthia hantait une maison. Lorraine, plongée dans une transe profonde, réussit à rentrer en contact avec elle et la fillette lui apprit qu’elle était à la recherche de sa mère. Ed se dit en lui-même:  » C’est horrible, ce petit enfant relié à la Terre. Elle cherche sa mère constamment, jour après jour. Comment puis-je aider cet enfant? « 

Les Warren ne voulaient plus seulement comprendre les phénomènes de hantise, ils voulaient maintenant aider les esprits. Cependant, un problème de taille se posait: ils ignoraient comment ils pouvaient leur venir en aide et ils ne voyaient pas comment obtenir les connaissances nécessaires. Après avoir réfléchi à la question, ils décidèrent de se tourner vers la religion, pensant en toute logique que les prêtres, les pasteurs et les rabbins s’occupaient de l’âme, par conséquent du surnaturel.

Ed commença alors à interroger des dizaines et des dizaines de pasteurs un peu partout dans le pays. Il leur demandait:  » Si quelqu’un de votre paroisse vous appelait et vous disait qu’il y a un fantôme dans la maison, que feriez-vous?  » Certains lui répondaient qu’ils lui diraient d’aller voir un psychiatre, mais d’autres lui expliquaient que dans ces cas là, ils allaient chez eux bénir la maison. Si la bénédiction n’était pas suffisante, alors ils faisaient dire une messe, et si la messe ne fonctionnait pas, alors ils exécutaient un rituel d’exorcisme. Parfois, Ed ne les comprenait pas:  » Mais beaucoup de prêtres catholiques interrogés ne croyaient même pas au Diable. Pourtant, toutes ces choses font parties de l’enseignement de la religion catholique. C’est dans la Bible, tous les dix mots vous avez un mot psychique: apparition, fantôme, diable, démon, malin. Tout est dans la Bible. « 

Le travail d’Ed et Lorraine était basé sur la religion mais également sur la science. Des médecins, des chercheurs, des agents de police, des infirmières, des étudiants et des épouses travaillaient bénévolement pour la NESPR, qui ne facturait jamais ses services. Les gens disaient aux Warren:  » Oh mon Dieu, vous allez dans une maison et vous cherchez les démons « , ce à quoi Ed répondait:  » Vous avez sacrément raison. Je recherche les démons, et je regarde aussi les autres explications. J’ai des scientifiques avec moi, ils se penchent sur les autres possibilités puis nous nous réunissons, nous en parlons et nous essayons d’en sortir quelque chose. Personne ne peut nous faire entrer dans une maison et nous tromper. Vous ne pouvez pas nous dire que votre maison est hantée et vous en sortir comme ça car je suis le plus grand sceptique qui soit. Je dois le voir, je dois l’entendre et je dois le sentir avec mes sens physiques. « 

Généralement, lorsqu’ils étaient appelés sur un cas ou quand on leur en signalait un, Ed et Lorraine Warren se rendait immédiatement sur les lieux. Ed expliquait:  » Quand un cas nous est rapporté, nous contactons immédiatement la personne ou la famille en difficulté. S’il semble nécessaire que nous intervenions, alors nous offrons notre aide. Nous disons à la famille que nous ne la ferons pas payer pour notre temps, mais que nous demandais à être remboursés pour les dépenses de base (tels que les billets d’avions, les chambres d’hôtel, et ainsi de suite.). Quand c’est entendu, nous mettons en place un rendez-vous dès que possible. Habituellement, nous sommes en chemin une heure ou deux plus tard. « 

Une fois sur place, Ed écoutait les témoins lui rapporter leurs mésaventures pendant que Lorraine, aidée de ses dons de clairvoyance, arpentait la maison, tentant de localiser le fauteur de troubles. L’expérience leur avait appris que la plupart des manifestations démoniaques résultaient de rituels satanistes, de malédictions ou d’activités occultes et une partie de l’enquête consistait à déterminer comment l’entité avait réussi à rentrer dans notre monde. Il pouvait s’agir de quelque chose d’anodin, comme une séance de Ouija, ou quelque chose d’horrible, comme une malédiction ou un pacte avec le Diable. Les démons étaient réputés pour préférer les coins sombres, aussi Ed et Lorraine inspectaient-ils prioritairement les sous-sols, les vides sanitaires et les placards, tentant d’enregistrer leurs manifestations sur un magnétophone ordinaire ou de prendre en photo les esprits qui s’y dissimulaient parfois. Les Warren faisaient souvent écouter ces enregistrements lors des conférences qu’ils donnaient, exposant également de nombreuses photos d’orbes.

Orbes. Photo d’Ed Warren

Ed Warren décrivait les démons comme des créatures emplies d’une  » immense haine éternelle pour l’homme et pour Dieu « , et il expliquait qu’ils aimaient à se dissimuler mais qu’ils finissaient toujours par se trahir car, s’ils ne pouvaient prendre de forme matérielle, ils pouvaient manipuler leur environnement de diverses manières, causant dégâts et destructions:  » L’esprit démoniaque tente de rester anonyme, mais à long terme, il ne peut vraiment pas. Il laisse passer des signes révélateurs de pouvoir surnaturel. Par exemple, ces esprits négligent généralement l’environnement physique. Il y a quelques années, nous étions dans une maison où un caméraman de la télévision était frappé avec des billes qui étaient jetées sur droit depuis le mur! D’autres fois, le démon fait des choses à partir de rien. Si c’est solide, alors ces matérialisations sont chaudes au toucher, indiquant un processus de manipulation d’énergie. parfois, les matérialisations disparaissent très rapidement, d’autres fois, elles restent. J’ai une collection de ces apports, comme on les appelle. Cette preuve physique est nécessaire pour avancer la nécessité d’un exorcisme. Chaque fois que ces substances se manifestent dans un cas, j’en prends un échantillon et je les envoie à un laboratoire pour une analyse de sa composition. Les apports sont le plus fréquemment constitués d’urine, de bile, de vomi, de sang ou d’excréments. Ces substances apparaissent parce qu’elles ont été téléportées dans une maison, ou parce qu’elles ont été assemblées de manière synthétique par des esprits qui en détenaient. Ces apports contiennent habituellement tous les minéraux, les oligo-éléments et les acides animés présents dans la nature. Il n’y a rien de particulièrement nouveau ou de mystérieux en général, sauf la manière dont ils sont arrivés là. Les esprits démoniaques peuvent faire des choses étranges, mais ils sont limités à la manipulation de leur environnement physique. Contrairement à ce que nos amis les satanistes peuvent penser, un diable n’est pas un dieu. Il n’a pas de véritables pouvoirs de création. Il peut seulement réorganiser ce qui est déjà là. »

Souvent, pour pouvoir déterminer la nature de l’entité, Ed était dans l’obligation de faire partir la famille de la maison durant quelques heures: « Si les informations que je reçois lors de l’entrevue sont ambiguës ou s’il n’y a pas de phénomène en cours, alors je dois recourir à la provocation religieuse pour déterminer si la présence est un esprit humain ou inhumain. Presque tout peut arriver dans ce genre de situation donc, si je dois provoquer, je vais envoyer tout le monde déjeuner et rester seul dans la maison. Dans certains cas, Lorraine reste avec moi, mais son rôle ne va pas plus loin que l’observation. Il n’est rien qu’un clairvoyant puisse faire contre un esprit démoniaque malveillant, mais il y a un certain nombre de façons pour une entité négative de nuire gravement à quelqu’un de sensible. Quand je suis seul, j’utilise la provocation car je ne suis pas médium et je dois amener une activité afin de pouvoir la constater avec mes cinq sens.
Je porte toujours une relique du Padre Pio avec moi comme protection. Plus je rajoute de puissance religieuse, plus j’ai de chance que le provoqué me réponde. Sachant à quoi je m’oppose parfois, je me sentirais plus à l’aise avec un démonte-pneu ou un fusil de chasse. Mais vous ne pouvez pas tuer quelque chose qui existe depuis le début des temps.

S’il y a un endroit où la perturbation a été localisée, alors je vais aller dans cette zone en premier. Si la famille me dit qu’il n’y a pas de lieu spécifique, alors je vais aller de chambre en chambre jusqu’à ce que quelque chose se passe. Si un fantôme est responsable du problème, alors souvent il va m’apparaitre alors que j’arpente la maison. Il sait que la plaisanterie est finie, et un fantôme n’a rien à craindre de Dieu. Mais si c’est un esprit démoniaque, qui a juré de haïr Dieu et qui repousse les objets religieux, alors tôt ou tard, les choses vont dégénérer. La température va devenir glaciale ou changer la maison en four. Il y aura une puanteur de chaire en décomposition ou une autre odeur nauséabonde. Je peux entendre quelque chose exploser. Une voix menaçante, sonnant comme aucun être humain que vous ayez jamais entendu parler peut m’ordonner de partir. Je peux entendre des pas, projetés télépathiquement, dans les escaliers. Il s’agit d’un stratagème pour m’amener à les suivre pour, éventuellement, me coincer dans une pièce. Des mains invisibles peuvent griffonner une obscénité sur les murs en face de moi. D’autres fois, rien de tout cela ne va se passer. Et puis, quand je m’y attends le moins, l’esprit va se trahir et commencer à se manifester dans l’obscurité.
Pourquoi est-ce que ce processus de provocation religieuse fonctionne? Est-ce que ça vient de moi? Non. Ça marche car les esprits démoniaques haïssent, je dis bien haïssent, n’importe quelle allusion au nom de Dieu ou l’utilisation d’objets religieux. Cette entité est si pleine de culpabilité, de haine et de jalousie que la provocation est extrêmement douloureuse pour l’esprit inhumain. Souvent, Ed et Lorraine se retrouvaient brusquement emplis d’une terreur sans nom:  » Le démoniaque, disait Ed, projette la terreur à la façon dont le serpent à sonnette utilise son crotale, comme un avertissement. « 

Pour Ed et Lorraine, les démons se manifestaient dans le but de posséder des gens même et cette possession se déroulait selon un processus en 5 étapes: la permission, l’infestation, l’oppression, l’obsession et la possession. Si le processus n’était pas interrompu, alors la possession menait toujours à la mort, par suicide ou assassinat.

Pour déterminer du stade de la possession, les Warren interrogeaient l’entourage des plaignants et Ed insistait toujours pour découvrir des explications ordinaires aux phénomènes étranges avant d’envisager une explication surnaturelle. Ils examinaient les manifestations avec attention, conseillant les victimes sur la conduite à tenir et, suivant la gravité de la hantise ou de l’infestation, ils effectuaient une séance de prière, demandaient de l’aide ou faisaient appel à un exorciste, dans les cas les plus graves.

Ed et Lorraine bénéficiaient d’une certaine notoriété, ils étaient les « seuls démonologues laïcs reconnus par le Vatican », mais ils ne faisaient pas l’unanimité et ils étaient la cible de nombreuses critiques. Aujourd’hui encore, beaucoup remettent en cause leur travail et leurs motivations, les accusant d’avoir inventé certaines histoires ou d’avoir attiré l’attention des médias à des fins lucratives.

Ed en parlait:  » Depuis le jour où je suis allé dans une maison hantée, j’ai toujours voulu que les gens et les médias soient avec moi et les gens m’ont condamné pour cela. Ils ont dit:  » Ed Warren veut son nom dans les journaux, il veut avoir des livres et des films. Il veut devenir célèbre « . Vous avez sacrément raison, c’est ce que je fais. Je veux faire connaitre le diable et montrer le malin. Un public sceptique est la meilleure protection que puisse avoir le démon, et je vais m’assurer de le montrer de toutes les façons que je le peux. Les gens disent que nous recevons beaucoup d’argent pour ce que nous faisons, mais l’argent nous vient très difficilement de ces livres et des conférences. Nous ne recevons pas d’argent facile, et l’argent que nous recevons, nous le méritons. Nous ne facturons pas nos services, mais si vous voulez que nous venions dans l’Arizona, alors on vous demandera de payer les frais. « 

Maison d’Ed et Lorraine Warren

En 2001, Ed Warren fut victime d’un accident vasculaire cérébral qui le laissa incapable de parler et de marcher. Il avait émis le souhait de ne pas rester à l’hôpital ou dans une maison de soins dans un tel cas, aussi Lorraine le ramena-t-elle chez eux. Pendant cinq ans, elle le soigna avec dévouement, tentant également de continuer les enquêtes et les conférences avec l’aide de sa fille Judy et de son gendre, Tony Spera. Ed Warren mourut le 23 août 2006.

Par la suite, respectant la volonté de son mari, Lorraine continua à enquêter et à intervenir sur différentes affaires, répondant essentiellement par lettres ou par téléphone aux gens qui l’appelaient à tous moments du jour et de la nuit, ne tenant pas compte de sa fragilité. Cependant, pour elle, rien n’était pareil :  » Mais il est incroyablement difficile de continuer à travailler depuis qu’Ed est mort. Nous étions une équipe. « 

Elle habitait la petite maison de Monroe, où se trouvait le Musée de l’Occulte qu’elle avait ouvert dans les années 1960 avec Ed, et dont elle s’occupait avec Tony Spera. Ce musée proposait aux visiteurs une multitude d’objets en provenance du monde entier, des objets souvent utilisés lors de pratiques occultes ou diaboliques et réputés dangereux. La Poupée de l’Ombre, qui peut se glisser dans vos rêves et arrêter votre cœur, une Idole Satanique, découverte au fond des bois du Connecticut, un Miroir utilisé dans l’évocation d’esprits, le Cercueil d’un Vampire, qui servait de lit un vampire moderne, des Masques de Voyance, des Pierres Tombales d’Enfants, utilisés comme autels dans des rituels satanistes, Alters, un orgue qui jouait de la musique tout seul, des Photographies d’esprits, d’autres qui brûlent inexplicablement, des Crucifix jetés contre des murs et profanés, des Objets Maudits Égyptiens et Africains, des Malédictions de Mort, une Tête Rétrécie, des Jouets et des Animaux possédés, des Poupées Maudites ou Hantées, Voodoo, Fertility, etc., et bien évidemment, la Star du Musée de l’Occulte, Annabelle.

Quand elle était enfant, Judy Spera, la fille d’Ed et Lorraine Warren, était terrifiée par la poupée Annabelle. « Les gens faisaient appel à mes parents pour des histoires occultes et leur confiaient souvent des objets qu’ils pensaient maudits et dont ils ne voulaient pas. Il a bien fallu leur trouver une place… J’avais très peur de cet endroit. Mon père m’avait dit de ne surtout pas ouvrir la vitrine où était enfermée Annabelle. Il y a quelque chose chez cette poupée qui fascine les gens. Elle est assise derrière une vitre et parfois ses bras et ses jambes bougent. Ça n’est pas un jouet pour enfants. Elle me terrifiait. Mes parents m’ont toujours dit de ne pas lui prêter attention, et de ne pas la regarder dans les yeux. »

Lorraine assise devant Annabelle au Musée de l’Occulte

Annabelle serait responsable de la mort d’un visiteur, et elle aurait également attaqué un jeune homme, le blessant à plusieurs reprises à la poitrine. Bien que la poupée ait été exorcisée une multitude de fois, Ed Warren la considérait comme l’objet le plus chargé en ondes négatives de sa collection.

Lorraine Warren et son beau-fils organisaient régulièrement des soirées auxquelles pouvaient participer un nombre réduit de personnes. Ces  soirées comprenaient un exposé de la vie de chasseuse de fantômes de Lorraine, présenté par elle-même, le visionnage d’une vidéo d’un vrai exorcisme, une visite guidée du Musée de l’Occulte, une promenade au cimetière local, où repose Ed Warren, un diner dans un restaurant italien, une photo avec Lorraine, et des autographes. Le prix était de 129$ par personne, les réservations se faisaient sur le site des Warren, les places partaient très vite, et les rares événements affichaient complets des semaines à l’avance.

Lorraine Warren s’est éteinte durant son sommeil, le jeudi 18 avril 2019, à l’âge de quatre-vingt-douze ans. Son gendre s’occupe actuellement du musée, qui a été fermé par décision judiciaire suite à des plaintes du voisinage.

Ed, Lorraine et leur chien Gizmo

Ed et Lorraine Warren ont participé à plusieurs livres relatant des cas sur lesquels ils se sont penchés, souvent en collaboration avec un écrivain et les principaux intéressés. Aucun n’a été traduit en français.

  • 1988: The Haunted: The True Story of One Family’s Nightmare de Robert Curran, avec Jack et Janet Smurl et Ed et Lorraine Warren.
  • 1989: Ghost Hunters: True Stories From the World’s Most Famous Demonologists, d’Ed Warren.
  • 1990: Satan’s Harvest de Michael Lasalandra et Mark Merenda, avec Maurice et Nancy Thériault et Ed et Lorraine Warren.
  • 1991: Werewolf: A True Story of Demonic Possession d’Ed Warren, Lorraine Warren et Bill Ramsey.
  • 1992: Graveyard: True Hauntings from an Old New England Cemetery d’Ed Warren et Lorraine Warren.
  • 2004: Ghost Tracks de Cheryl A. Wicks avec Ed et Lorraine Warren.

Vous pouvez découvrir certaines de leurs affaires dans la rubrique qui leur est consacrée, Les Dossiers Warren, parmi lesquelles : Amityville, Annabelle, le Loup-Garou de Londres, la famille Smurl, le Procès d’Arne Cheyenne Johnson, la famille Perron, la famille Snedeker, etc…

Leurs histoires ont inspirés des films, plus ou moins célèbres, Le Procès du Démon de William Hale, Amityville, la Maison du Diable de Stuart Rosenberg. Amityville II : Le Possédé de Damiano Damiani, Le Dernier Rite de Peter Cornwell, La Maison Hantée de Robert Mandel, Conjuring : Les Dossiers Warren de James Wan, Conjuring 2 : Le Cas Enfield de James Wan, Annabelle de John R. Leonetti, et Conjuring 3 : sous l’emprise du diable de Michael Chaves.

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