Les Miroirs, Superstitions et Légendes

Depuis la nuit des temps, les miroirs sont objets de légendes. Réputés pour leurs capacités à refléter le passé et l’avenir, ils étaient supposés emprisonner des esprits, dissimuler des démons et dérober un peu de l’âme de celui qui s’y contemplait.

Le diable aurait inventé les miroirs afin de capturer les âmes des défunts et certains mages les considéreraient comme des portails s’ouvrant sur le monde spirituel. Autrefois, lorsqu’une personne venait à mourir, il était de coutume de recouvrir tous les miroirs d’un voile noir pour éviter que son âme ne se retrouve emprisonnée à tout jamais derrière la glace de l’un d’en eux et cette tradition subsiste encore en certains endroits. Malheureusement, il arrivait parfois que la coutume ne soit pas respectée pour une quelconque raison, ce qui pouvait entrainer une hantise. Il existerait donc de nombreux miroirs hantés de par le monde, le plus célèbre d’entre eux étant probablement celui de la Plantation Myrtles. La légende raconte que les âmes de Sarah et de ses enfants, qui auraient été empoisonnés par une servante, seraient toujours prisonnières du grand miroir de la plantation. Selon la coutume, le jour de leurs décès, tous les miroirs avaient été recouverts à l’exception d’un seul, qui avait été négligé. Depuis, leurs silhouettes apparaitraient parfois dans le miroir et l’empreinte de leurs mains se dessineraient derrière la glace. Lorsque ces étranges traces apparurent pour la première fois, ses propriétaires firent remplacer le verre du miroir, mais, insensibles au changement, les mystérieuses empreintes se montrèrent à nouveau. Certains pensent qu’elles sont d’anciennes traces de mains sur le bois, derrière le miroir, qu’éclaire parfois la lumière, mais d’autres assurent que ce sont là les empreintes des mains fantomatiques de Sarah et ses deux filles. Pour le moment, rien ne peut confirmer ou infirmer l’une ou l’autre de ces théories.

Sur eBay, des gens vendent d’antiques miroirs qu’ils ont achetés ou qui leur ont été transmis par leur famille en les présentant comme particulièrement hantés. Récemment, après avoir connu la gloire sur Internet lors de sa vente, l’un de ces miroirs a d’ailleurs fait l’objet d’un film : The Mirror.

Pour savoir si un ancien miroir est hanté, il faudrait placer deux grandes bougies blanches de chaque côté du miroir, puis, aux douze coups de minuit, regarder le miroir entre les deux bougies. S’il est vraiment hanté, alors apparaitrait un (au moins) fantôme.

Suivant certaines traditions, aucun miroir ne doit être accroché dans une pièce où une personne est décédée durant les seize mois qui suivent. Une fois cette période écoulée, il serait alors possible d’y placer un miroir sans risque, à condition que ce dernier soit neuf. Les miroirs sur pied placés dans une même position durant une longue période de temps seraient plus susceptibles que les autres de devenir des portails spirituels. Pour contourner le problème, il suffirait de déplacer fréquemment les miroirs dans la pièce. Un fantôme errant dans une maison à la nuit tombée pourrait être capturé par un miroir à l’encontre de son plein gré. Apercevoir des proches qui ne s’étaient jamais manifestés auparavant dans un miroir signifierait qu’ils ont un message à transmettre. Il suffirait alors leur demander de délivrer leur message à minuit, et ils répondraient à l’invitation.

Bien que cette idée soit considérée comme étrange par certains, posséder un grand nombre de miroirs hantés favoriserait la chance et accrocher un miroir hanté près d’une table de la salle à manger où dans la cuisine attirerait richesses et nourriture dans la maison. Selon les adeptes du vaudou, les miroirs des salles à manger et des cuisines mettraient en joie fantômes et esprits affamés qui se régaleraient des reflets de la nourriture. Cette forme de souper serait prisée des esprits qui, repus, seraient plus enclins à communiquer. Toutefois, ils seraient particulièrement voraces et pour parvenir à les rassasier il faudrait déposer un véritable banquet devant eux.

Comme nous avons pu le voir un peu plus haut, les miroirs renfermeraient les âmes des morts, et ces esprits prendraient parfois la forme de ceux qui s’y contemplent. Lorsqu’un miroir hanté est brisé, alors les esprits emprisonnés seraient libérés pour les sept années à venir. Si un miroir dans la maison tombe et se brise de lui-même, ce serait le signe qu’un fantôme maléfique tente d’échapper à sa prison de verre. Fort heureusement, si vous brisez un miroir hanté, certains rituels permettraient de contrer la venue de visiteurs indésirables :

– Courir au plus proche cimetière hanté et placer un morceau du miroir sur une tombe ou une pierre tombale lèverait la malédiction.

– Immédiatement après avoir brisé le miroir, tournez trois fois dans le sens opposé à celui des aiguilles d’une montre, puis trois fois dans celui des aiguilles d’une montre. Allez à l’église demander de l’eau bénite et bénir l’endroit où le miroir a été brisé. Puis, récitez neuf fois à haute voix :

« Esprits, spectres, goules ou fantômes, ayez peur maintenant de la puissance de Dieu et de sa sainte hostie ! Fuyez cet endroit où vous étiez tombés et mis en liberté, et soyez en paix dans votre repos éternel ! »

– Si vous cassez un miroir et que vous craignez quelque visite inopportune, le soir venu, allumez une bougie blanche bénie à l’endroit où il est tombé.

La superstition qui condamne à sept ans de malheur celui qui casse un miroir est probablement la plus répandue des croyances. Elle nous viendrait des romains qui pensaient que les miroirs volaient un peu de l’âme de ceux qui s’y contemplaient. Si le miroir se brisait, alors l’âme du malheureux se morcelait. Comme ils croyaient que les hommes évoluaient et se régénéraient tous les sept ans, la malédiction ne pouvait aller au-delà. Pour éviter de subir ces sept ans de malheur, plusieurs procédés seraient efficaces. Certains préconisent de briser le miroir en minuscules fragments, de telle sorte qu’ils ne reflètent plus rien, puis de ramasser les morceaux et de les enterrer à l’extérieur, la nuit au clair de lune. D’autres suggèrent de jeter tout simplement les éclats du miroir dans une rivière, l’eau emportant le malheur en même temps que les éclats, ou de le lancer dans un lac. Ce dernier reflétant la lumière comme un miroir, le mauvais sort serait alors écarté. Il serait également possible de juguler la malédiction en laissant les morceaux en place durant sept heures, sans en toucher aucun, puis, le moment venu, en les faisant disparaitre au plus vite. Si jamais vous aviez l’infortune de briser un miroir hanté, il est possible de cumuler deux méthodes, en les choisissant bien. De manière surprenante, dans la religion Vaudou, les miroirs seraient utilisés pour capturer les mauvais esprits puis ils seraient volontairement brisés, ce qui emprisonnerait les créatures maléfiques. Inversement, dans notre culture, les miroirs seraient des refuges prisés par les démons, les briser pourrait les libérer, mais l’histoire ne précise pas pour combien de temps.

Les vampires ne refléteraient jamais dans les miroirs car ils n’existeraient plus vraiment dans ce monde. Leur apparence physique étant le fait d’une malédiction ou d’une quelconque sorcellerie, elle ne serait qu’un mensonge qu’un miroir ne pourrait refléter.

En plaçant un miroir sous leur oreiller, dans certaines conditions, les filles parviendraient à voir en rêve le visage de leur futur mari.

Manger une pomme à minuit devant son miroir ferait apparaître le visage de son futur bien-aimé.

L’homme qui se regarde dans un miroir ayant appartenu à un voleur, un assassin ou un malade attirerait sur lui le mauvais œil.

Recevoir en cadeau le miroir d’une personne décédée serait un mauvais présage.

Un bébé ne devrait jamais voir son reflet avant d’avoir fêté ses douze mois, sinon il bégayerait, ne grandirait plus ou mourait avant la fin de sa première année.

Si quelqu’un aperçoit son reflet dans le miroir d’une pièce où quelqu’un vient de mourir, alors sa fin serait proche.

La femme qui le consulterait trop longuement après le coucher du soleil pourrait devenir aveugle si elle est vierge, ou perdre sa beauté si elle ne l’est plus.

Déposer un miroir sous son lit permettrait de rêver de son avenir sentimental.

Rêver d’un miroir serait un excellent présage.

Briser un miroir serait signe de deuil.

Voler le miroir de quelqu’un de beau, riche et célèbre serait l’assurance de succès à venir.

Porter des habits sur lesquels sont cousus des morceaux de miroir serait la promesse de notoriété et succès.

Placer un miroir au-dessus d’un puits permettrait de voir son amour à venir.

Si un miroir se détache de son cadre et se brise, en rêve ou en réalité, cela annoncerait la mort d’un être cher.

Il serait préférable de couvrir les miroirs qui se trouvent dans la pièce où vous dormez car aux heures les plus sombres de la nuit, vous pourriez être attaqué par des esprits maléfiques ou des démons.

La nuit d’Halloween, si une jeune fille se présente devant un miroir avec une bougie allumée à la main, alors elle pourrait apercevoir le visage de son futur époux. Mais si jamais une tête de mort lui apparaissait, alors elle mourait avant d’être mariée.

Une légende urbaine affirme que si vous allez dans la salle de bain, que vous éteignez les lumières et que vous répétez treize fois Bloody Mary en regardant dans le miroir, alors une horrible femme apparaitra. Cette histoire, qui prétend que l’on peut invoquer une sorcière à l’aide d’un miroir, est toujours populaire parmi les jeunes adolescents américains. (En savoir plus : Bloody Mary)

Les Perses de l’Antiquité prétendaient pouvoir lire l’avenir, connaitre la destinée des consultants ou le sort des armées en conflit en utilisant du métal poli ou du verre. La reine de Saba aurait donné à son fils le miroir magique que lui avait offert Salomon afin qu’il puisse reconnaitre le visage de son père une fois à Jérusalem. Les grecs pratiquaient l’Enoptromantie, un genre de divination par le miroir. Ce miroir magique montrait les évènements à venir et les évènements du passé, même à ceux qui avaient les yeux bandés. Les grecs pratiquaient également la catoptromancie, un art divinatoire visant à interpréter les figures qui apparaissaient dans ces mêmes miroirs. Cette méthode de divination était fréquemment employée dans l’antiquité, en Chaldée et en Mésopotamie, sur des miroirs en métal de cuivre, de bronze, de fer, d’argent ou d’or poli. Bien évidemment la surface de l’eau ou de toute autre surface réfléchissante pouvait également être utilisée. En 174, Pausanias le Périégète rapportait : « Devant ce temple il y a une fontaine qui du côté du temple même est fermée par un mur de pierres sèches ; en dehors on a pratiqué un chemin qui y descend. On prétend que cette fontaine rend des oracles qui ne trompent jamais ; elle est consultée non sur toutes sortes d’affaires, mais seulement sur l’état des malades. On attache un miroir au bout d’une ficelle, et on le tient suspendu au-dessus de la fontaine, en sorte qu’il n’y ait que l’extrémité qui touche à l’eau. Ensuite on fait des prières à la Déesse, on brûle des parfums en son honneur, et aussitôt en regardant dans le miroir on voit si le malade reviendra en santé ou s’il mourra ; cette espèce de divination ne s’étend pas plus loin. »

Pythagore écrivait, dit-on, avec du sang formé de fèves bouillies et exposées à l’air pendant la nuit, des caractères sur un miroir ventru. Puis, quand la lune était pleine, il présentait ce miroir à la lune et il voyait se dessiner sur l’astre toute ce qu’il avait écrit sur la glace.

La fabrication des miroirs magiques était connue des Romains, qui en faisaient un usage fréquent. Une légende rapporte qu’autrefois, un miroir magique avait été conçu par Virgile. Placé sur une haute tour, construite elle aussi par le célèbre magicien, il permettait aux Romains de voir tout ce qui se passait autour d’eux, non seulement à l’intérieur de la ville, mais aussi très loin au-delà des murs. Ils pouvaient ainsi repérer les voleurs, même ceux qui sévissaient à la nuit tombée, et voir les ennemis approcher de très loin.

Selon Spartanius, en 193, l’empereur romain Didius Julianus utilisait un miroir pour connaitre l’avenir : « Julianus eut même recours à ce genre de divination qui se fait à l’aide d’un miroir, dans lequel, dit-on, des enfants voient l’avenir, après que leurs yeux et leur tête ont été soumis à certains enchantements. On prétend que, dans cette circonstance, l’enfant vit dans le miroir l’arrivée de Sévère et le départ de Julianus. »

Aristote expliquait que pour contrer un basilic, un animal mythique réputé pour tuer de ses regards, il suffisait de lui présenter la surface polie d’un miroir. Les vapeurs empoisonnées lançaient par ses yeux frappaient alors la glace et, par réflexion, le renvoyaient à la mort qu’il voulait donner. Alexandre le Grand aurait fait forger un bouclier poli pour s’en servir de miroir afin de se protéger des basilics lorsqu’il partit pour les Indes.

Quand quelqu’un leur posait une question, les sorcières de Thessalie écrivaient leurs réponses en lettres de sang sur un miroir et les consultants pouvaient alors lire leurs destins non dans le miroir, mais dans la lune, qu’elles se vantaient d’avoir fait descendre du ciel. Pythagore lui-même aurait possédé un miroir magique dans lequel il emprisonnait la Lune afin d’y lire l’avenir, comme le faisaient les Thessaliennes.

Roger Bacon, un cordelier anglais du 13e siècle, passa la plus grande partie de sa vie en prison. Il était réputé magicien, bien qu’il ait écrit contre la magie, car il étudiait la physique et faisait des expériences. Comme il surpassait tous les moines par l’étendue de ses connaissances, il fut bientôt admis qu’il devait sa supériorité aux démons, avec qui il commerçait jour et nuit. Bacon prétendait qu’un homme pouvait devenir prophète et prédire les choses futures par le moyen d’un miroir, qu’il surnommait Almuchefi, fabriqué suivant les règles de la perspective, pourvu qu’il s’en serve, ajoutait-il, sous une bonne constellation, après avoir tempéré son corps par l’alchimie.

En Asie Centrale, les prêtres pratiquaient la divination grâce à un miroir, dirigeant celui-ci vers le soleil ou la lune car les deux astres reflétaient toutes les choses se passant sur la terre. Leurs costumes étaient, en outre, ornés de miroirs qui devaient réfléchir les actions des hommes et les protéger des esprits malfaisants. Les miroirs magiques étaient également très prisés en Orient. Les devins s’en servaient pour faire apparaitre les anges et les archanges dont ils souhaitaient obtenir la protection.

Au XVe siècle, Simon Pharès aurait retrouvé l’usage du miroir magique qui montrait non seulement l’avenir mais également tout ce qui se passait dans les lieux les plus éloignés. La rumeur prétendait que François Ier se tenait informé, par ce moyen, de tous les événements qui se déroulaient en Espagne ou en Italie.

Nicolas Pasquier racontait, dans l’une de ses lettres, que Catherine de Médicis demanda un jour aux magiciens de la cour qu’elle serait son sort et celui de ses enfants. Un soir de 1559, Cosme Ruggieri, mage au service de la reine, utilisa alors un miroir pour prédire la durée du règne de ses fils, ceux-ci devant faire autant de tours sur eux-mêmes que d’années passées sur le trône. Elle vit d’abord passer François II, l’air triste et morne. Il fit un tour et demi, ce qui marquait les dix-sept mois de son règne. Henri III en fit près de quinze, qui furent interrompus par un prince qui passa devant lui et s’évanouit avec la rapidité d’un éclair. C’était, disait-on, le duc de Guise. Henri IV suivait enfin, disparaissant après vingt-deux tours.

Divers historiens rapportèrent que Nostradamus aurait utilisé des miroirs talismaniques pour révéler l’avenir.

Au 16e siècle, Jean Fernel 1497-1558 rapportait : « Avoir vu dans un miroir diverses figures qui exécutaient des mouvements qu’il leur commandait et les gestes de ces figures étaient si expressifs, que chacun des assistants, qui voyaient comme lui dans le miroir, pouvait fort bien comprendre leur mimique. »

Un soir du mois de novembre 1582 John Dee, le mage d’Élisabeth Ire d’Angleterre, aurait vu apparaître l’Ange Uriel à sa fenêtre. Celui-ci lui aurait remis une pierre noire polie qui, lorsqu’on la fixait avec insistance, faisait apparaître des êtres capables de prédire l’avenir. Cet étrange miroir obscur est aujourd’hui exposé au British Muséum.

J.T Reinaud, orientaliste du début du XIXe siècle, écrivait : « Les Orientaux ont aussi des miroirs magiques dans lesquels ils s’imaginent pouvoir faire apparaître les anges, les archanges; en parfumant le miroir, en jeûnant pendant sept jours et en gardant la plus sévère retraite, on devient en état de voir, soit de ses propres yeux, soit par ceux d’une vierge ou d’un enfant, les anges que l’on désire évoquer; il n’y aura qu’à réciter les prières sacramentelles; l’esprit de lumière se montrera à vous et vous pourrez lui adresser vos vœux. »

Dans son ouvrage Le musée des sorciers, mages et alchimistes, Grillot de Givry soutenait lui-aussi que le miroir montrait les hommes à venir et les événements futurs.

Au 19e siècle, Maria de Naglowska, occultiste d’origine russe, possédait un miroir avec lequel elle prophétisait. Vers la fin de 1935, elle eut la vision de sa fin proche en consultant son miroir, et au début de 1936, elle réunit certains de ses disciples et leur fit ses adieux. Là, elle offrit son miroir à l’un de ses plus proches collaborateurs.

Selon certaines croyances, l’antéchrist se servira de miroirs magiques pour faire des miracles. Au moins, le contrer devrait se révéler aisé…

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