L’Hôtel Stanley

The Stanley Hotel

L’Histoire de l’Hôtel Stanley

L'Hôtel Stanley autrefois

Nés en 1849, Francis Edgar et Freelan Oscar Stanley, des frères jumeaux en tous points identiques, étaient les enfants d’instituteurs qui avaient encouragé leur créativité dès leur plus jeune âge. Tout au long de leur vie, les deux hommes, qui faisaient preuve d’un esprit particulièrement brillant, déposèrent de nombreux brevets mais ce fut l’invention de l’aérographe et celle d’un procédé photographique qui assurèrent leur fortune.
Les frères Stanley devinrent rapidement extrêmement riches, ce qui leur permit de prendre leur retraite très jeunes, mais jamais ils ne cessèrent d’inventer. En 1897, ils créèrent une voiture à vapeur, l’utilisant uniquement pour leur amusement et pour leur usage personnel.
En 1899, Freelan et sa femme Flora conduisirent l’une de ces voitures en haut du Mont Washington, dans le New Hampshire, le plus haut sommet du nord-est des États-Unis, démontrant ainsi ses capacités. L’ascension dura plus de deux heures. En 1902, Freelan et Francis formèrent une société, la Stanley Motor Carriage Company, et ils commercialisèrent leur voiture.

Freelan et Flora en 1899
Freelan et Flora en 1899

De 1902 à 1917, la voiture Stanley fut le véhicule le plus populaire d’Amérique, surclassant les voitures à essence dans tous les concours de vitesse et s’imposant rapidement parmi les classes aisées. Les moins fortunés se rabattaient sur le modèle T de Ford, qui était beaucoup moins cher. Sous l’impulsion d’un constructeur de chemin de fer, le véhicule à vapeur servit également de modèle à une locomotive, la Stanley Steam Engine.

Malheureusement, en 1900, Freelan contracta la tuberculose, qui était, à l’époque, une maladie redoutable, et son médecin lui conseilla alors de s’installer à Denver, où il pourrait se reposer et profiter du seul remède connu: le grand air. En 1903, comme la maladie ne cessait de progresser, le médecin envoya Freelan, qui n’en avait plus que pour trois mois, profiter de ses derniers instants aux côtés de sa femme à Estes Park, mais dès leur arrivée ils tombèrent amoureux de l’endroit et miraculeusement, l’état de santé de Freelan s’améliora d’une spectaculaire manière. Impressionné par la beauté de cette vallée qu’il pensait à l’origine de sa guérison inespérée, Freelan décida d’y investir son argent et son avenir. A la fin de l’été, Flora lui demanda de faire construire une maison identique à celle qu’ils avaient laissée dans le Maine et peu de temps après, leur nouvelle résidence se dressait non loin de l’emplacement du futur l’Hôtel Stanley. Comme Flora adorait sa maison mais qu’elle regrettait de ne pouvoir y accueillir ses amis comme elle l’aurait souhaité, Freelan entreprit de résoudre ce dilemme et, pour ce faire, il se porta acquéreur de la propriété de Lord Dunraven, un homme qui était arrivé dans la région en 1872.

Lord Dunraven avait fait bâtir sur son terrain un pavillon de chasse, une cabine et un hôtel, espérant y créer une chasse privée mais le projet n’avait jamais vu le jour et il avait été expulsé après avoir tenté d’escroquer les terres et les biens de plusieurs personnes. L’endroit était magnifique. Il offrait une vue sur les montagnes et sur le lac et Flora n’aurait pu espérer plus joli emplacement pour y recevoir ses amis.
La construction de l’Hôtel Stanley commença en 1907 et à son ouverture, en 1909, l’établissement disposait déjà de tout le confort moderne. Il était relié au téléphone, approvisionné en eau courante, et même en électricité grâce au barrage et à la centrale que Freelan avait fait construire. Cependant, comme il avait été pensé comme lieu de villégiature, l’hôtel n’était pas chauffé.

L'Hôtel Stanley à ses débuts
L’Hôtel Stanley à ses débuts

Quand leurs amis venaient les visiter, Freelan et Flora envoyaient un chauffeur les chercher à la gare et ils étaient conduits à l’hôtel en Stanley Steamer, la fameuse voiture à vapeur. Sur le chemin, un homme déguisé en ours faisait semblant d’attaquer le conducteur qui tirait alors un coup de pistolet à blanc, le mettant ainsi en fuite, et ce divertissement inattendu connaissait un grand succès. En rentrant dans l’hôtel, à droite, se trouvait la salle de musique où Flora aimait à recevoir ses invités. Parfois, elle jouait du piano pour eux, mais à certaines occasions, des musiciens tels que John Phillip Sousa, qui faisait partie de leur cercle d’amis, y donnaient des concerts. Souvent, pendant que les femmes occupaient la salle de musique, les hommes se réunissaient au salon qui leur était réservé ou dans la salle de billard. Si leurs femmes pouvaient les regarder jouer dans la seconde pièce, le salon des hommes leur était strictement interdit.

A sa mort, en 1940, Freelan avait complétement redessiné les possibilités économiques de la ville. Outre l’hôtel et la centrale électrique, il y avait développé un système d’égouts, une banque, il avait également réapprovisionné le lac en poisson, réintroduit l’élan dans la région, donné des terres pour des bâtiments importants, et encouragé la création du Rocky Mountain National Park.

Freelan Stanley
Freelan Stanley

Comme les Stanley n’avaient pas d’héritier, l’hôtel fut vendu. Malheureusement, si Freelan et Flora avaient eu les moyens de maintenir l’établissement et se moquaient probablement de le faire tourner à perte, leurs successeurs ne partageaient pas leurs généreuses dispositions. Ils tentèrent de le rentabiliser de diverses manières mais pendant très longtemps, personne n’y parvint. L’Hôtel Stanley allait connaitre 26 propriétaires avant de trouver un équilibre financier.

En 2013, l’Hôtel Stanley fit une nouvelle fois parler de lui en annonçant qu’il voulait transférer les tombes d’un ancien cimetière d’animaux de compagnie pour y construire un nouveau pavillon. Après Shining, qui avait fait sa gloire, le film et la série sont d’ailleurs diffusées en boucle sur la chaine 42 dans toutes les chambres de l’établissement, certains y virent une allusion au livre Simetierre, et ils accusèrent l’hôtel de vouloir surfer sur la notoriété de Stephen King. En outre, de nombreux opposants s’élevèrent contre le projet, certains trouvant l’idée amorale, d’autres estimant que  » remuer les os des morts risquait de provoquer un désastre paranormal.  » Afin de minimiser le risque d’une catastrophe, des médiums auraient proposé leurs services pour guider les éventuels esprits égarés vers la lumière.

Stephen King et l’Hôtel Stanley

En 1973, Stephen King et sa femme Tabitha vécurent pendant une année à Boulder, au Colorado, et à la fin du mois d’octobre, ils visitèrent Estes Park, une petite ville perdue dans les Montagnes Rocheuses. Le soir venu, ils s’arrêtèrent à l’Hôtel Stanley pour y passer la nuit mais quand ils pénétrèrent dans l’établissement, ils s’aperçurent avec stupéfaction que malgré ses 155 chambres, l’hôtel était pratiquement vide. En fait, ils en étaient les seuls et les derniers clients. La fin de la saison approchait et, comme chaque année à la même période, l’hôtel Stanley s’apprêtait à fermer ses portes pour l’hiver.

Stephen King et Tabitha
Stephen King et Tabitha

Ils prirent leur souper dans la grande salle à manger déserte, déambulèrent dans les longs couloirs et l’écrivain eut soudain l’étrange sentiment qu’il n’était pas venu dans cet hôtel par hasard:  » Le vent était levé, il soufflait tout autour mais l’un des volets n’était pas attaché et il frappait sur le côté du bâtiment. L’orchestre était toujours là, et il jouait, mais à l’exception de notre table, toutes les chaises étaient sur les tables… La musique faisait de l’écho dans le couloir, et je puis dire, c’était comme si Dieu m’avait amené ici pour entendre et voir les choses. « 
Avant de regagner sa chambre pour la nuit, la fameuse chambre 217, Stephen King discuta avec le barman, qui lui rapporta les différentes rumeurs de hantise qui couraient sur l’hôtel Stanley et, au petit matin, s’il n’avait pas vu de fantôme, le rêve incroyable qu’il avait fait lui avait apporté suffisamment de matière pour commencer à écrire son prochain livre:  » Cette nuit là, j’ai rêvé de mon fils de trois ans courant dans les couloirs, regardant par-dessus son épaule et criant, les yeux écarquillés. Il était poursuivi par un tuyau incendie. Je me suis réveillé en sursaut, transpirant de partout, à un doigt de tomber du lit. Je me suis levé, j’ai allumé une cigarette, je me suis assis dans le fauteuil et j’ai regardé les Rocheuses par la fenêtre. Au moment où la cigarette se terminait, j’avais le squelette du livre bien ancré dans mon esprit. « 

En 1977, paraissait Shining, le dernier Stephen King. Le roman racontait comment, dans un grand hôtel désert nommé l’Overlook, un homme perdait peu à peu la raison et se retournait contre les siens. Ce livre allait devenir un classique et assurer la célébrité de l’Hôtel Stanley.

En 1980, le film Shining, réalisé par Stanley Kubrick, sortait en salles aux États-Unis. Stephen King n’était pas vraiment satisfait du résultat et au cours des années qui allaient suivre, il n’allait pas manquer de le faire savoir. L’écrivain aurait voulu que le film soit tourné à l’Hôtel Stanley, ce qui n’avait pas été le cas, mais il reprochait surtout au scénario de trahir l’esprit et les thèmes majeurs du livre.
Trente-cinq ans plus tard, Stephen King n’a pas revu son jugement et le sujet reste toujours aussi sensible. Quand un journaliste l’interroge sur le film de Stanley Kubrick, il répète que le jeu outrancier de Jack Nicholson l’exaspère et que Shelley Duvall dessert la cause des femmes.
En 1997, l’écrivain décida de réaliser lui-même une adaptation de son livre et il choisit tout naturellement l’Hôtel Stanley pour le faire. Il existe d’ailleurs une petite anecdote quand à ce tournage. Pour certaines scènes, de nombreuses tâches de faux sang avaient été nécessaires et toutes n’avaient pas été nettoyées. L’une d’entre elles se trouvait sur le tapis de la réception, juste au-dessous du portrait de Freelam Stanley et chaque nuit, au milieu de la nuit, ce portrait se décrochait et tombait sur le sol. Le phénomène cessa dès que la tache fut enlevée.

La Hantise

Apparition présumée à l'Hôtel Stanley
Apparition présumée à l’Hôtel Stanley

Si certains soupçonnent les rénovations de l’Hôtel Stanley d’avoir réveillé les esprits qui y sommeillaient, personne se sait vraiment quand les premières manifestations commencèrent à se produire mais elles font désormais partie de son histoire.

Mme Elizabeth Wilson était gouvernante à l’Hôtel Stanley et, dans la soirée du 25 juin 1911, alors que la tempête soufflait particulièrement fort, elle dut allumer les lampes à acétylène pour compenser le système électrique défaillant. Mais alors qu’elle se trouvait dans ce qui allait devenir la chambre 217, une terrible explosion souffla la pièce, faisant passer la malheureuse à travers le plancher. Gravement brûlée, les chevilles brisées, elle survécut de justesse. Les Stanley prirent en charge tous ses frais d’hospitalisation et lui assurèrent que toute sa vie elle aurait une place à l’hôtel si elle souhaitait y rester. Mme Wilson allait y travailler jusqu’à ses 90 ans et la légende rapporte que deux jours après sa mort, à 92 ans, elle y retournait déjà.

Chambre 217
Chambre 217

Mme Wilson hanterait la chambre 217 depuis les années 1950, accordant un soin tout particulier à certains de ses occupants. Elle déballerait leurs affaires, suspendrait leurs vêtements, rangerait leurs valises et ferait leur chambre. Par contre, ceux qu’elle n’apprécierait pas recevraient un message clair en retrouvant leurs bagages alignés près de la porte. Mme Wilson était apparemment une femme de principes et elle tenterait de faire respecter ses valeurs morales en se glissant dans les lits des couples non mariés. Sa froide présence serait particulièrement dissuasive.

Une histoire raconte que durant le tournage de Dumb and Dumber, Jim Carrey aurait demandé la fameuse chambre 217 mais qu’au bout de trois heures, il en serait sorti en courant et aurait refusé d’y retourner, même pour chercher ses affaires. Jamais il n’aurait voulu raconter ce qu’il lui était arrivé.

Si Mme Wilson semble veiller sur la chambre 217, toutes les chambres de l’hôtel connaitraient de singulières expériences. Des objets se déplaceraient d’un endroit à l’autre, des lumières s’allumeraient et s’éteindraient toutes seules, et des silhouettes fantomatiques y apparaitraient brièvement, laissant parfois leurs spectrales empreintes incrustées dans les lits. Au quatrième étage, près de la chambre 418, un petit garçon solitaire se montrerait parfois, un autre s’amuserait avec les lumières et la télévision, poussant le volume particulièrement fort, des chuchotements s’élèveraient des placards, trois enfants, Billy, Emily, et Matthew riraient et couraient dans les couloirs, amenant certains clients à se plaindre, et dans la chambre 428 se trouverait le fantôme d’un cow-boy, qui aurait été pendu pour assassinat et disculpé le lendemain. Du moins, les employés de l’hôtel le supposent-ils.

Apparition présumée du Visage d'un Enfant
Apparition présumée du Visage d’un Enfant

L’ombre de Lord Dunraven planerait toujours sur la chambre 401. Il y volerait les bijoux, les montres et les bagages des clients mais ces biens seraient généralement retrouvés à un moment ou à un autre. Il aimerait également à se dissimuler dans le placard à vêtements et s’amuser avec les clientes. Quand une femme en ouvrirait la porte, alors il respirerait dans son cou, toucherait ses épaules, sa taille etc. Apparemment, il n’apprécierait pas d’être vu car certains l’auraient aperçu debout sur le lit de leur chambre et il se serait immédiatement réfugié dans la penderie.

Une petite fille inconnue observerait les gens de l’escalier central mais la salle de bal serait la pièce la plus hantée de l’hôtel. Souvent le personnel de cuisine entendrait une fête s’y dérouler mais jamais personne n’y serait vu.
Appuyé contre un mur, les bras croisés, Freelan regarderait parfois les employés s’affairer à leurs tâches et il rôderait dans le bureau de l’administration. Quand elle donnait des réceptions, Fora surveillait ses invités du balcon de l’escalier et, quand elle voyait que l’un de ses convives se retrouvait seul, alors elle descendait lui tenir compagnie. Aujourd’hui encore, sur ce même balcon, se dessinerait parfois une silhouette sombre qui laisserait l’odeur du parfum préféré de Flora. Elle se montrerait également dans l’escalier principal, se promènerait dans le vestibule, tout comme son mari, ou guetterait l’arrivée de ses invités de la fenêtre de la salle de musique. Tôt le matin, il lui arriverait de retrouver son piano, faisant résonner ses notes de musique dans le hall. Outre Flora, deux esprits hanteraient la salle de musique. Lucy, une sans-abri, et Paul un ouvrier mort d’une crise cardiaque.
L’histoire de Lucy est tragique. La jeune fille, qui devait avoir une vingtaine d’années, avait été retrouvée au sous-sol de la salle de musique en 1977. Bien évidemment, avec les travaux, elle avait du quitter les lieux mais l’hiver suivant, elle avait été retrouvée morte de froid dans le parc de la ville.
A l’époque où Paul travaillait à l’hôtel, un couvre-feu était appliqué et à 23 heures, tous les travaux devaient cesser. En 2010, l’hôtel avait embauché un entrepreneur pour rénover les planchers de la salle de musique mais comme il y avait trop de mouvement en journée, il avait du se résoudre changer ses horaires. Une nuit, une force invisible l’aurait soulevé par les pieds, ce qui aurait amené le malheureux à s’enfuir au plus vite, remboursant même l’avance qui lui avait été faite. Les membres du personnel en auraient conclu que Paul en avait eu assez d’entendre le bruit de la ponceuse après le couvre-feu.

De nombreuses émissions de télévision telles que Most Haunted, Ghost Hunters Academy ou Esprit Adventures ont consacré un de leurs épisodes aux manifestations paranormales de l’Hôtel Stanley. Lors du tournage de Ghost Hunters, les enquêteurs découvrirent des raisons rationnelles à certains des phénomènes mais ils ne purent expliquer les manifestations de la salle de bal ni d’autres événements paranormaux. Ils affirmèrent avoir vu des gens se dissimuler dans les couloirs et des enfants jouer et courir à l’étage au-dessus du leur. Lors d’un changement de cassette une table aurait sauté en l’air et le fantôme de Lord Dunraven se serait invité dans la chambre d’un membre de l’équipe, faisant bouger le lit et ouvrant les portes du placard.

Après avoir entendu des rumeurs affirmer que l’activité paranormale de l’hôtel était due à la composition géologique de la propriété, l’association Rocky Mountain Paranormal contacta le US Geological Survey pour une analyse du site. L’enquête démontra que le sol était principalement constitué de schiste émietté et qu’il n’avait rien de radioactif. Aucun grand gisement de quartz, calcaire ou magnétite comme certains avaient pu le penser.
Le Skeptical Inquirer aurait lui-aussi mené son enquête après quoi il aurait fait savoir que ses membres n’avaient été témoins d’aucun phénomène anormal, si ce n’est d’une fuite au plafond.

Callea Sherrill, une chercheuse du paranormal qui habite l’hôtel, aime à penser que les fantômes de l’Hôtel Stanley sont heureux, et elle explique pourquoi:  » Certains d’entre nous croient que les esprits choisissent tout simplement de revenir à Stanley car ils y ont passé de bons moments. Je sais que je suis la liste de réservation pour hanter les lieux après ma mort. « 

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