La Colonie Perdue de Roanoke

La saison 6 de la série American Horror Story s’est intéressée à la Colonie Perdue de Roanoke et comme certains m’ont écrit pour me demander de me pencher sur son histoire, je vous propose de la découvrir.

Le Nouveau Monde

Le 25 mars 1584, Elisabeth Ire, reine d’Angleterre et d’Irlande, donna une charte pour la colonisation de l’Amérique du Nord à Sir Walter Raleigh, lui demandant d’établir rapidement une colonie ou de perdre ses droits. En envoyant une mission sur le Nouveau Monde, la reine espérait découvrir de nouvelles sources de richesses pour la Couronne et elle souhaitait qu’une base permanente soit construite au plus vite pour pouvoir envoyer ses corsaires sur les navires espagnols transportant des trésors vers le vieux continent. A cette époque, l’Espagne dominait l’exploration et la colonisation de l’Amérique, attisant la jalousie de l’Angleterre, et les deux pays étaient prêts à rentrer en guerre. Sir Raleigh, qui était le favori de la reine, ne devait pas accompagner l’expédition. Sa mission consistait à préparer le voyage, trouver des hommes fortunés prêts à investir dans le projet, recruter des capitaines de navires et leurs équipages, acheter des vivres et du matériel etc…

La Découverte de Roanoke

Carte Roanoke-Croatoan

1 :Île de Roanoke 2 : Île Croatoan

Le 27 avril 1584, Sir Raleigh envoya une expédition de deux navires explorer la côte orientale de l’Amérique du Nord. Le 4 juillet 1584, les capitaines Philip Amadas et Arthur Barlowe abordèrent la Caroline du Nord et trouvant les terres particulièrement riches, ils en prirent possession au nom de la reine Elizabeth et de Sir Raleigh, comme il leur avait été demandé de le faire. Non loin de ses côtes se trouvaient plusieurs îles, dont celle de Roanoke, qui fut estimée à trente kilomètres de large et à six de long, et ils décidèrent qu’elle servirait de base aux futures explorations. Des relations furent alors établies avec les indigènes locaux, les secotans et les croatoans, qui étaient originaires d’une île au sud de Roanoke. L’île des croatoans, qui fut baptisée de leur nom, abritait deux autres tribus indiennes, les roanokes et les rowhatans, mais elles se montrèrent beaucoup plus méfiantes, pour ne pas dire hostiles, envers les anglais.

Les capitaines Amadas et Barlowe retournèrent ensuite en Angleterre pour faire leur rapport, et ils ramenèrent avec eux deux indiens, Manteo, un croatoan et Wanchese, un roanoke, qui devaient informer Sir Raleigh de la situation politique et géographique de la région et apprendre l’anglais pour servir de traducteurs lors des prochaines missions. A son arrivée, le capitaine Barlowe décrivit les lieux comme « paradisiaques et propices à toutes sortes de cultures » et les amérindiens comme « accueillants et pacifiques, » oubliant volontairement de signaler une altercation qui avait pourtant couté la vie à certains membres du groupe. Se basant sur leurs informations, Sir Raleigh organisa une seconde expédition pour coloniser la région, qui avait été baptisée Virginie en hommage à Elizabeth Ire, la « Reine-Vierge, » et il en confia le commandement à Sir Richard Grenville.

La Deuxième Expédition

Roanoke Village Indien

 

La flotte de Sir Grenville quitta le port de Plymouth le 9 avril 1585 avec six cents hommes et cinq navires : le Tiger, le bateau de Sir Grenville, le Roebuk, le Red Lion, l’Elizabeth et le Dorothy. Malheureusement, une violente tempête sépara le Tiger du reste de la flotte. Les capitaines avaient décidé de se retrouver à Porto Rico si une telle situation venait à se produire, et le Tiger arriva dans la Baie de Mosquito le 11 mai, conformément à leur arrangement. En attendant les autres navires, Sir Grenville en profita pour établir des relations avec espagnols, tout en s’engageant dans certaines conspirations contre eux, et il construisit également un petit fort. Peu de temps après, l’Elizabeth se présenta au port et fatigué d’attendre en vain les autres navires, le 7 juin, Sir Grenville se mit en route pour l’Île de Roanoke. Le 26 juin, le Tiger naviguait dans le Grau d’Ocracoke quand il heurta un haut-fond, ruinant la plupart des provisions. Les hommes réussirent à réparer le navire et au début du mois de juillet, le Roedbuck et le Dorothy rattrapèrent le Tiger, qui avait déjà été rejoint par le Red Lion quelques semaines auparavant.

Au cours de l’exploration initiale, les anglais avaient accusé les indigènes d’Aquascogoc d’avoir volé une coupe en argent et ils avaient saccagé et brûlé leur village en représailles. Malgré cet incident et le manque de victuailles, Sir Grenville décida de débarquer cent sept hommes à l’extrémité nord de l’île de Roanoke pour qu’ils y forment un avant-poste, leur promettant de revenir en avril de l’année suivante avec de nouveaux volontaires et de la nourriture. Les colons construisirent rapidement un petit fort et ils commencèrent à exploiter les terres et les gisements de métaux précieux mais malheureusement, des conditions météorologiques désastreuses les conduisirent rapidement à la famine.

Au cours de l’hiver, les indigènes ayant épuisé leurs réserves, ils se retrouvèrent dans l’incapacité de continuer à échanger de la nourriture avec les colons et des tensions commencèrent à se faire sentir. Suspectant Wingina, le chef des roanokes, de chercher à s’allier à certaines tribus pour les attaquer, les Anglais le firent prisonnier puis ils le relâchèrent, gardant cependant son fils en otage. Au mois de juin 1586, Ralph Lane, qui dirigeait la colonie et craignait un assaut des roanokes, décida d’attaquer préventivement leurs villages et Wingina périt lors des combats. Le fort se retrouva alors assailli par les indiens roanokes, mais les colons réussirent à les repousser.

Une semaine plus tard, Sir Francis Drake, qui revenait d’un raid glorieux contre les espagnols dans les Caraïbes, s’arrêta à la colonie et il proposa à ceux qui le souhaitaient de les ramener en Angleterre. Sir Drake avait apporté de l’eau et des vivres mais tous les hommes décidèrent néanmoins de repartir. Parmi eux se trouvait John White, un artiste ami de Sir Raleigh qui rapporta de nombreuses illustrations de la faune, de la flore, et de la vie des indiens en Angleterre, et le scientifique Thomas Harriot, qui avait appris le langage Algonquian de Manteo et qui avait passé dix mois à collecter des échantillons minéraux et de plantes pharmaceutiques. Peu de temps après, Sir Grenville arriva à Roanoke et il retrouva l’avant-poste abandonné. Il retourna alors en Angleterre avec la plupart de ses troupes, laissant seulement un petit détachement de quinze hommes sur Roanoke pour protéger l’île des espagnols et maintenir une présence anglaise, conformément aux ordres de Sir Raleigh.

La Troisième Expédition

Colonie de Roanoke

Tirant les leçons de cet échec, Sir Raleigh décida que la future colonie devrait être établie un peu plus au nord, à l’intérieur des terres. En 1587, il renvoya trois nouveaux navires vers le Nouveau Monde, avec quatre-vingt-onze hommes, dix-sept femmes et neuf enfants à bord, principalement des fermiers et des artisans qui devaient recevoir chacun deux cents hectares de terres dans la baie de Chesapeake. Il avait été décidé de faire un détour pour récupérer les quinze hommes chargés de garder Roanoke mais quand ils arrivèrent sur l’île, le 22 juillet, ils ne trouvèrent rien ni personne, sauf un squelette qu’ils ne purent identifier. Aucune trace de leur présence ne fut jamais découverte, ni aucun signe laissant à penser qu’ils avaient été massacrés ou obligés de quitter l’île. Pour une obscure raison, le capitaine Simon Fernandez, qui commandait la flotte, s’opposa à la volonté de John White, qui avait été nommé chef de l’expédition et gouverneur de la future colonie, et refusant de laisser les colons remonter à bord des navires, il leur conseilla de fonder une nouvelle colonie sur Roanoke avant de repartit en Angleterre. Le 18 août, Eleanor Dare, la fille de John White, mit au monde le premier enfant anglais du Nouveau Monde, une fille nommée Virginia Dare.

Le Baptême de Virginia Dare

Grâce à Manteo, l’un des deux indiens qui avaient été ramenés en Angleterre en 1584, John White rétablit rapidement les relations avec les croatoans et les autres tribus locales, mais celles contre lesquelles les anglais s’étaient déjà battus refusèrent de le rencontrer. Interrogés sur les quinze disparus, les indiens déclarèrent qu’ils avaient probablement été attaqués par une tribu ennemie, et les roanokes furent suspectés. Peu de temps après, un colon du nom de George Howe fut tué par un indien alors qu’il ramassait des crabes et John White décida de lancer un raid nocturne contre les roanokes, qu’il soupçonnait d’être responsables. Malheureusement, il faisait tellement sombre cette nuit-là que les troupes anglaises attaquèrent leurs amis, les croatoans, et les relations entre les deux peuples se dégradèrent grandement. Suite à cette abominable méprise, les croatoans refusèrent de continuer à échanger des vivres avec les anglais et la nourriture commença à manquer. Craignant pour leur vie, les colons supplièrent le gouverneur John White de retourner en Angleterre pour plaider leur cause et demander des renforts et s’il n’était pas très emballé à l’idée de les laisser, il finit par céder.

Retour en Angleterre

John White

En septembre 1587, John White retourna en Angleterre pour demander de l’aide. Il laissait derrière lui une population de cent seize hommes, femmes et enfants, dont sa fille et sa petite-fille. Malheureusement, une fois en Angleterre, le capitaine refusa de prendre le risque considérable de traverser l’Atlantique en hiver, puis l’Angleterre attaqua l’Armada espagnole, et une guerre s’en suivit. Chaque navire en mesure de rejoindre le combat fut alors réquisitionné, et John White ne trouva personne pour le ramener à Roanoke. Au printemps 1588, il réussit à acheter deux petits navires et il se mit aussitôt en route pour la Virginie mais en chemin, les capitaines tentèrent de capturer plusieurs navires espagnols, dans l’espoir d’améliorer leurs gains, mais ils retrouvèrent vaincus et leur cargaison fut saisie. Alors, comme ils n’avaient plus rien à apporter aux colons, les navires retournèrent en Angleterre.

Au cours de l’année suite, John White chercha un navire pour retourner sur l’île de Roanoke, mais en raison de la guerre, il ne put en trouver aucun. Au début de l’année 1590, John Watts, le plus riche armateur du pays, s’apprêtait à envoyer trois navires dans les Antilles quand l’interdiction lui fut donnée de leur faire quitter le port. Sir Raleigh, qui conservait toujours une certaine influence à la Cour, intervint alors et il obtint une autorisation de naviguer pour John Watts, qu’il lui remit comme la promesse d’une halte en Virginie.

La Colonie Perdue

Le Retour de John White

Le 18 août 1580, soit exactement trois ans après la naissance de sa petite-fille, John White débarqua sur l’île de Roanoke mais il retrouva la colonie déserte. D’une étrange manière, les quatre-vingt-hommes, les dix-sept femmes et les onze enfants avaient tous disparus sans laisser de traces de lutte ou de fuite. Avant son départ, en septembre 1587, John White avait convenu d’un signe avec les colons. Si jamais ils se voyaient dans l’obligation de quitter l’île pour une raison quelconque, ils devaient inscrire leur destination sur un arbre et graver une croix de Malte s’ils étaient en danger. Aucune croix ne fut retrouvée mais il apparut que le mot Croatoan avait été gravé sur l’un des poteaux de la clôture entourant le village et que les lettres CRO avaient été sculptées sur un arbre voisin.

Croatoan Arbre

John White en conclut que les colons étaient sains et saufs et qu’ils avaient dû se retirer sur l’Île Croatoan, qui était toute proche. Une énorme tempête se leva, qui les empêcha d’accoster sur Croatoan et il alors décidé que l’un des navires de John Watts reviendrait au printemps pendant que l’autre retournerait directement en Angleterre. Malheureusement, personne ne retrouva jamais les colons de Roanoke… ni même leurs corps.

Les Recherches

Jamestown 1607

Certains se demandèrent si la colonie n’avait pas été anéantie par les espagnols, qui avaient déjà rasé deux colonies françaises, mais John White rapporta que s’ils connaissaient bien l’existence d’une colonie anglaise, qu’ils pensaient d’ailleurs bien plus développée que ce qu’elle n’était vraiment, ils n’avaient aucune idée de son emplacement et qu’en 1600, ils la cherchaient encore.

Douze ans s’écoulèrent avant que Sir Raleigh ne décide d’enquêter sur la disparition des colons. En 1602, une expédition, dirigée par Samuel Mace, partit pour l’île de Roanoke. Sir Raleigh avait acheté son propre navire et il avait garanti un salaire aux marins pour qu’ils ne se laissent pas distraire mais il comptait s’arrêtait en chemin pour ramasser du bois et des plantes aromatiques qui généraient un profit décent en Angleterre. Malheureusement, peu avant leur arrivée, le temps devint tellement mauvais qu’ils furent obligés de faire demi-tour. A son retour, Sir Raleigh fut arrêté pour trahison, et il ne put lancer d’autre mission de recherche.

Sir Raleigh

Sir Raleigh

En 1603, une nouvelle expédition, qui était dirigée par Bartholomew Gilbert, fut envoyée au secours des colons de Roanorke. Leur destination était la baie de Chesapeake mais malheureusement, le 29 juillet, le mauvais temps les obligea à accoster en un endroit inconnu et tous les hommes qui descendirent à terre, parmi lesquels se trouvait Bartholomew Gilbert, furent massacrés jusqu’au dernier par un groupe d’indiens. L’équipage restant retourna alors en Angleterre sans rien avoir appris de plus.

Après l’établissement de la colonie de Jamestown, en 1607, des efforts furent entrepris par les anglais pour obtenir des informations des powhatans, une tribu indienne. Le chef de la colonie, le capitaine John Smith, apprit de Wahunsenacawh, le chef des powhatans, qu’il avait personnellement donné l’ordre de tuer tous les colons de Roanoke parce qu’ils vivaient avec les chesapeakes, une autre tribu, et qu’ils refusaient de fusionner avec eux. Cette information fut rapportée en Angleterre au printemps 1609, et le roi James et le Conseil royal furent alors convaincus que les indiens powhatans étaient vraiment responsables du massacre de la Colonie Perdue.

Quelques années plus tard, William Strachey, qui fut secrétaire de la colonie de Jamestown en 1610-1611, obtint les mêmes informations du chef powhatan, qui rajouta des détails supplémentaires à son histoire. D’après lui, les colons vivaient paisiblement au sein d’un groupe d’indigènes depuis plus de vingt ans quand il avait ordonné leur massacre. Il disait avoir agi ainsi car ses prêtres lui avaient prédit qu’il serait renversé par les habitants de cette région. Il devint alors une certitude que les colons de Roanoke avaient bien été décimés par le chef powhatan et cette croyance persista pendant plus de quatre cents ans mais d’une étrange manière, jamais aucun corps ne fut retrouvé.

Par la suite, différentes tribus prétendirent descendre des colons de Roanoke ou en avoir appris certaines techniques de construction, et l’éventualité que certains membres de la Colonie Perdue avaient pu survivre fut alors envisagée. De nombreuses légendes se mirent alors à courir, que telle tribu indienne était constituée de descendants des colons de Roanoke, que leurs noms étaient semblables, qu’ils parlaient anglais, qu’ils connaissaient le christianisme etc…

Les huguenots français, qui s’installèrent dans la région un siècle plus tard, remarquèrent que plusieurs membres de la tribu Tuscorora, des indigènes amicaux qui vivaient à l’ouest de Roanoke, avaient les cheveux blonds et les yeux bleus. Jamestown était la colonie la plus proche et comme il n’y avait jamais eu aucun mariage entre les tuscaroras et les britanniques, ils en conclurent que les colons de Roanoke étaient leurs ancêtres.

Les Pierres de Dare

Pierres de Dare

En 1937, Louis E. Hammond, un touriste californien, prétendit avoir trouvé une pierre gravée d’un étrange message, et il l’emporta à l’Université Emory, à Atlanta, où elle fut examinée par le Dr Haywoord Jefferson Pearce Jr., professeur d’histoire américaine. Dans ce message, qui était signé EWR des initiales de la fille de John White, Eleanor Dare demandait à celui qui le retrouverait de prévenir son père de la mort de son mari et de celle de sa fille et elle expliquait que tous les colons, sauf sept, avaient été tués par les sauvages.

Ananias Dare &

Virginia Went Hence

Vers le ciel 1591

Tout anglais doit le montrer

Au Gouverneur John White

Quelque temps plus tard la famille Pearce annonça qu’une récompense était offerte pour toutes les autres pierres gravées qui lui seraient rapportées et en 1940, quarante-sept furent retrouvées par un agriculteur sans éducation, William Eberhardt, qui racontaient l’histoire de la Colonie Perdue. Les messages étaient tous adressés à John White. Ils appelaient à la vengeance contre les sauvages qui les avaient attaqués et ils indiquaient la direction prise par les survivants.

« Père, peu de temps après que vous soyez parti pour l’Angleterre, nous sommes venus ici. Seules la misère et la guerre pendant deux ans. Plus de la moitié d’entre nous sont morts. Avant que deux ans ne soient passés, plus encore étaient morts de maladie et nous étions vingt-quatre. Un sauvage est venu nous prévenir de l’arrivée d’un navire. Dans un court laps de temps les autres sauvages, qui avaient peur que vous ne soyez revenus pour venger nos morts, se sont tous enfuis. Nous croyons maintenant que ce navire n’était pas le vôtre. Peu après, les sauvages sont revenus en disant que les esprits étaient en colère. Tout à coup, ils nous ont tous assassinés, sauf sept d’entre nous. Mon propre enfant et Ananias ont tous les deux été tués. Avec beaucoup de peine, nous les avons tous enterrés à proximité, à quatre miles à l’est de cette rivière, sur une petite colline. Les noms des morts sont tous écrits là, sur un rocher. Je laisserai cette pierre au même endroit. Si un sauvage vous montre ce message, nous avons promis que vous lui donneriez un grand nombre de cadeaux en retour. »

Une pierre datée de 1592 indiquait que les colons qui avaient échappé au massacre avaient atteint un sanctuaire dans la région de la vallée de Nacoochee et qu’ils y vivaient dans une «  splendeur primitive. » D’autres pierres, datées de 1598, racontaient qu’Eleanor avait épousé le « roi » de la tribu, qu’elle lui avait donné une fille mais que le peuple était furieux et qu’il fallait que John White envoie l’enfant en Angleterre. Une autre pierre, datée de 1599, annonçait la mort d’Eleanor Dare et elle précisait qu’elle laissait derrière elle une fille nommée Agnes.

Une étude fut alors commandée par la Smithsonian Institution et un groupe d’historiens, qui était dirigé par Samuel Eliot Morison de l’Université d’Harvard, examina les pierres. Un rapport fut ensuite publié, qui leur accordait une certaine authenticité.

En 1941, le journaliste Boyden Sparkes écrivit un article pour le Saturday Envening Post, présentant les Pierres de Dare comme une énorme supercherie. Il soulevait plusieurs questions, se demandant pourquoi les pierres n’étaient pas restées à l’endroit où elles avaient été écrites et soulignant que peu avant que la première ne soit retrouvée par  Louis Hammond, quelqu’un avait essayé d’en vendre une fausse à Manteo, près de Roanoke. Il expliquait également que M. Hammond s’était servi d’une boîte postale et que malgré tous leurs efforts, ni lui ni le détective qu’il avait engagé n’avait pu découvrir sa véritable adresse. De plus, après avoir fait expertiser la pierre, M. Hammond avait proposé de faire payer les gens pour la voir, et l’université n’avait plus voulu en entendre parler.

D’après le journaliste, les mots employés n’étaient pas tous d’époque et l’état des pierres était douteux car elles étaient soi-disant restées dans un coffre à outil pendant quinze ans sans subir aucun dommage mais elles avaient commencé à s’effriter dès les premières manipulations du musée.

En 2015, les Pierres de Dare furent examinées par une équipe d’archéologues et un spécialiste de l’ère shakespearienne de l’Université d’Oxford. Ils en conclurent que la première pierre était authentique et distincte des autres, qui semblaient avoir été fabriquées avec une presse à forage. De nos jours, certains pensent que les pierres sont authentiques, d’autres soutiennent le contraire, mais personne n’a jamais rien prouvé.

Objets Trouvés

Carte John White

De nombreuses fouilles archéologiques furent organisées pour tenter de retracer l’histoire de la Colonie Perdue et des objets furent retrouvés ici et là, qui auraient prétendument appartenus aux colons de l’Île de Roanoke.

En 2012, la Fondation de la Première Colonie demanda au British Museum d’étudier de plus près une carte dessinée par John White au XVIe siècle. En utilisant les techniques d’imagerie actuelles, les chercheurs découvrirent des dessins tracés à l’encre invisible cachés sur la carte, dont un qui ressemblait à un fort, près de la Baie d’Albemarle, à quatre-vingt-seize kilomètres  de l’Île de Roanoke.

Des fouilles furent alors organisées sur le site, qui durèrent trois ans et permirent aux archéologues de retrouver de petits objets de l’époque élisabéthaine. Quelques-uns de ces objets, un pot de conservation à aliments, des morceaux de poteries et un crochet en métal, auraient été fabriqués à Londres et ils sont, pour certains, la preuve que les colons de Roanoke sont arrivés à cet endroit avant de se mélanger aux tribus amérindiennes.

Croatoan, le Mystère

Au fil du temps, l’histoire de la Colonie Perdue est devenue une légende et le mot Croatoan le symbole d’un mystère. Les indiens croatoans croyaient qu’un esprit habitait l’Île de Roanoke et qu’il avait le pouvoir de changer ceux qui l’offensaient en animaux, en arbres ou en rochers. Alors, peut-être est-ce là l’explication de la disparition des colons de Roanoke et de leur message.

Depuis quelques années, des rumeurs ont commencé à se rependre, que rien ne vient ne prouver, mais qui associent le mot Croatoan à des disparitions considérées comme mystérieuses.

Le célèbre écrivain Edgar Allan Poe aurait chuchoté le mot Croatoan peu avant sa mort, en 1849.

Le célèbre voleur Black Bart aurait gravé le mot Croatoan dans le mur de la cellule de sa prison avant d’être libéré et de se volatiliser en 1888.

Le mot Croatoan aurait été trouvé écrit sur la dernière page du journal de bord du navire le Carroll A. Deering quand il a percuté le cap Hatteras en 1921, avec personne à son bord.

Le mot Croatoan aurait été retrouvé gravé sur la colonne du lit où Ambrose Bierce, un écrivain de romans fantastiques, passa sa dernière nuit avant de se disparaître brusquement le 26 décembre 1913.

Le mot Croatoan aurait été griffonné dans le journal d’Amelia Earnhart, une aviatrice réputée, après sa disparition dans l’archipel des îles Phœnix en 1937.

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