Les Voix de l’Au-Delà

D’une étrange manière, les morts téléphoneraient parfois à leurs proches ou à des inconnu pour leur délivrer des messages. De nombreux témoins ont rapporté leurs expériences, et leurs histoires se ressemblent toutes. Le téléphone sonne, parfois avec une sonnerie différente, même s’il est débranché ou hors d’état de marche. La ligne est crépitante, parfois un vent semble souffler, la voix est lointaine, la communication brève, souvent unique mais pas toujours. La plupart du temps, les messages se composent de paroles d’amour banales, d’assurance de bonheur posthume, de mots de réconfort ou d’avertissements puis la communication s’interrompt brutalement. En cas d’appels multiples, alors le défunt répète souvent la même phrase comme, par exemple : « Il fait froid ici » ou « Pourquoi m’avez-vous enterré à côté de grand-mère ? »

Souvent, les appels sont anonymes et intraçables mais parfois le numéro du disparu ou des numéros étranges, comme le « 000 000 0000, » s’affichent sur l’écran. En cas d’absence, certains laisseraient même des messages sur les répondeurs ou les messageries vocales. Les destinataires de ces appels sont rarement impliqués dans la recherche paranormale, ils se retrouvent généralement effrayés par le phénomène et craignant le ridicule, ils rechignent à en parler. De nombreux cas ont pourtant été référencés dans le monde, qui ont été rapportés dans des livres, des magazines et des articles de journaux.

En 1979, D. Scott Rogo et Raymond Bayless, deux parapsychologues, ont écrit un livre sur ces appels téléphoniques de l’au-delà, Phone Calls From the Dead, proposant de nombreux cas bien documentés. Dans une de ces histoires, plusieurs personnes dialoguaient simultanément avec le disparu et dans une autre, le destinataire a parlé un moment, puis il a remis le combiné à quelqu’un d’autre quand l’esprit le lui a demandé.

 Pierre Monnier

Pierre Monnier

Le 8 janvier 1915, Pierre Monnier, un jeune homme de bonne famille qui était parti à la guerre l’année précédente, appela sa mère pour la rassurer, mais ce fut sa jeune cousine qui répondit au téléphone : « Dagmar, dis à maman que je suis vivant. »

En apprenant la nouvelle, sa mère, Mme Cécile Monnier, appela le central téléphonique pour savoir d’où provenait l’appel mais l’opératrice lui répondit que personne n’avait demandé son numéro. Deux jours plus tard, les gendarmes se présentèrent à sa porte pour l’informer de la mort de Pierre, le 8 janvier, sur le front d’Argonne. Il avait alors vingt-trois ans. Le lundi 5 août 1918, Mme Monnier reçut un message télépathique de son fils, lequel lui ordonna : « Ne pense à rien ! Ecris ! »

La pauvre femme, qui croyait que Pierre lui avait envoyé un signe le jour de sa mort, attrapa rapidement un crayon et un petit carnet de comptes et elle commença à écrire les mots de son fils : « Oui, c’est moi qui t’ai demandé d’écrire. Je crois que par ce moyen nous arriverons à communiquer bien plus facilement. Je suis si heureux de pouvoir te parler comme autrefois… »

Pendant plus de vingt ans, Cécile Monnier conserva les messages que Pierre lui faisait parvenir par l’intermédiaire de l’écriture automatique. Ces textes, principalement spirituels, furent ensuite réunis et publiés dans un livre en sept volumes,  Les Lettres de Pierre.

Ida Lupino

Ida Lupino

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Ida Lupino, une actrice qui vivait à Los Angeles, reçut un coup de téléphone de son père, qui était mort six mois auparavant. La demeure familiale des Lupino, qui était située à Londres, venait d’être détruite par une bombe et comme personne ne savait où se trouvaient ses titres de propriété, la famille ne pouvait pas toucher l’argent de l’assurance et elle se retrouvait une situation embarrassante. Lors de cet appel, son père lui décrivit avec la plus grande précision l’endroit de la cave où les papiers étaient cachés. La jeune femme prévint alors sa famille et les documents furent retrouvés à l’emplacement indiqué. Mme Pendleton, une amie de l’actrice, fut témoin de ce coup de téléphone et elle se porta garante de l’authenticité de l’histoire.

Le Cas Peggy Fox

Un samedi matin du mois de juin 1960, à Toronto, au Canada, Mme Fox attendait un appel de sa mère quand la sonnerie du téléphone résonna dans son appartement du quatrième étage. « J’ai pris le téléphone et j’ai failli m’évanouir en entendant la voix. C’était ma fille, Peggy. Je l’ai immédiatement reconnue. Elle m’a dit :  » Bonjour maman ! Tu peux m’entendre ? Ne sois pas triste ! Je suis tellement heureuse !  » Puis la ligne a été coupée. Je suis restée là, immobile, incapable de me déplacer, sous le choc. »

Peggy, la fille de Mme Fox, était morte six mois plus tôt, au cours de l’hiver 1959, victime d’une infection virale. Elle était âgée de douze ans. Sa mère, qui travaillait à mi-temps comme secrétaire, avait traversé des heures sombres, mais elle commençait à sentir un peu mieux. Enfin, jusqu’à ce coup de téléphone… Une heure plus tard, quand son mari, Paul, rentra à la maison, il la retrouva en larmes. Elle lui raconta immédiatement son incroyable expérience et il en conclut que quelqu’un avait dû lui faire une blague de mauvais goût. Enervé, il contacta immédiatement la compagnie du téléphone pour connaitre le numéro du plaisantin mais il apparut que personne ne les avait appelés de la matinée.

Deux jours plus tard, Paul était dans la pièce quand sa femme répondit au téléphone et la voyant pâlir, il comprit aussitôt. Il lui arracha rapidement le combiné, juste à temps pour entendre : « C’est Peggy, maman ne pleure pas… » Puis brusquement, la ligne fut coupée. Choqué,  Paul Fox contacta une nouvelle fois la compagnie du téléphone mais aucune trace de l’appel ne put être retrouvée : « Je pourrais jurer que c’était la voix de ma fille… Pourtant j’étais là quand son cercueil a été descendu dans la tombe … »

Au cours de la semaine suivante, Mme Fox reçut un autre appel de la voix, laquelle lui demander de « passer le bonjour à Minou. » Ce surnom était celui que Peggy avait affectueusement donné à son grand-père maternel et personne ne le connaissait, à part ses parents et elle. « Personne ne savait cela, à part ma fille, » déclara Mme Fox. « Ses mots et le ton de sa voix étaient identiques à ceux de Peggy. Elle avait la même la drôle de façon de prononcer le  » th  » que Peggy. Je refuse de croire que quelqu’un l’imitait. »

Peu de temps après, l’histoire,  qui avait été rapportée dans les journaux, attira l’attention du Dr John Craggs, psychologue à l’Université de Chicago et chercheur psychique, et il décida de mener une enquête. « Je suis certain que Monsieur et Madame Fox disent la vérité au sujet de ces appels. Il n’y a absolument aucune raison de penser qu’ils mentent. » Avec l’accord de la famille, il installa un dispositif d’enregistrement qui devait se déclencher à la sonnerie du téléphone. Le 03 Août 1960, Mme Fox répondit au téléphone comme à son habitude et la voix qui ressemblait à celle de sa fille lui dit :

— Je t’aime. Dis à papa que je l’aime aussi. Je suis très heureuse. S’il te plait, ne pleure pas comme tu l’as fait la dernière fois.

— Peggy, ma chérie, est-ce vraiment toi ? demanda Mme Fox.

— Vous ne devez pas être blessés. J’essayerai de… Et brusquement, la communication se retrouva interrompue.

Le système du Dr Craggs avait parfaitement fonctionné : « La cassette a été montrée à plusieurs amis de Peggy qui ont tous reconnu sa voix. » La bande fut conservée, et elle se trouve actuellement dans les archives de la Société américaine pour la Recherche Psychique (American Society for Psychical Research).

Le Dr Craggs en conclut que des influences extérieures pouvaient manipuler les impulsions électriques des téléphones. Cette hypothèse peut sembler surprenante, mais dans le cas de Peggy Fox, personne n’en a jamais proposé de meilleure.

Karl Uphoff

En 1969, un jeune musicien de rock du New Jersey, Karl Uphoff, reçut un appel de sa grand-mère, qui était morte deux jours plus tôt. Karl avait dix-huit ans au moment des faits et il avait toujours eu un lien spécial avec sa grand-mère, qui était sourde. Parfois, elle téléphonait à ses amis et elle leur demandait : « Est-ce que Karl est chez vous ? » Puis, comme elle savait qu’elle ne pourrait pas entendre la répondre, elle disait sans attendre : « Dites-lui de passer à la maison. » Egoïstement, les amis de Karl s’agaçaient de ces appels constants et ils le sermonnaient pour avoir donné leur numéro à la vieille dame.

Karl fut bouleversé par la disparition de sa grand-mère, et comme il ne croyait pas à la survie de l’âme, il ne pensait plus jamais l’entendre. Deux jours après sa mort, Karl se trouvait dans le sous-sol d’un appartement de Montclair, dans le New Jersey, quand la mère de l’un ses amis descendit le chercher pour lui dire qu’il était demandé au téléphone. Karl monta aussitôt puis il prit le combiné et une vieille femme commença à lui parler, qu’il reconnut immédiatement comme sa grand-mère. Il tenta de lui demander comment elle faisait pour l’appeler alors qu’elle était morte, mais elle raccrocha sans répondre.

De nombreux autres coups de téléphone suivirent mais à chaque fois qu’il posait des questions sur la vie après la mort, alors la vieille femme raccrochait. Finalement, les appels cessèrent, mais Frank n’en fut pas attristé. Il savait, même si elle ne lui parlait plus, que sa grand-mère était toujours là, près de lui.

Mary Meredith

En 1977, à Wilmslow, dans le Cheshire, une jeune femme nommée Mary Meredith prétendit avoir reçu un appel téléphone de sa cousine Shirley, qui habitait à Manchester et dont elle venait tout juste d’apprendre la mort. La jeune fille avait été victime d’un accident de voiture une heure plus tôt, et elle n’avait pas survécu. Mary aurait voulu la questionner, mais elle n’en eut pas le temps. Shirley prononça quelques mots d’une voix lointaine et parasitée, puis ce fut le silence.

Ken Webster

En 1984, Ken et Debbie Webster déménagèrent dans le petit village de Doddleston, en Angleterre, et dès leur arrivée dans la maison ils remarquèrent d’étranges phénomènes. Les boites de conserve se déplaçaient toutes seules et se réarrangeaient dans les armoires, des journaux lévitaient au-dessus de la table, des empreintes apparaissaient dans la poussière etc…

Puis un jour Ken, qui était professeur à l’université, ramena un ordinateur pour travailler chez lui et de mystérieux messages commencèrent à lui parvenir, qu’il retrouvait sur son disque dur et qui semblaient venir de nulle part. Troublés, Ken et Debbie décidèrent d’étudier scientifiquement le phénomène. Si un esprit voulait communiquer avec eux par l’intermédiaire du PC, alors ils allaient lui en donner l’opportunité. Ils laissèrent le PC tourner jour et nuit et en quinze mois, ils reçurent près de deux cent cinquante messages d’un certain Thomas Harden, qui prétendait vivre, et non pas avoir vécu, sous Henry VIII. Il s’exprimait dans un anglais du Moyen Age, utilisant de vieux noms tombés en désuétude pour désigner certains lieux et des surnoms pour parler de ses contemporains. Son vocabulaire, son orthographe, sa synthase et tous les détails historiques furent validés par un linguiste médiéviste, Peter Trinder, qui analysa les deux mille mots employés.

Apparemment, Thomas Harden ignorait qu’il était mort. Il racontait ses souvenirs comme s’ils dataient de la veille et il se révéla impossible de lui faire admettre que le roi Henry VIII n’était plus là depuis longtemps. Il disait habiter la maison qu’ils occupaient maintenant et communiquer avec eux grâce à une « boite à lumière. » Il craignait d’ailleurs de se faire arrêter pour sorcellerie si jamais quelqu’un venait à le découvrir.

Le dialogue continua ainsi jusqu’à ce que l’ordinateur tombe en panne. Il fut par la suite réparé, mais Thomas Harden ne réapparut jamais.

L’Histoire de Sadie

Dame en Noir

Vers la fin des années 1980, Sadie, qui habitait à Manchester, en Angleterre, perdit son mari dans des circonstances tragiques et elle hérita d’une somme considérable. Peu de temps après, elle s’installa dans une vieille maison à la périphérie de Sandbach avec sa fille Abigail, qui était alors âgée de sept ans. D’une étrange manière, le propriétaire ne demandait qu’un modeste loyer pour le chalet, et Sadie aurait bien aimé l’interroger à ce sujet mais elle trouvait la question déplacée et elle n’avait pas osé la poser lors de sa visite. Elle commença par nettoyer la maison, qui était abominablement poussiéreuse, puis elle l’aménagea à son goût et peu à peu, elle en tomba amoureuse. Elle aimait plus que tout le jardin de derrière, un endroit paisible où un saule pleureur nostalgique trônait au milieu d’une pelouse négligée.

Trois mois après leur arrivée, un soir de décembre, Abigail raconta avec enthousiasme à sa mère qu’elle venait de voir une « une sorte de vieille femme dans une longue robe noire debout sous le saule. » La fillette, qui ne semblait pas effrayée, lui expliqua en souriant qu’elle l’avait saluée de la main et que la vieille dame avait disparu. Abigail était une enfant calme, qui n’avait pas pour habitudes d’imaginer des choses ou d’inventer des histoires fantaisistes, et sa mère s’en inquiéta aussitôt. Personne ne revit jamais le fantôme, mais peu de temps après, des phénomènes étranges commencèrent à se produire dans la maison.

Une nuit, Abigail dit à sa mère qu’elle se sentait mal et Sadie la mit au lit plus tôt que d’habitude. Au cours de l’après-midi, la fillette l’avait aidée à arracher les mauvaises herbes du jardin, et comme elle n’y était pas habituée, sa mère la pensait fatiguée. Sadie se retira ensuite dans la chambre à coucher avec un livre.

Une heure s’était écoulée quand un coup résonna à la porte d’entrée de la maison et se demandant qui pouvait venir frapper chez elle à vingt-trois heures, la jeune femme s’en alarma. Elle descendit en pantoufles et chemise de nuit dans le hall d’entrée et d’une voix nerveuse, elle cria à travers la porte : « Qui est là ? »

Un homme, qui parlait d’une voix posée, lui répondit qu’il était médecin et qu’il avait été appelé pour examiner une fille nommée Abigail. Sadie déverrouilla la porte et l’entrouvrant prudemment, elle regarda à l’extérieur. Un homme aux cheveux gris se tenait debout sur le palier, une mallette dans une main, une carte dans l’autre. Jetant coup d’œil rapide au morceau de carton, il lui demanda : « Vous êtes bien… Sadie ? » Étrangement, il connaissait son nom de famille.

Surprise, la jeune femme lui expliqua qu’elle n’avait appelé personne, mais comme il était médecin et que sa fille était malade, elle l’invita à rentrer et le fit monter dans la chambre d’Abigail. Après avoir ausculté la fillette, qui avait d’étranges plaques rouges sur les bras, le docteur expliqua à Sadie que sa fille présentait tous les symptômes d’une méningite. L’homme conduisit lui-même Abigail et sa mère à l’hôpital, où la maladie fut catégoriquement identifiée. Cependant, comme elle avait été prise à ses débuts, des antibiotiques en vinrent rapidement à bout. Personne ne sut jamais qui avait appelé le médecin pour Abigail. Sadie fut grandement troublée par ce mystère, qu’elle chercha à résoudre sans y parvenir. Mais quelques années plus tard…

En 1989, un bel homme d’âge moyen se présenta au chalet et expliquant à Sadie que sa voiture était tombée en panne d’essence, il lui demanda si elle pouvait lui prêter quelques livres pour qu’il puisse faire le plein à la station toute proche. L’homme lui promit de revenir plus tard pour la rembourser et pour lui prouver sa bonne foi, il proposa de lui laisser sa montre, un objet de prix, en gage. Alors, comme il avait l’air sincère, Sadie lui donna un billet de cinq livres et il lui en fut visiblement très reconnaissant. L’homme marcha jusqu’à la station-service avec son bidon, il le remplit d’essence, puis il retourna à sa Ford Fiesta, qui était garée dans une ruelle près du chalet. Il se dirigea ensuite vers la maison de Sadie, lui rendit la monnaie du billet de cinq dollars qu’elle lui avait prêté, et il lui annonça qu’il allait sur le champ chercher l’argent qu’il lui devait encore. La jeune femme essaya de l’en dissuader, mais l’homme semblait y tenir car il partit sans attendre. Il revint vers six heures du soir avec un billet de cinq dollars et un bouquet d’œillets. Flattée de cette attention, Sadie accepta les fleurs, et il lui baisa galamment la main. Il venait de se retourner, prêt à partir, quand soudain  elle s’écria :

— Attendez ! Vous oubliez votre montre-bracelet !

— Oh, oui, répondit l’homme en remontant le chemin vers elle.

— Venez prendre une tasse de thé, lui proposa-t-elle aimablement.

Sadie était seule depuis la mort de son mari, et elle trouvait l’homme séduisant. Ils discutèrent pendant des heures. Il lui dit que son nom était Tim, qu’il était de Middlewich, et qu’il sortait d’une longue relation qui s’était mal terminée. Sa petite amie, avec qui il était depuis quatre ans, l’avait brusquement laissé pour quelqu’un d’autre et il en avait gardé une certaine méfiance pour le sexe opposé. La jeune femme lui conseilla de ne pas se renfermer à cause d’une expérience malheureuse, et elle lui fit discrètement comprendre qu’elle se sentait seule. Sadie avait presque quarante ans, Tim en avait vingt-six, mais l’écart d’âge ne lui semblait pas si grand. Ils se quittèrent à vingt-et-une heures, après avoir échangé leurs numéros de téléphone.

Deux jours plus tard, Sadie essaya de téléphoner à Tim, mais il apparut que le numéro qu’il lui avait donné n’était pas attribué et elle ne sut qu’en penser. Elle se demandait s’il lui avait volontairement donné un faux numéro ou s’il s’était tout simplement trompé mais elle espérait qu’il l’appellerait et qu’ils se reverraient. Quelques jours plus tard, le téléphone sonna dans la maison. Abigail répondit, puis elle courut vers sa mère en lui criant : «  Maman, c’est pour toi ! » Sadie, qui espérait entendre Tim, attrapa précipitamment le récepteur et elle dit : « Allo ? »

Une vieille femme commença alors à lui parler, qui lui raconta des choses abominables sur Tim de Middlewich, prétendant qu’il était bigame, qu’il était un escroc et qu’il savait que le mari de Sadie lui avait laissé une grande quantité d’argent. La jeune femme en eut le cœur brisé. Elle lui demanda son identité, et la vieille dame lui répondit de s’adresser son propriétaire, qui la connaissait et lui fournirait la réponse.

Le dimanche soir de la semaine suivante, Tim fit une visite surprise à Sadie. Cette fois, il lui avait apporté des fleurs et une bouteille de vin. Troublée par les paroles de la vieille dame, elle lui parla aussitôt de l’appel anonyme mais avant même qu’elle n’ait fini de raconter son histoire, Tim se leva brusquement, puis il mit son manteau et quitta la maison sans dire un mot. Jamais elle ne le revit. Quelques mois plus tard, elle apprit d’un voisin que le jeune homme avait une réputation abominable et qu’il avait déjà passé six mois en prison pour fraude. Il était également réputé pour avoir deux femmes, une à Crewe, une autre Chester, et une maîtresse à Middlewich, avec qui il vivait.

Peu de temps après, le propriétaire de Sadie lui rendit visite pour une question sans importance. Elle en profita pour lui expliquer qu’une vieille dame, qui avait refusé de lui donner son nom, l’avait appelée pour la prévenir d’un certain danger, et il commença à se montrer nerveux. Elle rajouta que la mystérieuse inconnue lui avait dit qu’il la connaissait, et il lui avoua à contrecœur que les locataires précédents lui avaient rapporté avoir vu le fantôme d’une vieille dame. Elle leur passait, prétendaient-ils, des appels téléphoniques nocturnes pour les conseiller ou les prévenir, et il s’était dit qu’ils cherchaient une excuse pour partir sans payer leur loyer. Sadie, qui comprenait son dilemme, le rassura aussitôt. Elle ne comptait pas déménager. Elle aimait la maison et le fantôme lui semblait inoffensif, pour ne pas dire bienveillant.

Visiblement soulagé, il lui raconta que cinq ans auparavant, une vieille fille nommée Enid était morte au chalet. Elle vivait là depuis une vingtaine d’années, et elle ne sortait que rarement. Des rumeurs prétendaient qu’elle avait connu un chagrin d’amour dans sa jeunesse, et qu’elle ne s’en était jamais remise. Elle adorait le petit jardin derrière la maison, elle y passait beaucoup de temps. Un après-midi, son corps avait été retrouvé sous le saule pleureur. Le coroner en avait conclu à accident vasculaire cérébral. Quelques mois plus tard, les nouveaux locataires lui avaient rapporté avoir vu le spectre d’une femme âgée traverser le jardin de derrière par une nuit de pleine nuit. Ils l’avaient vue glisser sur la pelouse recouverte de neige, mais quand ils étaient sortis, ils n’avaient trouvé aucune empreinte.

Sadie continua à habiter le chalet avec sa fille, exactement comme elle l’avait dit. Elle ne reçut aucun autre coup de fil d’Enid, mais à chaque fois que le téléphone sonnait, elle s’attendait à l’entendre. Des années plus tard Abigail se maria, et Sadie, qui était toujours célibataire, se retrouva seule dans la maison. Enfin seule… Elle ne sentait jamais vraiment seule. Elle savait que là, quelque part, Enid veillait toujours sur elle.

Dean Koontz

Le 20 septembre 1988, l’auteur de romans policiers Dean Koontz eut une expérience dont il ne refusa de parler pendant plus de dix ans. Ce jour-là, il travaillait dans son bureau quand le téléphone se mit à sonner. Il décrocha le combiné et la voix d’une femme, qui lui parut lointaine, lui dit : « S’il te plaît, fais attention ! » Surpris, Dean lui demanda « Qui êtes-vous ? » mais la femme ne répondit pas. Elle lui répéta trois fois le même avertissement, et à chaque reprise sa voix semblait un peu lointaine.

Soudain la voix se tut, et Dean resta assis là, à écouter le silence, pendant un certain temps. Il ne savait qu’en penser. La voix ressemblait à celle de sa mère, qui était morte depuis presque vingt ans. « Il est beaucoup plus difficile de se souvenir d’une voix que d’un visage, » se dit-il. « J’ai trop d’imagination. »

Son numéro  de téléphone étant sur liste rouge, il savait que personne n’avait pu lui jouer un tour. Peut-être quelqu’un s’était-il trompé de numéro, tout simplement. Il raconta l’histoire à sa femme, mais à personne d’autre.

« C’était un étrange appel. Je ne prétends pas que c’était un fantôme. Je ne sais pas ce que je crois. C’était certainement étrange. Les gens racontent ce genre d’histoires tout le temps, et ça m’a toujours frappé de constater que tout le monde semblait avoir eu une ou deux expériences étranges ou inquiétantes.

Parfois, je crois que l’appel était de ma mère et parfois qu’il était un très étrange mauvais numéro, un heureux hasard. Je pense que vous devez toujours garder un certain scepticisme quant à ce genre de genre de choses, mais il est réconfortant de penser qu’il y a peut-être un royaume où la personnalité survit. »

Deux jours après le coup de téléphone, Dean alla rendre visite à son père, qui était pensionnaire dans une maison de retraite. Il avait des problèmes comportementaux et les membres du personnel avaient demandé à son fils de venir en parler avec lui. Ray avait frappé un autre résident, un homme avec un déambulateur, et les infirmiers étaient inquiets.

Dean ignorait que son père avait utilisé une partie de sa petite allocation pour acheter un couteau de pêche à manche jaune. Il l’avait ensuite aiguisé pour qu’il soit coupant comme un rasoir et il avait huilé la charnière pour qu’il puisse s’ouvrir comme un cran d’arrêt.

Lorsque Dean pénétra dans sa chambre, Ray se déplaça rapidement. Il attrapa le couteau dissimulé dans un tiroir, et il fonça sur son fils. Dean dut lutter pour s’éloigner de lui, et il échappa de justesse à la lame de son couteau. De nombreuses personnes furent témoins de cet incident, et l’une d’elle appela la police.

Finalement, Dean parvint à récupérer le couteau, et il l’emportait à la réception quand les policiers pénétrèrent dans le hall. En le voyant avec le couteau dans la main, ils sortirent aussitôt leurs armes et ils lui ordonnèrent : « Jette le couteau ! » Dean, qui ne comprenait pas, leur désigna la chambre de son père : « Ca n’est pas moi que vous cherchez, il est là. » « Laisse tomber le couteau ! » répétèrent les policiers, pointant leurs armes sur lui.

Alors tout d’un coup, il réalisa qu’ils allaient tirer sur lui s’il ne laissait pas tomber l’objet. Ils pensaient qu’il était l’agresseur. Terrifié, il ouvrit rapidement sa main et lâcha le couteau, qui tomba sur le sol avec un bruit sourd. Il pensait qu’il allait mourir. Finalement, Dean put s’expliquer et ils emmenèrent son père dans une cellule psychiatrique, où il fut gardé en observation.

Par la suite, Dean repensa souvent au mystérieux coup de téléphone. Il se disait qu’il l’avait incité à se montrer plus prudent et que, par conséquent, il lui avait peut-être sauvé la vie. Jamais il ne reçut d’autre appel.

L’Affaire Wilson

En 1995, un médium nommé James Byrne venait chaque semaine répondre aux questions des auditeurs d’une station de radio de Liverpool, en Angleterre. M. Byrne disait délivrer des messages de l’autre monde, et il était très populaire. Il l’était même tellement demandé qu’à chacun de ses passages, les appels faisaient sauter le standard. Un jour Mme Wilson, d’Ellesmere Port, appela la station de radio pour tenter de parler au médium. Elle était désespérée. Son grand-père était mort un an auparavant, et elle voulait savoir s’il avait un message pour elle. Malheureusement, le standard était tellement encombré que son appel ne but aboutir. Alors, comme elle ne pouvait rien faire d’autre, elle s’assit dans son fauteuil et elle écouta l’émission.

Vers vingt-deux heures, alors que commençait le programme News At Tens, comme tous les soirs, son téléphone se mit à sonner. Mme Wilson répondit à l’appel, et une voix lointaine et familière lui dit : « Écoute chérie, je suis bien. C’est merveilleux ici. Je suis avec ta grand-mère et toutes les autres gentilles personnes qui sont mortes. »

Stupéfaite, Mme Wilson, qui avait reconnu son grand-père, murmura : « Grand-père, c’est toi ? »  Ses jambes étaient si faibles qu’il lui semblait qu’elle allait tomber. « Ouais chérie. Maintenant, écoute. Il faut que tu arrêtes de vivre dans le passé et les souvenirs. Va de l’avant. Je suis toujours là et je vous regarde. Je dois y aller maintenant amour. Dis aux enfants que je les aime. Au revoir. »

Mme Wilson réfléchit un moment et une fois l’émotion passée, elle en vint à se demander si quelqu’un ne lui avait pas fait une blague. Elle composa le 1471 sur son téléphone pour obtenir le numéro du dernier appelant mais à sa grande surprise, la voix automatisée lui donna son propre numéro. Comme si elle s’était téléphonée à elle-même. Mme Wilson, qui n’avait pas d’autre poste dans la maison, en conclut alors que son grand-père l’avait en quelque sorte appelée de l’au-delà pour lui faire savoir qu’il allait bien.

The Thing

En 1971, M. et Mme Ross déclarèrent au journal The Gazette qu’un esprit malveillant, qu’ils avaient surnommé The Thing, tirait les couvertures des lits des enfants pendant qu’ils dormaient, qu’ils sentaient des odeurs ignobles dans leur maison et que quelque chose respirait près de leurs oreilles.

Vingt ans plus tard, Frank Jones, sa femme et leurs deux enfants s’installèrent dans l’ancienne maison de la famille Ross, sur l’avenue Windsor, à Thornton. Frank était plus que sceptique quant à la réalité d’une présence maléfique, mais il changea rapidement d’avis. « Je pensais qu’ils se l’étaient imaginée, mais il y avait beaucoup de claquements de porte et une odeur de terre dans la maison. Puis un soir, je me suis couché dans mon lit, et un brouillard a traversé la pièce. J’ai voulu lui crier quelque chose, mais les mots ne sont pas sortis de ma bouche. Mon visage semblait paralysé. J’étais complétement dépassé. »

D’après sa fille, Maureen, qui était âgée de trente ans, The Thing s’amusait à ouvrir les robinets et à saccager la maison. « Vous pensez que les gens exagèrent jusqu’à ce que vous l’expérimentiez. Un soir, j’étais seule à la maison quand soudain, j’ai entendu ces bruits de pas dans les escaliers. Ils sont allés dans la chambre de mon père et j’ai entendu toutes les armoires cogner, comme si elles étaient ouvertes. Ça sonnait comme des cambrioleurs. »

En 1996, un exorciste de l’Église Spiritualise de Fleetwood prétendit avoir chassé de la propriété un « esprit pris au piège entre deux mondes » et tous les phénomènes cessèrent brusquement. La famille connut alors quelques années paisibles, jusqu’en 2003, puis Frank connut une double tragédie. Il perdit d’abord son fils, Steven, trente-deux ans, d’une tumeur au cerveau, et trois mois plus tard sa femme, Sadie, d’une crise cardiaque.

« Juste après la mort de Sadie, je suis retourné chez moi mais j’avais pas envie de rentrer dans la maison. J’ai vu que j’avais un appel manqué sur mon mobile, mais il n’avait pas sonné et le numéro était celui de ma propre maison. Pourtant, il n’y avait personne.  Ensuite, je suis allé à l’intérieur, et il y avait l’odeur habituelle des cigarettes de Sadie et celle de son parfum. »

Par la suite, Frank et sa famille commencèrent à recevoir d’étranges messages SMS et ils en conclurent qu’ils étaient de Sadie. « Elle avait toujours un mobile avec elle. Nous l’avons enterrée avec son téléphone et les messages étaient composés des mots que Sadie avait l’habitude de dire, mais il n’y avait pas de numéro. »

Charles Peck

Le 12 septembre 2008, un accident de train à San Fermando, en Californie, tua vingt-cinq personnes, dont Charles Peck, un homme de quarante-neuf ans. Il mourut à l’impact, mais son corps ne fut pas immédiatement retrouvé. Au cours des heures suivantes, les membres de sa famille reçurent trente-cinq appels de son téléphone portable. Personne n’entendait jamais rien à part de l’électricité statique mais pensant qu’il était encore vivant, à chaque fois que sa fiancée était appelée, elle lui criait des messages d’encouragement : « Accroche-toi bébé ! » « On va te sortir de là ! » « Tout va bien se passer ! » etc… Quand ils essayaient de le joindre, ils tombaient immédiatement sur la messagerie vocale, comme si le téléphone était déjà en communication.

Les autorités réussirent à tracer l’un de ces coups de téléphone, lequel les conduisit au premier wagon, où se trouvait le corps de Charles Peck. D’après les secouristes, aucun signe ne laissait à penser qu’il avait survécut après l’accident, même un court instant. Son téléphone continua à appeler ses proches pendant une heure, puis il s’arrêta définitivement. Certains argumentèrent que son portable avait eu une défaillance technique quelconque et qu’il avait composé des numéros de son carnet d’adresse au hasard, mais d’une étrange manière, seuls les membres de sa famille, son fils, son frère, sa sœur, sa belle-mère et sa fiancée avaient été appelés.

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