Les Loups-Garous, Petites Histoires (Vraies)

Le Versipellis

L’histoire qui suit est de Pétrone:

Mon maitre était allé à Capoue pour vendre de vieux vêtement. J’avais saisi l’occasion et persuadé notre invité de me tenir compagnie sur cinq miles qui nous séparaient de la ville car il était un soldat aussi audacieux que la mort. Nous partîmes sur le champ du coq. La lune brillait comme un soleil lorsque, quand soudain, mon homme a commencé à converser avec les étoiles. Alors que je regardais vers l’arrière, le cherchant du regard, je le vis se dévêtir et jeter ses vêtements par le côté de la route. Mon cœur ne fit qu’un bond et je crus que j’allais défaillir quand brusquement il se changea en loup. Ne pensez pas que je plaisante: je ne voudrais pas vous dire un mensonge pour la plus grande fortune du monde.

Après s’être transformé en loup, il poussa un hurlement et se dirigea vers les bois. Je me sentais complétement perdu mais j’ai tout de même pensé à faire demi-tour pour aller chercher ses vêtements. Je les ai trouvés changés en pierre. La sueur ruisselait sur mon front et je pensais ne jamais m’en remettre.
Melissa a commencé à me demander pourquoi j’arrivais si tard.  » Si vous étiez arrivés plus tôt, vous auriez au moins pu nous prêter main forte car un loup a fait irruption dans la ferme et a massacré tout notre bétail. C’était un loup féroce, mais l’un de nos serviteurs l’a poursuivi avec une pique. Après avoir entendu ça, je ne pus fermer un œil de la nuit. Dès que le jour se leva, je courais à la maison comme un fou. Je me dirigeais vers l’endroit où les vêtements avaient été transformés en pierre, mais il n’y avait plus rien à part une marre de sang. Quand je suis rentré, j’ai trouvé le soldat couché dans son lit et un chirurgien habillait son cou. J’ai alors compris que c’était un homme qui pouvait changer sa peau (versipellis) et j’ai su que jamais plus je ne pourrais partager le pain avec lui, même pas sous la menace d’une arme. Si jamais je vous raconte un mensonge, alors que vos génies me confondent!

La Lycanthrope

En 1613, J. de Nynauld rapportait cette histoire dans son dans son ouvrage De la Lycanthropie, transformation et extases des sorciers:
Un paysan d’un village près de Lucens, en Suisse, allant aux bois, rencontra au milieu de la forêt un loup qui courut sur lui pour le dévorer. En voyant cela, le paysan se prépara à se défense et il se défendit si bien qu’il lui coupa une de ses pattes de devant. Dès qu’elle fut coupée, il s’en suivit une effusion de sang et le loup se changea en femme qui avait, à la place d’une patte, un bras coupé.

Perrenette Gandillon et sa famille

Moins connu que d’autres récits de loups-garous, l’histoire de Perrenette Gandillon et de sa famille a été rapportée par Henry Boguet, le célèbre démonologue, dans son ouvrage Discours Exécrable des Sorciers (1603-1610).

Perrenette Gandillon était une jeune fille qui vivait dans le jura, en France, au XVIe siècle. De nuit comme de jour, elle parcourait les campagnes à quatre pattes car elle pensait qu’elle était une louve.
Un jour, alors qu’elle errait à travers les bois, courant à quatre pattes et agissant comme un loup, elle fut soudain prise d’un accès de folie lycanthropique en apercevant deux jeunes enfants miséreux, le frère et la sœur, alors qu’ils ramassaient des baies dans la forêt. Benoît Bidel, un jeune garçon d’une quinzaine d’années originaire de Nezan, était monté sur un arbre pour en cueillir les fruits et sa jeune sœur était restée à l’attendre au pied de l’arbre. Perrenette, animée d’une passion nouvelle pour le sang, s’élança brusquement sur la petite fille. Elle l’aurait probablement tuée si son frère, voyant sa sœur attaquée par ce qu’il croyait être un loup, n’était précipitamment descendu à son secours, armé d’un couteau. Perrenette, se tournant brusquement vers lui, assaillit le jeune homme, le désarma puis se saisissant de son arme l’en blessa gravement au cou. Cette lutte et les cris qui en découlèrent attirèrent promptement les secours et Perrenette s’enfuit.
Le jeune homme fut alors conduit chez ses parents, où il mourut de ses blessures après avoir déclaré que les deux pattes de devant du loup qui les avait attaqués avaient la forme de mains humaines. Perrenette Gandillon, se s’étant pas montrée au village ce jour-là, fut accusée de ce crime. Une foule de paysans partirent à la recherche de Perrenette, qu’ils retrouvèrent rapidement, encore couverte de sang. Horrifiés, ils la massacrèrent sans autre forme de procès.

Peu de temps après, Pierre, le frère de Perrenette Gandillon, fut accusé de sorcellerie. On disait qu’il avait conduit des enfants au sabbat, qu’il avait fait pleuvoir de la grêle et qu’il parcourait le pays sous la forme d’un loup. La transformation s’effectuait au moyen d’un onguent qu’il avait reçu du diable en personne. Pierre avait une fois pris la forme d’un lièvre, mais en général, il apparaissait comme un loup et sa peau se couvrait alors de poils gris hirsutes.
L’homme reconnut volontiers que les accusations portées à son encontre étaient fondées. Il avoua également que lors de ses métamorphoses il avait attaqué des bêtes et des êtes humains qu’il avait dévorés.
Pour retrouver forme humaine, il prétendait qu’il lui suffisait de se rouler dans l’herbe humide de rosée. Son fils George confessa qu’il avait été oint avec de la pommade, et qu’il s’était rendu au sabbat sous la forme d’un loup. Selon son propre témoignage, il était tombé sur deux chèvres lors de l’un de ses expéditions.
Un soir, c’était un jeudi saint, il était resté pendant trois heures allongé dans son lit, dans un état cataleptique, puis, au bout des trois heures, il avait jailli hors du lit. Depuis cette période, il se rendait au sabbat des sorcières sous la forme d’un loup.
Antoinette, sa sœur, confessa qu’elle avait pleuvoir de la grêle et qu’elle s’était vendue au Diable lorsqu’il lui était apparu sous la forme d’un bouc noir. Elle aussi s’était rendue au sabbat à plusieurs reprises.

Lors de leur incarcération, Pierre et Georges se comportèrent de manière insensée. Ils coururent à quatre pattes dans leurs cellules et ils hurlèrent épouvantablement. Leurs visages, leurs bras et leurs jambes étaient terriblement marqués par les blessures qu’ils avaient reçues de chiens lors de leurs promenades sous leurs prétendues formes de loups. Lors de leur incarcération, ils avaient affirmé ne pas pouvoir se transformer en loups car ils n’avaient pas les onguents nécessaires sur eux. Ils furent tous trois pendus et brûlés en 1598.

La Bête de Sarlat

Au XVIIIe siècle, la Bête de Sarlat terrorisa le Périgord. Sa première apparition remontait au mois de mars 1766 et elle devint rapidement un mythe. On la décrivait comme une énorme créature assoiffée de sang humain.
Au mois d’août 1766, elle avait déjà tuée dix-huit personnes. Une battue regroupant plus de cent personnes, seigneurs comme paysans, fut alors organisée au cours de laquelle l’animal fut débusqué et tué. S’il s’agissait apparemment d’un loup enragé, le peuple ne suivit pas cette explication et continua à soutenir que la créature était un loup-garou.

Le Tailleur Lycanthrope

1598, l’année où eut lieu l’exécution de la famille Gandillon, fut une année mémorable dans les annales de la lycanthropie. Le 14 décembre 1598, un tailleur de Châlons, que l’on surnommait le Tailleur Démoniaque, fut condamné aux flammes par le parlement de Paris. Il était accusé de lycanthropie.

Le tailleur attirait des enfants dans sa boutique, ou il les attaquait parfois au crépuscule quand ils erraient dans les bois. Il les déchiquetait avec ses dents, il les tuait, et se régalait de leur chair comme l’on mange de la viande ordinaire, avec délectation. Le nombre de ses petites victimes restait inconnu mais un tonneau plein d’os avait été découvert dans sa maison. L’homme n’éprouvait aucun remord et les détails de son procès étaient si plein d’horreurs et d’abominations de toutes sortes que les juges ordonnèrent que les documents soient brûlés.

Association de Loups-Garous

Dans les informations dirigées par le grand-juge de Saint-Claude pour fait de sorcellerie, se trouvaient les faits suivants:

L’on instruisit le procès de Françoise Secretain, Jacques Bocquet, Clauda Jamproft, Thieuenne Paget et Clauda Gaillard. Jacques Bocques, que l’on surnommait le Gros Jacques, était originaire de Savoie. Il avait été dénoncé par Françoise Secretain. Claudia Jamprost, d’Orsière avait été dénoncée quand à elle par le Gros Jacques. Clauda Janguillaume, Tieuenne Paget, d’Orsière toutes deux, avaient été dénoncées par le Gros Jacques et Clauda Jamprost. Quand à Clauda Gaillard, elle venait du village d’Ebouchoux et elle avait été faite prisonnière sans information précédente.

Les quatre premiers confessèrent qu’ils s’étaient changé en loups et que sous cette forme ils avaient tué plusieurs enfants. Anathoile Cochet, de Long-chamois, Thieuent Bondien, dit mutin, d’Orcière, âgé de quatre à cinq ans, Claude Godard, Claude Gindre. Ils confessèrent également qu’en l’an 1597 ils avaient rencontré sur les cherrieres de Long-chamois de enfants de Claude Bault, un garçon et une fille. Ils avaient tué la fille mais le garçon avait réussi à s’enfuir.
Selon leurs propres aveux, les quatre accusés avaient tous dévoré une partie des enfants mais ils n’avaient jamais touché leur côté droit. Ces meurtres furent vérifiés tant par le témoignage de leur père et de leur mère que par celui des habitants des villages de Long-chamois et Orcière qui déploraient que tous leurs enfants avaient été pris et tués par des loups tel jour à tel endroit.
Claudia Janguillaume ajouta qu’elle avait failli tuer deux autres enfants. Elle s’était dans ce but derrière un grenier de montagne, où elle était restée environ une heure, mais un chien l’avait remarquée et elle l’avait tué de dépit. Néanmoins, elle avait réussi à blesser l’un des enfants dans sa fuite.
Jeanne Perrin rapportait aussi que Clauda Gaillard s’était changé en loup et que sous cette forme elle avait assailli dans un bois de Froidecombe. Ainsi donc, c’est bien à propos que fut fait ce procès à tous ces gens, puisqu’ils s’étaient tous changé en loups.

Ils affirmaient avoir eu comme compagnons Pierre Gandillon et son fils George Gandillon que l’on avait malheureusement exécutés à la hâte. D’autant que ces deux derniers avaient également confessé qu’ils s’étaient changé en loup. Le fils n’aurait cependant jamais agressé aucun enfant de lui-même. Il en aurait agressé lorsqu’il se trouvait avec sa tante, Perrenette Gandillon et une fois, par mégarde affirmait-il, alors qu’il se trouvait en compagnie de son père.
Tous les prénommés confessèrent aussi qu’ils avaient été de nombreuses fois au Sabbat, qu’ils avaient baisé, dansé, mangé et qu’ils avaient fait de nombreux sacrifices de personnes et de bêtes.

La Dévoreuse d’Enfants

Haxthausen relatait l’histoire qui suit dans son ouvrage Transcaucasie.
En Arménie, un homme aperçut un loup enlever un enfant juste devant lui. Il le poursuivit à la hâte mais malheureusement, il ne put le rattraper. Finalement, il retrouva sur son chemin les mains et les pieds de l’enfant. Un peu plus loin, se dressait une grotte. A l’intérieur, il découvrit une peau de loup qu’il saisit vivement et jeta dans un feu. Immédiatement, une femme apparut qui hurlait et essayait de sauver la peau de loup des flammes. L’homme résista vigoureusement et dès que la peau fut consumée, la femme disparut en fumée.

Maréchal, présumé Lycanthrope

En 1804, eut lieu un procès peu commun: celui de Maréchal, un présumé loup-garou qui habitait le village de Longueville, près de Méry-sur-Seine.
Depuis quelques temps, la rumeur qu’un loup-garou errait dans les campagnes environnantes terrorisait la population. Mais Maréchal était en vérité à l’origine de cette rumeur. L’homme, qui était braconnier, se couvrait d’une peau de loup afin de se livrer à ses coupables activités en toute tranquillité.
Une mauvaise rencontre avec un chasseur mit la gendarmerie sur l’affaire et Maréchal, démasqué, fut arrêté, jugé et condamné aux galères.

La Terreur de Saint-Roch

Le 21 juillet 1766, dans la Gazette de Québec, était publié ce surprenant article:

L’on apprend de Saint-Roch, près de Cap Mouraska (Kamouraska) qu’il y a un loup-garou qui court les côtes sous la forme d’un mendiant, qui, avec le talent de persuader ce qu’il ignore, et en promettant ce qu’il ne peut tenir, a celui d’obtenir ce qu’il demande. On dit que cet animal, avec le secours de ses deux pieds de derrière, arriva à Québec le 17 dernier et qu’il en repartit le 18 suivant, dans le dessein de suivre sa mission jusques à Montréal. Cette bête est dit-on, dans son espèce aussi dangereuse que celle qui parut l’année dernière dans le Gévaudan; c’est pourquoi l’on exhorte le public de s’en méfier comme d’un loup ravissant.

Puis, quelques mois plus tard, le 10 décembre 1767:

De Kamouraska, le 2 décembre, nous apprenons qu’un certain loup-garou, qui roule en cette province depuis plusieurs années, et qui a fait beaucoup de dégâts dans le district de Québec, a reçu plusieurs assauts considérables au mois d’octobre dernier, par divers animaux que l’on avait armés et déchaînés contre ce monstre, et, notamment, le 3 de novembre suivant, qu’il reçut un si furieux coup par un petit animal maigre, que l’on croyait être entièrement délivré de ce fatal animal, vu qu’il est resté quelques temps retiré dans sa tanière, au grand contentement du public.

Mais on vient d’apprendre, par le plus funeste des malheurs, que cet animal n’est pas entièrement défait, qu’au contraire, il commence à reparaître plus furieux que jamais et fait un carnage terrible partout où il frappe. Défiez-vous donc tous des ruses de cette malicieuse bête, et prenez garde de tomber entre ses pattes.

Le Mage Lycanthrope

Olaus Magnus racontait qu’en l’an 47 un noble voyageait à travers une grande forêt et qu’il avait, dans sa suite, de nombreux paysans qui avaient déjà eu affaire à la magie noire. Ils n’avaient malheureusement pu trouver aucune maison où loger durant la nuit et ils étaient affamés. L’un des paysans proposa alors, si ses compagnons s’engageaient à ne jamais parler de ce qu’ils allaient voir, de leur rapporter un agneau d’un troupeau lointain.
Il se retira dans les profondeurs de la forêt puis il changea sa forme en celle d’un loup. Une fois changé en loup, il se jeta sur le troupeau et saisit un agneau dans sa gueule. Toujours sous sa forme de loup, il rapporta l’agneau à ses camarades puis, se retirant une fois de plus dans les fourrés, il reprit alors sa forme humaine.

Thiess, le chien de Dieu

En 1692, à Jurgenburg, en Livonie, Thiess témoigna sous serment que lui et les autres loups-garous étaient les chiens de Dieu. Il affirmait qu’ils étaient des guerriers qui étaient allés en enfer en découdre avec les sorcières et les démons. Leurs efforts avaient assuré que le Diable et ses sbires ne transportent pas le grain des dernières récoltes en enfer.
Thiess était ferme dans ses affirmations, il disait que les loups-garous en Allemagne et en Russie avaient également combattu les sbires du Diable dans leurs propres versions de l’enfer. Il soutenait que lorsque les loups-garous mouraient, leurs âmes étaient accueillies au ciel en remerciement pour leur service. Thiess fut finalement condamné à dix coups de fouet pour idolâtrie et croyance superstitieuse.

Le Convaincu

En 1541, à Pavia, en Italie, un homme était convaincu d’être devenu un loup et il pensait que les autres le voyaient aussi sous cette forme, ce qui ne semblait pas être le cas, même lors de ses agressions.
Quand il fut finalement attrapé après avoir sauvagement attaqué de nombreuses personnes de la région, il maintint fermement qu’il était un vrai loup mais que ses poils poussaient à l’intérieur. Afin de lui démontrer qu’il était dans l’erreur, on lui coupa alors profondément la peau de son corps en plusieurs endroits, mais l’homme mourut des suites de ses blessures quelques jours plus tard.

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