La Vraie Hantise d’Edwin Becker

En juillet 1970, à Chicago, dans l’Illinois, Edwin et Marsha Becker étaient mariés depuis trois ans et ils attendaient la venue de leur premier enfant. Ils formaient un couple unis et il leur semblait que rien ne pourrait jamais troubler leur bonheur. Malheureusement, quand Ed se rendit chez la propriétaire pour payer le loyer et qu’il lui fit part de la bonne nouvelle, elle n’eut pas vraiment la réaction escomptée. Brusquement, ses yeux se plissèrent et secouant la tête d’un air sévère elle lui dit:  » Pas d’enfants, pas d’animaux « . Croyant avoir mal entendu, le jeune homme s’excusa et la vieille femme répéta exactement la même phrase, qui sonna comme un tocsin aux oreilles d’Ed.
La situation était critique. Leur propriétaire voulait qu’ils partent et il ne restait que deux mois avant la naissance du bébé. Le jeune homme passa les jours suivants à chercher désespérément un logement, en vain. Environ un mois plus tard, il remarqua dans le journal un petit encart qui annonçait la vente d’une maison qui faisait partie d’une succession et il prit rapidement rendez-vous pour une visite des lieux.

Ed et Marsha Becker

Quand Ed se rendit à l’adresse indiquée, l’agent immobilier, qui s’appelait Dave, l’attendait déjà devant le jardin de la grande bâtisse. Derrière lui, sur un panneau de bois, les mots  » A Vendre  » avait été tracés à la peinture rouge. L’immeuble comprenait deux appartements, l’un au rez de chaussée et le second à l’étage mais à peine les deux hommes étaient-ils rentrés dans la maison qu’une vieille femme échevelée surgit devant eux, proférant des obscénités d’une voix hystérique. Stupéfait, Ed se tourna vers Dave mais ce dernier lui conseilla de l’ignorer. La vieille femme s’appelait Myra, elle était la dernière survivante de la famille qui habitait l’édifice depuis sa construction et elle devait rentrer en maison de retraite sous peu.
Au premier étage, le logement semblait avoir été vandalisé. Les meubles avaient été renversés, les fauteuils étaient éventrés, et il y avait des vêtements, des vieux papiers et des ustensiles étalés un peu partout sur le plancher.
L’agent immobilier aurait bien arrêté là la visite, mais Ed demanda à voir les autres pièces. Dans la cuisine, Myra était assise sur une chaise, un chien sur les genoux, et elle fixait Ed droit dans les yeux. Mal à l’aise, le jeune homme frissonna mais Dave le rassura une nouvelle fois: la vieille femme serait partie au moment de conclure la vente.
Ed n’avait pas le choix, il avait besoin d’un toit pour abriter sa famille aussi décida-t-il d’acheter la maison malgré ses appréhensions. Il avait déjà pensé à tout. Comme le bâtiment comprenait deux appartements, ils pourraient louer celui du bas, ce qui leur permettrait de payer l’inévitable hypothèque.

La Maison des Becker en 1970

Jamais Ed et Marsha n’auraient du emménager dans cette maison, mais ça, ils l’ignoraient encore. Le jour du déménagement, leur fille Christine venait tout juste de naitre et ils étaient heureux, tout simplement. Les premiers jours, Marsha n’eut pas le temps de réfléchir, elle était bien trop occupée à nettoyer chaque pièce et ranger toutes leurs affaires. L’un de ses objets préféré était une magnifique bonbonnière qu’ils avaient reçue en cadeau de mariage. La jeune femme la posa au centre de la table de la salle à manger, comme elle le faisait d’habitude, puis elle se pencha et sortit un napperon de dentelle de l’un des cartons mais quand elle se retourna, la bonbonnière avait été déplacée. Marsha se sentit troublée mais elle avait encore trop à faire pour s’attarder sur cet incident.

Quelques jours plus tard, Ed et Marsha avait fini de tout déballer. Un soir, ils étaient à table quand soudain la lumière se mit à vaciller. Elle semblait suivre un rythme étrange, des lueurs rapides succédaient d’autres plus lentes, comme si elle cherchait à communiquer en morse et Marsha ressentit un malaise diffus. Elle n’aimait pas ça, quelque chose n’était pas normal dans cette maison.
Peu de temps après, un matin, la jeune femme venait de laver et ranger  les assiettes du petit-déjeuner quand soudain, elle entendit le bruit d’une porte. Faisant volte-face elle s’aperçut que l’une des portes du vaisselier était maintenant ouverte et brusquement, une après l’autre, les assiettes se mirent à voler et allèrent se fracasser contre le mur de la cuisine. Terrifiée, Marsha se mit à hurler. Elle avait l’impression de courir un grave danger mais elle avait peur d’en parler, même à son mari. Jamais elle ne s’était sentie aussi seule.

Pour équilibrer leurs finances, les Backer devaient absolument louer l’appartement du premier, aussi cherchaient-ils des locataires. Dan et Diane White, un jeune couple de leur âge qui venait également d’avoir un enfant, furent les premiers à se présenter et ils se montrèrent particulièrement enthousiastes. Une complicité s’établit spontanément entre les deux femmes et quand ils décidèrent de prendre l’appartement, Marsha se sentit grandement soulagée à l’idée de ne plus rester seule dans l’immeuble.
La première manifestation étrange dans l’appartement des White fut probablement le lustre de la salle à manger que Dan, qui était rentré plus tôt du travail, vit se balancer. Il pensa que ce mouvement était du aux vibrations de l’étage supérieur et n’y pensa plus.

Marsha Becker

Marsha et Dianne avaient sympathisé et elles se retrouvaient souvent chez l’une ou chez l’autre. Ce jour-là, Marsha était descendue dans l’appartement de Diane. La jeune femme avait installé son bébé dans un trotteur, mais ses petites jambes n’atteignaient pas encore le plancher. Les deux femmes étaient en train de parler quand soudain, du coin de l’œil, Marsha aperçut un mouvement qu’elle eut du mal à comprendre: le trotteur avançait tout seul. Elle regardait, sidérée, le trotteur s’engager dans le couloir quand Diane surprit son regard et se mit à hurler. Prenant enfin conscience du danger, Marsha se leva d’un bond et se mit à courir. Elle attrapa le bébé juste avant que son trotteur ne bascule dans le vieil escalier de la cave.

Marsha culpabilisait. Elle n’avait rien dit des manifestations surnaturelles auxquelles elle avait assisté et un accident avait été évité de justesse. La jeune femme se sentait responsable alors, pour apaiser sa conscience, elle signala à son mari qu’il semblait y avoir quelque chose d’anormal au sous-sol, sans en dire plus. Armé d’une torche, Ed descendit inspecter la cave et il remarqua qu’au fond de la pièce une porte s’ouvrait sur une deuxième salle. Tout un côté était rempli de boites à chaussures tandis que de l’autre s’entassaient des magazines poussiéreux. Ed en prit un au sommet de la pile et l’éclaira de sa torche. C’était un vieille revue érotique des années trente. Sur sa couverture était inscrit le nom de Ben Verdere. Ce nom se trouvait d’ailleurs sur presque tous les numéros.
Ed posa sa lampe sur un vieux fauteuil et il ouvrit une boite à chaussure au hasard. Il n’avait jamais rien vu de tel. Elle contenait des milliers d’images de femmes découpées dans des journaux. Ces femmes portaient des vêtement ajustés, des jupes légèrement relevées mais aucune d’elles n’était entière: seules les parties les plus suggestives avaient été conservées. Ed comprit immédiatement à qui il avait à faire. Il était dans la tanière de Ben Verdere, un homme des plus perturbés. Toutes les boites à chaussures semblaient renfermer le même genre d’images et Ed préféra ne pas raconter à Marsha ce qu’il venait de découvrir, pensant qu’elle en serait que plus effrayée encore.

Ce matin-là, comme tous les matins, Marsha avait décidé de prendre un bain pendant que Christine faisait sa sieste. Elle était dans la baignoire depuis quelques minutes quand soudain, elle éprouva un malaise. Elle avait l’impression de ne pas être seule dans la pièce… pourtant, il n’y avait personne. Mais brusquement, une main se posa sur son épaule et la panique s’empara d’elle. L’entité venait de la toucher. La jeune femme sortit de la baignoire en criant et saisissant une serviette elle courut vers le téléphone dont elle fit tomber le combiné à terre dans sa précipitation. Alors, folle de terreur, elle se mit à hurler.

Marsha ne pouvait pas cacher plus longtemps les manifestations dont elle avait été témoin. Elle rapporta ses observations à son mari et lui suggéra que, peut-être, un prêtre pourrait chasser les esprits maléfiques et les protéger des phénomènes. Après l’avoir écoutée, Ed se montra des plus sceptiques. En fait, il trouvait cette idée ridicule et ne croyait en rien de ce qu’elle lui avait dit mais pour rassurer sa femme, il accepta néanmoins d’inviter un prêtre de venir les visiter.
Lorsqu’il revint à la maison, accompagné d’un homme d’église, Marsha les attendait au salon, angoissée. Le prêtre, qui se préparait à bénir la maison, sortit une coupe, de l’eau bénite et un petit goupillon de laiton de sa mallette puis il se mit à prier tout en aspergeant d’eau bénite les différents objets autour de lui. Marsha semblait effrayée, comme si elle sentait qu’il allait se passer quelque chose. Soudain, il y eut une détonation et le goupillon vola en éclats. Marsha se recroquevilla sur elle-même et se réfugia dans les bras de son mari. Ce qui venait de se passer défiait toute logique. Le prêtre semblait terrorisé. Il termina rapidement sa bénédiction et sortit précipitamment de la maison. A ce moment-là, Ed comprit qu’ils étaient confrontés à une présence bien réelle, une présence qu’il ne pouvait expliquer.

Edwin Becker

Ed, qui ne savait pas vraiment quoi faire, décida alors de se renseigner sur l’histoire du petit immeuble. Lorsqu’il interrogea Walter, son voisin, ce dernier lui dit d’un air consterné:  » Je suis vraiment désolé pour vous. » Walter avait côtoyé les précédents propriétaires de la maison, qui avait été construite dans les années 1900, pendant plus de cinquante ans. Les Verdere étaient des gens étranges. Jamais ils ne souriaient et jamais ils ne lui avaient adressé la parole. Ni à lui, ni à sa femme d’ailleurs. Ils avaient trois fils et une fille. Ben était le deuxième fils et il était une vraie ordure. Il contrôlait tout dans la maison, même ceux qui y vivaient. Il était mort d’un infarctus dans la baignoire de leur appartement, au premier étage.

Pour Ed, les paroles de Walter étaient une vraie révélation: Ben Verdere n’avait jamais quitté la maison et il les harcelait. Quelques temps plus tard, dans la soirée, Marsha entendit de violents coups et des cris résonner dans les murs. Elle colla son oreille à la cloison, pensant que Dan et Diane se disputaient, et Ed vint écouter lui-aussi, troublé. Le conflit était extrêmement violent, une femme pleurait, suppliait, et Marsha était torturée par ses supplications. Ils devaient faire quelque chose. La saisissant par le bras, Ed l’arrêta et lui conseilla de ne pas s’en mêler, les querelles de leurs locataires ne les regardaient en rien.
Le phénomène se répétait maintenant toutes les nuits. Dans l’appartement du rez-de-chaussée, tout aussi sidérés, Dan et Diane écoutaient les hurlements, les gémissements et les pleurs qui semblaient s’élever de l’appartement de leurs propriétaires.
Un soir, las d’assister sans cesse au même drame, Ed voulut en avoir le cœur net. Comme les cris semblaient provenir du bas de l’escalier, il ouvrit discrètement la porte puis il jeta un coup d’œil discret en bas des marches et aussitôt, le silence se fit. L’escalier était désert. Ed comprit alors que ce qu’ils entendaient n’avait rien à voir avec leurs locataires. Il devait avouer à Marsha sa conversation qu’il avait eue avec Walter et ce qu’il avait découvert dans la cave.

Ed raconta alors à sa femme l’histoire de Ben, et de sa cachette d’images érotiques. Il lui parla également d’Amelia, l’épouse de Ben. Amelia était d’origine espagnole, et elle était la seule personne extérieure à la famille à avoir habité la maison. Leur relation était tumultueuse, ils se disputaient et criaient constamment. Alors, un jour, n’en pouvant plus, la malheureuse avait accroché une corde à une poutre de la cave, et elle s’était pendue.
Après avoir entendu les hurlements dans l’escalier, cette histoire paraissait tout à fait logique à Marsha. Ed se remémora alors les paroles de Myra, qui lui avait crié que cette maison ne serait jamais la leur, et il comprit soudainement ce que la vieille femme avait essayé de lui dire: les fantômes de la famille Verdere hantaient toujours les lieux et cette vieille bâtisse était à eux.

S’ils étaient toujours présents, les membres de la famille Verdere tenaient à le faire savoir. Des bruits de pas résonnaient à l’arrière du bâtiment, des portes claquaient, le téléphone, dont le combiné était fréquemment décroché, lévitait, le mixeur de la cuisine était répétitivement projeté à travers la pièce, le bouchon de la baignoire sortait de lui-même du trou d’écoulement d’eau pour venir s’enrouler autour du robinet et les clefs des différentes portes disparaissaient fréquemment. Certaines étaient retrouvées complétement tordues, inutilisables. S’ils s’en prenaient aux objets, les esprits n’aimaient pas les animaux, qu’ils terrorisaient, comme le prouvait ce pauvre chat qu’ils avaient soulevé dans les airs et jeté par la fenêtre qui se trouvait à six mètres de haut.

La plupart des connaissances des Becker prétendaient ne pas croire aux fantômes mais ils refusaient tous de leur rendre visite. Seul le meilleur ami d’Ed, qui était mal voyant, acceptait de rentrer chez eux mais il disait qu’il y devinait une présence et qu’il y entendait toutes sortes de voix. Parfois, leur chien aboyait à d’invisibles choses et Marsha ne se sentait jamais vraiment seule. La jeune femme ne sortait plus, elle dormait peu, elle était moins enjouée, moins souriante et Ed commençait se demander si elle ne souffrait pas d’une dépression.
Diane elle-aussi semblait montrer les mêmes symptômes. Elle n’était plus la jeune femme extravertie et rieuse que Dan avait connue. Elle pleurait souvent et paraissait préoccupée. Toute la journée, elle errait dans les pièces, vérifiant que tout était normal. La peur la rongeait, mais elle refusait d’en parler à son mari et ce silence gâchait leur mariage. Ce silence dégénéra rapidement en disputes, et Diane décida de déménager, emportant le bébé avec elle. Quand Marsha vit son amie monter dans le taxi, elle se sentit anéantie. Elle perdait la seule personne qui la comprenait vraiment.

Peu de temps après, Ed et Marsha étaient en train de souper quand tout à coup, la porte de la salle à manger, qui était alors fermée, s’ouvrit brutalement. Ed se leva et la referma mais la porte s’ouvrit et se referma plusieurs fois de suite dans un vacarme infernal, comme pour le narguer. Le jeune homme, qui tentait de prendre sur lui depuis plusieurs semaines, n’en pouvait plus. Furieux, il attrapa un morceau de corde, bloqua la poignée et cria à travers la porte:  » Allez, ouvre la porte sale pervers!  » puis il se rassit et recommença à manger comme si rien n’était. Soudain, l’atmosphère changea. La porte s’entrouvrit violemment à plusieurs reprises mais la corde tenait bon et la chose ne parvenait pas à entrer. Ed en était venu à la haïr. Depuis sa chaise,  il lui cria que cette maison était la leur  et qu’elle devait partir puis brusquement, se levant d’un bond, il s’avança devant la porte et solidement campé sur ses jambes, il la mit au défi d’entrer:  » Vas-y, Ben, sale pervers. « 
Terrifiée, Marsha pleurait et le suppliait d’arrêter, mais Ed ne l’entendait pas. Soudain, le silence retomba sur la pièce et ils comprirent que la créature était partie. Ed se laissa tomber à terre et s’assit contre la porte, maudissant Ben et toute sa famille de gâcher ainsi leurs vies.

Tentant de le calmer, Marsha lui dit alors:  » Eddy, il doit bien y avoir quelqu’un capable de nous aider. « 
En feuillant un annuaire, la jeune femme découvrit une rubrique appelée  » Recherche Paranormale « . Ed choisit le nom d’un médium au hasard et lui téléphona. Après avoir écouté leur histoire, Joseph DeLouise, le médium, proposa à Ed de pratiquer un exorcisme, soulignant qu’il serait effectué par un prêtre assermenté. Il y avait toutefois un petit détail pour lequel Ed devait donner son accord: l’exorcisme serait filmé pour la télévision et diffusé sur la NBC. Il serait même le premier exorcisme jamais diffusé. Troublé par condition inattendue, Ed ne savait pas vraiment ce qu’il devait en penser et il répondit qu’il avait besoin d’un peu de temps pour y réfléchir. Après avoir raccroché, il se tourna vers Marsha et lui expliqua la situation. Quand il lui demanda son avis, la jeune femme hésita quelques secondes, et secouant lentement la tête elle lui dit:  » D’accord. « 

Le médium Joseph de DeLouise et Reverend Davis

Le jour de l’exorcisme, la NBC avait envoyé Carole Simpson, leur meilleure journaliste, pour couvrir l’événement et il y avait des gens qui allaient et venaient partout dans la maison. Le preneur de son, qui avait peur d’être importuné par les bruits de la rue demanda à Ed de l’aider et les deux hommes fermèrent soigneusement toutes les fenêtres avant le début du tournage.
Avant la cérémonie, le révérend William Derl-Davis, qui était exorciste, souligna qu’une fois le rituel commencé plus personne ne devrait sortir de la pièce et que toutes les personnes présentes devraient tenir un crucifix dans leurs mains. Une distribution eut alors lieu et, au fond de lui-même, Ed espéra que ce crucifix suffirait à les protéger.
Joe, le médium, s’assit ensuite près de l’autel et le révérend expliqua qu’il allait tenter d’entrer en contact avec les esprits. A ce moment-là, un silence solennel régnait dans la maison. Le révérend Davis commença alors à réciter une prière et soudain Joe se mit à s’agiter. L’exorciste continuait à lire, imperturbable, et tout le monde se sentait de plus en plus nerveux, particulièrement le preneur de son qui entendait des choses que personne d’autre n’entendait.
Se tournant vers le médium, qui semblait en état de transe, l’exorciste brandit un crucifix orné d’un miroir devant son visage et brusquement, un vent venu dont ne sait où se mit à souffler dans la pièce. Aussitôt, les bougies s’éteignirent et les stores se mirent à trembler. Alors, il y eut un bruit terrifiant et des milliers d’oiseaux se mirent à tourner autour de la maison.

L’exorciste brandissait toujours le crucifix devant le visage du médium, qui se contorsionnait. Soudain, quelque chose de lourd sembla frapper une fenêtre, et le silence retomba sur la pièce. Marsha s’accrochait à son crucifix, terrifiée. Les oiseaux s’étaient rassemblés sur les arbres du jardin et semblaient attendre, silencieux, menaçants. En regardant les visages désemparés du médium et du prêtre, Ed devina que même s’ils avaient fait de leur mieux, ils n’avaient pas réussi.

Dan, leur locataire, avait été fortement secoué par ce qu’il avait vu et il partit peu de temps après. April, la sœur d’Ed, était fascinée par le surnaturel et elle avait assisté à l’exorcisme. Après le départ de Dan, elle harcela son frère pour qu’il lui permette de venir vivre dans l’appartement du rez-de-chaussée, et il finit par céder.
Une nuit, Avril invita un couple d’amis à utiliser une planche Ouija et elle comprit que quelque chose était toujours là. La planchette se déplaçait toute seule et, lettre après lettre, elle écrivit le prénom Henry.
Peu après, Avril confia à Marsha que son piano jouait de lui-même, juste une seule note, toujours la même, que parfois, la porte de la cave s’ouvrait toute seule et qu’elle pouvait faire bouger le lustre juste en le regardant. Marsha en fut terrifiée. Elle comprenait qu’Avril nourrissait l’esprit, lui donnant un pouvoir incroyable, un pouvoir qu’il n’avait jamais eu. Cette nuit-là, la maison bascula dans le chaos et Marsha répéta à son mari ce que lui avait avoué Avril. Quand Ed apprit ce qu’avait fait sa sœur, la colère le submergea. April voyait le surnaturel comme un jeu. Il jeta immédiatement le Ouija à la poubelle et menaça sa sœur de la mettre dehors si elle continuait. Puis, une nouvelle fois, il alla trouver Walter, son voisin, et lui demanda qui était Henry. Le vieil homme lui appris qu’Henry était l’un des enfants de la famille Verdere. Un enfant difforme qu’ils gardaient sans arrêt enfermé.

Maintenant, Ed comprenait. Jamais la famille Verdere ne les laisserait en paix. S’ils voulaient s’en sortir, ils devaient vendre la maison et partir. En tant qu’homme, mari et père, il se sentait faible. Il avait l’impression d’avoir failli à son devoir. Ed Becker se débarrassa de sa maison pour 10 dollars. Finalement, cette maison n’avait jamais été la leur. Elle était toujours restée celle de la famille Verdere. Eux, ils n’étaient que des intrus.

Dix ans plus tard, Edwin Becker écrivit un livre relatant leur mésaventure. Plusieurs éditeurs se montrèrent intéressés, mais tous lui demandèrent d’embellir son histoire, ce qu’il se refusa courageusement de faire.
Pendant des années, ce livre resta dans un tiroir et en 2011, il le fit enfin paraitre à compte d’auteur sur Amazon sous le nom True Haunting. Le livre devint rapidement un succès, se plaçant premier des ventes au Royaume-Uni. Deux ans plus tard, en 2013, la chaine Syfy relata l’expérience des Becker dans un épisode de la série Paranormal Witness. Ed possède également un site web sur lequel il est possible de le contacter. Si j’en crois les commentaires que j’ai lus, il serait un homme d’une extrême gentillesse.

ps: Si vous avez envie de vous installer à Chicago, la maison, que vous pouvez voir en haut de page, est actuellement en vente pour 350,000$ .

Partager:
Subscribe
Me prévenir
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments